Remise du prix de la délégation
à maîtres Stéphane Babonneau et Antoine Camus

Chers maîtres Stéphane Babonneau et Antoine Camus, notre délégation a tenu à vous auditionner le 22 mai dernier pour revenir avec vous sur le procès historique au cours duquel vous avez défendu Gisèle Pelicot.

Ce procès en première instance, qui avait duré près de quatre mois entre septembre et décembre 2024, a été suivi par un procès en appel, début octobre 2025, au cours duquel un seul des 51 accusés condamnés avait finalement fait appel. Comme je l'avais rappelé en mai dernier, ce procès a d'abord été le symbole du courage d'une femme, Gisèle Pelicot, qui a décidé de lever le huis clos de l'audience et de rendre publics, aux yeux du monde entier, les multiples viols, filmés et archivés, dont elle a été victime durant près d'une décennie par plus de 50 hommes différents, après avoir été droguée et sédatée par celui qui était son mari et le père de ses trois enfants.

Au dernier jour du procès, après le verdict, Gisèle Pelicot avait prononcé ces mots : « J'ai voulu, en ouvrant les portes de ce procès (...) que la société puisse se saisir des débats qui s'y sont tenus. Je n'ai jamais regretté cette décision ». Nous non plus, car celle-ci aura, en effet, ouvert la voie, de façon cathartique, à une réflexion non seulement juridique, mais aussi sociétale sur la question du consentement en matière sexuelle.

Hasard du calendrier législatif, notre cérémonie intervient le jour-même de l'adoption définitive, à l'unanimité du Sénat, par le Parlement de la proposition de loi visant à modifier la définition pénale du viol et des agressions sexuelles, en introduisant dans notre code pénal la notion de consentement. Je salue nos collègues députées, Marie-Charlotte Garin et Véronique Riotton, qui en sont les auteures.

Ce procès a aussi permis de dévoiler les mécanismes de la soumission chimique et la nécessité absolue d'en recueillir les preuves en cas de suspicion dans les affaires de violences sexuelles.

Enfin, ce procès a fait la lumière, s'il en était besoin, sur l'ancrage profond de nombreux stéréotypes sexistes qui participent à la perpétuation du fléau des violences sexuelles systémiques dans notre société. Je rappelle en cela nos travaux sur l'industrie de la pornographie et notre rapport Porno : l'enfer du décor publié en septembre 2022.

Plus qu'un procès, ce moment historique a constitué un véritable fait de société qui aura, nous l'espérons, fait bouger les lignes en matière de traitement des violences sexuelles et d'égalité entre les femmes et les hommes.

Par la défense que vous avez assurée de Gisèle Pelicot, par vos plaidoiries et, ensuite, par votre participation à des événements publics permettant d'exposer les apports aussi bien juridiques que sociétaux de ce procès, vous contribuez de façon éclatante et méthodique à la construction d'une société plus égalitaire et plus respectueuse.

Pour toutes ces raisons, je suis fière et honorée de vous remettre, au nom de l'ensemble de mes collègues, le prix de la délégation aux droits des femmes du Sénat.

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