VI. LES OPÉRATEURS DE L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR
La volonté de mettre en oeuvre les orientations du Conseil de l'action audiovisuelle extérieure comme l'évolution du paysage audiovisuel mondial ont conduit les différents opérateurs publics de l'audiovisuel extérieur à accélérer leur adaptation
A. RADIO FRANCE INTERNATIONALE
Financée sur ressources publiques - redevance et
subvention
du ministère des affaires étrangères - Radio France
Internationale est d'abord la voix de la France à l'étranger. Son
objectif essentiel n'est pas de relayer des programmes métropolitains
auprès des expatriés mais de permettre aux francophones du monde
entier d'avoir accès à la culture française et de
bénéficier, dans un monde dominé par les Anglo-saxons,
d'un regard français sur l'actualité.
La société vient de voir renouveler son président en la
personne de M. Jean-Paul Cluzel. On peut rappeler que le président
de la société nationale n'est pas nommé de façon
complètement indépendante par le conseil supérieur de
l'audiovisuel puisque celui-ci doit le choisir parmi les représentants
de l'État.
Les difficultés financières dans lesquelles se débat la
société tiennent pour une grande part aux mesures de restrictions
budgétaires qui lui ont été imposées depuis
quelques années.
RFI paraît victime d'une sorte conjonction fatale : une double
tutelle, qui permet à chacun de ses co-tuteurs - les Affaires
étrangères et la Culture - de demander à l'autre de faire
un effort ; la fascination pour la télévision qui conduit
les responsables à mettre - sans doute un peu trop - l'accent sur
l'image au détriment du son.
Pourtant sa mission est essentielle du point de vue du rayonnement de la
France. L'asphyxie financière est paralysante, démobilisante et
donc inefficace ; mieux vaudrait poser la question directement :
tôt ou tard, il faudra ajuster les moyens financiers ou redéfinir
les objectifs.
1. Une stratégie mondiale
RFI met en oeuvre une stratégie mondiale et régionale qui implique des choix et se définit par rapport à un ensemble de priorités géographiques.
• Europe
Le
contexte politique des Balkans en 1999, et notamment l'implication de la
diplomatie et de l'armée française dans le conflit au Kosovo, ont
conduit RFI à mettre en place un dispositif de diffusion important et
à créer un programme en langue albanaise.
L'année 1999 devrait également se traduire par une relance des
programmes des deux filiales de RFI, situées en Bulgarie et Roumanie,
où la francophonie demeure très présente.
En 1999, RFI comptera sur un dispositif de 21 relais F.M/O.M 24H/24, d'une
quinzaine de reprises sur le câble et de plus de 70 reprises de
programmes RFI 2 en langues étrangères sur des radios locales F.M
ou A.M.
Enfin, RFI est également candidate à l'installation de relais FM
en Hongrie (en partenariat avec la BBC et DW), en Macédoine (Skopje), et
en Irlande (Dublin).
• Afrique et Océan Indien
En
Afrique francophone, RFI devrait poursuivre l'installation de relais en
modulation de fréquences (24H/24) dans les deuxièmes et
troisièmes villes des pays où elle est déjà
implantée dans les capitales : Port Gentil et Franceville au Gabon,
Majunga et Tuléar à Madagascar. Elle devrait s'efforcer de faire
déboucher ses projets d'implantation dans les capitales des pays
où elle n'a pu - en raison du contexte politique local - ouvrir de
relais en modulation de fréquence (Guinée, Cameroun...).
La politique de partenariat avec des réseaux privés, devrait
être renforcée, afin d'étendre la diffusion d'une partie de
ses programmes dans des villes de province, notamment au Mali.
En Afrique anglophone, après l'ouverture en mars 1999 à Accra
(Ghana), RFI poursuit ses négociations en vue de l'installation de
relais en modulation de fréquence (24H/24) dans les pays ouvrant
progressivement leur paysage radiophonique. Les négociations sont sur le
point d'aboutir au Nigeria, en Afrique du Sud et en Namibie, elles avancent au
Kenya et en Tanzanie. La programmation de ces relais sera constituée
d'un panachage entre RFI 1 en français, RFI 2 en anglais et RFI 3
Musique.
RFI devrait obtenir l'autorisation d'installer un relais F.M. à Khartoum
au Soudan. La programmation serait alors constituée d'un panachage entre
des programmes en français, en arabe et musicaux.
Au total RFI devrait compter dans cette zone sur un dispositif de 50 relais
F.M. 24H/24.
• Proche et Moyen-Orient :
Chaque fois que le contexte politico-audiovisuel le permettra, comme cela a été le cas en Jordanie, au Qatar et au Bahreïn, RMC-Moyen Orient négociera avec les autorités locales de cette zone et notamment au Liban, au Sultanat d'Oman et aux Emirats Arabes Unis, les autorisations nécessaires à l'installation de relais en modulation de fréquence. Il s'agit là d'une priorité pour RMC-MO.
• Afrique du Nord
On peut
rappeler que la fusion de la rédaction arabe de RFI avec RMC
Moyen-Orient tend à créer les conditions d'une relance de RFI et
RMC-MO dans la région.
RFI développe sa politique de coopération (échanges de
programmes, formation de professionnels...) avec les radios publiques des trois
pays du Maghreb. Un accord de coopération avec la Radio
Télévision du Maroc a d'ailleurs été signé
en 1999.
• Asie de l'Est et du Sud, Pacifique
La
priorité de RFI sur cette zone restera la diffusion en ondes courtes.
Des possibilités existent cependant comme le montre la diffusion de RFI
1 à Singapour en F.M. (deux heures par jour) depuis le 12 octobre 1998.
Ainsi, l'ouverture de relais F.M et la reprise de programmes par des radios
locales seront donc limitées au Cambodge et éventuellement
à Taiwan. Des reprises de RFI 1 et de RFI 2 sont envisagées
également en Australie.
• Amérique du Nord
De nombreuses radios communautaires étrangères (espagnoles, chinoises, vietnamiennes, iraniennes, russes, polonaises) sont intéressées par la reprise à titre gracieux de programmes en langue de RFI, pour peu que cette dernière leur fournisse les moyens de réception satellite.
• Amérique du Sud et Centrale, Caraïbes
Tant en
Amérique latine hispanophone qu'au Brésil, RFI poursuit sa
politique de partenariat avec des radios locales F.M. ou A.M pour la reprise de
ses programmes en espagnol et en brésilien. Ces reprises par satellite
concerneront également la chaîne musicale et, chaque fois que cela
sera possible, la chaîne d'actualité en français. Ces
partenaires sont aujourd'hui plus de cinquante. Ils représentent plus de
cent cinquante points de diffusion en modulation de fréquence ou en A.M.
L'impact de ces reprises est régulièrement mesuré
grâce aux rencontres que RFI met en oeuvre avec les responsables de ses
radios partenaires dans la région. En 1999, deux de ces réunions
ont déjà eu lieu à Ciudad Panama et à Lima, et une
troisième sera organisée avant la fin de l'année à
Rio de Janeiro.
Par ailleurs, et sur le modèle du relais installé à La Paz
(RPL), RFI s'efforcera d'implanter des relais F.M. en partenariat avec les
Alliances Françaises et/ou les Lycées français dans les
grandes métropoles latino-américaines : Buenos Aires, Quito,
Asuncion...
En Haïti, l'extension de notre réseau de relais F.M. à Cap
Haïtien, ainsi que la conclusion d'accords de reprises avec des radios
privées en province, constitueront des priorités.
RFI fait également un effort pour être présente sur les
bouquets proposant des chaînes audio et vidéo destinées
à la réception directe par satellite. Sky Mexique, Sky Latin
America et Sky Brésil, ainsi que Galaxy Latin America (DirecTV) assurent
ainsi à RFI une couverture continentale offrant aux francophones la
possibilité de recevoir moyennant le paiement d'un abonnement à
l'un de ces bouquets RFI en français 24H/24 dans de parfaites conditions
de réception fixe.
2. Les moyens de diffusion
RFI utilise tous les vecteurs disponibles ; compte tenu des remarques qu'elle suscite on fera le point à la fois de la question de la diffusion ondes courtes et des perspectives offertes par les nouvelles technologies
• Les ondes courtes (ou OM de plus de 50 kw).
RFI
dispose d'un parc de 14 émetteurs gérés par TDF et
répartis sur deux sites : Allouis-Issoudun en France
métropolitaine (12 émetteurs), Montsinéry en Guyane (2
émetteurs). Par ailleurs, pour compléter ce dispositif, elle loue
des émetteurs en Afrique (Gabon et Afrique du Sud) et en Asie (Chine,
Japon, Russie).
L'ensemble de ces capacités techniques lui permet de diffuser
273 heures - fréquences par jour. La diffusion de la filiale RMC-MO
est par ailleurs assurée à partir de Chypre.
L'arrêt de la diffusion en ondes courtes vers certaines zones devait
dégager une économie de 80 MF (cf. infra).
Les ondes courtes peuvent paraître d'un autre âge mais ce mode
diffusion constitue bien souvent le seul moyen de faire entendre la France
à des populations des régimes politiquement peu ouverts sur
l'extérieur.
• Nouvelles Technologies
Un
effort plus particulier est fait au titre de la diffusion par Internet.
L'année 1999 se traduira par la diffusion en "real radio", c'est
à dire en direct des programmes. La mise en place d'un site propre
à RMC MO, la montée en puissance du site d'actualités,
enfin l'introduction de l'allemand, du russe et du persan en sont les faits les
plus marquants. Le site RFI est devenu ainsi l'un des sites les plus
consultés, notamment d'Amérique du Nord, d'où
émanent 60 % des consultations. Créé en décembre
1996, le premier site Internet de RFI (www.rfi.fr) a été
notablement développé depuis et atteignait en août 1999
plus de 50 000 connexions par jour
9(
*
)
.
Une production éditoriale nouvelle complémentaire de celle des
antennes a été également développée à
un rythme de production et de mise à jour désormais quotidien.
Cette production nouvelle vise à répondre aux nombreux besoins
identifiés de catégories d'auditeurs : Français
à l'étranger, francophones, francophiles, professeurs de
français dans le monde, etc.). Elle comporte plusieurs rubriques (revues
de la presse française en plusieurs langues, sélection d'articles
d'actualité de Médias France Intercontinents (MFI),
éléments sur la langue française) et des dossiers
d'actualité plus volumineux (Sommets franco-africains et francophones,
élections européennes, éclipse du 11 août 1999,
carnet de bord quotidien (en exclusivité) du cosmonaute français
Michel Tognini depuis la navette Columbia.
Par ailleurs, en janvier 1998, un
premier site thématique
a
été lancé sur les musiques francophones à
l'initiative et avec un appui de la Direction de l'action audiovisuelle
extérieure du Ministère des Affaires étrangères. Il
contient une base de données d'informations de référence
sur la chanson française et francophone, en deux versions,
française et anglaise, illustrée par des extraits sonores, ainsi
qu'un journal mis à jour quotidiennement sur l'actualité des
musiques francophones.
En 1999 une étape supplémentaire a été franchie
dans le développement de RFI sur Internet avec la création, au
sein de la Direction de l'Information,
d'une nouvelle rédaction
spécialement dédiée aux éditions
électroniques de RFI.
Cette évolution permet la mise en place
pour octobre-novembre 1999 d'un nouveau site d'information d'actualité
en continu destinés aux publics internationaux de RFI plus ambitieux et
défini dans une logique de complémentarité avec les
antennes de RFI en français et en langues. Ce site reprendra, sous une
forme mieux adaptée en audio et en version texte, une partie des
productions éditoriales de RFI, et développera en outre une
production spécifique en ligne sur l'actualité internationale.
On note que les développements de RFI sur Internet,
réalisés en partie par redéploiements internes,
continueront à progresser au cours de l'année 2000 pour faire
face à la concurrence que se livrent les grands médias
internationaux qui mobilisent dans ce domaine des moyens de plus en plus
importants.
Par ailleurs, sous réserve de conditions financières, juridiques
et techniques acceptables, RFI et RMC-MO pourraient monter sur les faisceaux du
satellite Afristar de Worldspace, le premier satellite de la famille
Worldspace.
3. Exécution 1998
En 1998,
les recettes de la société se sont accrues de 4,1%, l'essentiel
de l'évolution provenant des recettes liées à la redevance
(+ 11,6 MF) et de la subvention du ministère des Affaires
Étrangères (+ 19,4 MF).
Cette évolution, jointe à une progression maîtrisée
(+ 2,7 %) des dépenses, a permis de limiter à 14,1 MF le
déficit du budget de fonctionnement qui s'élevait à 23,5
MF en 1997. Les charges ont été exécutées à
un niveau inférieur au montant budgété (768,7 MF
contre 773,2 MF). Comme le note l'annexe jaune secteur public audiovisuel,
les 18,8 MF des 80 MF d'économies, anticipés en 1998 et
inscrits donc sur cet exercice, alors que lesdites économies
n'interviendraient qu'à compter de 1999, n'ont été
utilisés que partiellement.
Dans les grandes lignes, l'évolution générale des
dépenses mentionnée ci-dessus peut s'analyser de la façon
suivante :
• Les frais de programmes augmentent plus rapidement que les autres
postes de dépenses de la société avec l'incidence du
format tout actualité sur le coût de l'information en
français et l'impact du reformatage des émissions en
brésilien et en russe sur la grille des émissions en langues
étrangères.
• Les frais de diffusion voient leur part diminuer du fait d'une
première réduction du dispositif de diffusion ondes courtes de
TDF, par anticipation sur l'arrêt complet des émetteurs ondes
courtes d'ancienne génération le 1er janvier 1999.
• Les autres frais connaissent globalement une évolution
modérée. Il est à noter sur ce point que RFI ne participe
pas au compte de soutien, et qu'elle ne verse pas de contribution à
l'INA, l'INA se voyant directement affecter une quote-part de redevance
correspondant au coût des prestations rendues à RFI.
• On note également l'évolution décevante des
recettes de publicité et de parrainage.
Au total les soldes d'exploitation, répercutent l'amélioration du
résultat d'exploitation (-7,4 MF), le résultat net
s'établissant à -8,4 MF en net redressement par rapport à
1997 où il était de -25,4 MF.
4. Exécution 1999 et perspectives 2000
•
L'exécution du budget 1999
Au 30 juin 1999, le niveau des produits constatés à l'issue du
premier semestre, fait apparaître une exécution globalement
équilibrée. Des plus values sur les recettes diverses devraient
cette année encore couvrir la non réalisation d'un objectif de
recettes publicitaires trop ambitieux. La subvention versée au titre des
remboursements d'exonération de redevance subira un abattement,
compensé par un supplément de redevance en fin d'année.
En ce qui concerne les dépenses, la couverture de l'actualité
dans les Balkans a pesé au cours de ce semestre sur les comptes avec
l'extension des émissions en serbe et croate, la création
d'émissions en albanais, le coût des reportages liés au
conflit et l'ouverture de FM dans la zone (Albanie, Macédoine,
Yougoslavie).
Par ailleurs, un dépassement des frais financiers peut d'ores et
déjà être constaté, qui résulte de
l'assèchement de la trésorerie de Radio France Internationale
consécutif aux prélèvements sur fonds de roulement
effectués au cours des dernières années et au retard de
règlement de la subvention 1999 (les premiers versements ont
été effectués en mai). Ces surcoûts devraient
être compensés, sans financements supplémentaires, par des
redéploiements opérés à l'intérieur du
budget de la société.
Effectivement, en raison des délais de versement de la subvention du
ministère des Affaires Etrangères, RFI a dû recourir au
crédit court terme de manière très importante dès
le mois de janvier 1999 jusqu'à la fin du mois de mai 99, alors qu'en
1998, ce recours au financement court terme n'avait eu lieu que de janvier
à avril.
On note également sur un plan plus général, un
ralentissement des dépenses de l'ordre de 6% et un ralentissement des
recettes de 8% pour le premier semestre 1999 par rapport à 1998.
Le total des dépenses, à fin juin, était de 422 millions
de francs en 1998, il s'élève à 395,3 millions de Francs
en 1999. Cette baisse en 1999 est essentiellement due à la diminution du
poste de diffusion de TDF, dont les factures sont passées de 23 Millions
de Francs par mois en 1998 à 5,6 Millions en 1999, soit une
économie de 37 Millions de Francs sur le premier semestre 1999.
Le total des recettes, à fin juin, était de 482 millions de
francs en 1998, il s'élève à 443 Millions de Francs en
1999, ce qui traduit la diminution des concours publics à RFI en 1999.