III. LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE EN 2000
A. LA SIGNATURE DES NOUVEAUX CONTRATS DE PLAN
1. L'effort de l'Etat est réparti en trois enveloppes
Lors du
comité interministériel d'aménagement du territoire (CIAT)
tenu à Arles le 23 juillet 1999, le gouvernement a annoncé une
première enveloppe de 95 milliards de francs, dite " enveloppe de
reconduction ", qui concentre les priorités de l'Etat. Cette
enveloppe permettait notamment de faire bénéficier sept
régions (l'Aquitaine, le Centre, la Corse, l'Ile-de-France,
Provence-Alpes-Cote-d'Azur, les Pays de Loire et Rhône-Alpes) de concours
accrus par rapport à l'enveloppe précédente.
La deuxième enveloppe correspond à la prise en compte par l'Etat
des priorités fixées par les régions. Lors du
comité interministériel du 22 novembre 1999, le gouvernement
a annoncé qu'elle serait dotée de 16 milliards de francs.
Le montant de la troisième enveloppe s'établit à 5
milliards de francs. Elle servira à financer certains grands programmes
régionaux et interrégionaux annoncés lors du CIAT d'Arles.
Les montants annoncés pour les deuxième et troisième
enveloppes s'inscrivent dans le bas de la " fourchette "
annoncée par la ministre de l'aménagement du territoire lors de
son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999. A cette
occasion, elle avait indiqué que le montant de la deuxième
enveloppe s'établirait entre 10 et 20 milliards de francs tandis qu'elle
estimait celui de la troisième enveloppe entre 10 et 15 milliards
de francs.
Les 120 milliards de francs consacrés aux régions
métropolitaines seront complétés par 4 milliards de francs
en faveur de l'outre-mer. Au total, le montant des sommes consacrés par
l'Etat dans les départements d'outre-mer dans le cadre des contrats de
plan s'élève à 5,6 milliards de francs. Ces montants
élevés s'expliquent par la nécessité de mettre en
place des contreparties aux fonds structurels européens. Les
" contreparties nationales " sont en effet une condition du versement
par l'Union européenne des crédits des fonds structurels.
Votre rapporteur spécial observe que les contrats de plan vont
être signés avant l'entrée en vigueur des schémas de
services collectifs prévus par la loi du 25 juin 1999, alors que, lors
de la discussion au Parlement, il avait été annoncé que
les contrats de plan constitueraient le cadre de la mise en oeuvre des
schémas.
2. Les infrastructures ne sont plus une priorité de l'Etat
La " première enveloppe " des contrats de plan, annoncée au mois de juillet 1999, fait apparaître une réduction sensible des crédits consacrés aux infrastructures et à l'équipement, et notamment aux routes.
Elaboration des contrats de plan Etat-régions
2000-2006
Répartition entre les ministères de la première
enveloppe
hors provision TOM
|
CPER
94-99
|
CPER
2000-2006
|
Evolution
|
||
|
Montant |
Part relative sur l'ensemble des ministères |
Montant |
Part relative sur l'ensemble des ministères |
94-99
et
|
Agriculture |
7.483,01 |
8,92 % |
8.161 |
8,92 % |
+ 9,06 % |
Affaires étrangères et coopération |
68,30 |
0,08 % |
95 |
0,10 % |
+ 39,09 % |
Culture |
1.464,80 |
1,75 % |
2007 |
2,19 % |
+ 37,02 % |
Défense - Anciens combattants |
8,80 |
0,01 % |
420 |
0,46 % |
+ 4.672,73 % |
Education nationale |
14.012,00 |
16,70 % |
16.156 |
17,66 % |
+ 15,30 % |
U3M |
12.987,58 |
15,48 % |
15.102,5 |
16,51 % |
16,28 % |
Enseignement scolaire |
1.024,42 |
1,22 % |
1.053,5 |
1,15 % |
2,84 % |
Emploi-Formation professionnelle |
3.972,21 |
4,73 % |
4.905 |
5,36 % |
+ 23,48 % |
Ville |
3.501,68 |
4,17 % |
7.866 |
8,60 % |
+ 124,64 % |
Santé et social |
2.417,57 |
2,88 % |
2.467 |
2,70 % |
+ 2,04 % |
Environnement |
1.302,01 |
1,55 % |
2.623 |
2,87 % |
+ 101,46 % |
ADEME hors enveloppe Etat |
79,50 |
|
3.309 |
|
|
Equipement, dont |
38.575,81 |
45,97 % |
33.079 |
36,15 % |
- 14,25 % |
routes |
27.297,12 |
32,53 % |
20.599 |
22,51 % |
- 24,54 % |
autres modes |
|
|
9.991 |
10,92 % |
|
logement |
|
|
1.969 |
2,15 % |
|
tourisme |
281,50 |
0,34 % |
520 |
0,57 % |
84,72 % |
FNADT dont |
4.698,00 |
5,60 % |
6.200 |
6,78 % |
+ 31,97 % |
enveloppe régionale |
|
|
5.710 |
6,24 % |
|
provision interrégionale |
|
|
490 |
0,54 % |
|
MEFI dont |
4.758,15 |
5,67 % |
5.249 |
5,74 % |
+ 10,32 % |
industrie |
4.256,55 |
5,07 % |
4.544 |
4,97 % |
6,75 % |
commerce extérieur |
237,60 |
0,28 % |
354 |
0,39 % |
48,99 % |
PME, commerce artisanat |
264,00 |
0,31 % |
351 |
0,38 % |
32,95 % |
Jeunesse et sports |
153,05 |
0,18 % |
662 |
0,72 % |
+ 332,54 % |
Justice |
3,45 |
|
266 |
0,29 % |
+ 7.610,14 % |
Outre-Mer |
1.011,51 |
1,21 % |
1.346 |
1,47 % |
+ 33,07 % |
Divers, dont charges communes etc... |
479,91 |
0,57 % |
|
|
|
TOTAL |
83.910,25 |
|
91.502 |
|
+ 9,05 % |
Source : DATAR
3. L'apparition d'un " volet territorial " aux contrats de plan
La loi
d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du
territoire du 25 juin 1999 prévoit des dispositions incitant les
collectivités locales à s'associer dans le cadre de pays et
d'agglomérations. Le périmètre des pays devra être
approuvé par les conférences régionales
d'aménagement du territoire. Les agglomérations devront prendre
la forme de communautés d'agglomération, la nouvelle
catégorie d'établissement public de coopération
intercommunale créée par la loi relative au renforcement et
à la coopération intercommunale du 12 juillet 1999, dont
l'article premier prévoit qu'elles doivent compter au moins 50.000
habitants, dont une commune centre d'au moins 15.000 habitants, et dont
l'article 86 dispose que le régime fiscal de la taxe professionnelle
unique y est obligatoire. La catégorie des communautés
d'agglomération bénéficiera en outre d'une dotation
globale de fonctionnement moyenne par habitant très favorable : 250
francs
3(
*
)
.
Les projets élaborés dans le cadre de ces nouvelles structures
territoriales seront formalisés par des " contrats de pays "
et des " contrats d'agglomération ", qui pourront être
signés jusqu'en 2003.
L'architecture de ce nouveau dispositif contractuel est compliquée. Ces
nouveaux contrats seront en effet " intégrés " aux
contrats de plan Etat-région. Lorsqu'une agglomération
bénéficiera également d'un contrat de ville, celui-ci sera
à son tour " intégré " au contrat
d'agglomération. En outre, selon la DATAR
4(
*
)
, la distinction entre pays et
agglomérations ne recouvre pas une distinction entre espace rural et
espace urbain puisque les pays, "
par leur plasticité,
permettent de répondre à des réalités territoriales
différentes
". C'est pourquoi le périmètre d'un
pays pourra comprendre celui d'une agglomération. Les contrats
d'agglomération et les contrats de pays devront alors
"
s'articuler
".
Lors de son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999, la
ministre de l'aménagement du territoire a indiqué que les
contrats d'agglomération et les contrats de pays devraient recevoir
entre 10 % et 20 % des crédits des contrats de plan 2000-2006. Ces
crédits proviendront de l'ensemble des ministères engagés
dans le processus contractuel, et notamment du FNADT.
Le fonds aidera d'abord à la constitution des projets, grâce
à des crédits d'intervention figurant au chapitre 44-20 du titre
IV. A mesure que les projets se réaliseront, des subventions
d'investissement viendront les compléter. Ainsi, l'effort du FNADT en
faveur du volet territorial des contrats de plan se répartirait de la
manière suivante entre 2000 et 2003 :
La participation du FNADT en faveur du volet territorial des contrats de plan 2000-2006
(en millions de francs)
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
Titre IV |
175 |
310 |
385 |
410 |
Titre VI |
75 |
145 |
175 |
210 |
Total |
205 |
455 |
560 |
620 |
L'engagement financier du FNADT sera possible dès avant la signature des contrats puisque les collectivités qui s'engageront dans des projets de pays ou d'agglomération pourront bénéficier d'aides à la définition des projets, dès lors qu'elles auront signé des " conventions d'objectifs ". D'après les informations recueillies par votre rapporteur, ces subventions seraient notamment destinées à permettre aux collectivités de recruter des collaborateurs de qualité.