IV. RÉSEAU FRANCE OUTRE-MER
Réseau France Outremer, qui avec ses sept stations et
ses
1 200 salariés incarne la continuité territoriale du
service public, cherche à s'adapter au nouveau contexte
créé par la décision de limiter son accès au
marché publicitaire local et à saisir la chance que lui offrent
les nouvelles technologies.
C'est dans ce contexte qu'il faut présenter les difficultés
financières chroniques de la société qui viennent
d'être révélées dans toute leur ampleur.
A. LE CONTEXTE POLITIQUE ET ADMINISTRATIF
Nommé à la fin du mois de novembre 1998, en
remplacement de Jean-Marie Cavada, le nouveau PDG de RFO (Réseau France
Outre-Mer), André-Michel Besse, a dressé lundi, à
l'occasion de ses voeux à la presse, un tableau plutôt
inquiétant de la situation dès son entrée en fonction.
Les déficits prévus de l'entreprise pour 33 millions de francs en
1998 et 64 millions de francs pour 1999 sur un budget de 1,25 milliard de
francs. De leur côté les pouvoirs publics ont
désigné une mission d'inspection des finances et des affaires
culturelles pour examiner les comptes de RFO, qui a débouché sur
un constat sévère pour les responsables sans épargner la
tutelle.
1. L'audit de l'inspection des finances
Dans son
rapport dont votre rapporteur spécial n'a pas encore pu obtenir
communication mais dont la presse s'est fait très largement
l'écho, l'inspection des finances a mis en cause dans un rapport d'audit
sur Réseau France outre-mer la tutelle de l'Etat qui a "favorisé
une gestion laxiste de l'entreprise", estimant en outre que le conseil
d'administration de RFO "n'a pas joué son rôle".
Dans ce rapport, dont certains extraits ont été
révélés vendredi par Libération, il est
dressé un tableau noir de la gestion de RFO depuis 1993, année
à partir de laquelle apparaît un déficit d'exploitation qui
s'est sans cesse creusé.
Critiquant aussi bien les présidents, les administrateurs
désignés pour partie par l'Etat et les titulaires du pouvoir de
tutelle, l'inspection des finances propose des changements radicaux.
Le rapport souhaite que l'actionnaire prenne position au plus vite sur l'avenir
de RFO, en estimant que la stratégie souhaitée par le nouveau
président, n'est pas réaliste sur le plan financier. Le document
stigmatise à plusieurs reprises la nécessité
d'élaborer un " business plan " .
Selon d'autres sources, le rapport porterait des accusations graves : les
budgets n'auraient pas été construits de façon
sincère et notamment, les recettes propres auraient été
systématiquement sous-évaluées depuis 1994 ; l'audit
insisterait aussi sur la mauvaise lisibilité des documents
élaborés par la société, et va jusqu'à
suggérer la création d'un comité financier pour surveiller
le rétablissement de la société.
L'audit proposerait, en outre, qu'à l'avenir le PDG soit nommé
par le gouvernement.
2. La réaction de la tutelle
La
tutelle n'a pas manqué de prendre ses distances par rapport aux
conclusions du rapport en faisant savoir que l'avenir de
RFO "doit
être traité de manière plus globale que strictement
budgétaire"
et que "
les évolutions technologiques
amènent effectivement à repenser la stratégie de
développement de RFO".
Le 21 juillet dernier, les trois ministres de tutelle les ministres de
l'Economie,du Budget et de la Culture et de la communication, ont écrit
au PDG de RFO pour lui demander " des mesures de redressement " face au
déficit budgétaire de 64 millions de francs prévu pour
1999 sur un budget de 1,2 milliard de francs (180 millions d'euros).
A l'issue du conseil d'administration de septembre, au cours duquel a enfin
été approuveé le budget de RFO pour 1999, les
ministères de tutelle ont demandé la préparation, pour le
15 novembre, d'un plan stratégique pour la période 2000-2003,
comportant un chiffrage de l'effort de redressement.