II. LE RECOURS À LA SÉCURITÉ PRIVÉE : UN PARI AMBITIEUX MAIS INCONTESTABLEMENT RÉUSSI
La commission a par ailleurs souhaité effectuer un retour d'expérience sur le recours à la sécurité privée pour la sécurisation des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ce volet a en effet suscité d'importantes inquiétudes en amont de l'événement, du fait du volume inédit d'effectifs à recruter et former dans une filière encore en croissance ainsi que dans des délais excessivement contraints. Alors que les jeux Olympiques de Londres en 2012 avaient été marqués par la défaillance de la principale entreprise de sécurité privée retenue par les organisateurs, la question de la fiabilité du dispositif était par ailleurs également au coeur des préoccupations.
La commission avait, dans un rapport d'information sur l'application de la loi du 19 mai 2023 relative aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 publié en avril 20241(*), déjà identifié cet enjeu. Les rapporteures Agnès Canayer et Marie-Pierre de la Gontrie avaient salué les importants progrès réalisés depuis l'été 2023, « du fait des efforts massifs déployés collectivement par le Cojop, l'État, les collectivités territoriales et la filière ». Elles avaient néanmoins insisté sur la nécessité d'intensifier les actions engagées pour confirmer cette dynamique et dissiper les dernières incertitudes. Cinq recommandations d'ordre opérationnel avaient été formulées en ce sens, appelant notamment à ce que le Cojop achève le plus rapidement possible l'allotissement des marchés publics pour la sécurisation des sites - 3 % n'ayant toujours pas été attribués à la date de publication du rapport - ainsi qu'à mettre en place les dispositifs indispensables à la filière pour atteindre le dimensionnement nécessaire à l'absorption des JOP2(*).
Six mois après les Jeux, la commission se réjouit de constater que ses recommandations ont été suivies et que ce pari, ambitieux, a été réussi. Les efforts conjugués des organisateurs, des services de l'État, des collectivités territoriales ainsi que de la filière de la sécurité privée ont permis à celle-ci de se hisser à la hauteur de l'événement. Selon les données publiées par la préfecture de région Île-de-France, 25 800 personnes avaient été formées au métier de la sécurité privée mi-juillet 2024 et près de 22 000 recrutements assurés en amont des jeux, soit des résultats supérieurs aux objectifs3(*). Si la crainte de défaillances demeurait présente à l'approche de l'événement, les agents de sécurité privée ont exercé leurs missions avec professionnalisme et efficacité au cours de celui-ci. Les quelques dysfonctionnements, extrêmement marginaux, ont été traités avec une grande réactivité. In fine, l'organisation des jeux a mobilisé plus de 200 entreprises et 27 500 agents de sécurité privée.
Il convient de saluer cet important succès collectif qui démontre le savoir-faire de la France pour l'organisation de grands événements et est porteur de promesses pour le développement de la filière de la sécurité privée. L'événement a en effet amorcé une reconfiguration du secteur, avec l'affirmation de nouvelles « petites » entreprises particulièrement impliquées dans la sécurisation de l'événement. Il importe par ailleurs de capitaliser sur une réforme réussie des procédures de certification pour poursuivre la montée en puissance de la filière.
* 1 Rapport d'information n° 527 (2023-2024) fait par Agnès Canayer et de Marie-Pierre de La Gontrie au nom de la commission des lois du Sénat sur l'application de la loi du 19 mai 2023 relative aux jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 et portant diverses autres dispositions, déposé le 10 avril 2024.
* 2 Voir propositions nos 8 à 12.
* 3 Préfet de la région Île-de-France, « La mobilisation des services de l'État pour l'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 », septembre 2024.