C. LUTTER CONTRE L'HYPERSEXUALISATION DES ENFANTS
Ce rapport a été présenté par M. Valeriu Ghiletchi (République de Moldavie - PPE/DC).
L'hypersexualisation des enfants est un phénomène très répandu dans les médias, les campagnes de marketing et les émissions de télévision. Ce phénomène peut avoir des conséquences dramatiques sur l'estime de soi des enfants, leur bien-être, leurs relations et l'égalité des chances et, dans les cas les plus graves, être nuisible pour leur santé physique et mentale.
L'Assemblée parlementaire devrait exprimer sa préoccupation sur la tendance croissante à l'hypersexualisation des enfants et inviter les États membres à renforcer leurs législations et politiques pertinentes, en commençant par des études approfondies et la collecte de données sur la problématique. Les activités des médias et du secteur de la publicité devraient être encadrées par la loi et contrôlées par des organes spécialisés et le développement de produits éthiques devrait être encouragé. Des programmes ciblés devraient être développés pour éduquer les enfants à la maison et à l'école. Les professionnels en charge de la garde et de l'éducation des enfants devraient être spécialement formés. On devrait donner aux enfants les moyens de développer des attitudes critiques vis-à-vis des contenus médiatiques et de devenir résilients à la pression des pairs, notamment concernant le partage d'images sexualisées.
Ce débat é été l'occasion d'une intervention de Mme Maud de Boer-Buquicchio, Rapporteur spécial des Nations unies sur la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants. Pour elle, l'hypersexualisation des enfants a pour conséquence une plus grande exploitation sexuelle de ceux-ci et la création d'un environnement qui tolère davantage cette exploitation. Cette tendance, facilitée par les nouvelles technologies de la communication et de l'information, constitue un terreau fertile pour accroître les discriminations fondées sur le sexe. En outre, inciter les enfants à s'identifier à certains modèles peut voir des conséquences graves pour leur santé physique et mentale. Face à cela, elle plaide pour imposer des normes minimales aux secteurs de la publicité et du mannequinat. Il faut également accompagner les enfants dans leur développement sexuel et renforcer la sensibilisation de l'ensemble des acteurs à cette question.
Mme Maryvonne Blondin (Finistère - Socialiste et républicain) a expliqué que l'hypersexualisation des enfants révèle en fait l'hypersexualisation de l'ensemble de notre société. Sans adopter un discours moraliste, il faut protéger les enfants d'une perception trop sexuée de leurs corps, souvent en rapport avec la pornographie découverte sur Internet. Pour cela, une charte de bonne conduite pourrait être signée par les médias et les acteurs économiques afin de les inciter à respecter la dignité des enfants.
Mme Marie-Christine Dalloz (Jura - Les Républicains) a plaidé pour que l'utilisation de l'image des enfants soit réglementée. Elle se félicite de la législation en vigueur en France, mais regrette que, dans la pratique, les tribunaux soient peu saisis. L'encadrement des images véhiculées par les médias, notamment les émissions de téléréalité et Internet, reste une nécessité si l'on veut préserver les enfants.
Mme Pascale Crozon (Rhône - Socialiste, républicain et citoyen) a indiqué qu'en France, les signes extérieurs de sexualisation apparaissent de plus en plus tôt chez les jeunes filles, malgré une législation contraignante concernant l'accès des mineurs à certaines images. En effet, les modèles présentés aux enfants sont souvent des personnages médiatiques, réels ou de fiction, qui imposent un certain culte du corps et de l'apparence comme condition de réussite sociale. Ceci n'est pas sans danger pour les enfants guettés par des troubles tels que l'anorexie ou la dévalorisation de soi. Il est, dès lors, important que les médias acceptent de promouvoir d'autres modèles.
Mme Marietta Karamanli (Sarthe - Socialiste, républicain et citoyen) a expliqué que l'hypersexualisation des enfants peut être la source d'un mal-être psychologique durable pour ceux-ci. En effet, les corps parfaits qui sont présentés aux enfants peuvent créer chez eux un certain mal-être et les enferment dans des stéréotypes sexués. Face à cela, il convient de développer l'éducation aux médias qui serait financée par une taxe payée par l'industrie qui profite de cette hypersexualisation.