Table ronde
La France appelle à l'action
Introduction par Laurence Rossignol, vice-présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat, modératrice de l'événement
En guise d'introduction à ce panel, je voudrais partager avec vous toutes et tous les raisons et l'objectif que nous avions quand nous avons lancé une mission de la délégation des droits des femmes du Sénat sur la pornographie.
D'abord, il faut avoir en tête que la pornographie a complètement muté depuis l'ère numérique. Nous ne sommes plus au temps du film pornographique dans une petite rue sombre, avec une trentaine de films qui tournaient chaque semaine dans toute la France. Le numérique a changé le volume de production et la nature des contenus.
Le rapport de la délégation aux droits des femmes du Sénat est le premier rapport que nous ayons eu en France d'une institution qui s'est intéressée à l'industrie pornographique. De manière assez commune, il était considéré que la consommation ou la production de films pornographiques relevait de la liberté du commerce et de l'industrie pour ceux qui les produisaient, et de la vie privée pour ceux qui les regardaient. Nous avons décidé d'en faire un sujet de politique publique et particulièrement un sujet de santé publique.
Dans ce rapport, nous avons tout d'abord étudié les mécanismes de fonctionnement de l'industrie pornographique et en particulier le sort réservé aux femmes qui sont dans ces films. Je n'arrive pas à les appeler des actrices, j'en suis désolée, je les appelle des victimes. Les femmes qui sont dans ces films, c'est déjà un premier sujet de préoccupation et d'indignation.
Nous nous sommes aussi intéressées, bien sûr, au contenu de ces vidéos, de ces films, de ces produits pornographiques et à leur influence dans la société sur la représentation de la sexualité, particulièrement à l'égard des femmes. Ces films font l'apologie du viol, de la violence, de l'inceste et sont des films lesbophobes et racistes.
Voilà donc ce sur quoi nous avons travaillé.
Bien entendu, dès lors que j'ai posé mon introduction dans le cadre du développement du numérique, il est clair que les solutions ne peuvent pas être nationales, pour personne.
Les solutions et les réponses de politique publique doivent intervenir, d'abord à l'échelon européen pour nous Français, et bien entendu à l'échelon international. Même si, à l'échelon français, nous avons déjà pris des mesures, nous en avons d'autres à prendre puisque le résultat n'est pas encore totalement probant.
C'est la raison pour laquelle la délégation parlementaire française a souhaité, avec cet événement, que nous puissions échanger :
- premièrement, sur le niveau de conscience de nos sociétés respectives sur ce sujet -qui n'est pas aussi évident qu'on pourrait le penser ;
- deuxièmement, sur les politiques publiques qui sont mises en oeuvre dans les différents pays ;
- et troisièmement, sur ce que nous pouvons faire ensemble pour démultiplier à la fois notre prise de conscience, notre mobilisation et la régulation du monde du numérique.
Je vais tout d'abord passer la parole à Gemma Kelly de CEASE pour une présentation des résultats de recherche sur les conséquences sociétales et psychologiques de la pornographie.