B. ... AUX CONSÉQUENCES PRÉJUDICIABLES SUR LE BÂTI ANCIEN
La volonté de répondre de manière rapide et massive au défi posé par l'urgence climatique a conduit à privilégier des dispositifs uniformes qui, au final, pourraient avoir des conséquences importantes sur la préservation du patrimoine bâti, malgré ses réels atouts pour contribuer aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Conjugués à la pression foncière sur les parcelles bâties générées par l'introduction du principe du « zéro artificialisation nette », ils pourraient ne laisser aux propriétaires de bâtiments antérieurs à 1948 guère d'autres choix que de vendre leurs biens, dont la valeur est dépréciée par les résultats du DPE, ou d'engager en urgence des travaux de rénovation.
Plusieurs risques sont identifiés :
- un risque de vacance des logements dans le bâti ancien du fait des résultats du DPE constatés dans ce type de bâti et de l'interdiction progressive de location des passoires thermiques. Ce danger aurait des répercussions terribles sur d'autres politiques publiques s'il se vérifiait, dans la mesure où il ne ferait qu'aggraver la crise du logement, accélérer la désertification des centres anciens, où ce type de bâti est majoritaire, amplifier l'exode rural et contribuer à la dégradation irrémédiable d'une partie du patrimoine faute d'entretien ;
- un risque d'effacement progressif du patrimoine non protégé et de banalisation des caractéristiques architecturales propres à chaque région sous l'effet de la réalisation de travaux non adaptés. La disparition de ce patrimoine serait un désastre d'un point de vue culturel, touristique, économique mais aussi écologique ;
- un risque d'accélération de la disparition des savoir-faire traditionnels résultant d'une baisse de la demande pour ce type d'interventions, à une époque où le ministère de la culture essaie pourtant de conjurer cette menace en accompagnant la filière grâce au renforcement des crédits destinés aux opérations de restauration du patrimoine ;
- un risque de gaspillage d'argent public du fait du soutien financier apporté à des travaux de rénovation inadaptés à l'origine des désordres de demain sur ce type de bâti.
Au final, l'approche actuelle risque de n'apporter de réels bénéfices qu'à court terme, si l'on prend en considération les dommages collatéraux sur le bâti ancien, la consommation inutile de matériaux importés et la multiplication des déchets qu'elle pourrait générer.