II. UNE MESURE DES ÉCARTS DE FISCALITÉ : LE COÛT DU CAPITAL
Evaluer
les écarts de fiscalité entre pays est relativement complexe,
d'autant que chaque entreprise (ou encore chaque investissement) est un cas
particulier. Les entreprises, parce qu'elles sont imposées dans le pays
dans lequel elles résident, sont soumises, soit au régime fiscal
de droit commun qui, en pratique, s'applique à la majorité des
entreprises résidentes d'un Etat, soit à un régime
privilégié (zones ou activités spécifiques). Les
dispositions qui régissent ces régimes sont nombreuses et la
seule comparaison des taux d'imposition faciaux entre Etats ne suffit pas pour
se prononcer sur les écarts de pression fiscale pesant sur les
entreprises. Il faut aussi tenir compte du mode de calcul de la base imposable,
celle-ci dépendant entre autres des règles d'amortissement et de
provision.
Pour les entreprises qui opèrent dans plusieurs Etats membres il faut
tenir compte en outre du régime fiscal du pays de résidence de la
société mère (qu'il soit de droit commun ou
dérogatoire), mais aussi de celui du pays d'implantation de la filiale
et de l'interaction entre ces deux régimes. Nous utilisons par la suite
une mesure du différentiel fiscal, appelée coût du capital,
qui permet de prendre en compte les principales dispositions contenues dans le
régime fiscal de droit commun des Etats. Cette mesure donne une
information sur l'incitation pour une entreprise à investir dans un pays
donné. Compte tenu de la multiplicité des régimes
privilégiés, ceux-ci ne sont pas pris en compte dans les calculs
de coût du capital. En revanche, nous tenons compte des principes
d'imposition des revenus transnationaux. Autrement dit, nous calculons le
coût du capital à la fois pour les investissements
intérieurs à chaque Etat et pour les investissements
internationaux. Dans les deux cas, un rapide survol des législations
nationales et internationales est effectué.
A. LES LÉGISLATIONS NATIONALES ET INTERNATIONALES
1. Les systèmes nationaux
Actuellement, il existe une grande hétérogénéité des systèmes de taxation des bénéfices entre pays de l'Union européenne. Pour ce qui est du barème d'imposition, les taux nominaux (tableau 3) varient de 28% pour la Finlande et la Suède à plus de 40% pour l'Allemagne, la Belgique et la France. Seule l'Allemagne taxe différemment les bénéfices réinvestis et les bénéfices redistribués. Dans certains cas, comme l'Irlande, le Luxembourg ou le Royaume-Uni, le taux d'imposition dépend du montant du bénéfice imposable. La détermination de la base imposable varie elle aussi en fonction des pays. Par exemple, si des provisions pour la hausse des prix sont autorisées en France, elles ne le sont pas en Allemagne. En revanche, tous les pays autorisent la déductibilité des intérêts. L'amortissement des actifs corporels est généralement autorisé dans tous les Etats mais les modes de calculs varient selon les pays et selon le type d'actifs (tableau 4). En ce qui concerne les machines, par exemple, la plupart des pays utilisent un système d'amortissement dégressif. Seuls l'Italie, les Pays-Bas et l'Autriche autorisent un amortissement linéaire, l'Allemagne, la Belgique et la France autorisant un système mixte qui s'avère plus généreux que celui de leurs voisins. En revanche, les actifs incorporels ne sont pas amortissables en France, alors qu'ils le sont dans les autres pays Européens. Enfin, les règles relatives aux reports, en avant et en arrière, des déficits varient selon les pays.
3. Taux nominaux d'imposition des sociétés (1998)
|
Sociétés résidentes |
Allemagne (1) |
47,47 / 31,61 |
Autriche (2) |
34 |
Belgique (3) |
40,17 |
Danemark |
34 |
Espagne (4) |
35 |
Finlande |
28 |
France (5) |
41,66 |
Grèce (6) |
35 |
Irlande (7) |
25 si
bénéfices <= 50 000 £IR
|
Italie (8) |
37 |
Luxembourg |
20% sur
la partie du bénéfice Î [1-400 000 Flux]
|
Pays-Bas |
35 |
Portugal (10) |
34 |
Royaume-Uni |
21% si
bénéfice < 300 000 £
|
Suède |
28 |
Source
: European Tax Handbook, IBFD publication
1998,
Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne, Dictionnaire
Permanent Fiscal (1998).
(1) Le premier taux s'applique aux bénéfices réinvestis,
le second aux bénéfices distribués. Ces taux prennent en
compte la majoration au titre de la taxe de solidarité de 5,5%.
(2)Un taux de 22% est appliqué aux sociétés de financement
de PME (capital risque). Par ailleurs, en fonction de leur chiffre d'affaires,
les sociétés sont soumises à un montant minimum d'IS.
(3) Ce taux prend en compte la majoration de la contribution
complémentaire de crise de 3%. Les taux sont réduits en fonction
du niveau des bénéfices réalisés.
(4) Pour les PME (CA<10MF) ce taux est de 30% pour la partie de la base
imposable < à 600.000 F et 35% au-delà.
(5) Ce taux prend en compte la surcharge de 10% et de 15%. Pour les PME
(CA<50MF) ce taux est de 20,9 % sur un maximum de 200000 F de
bénéfices réinvesti et de 36,66% (plus une majoration de
15%) sur les autres bénéfices.
(6) Ces taux s'appliquent aux SA dont les actions sont cotées à
Athènes et aux SARL. Pour les SA non cotées et pour les banques
ce taux est de 40%.
(7) Un taux réduit de 10% s'applique à certaines activité
industrielles, informatiques etc.. et sont aussi accordées aux filiales
des sociétés étrangères.
(8) Pour les bénéfices non distribués, un taux de 19%
s'applique sur la fraction des bénéfices correspondant à
la rémunération de l'augmentation de l'actif net. Le taux moyen
d'imposition de l'ensemble du bénéfice ne peut être
inférieur à 27%.
(9)Ce taux comprend une surtaxe de 4% au profit du fonds pour l'emploi.
(10)Un taux de 27,5% est appliqué aux sociétés
d'investissements immobiliers.
4. Règles d'amortissement (1)
Etats Membres |
Machines |
Immeubles(1) |
Allemagne |
Amortissement linéaire et dégressif |
Amortissement linéaire ou amortissement dégressif
|
Autriche |
Amortissement linéaire obligatoire |
Amortissement linéaire obligatoire |
Belgique |
Amortissement linéaire de droit commun ou dégressif sur option. |
Amortissement linéaire de droit commun ou dégressif sur option |
Danemark |
Amortissement dégressif de 30% |
Amortissement linéaire obligatoire |
Espagne |
Amortissement linéaire de droit commun ou dégressif sur option |
Amortissement linéaire obligatoire |
France |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Finlande |
Amortissement dégressif |
Amortissement dégressif |
Grèce |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Irlande |
Amortissement linéaire obligatoire |
Amortissement linéaire obligatoire : |
Italie |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Luxembourg |
Amortissement linéaire ou Amortissement dégressif |
Amortissement linéaire de droit |
Pays-Bas |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Portugal |
Amortissement linéaire |
Amortissement linéaire |
Royaume-Uni (5) |
Amortissement dégressif |
Amortissement linéaire obligatoire |
Suède |
Amortissement dégressif de droit et linéaire sur option |
Amortissement linéaire obligatoire : |
Source
: European Tax Handbook, IBFD publication
1998,
Fiscalité des Etats Membres de l'Union Européenne, Dictionnaire
Permanent Fiscal (1998).
(1) Voir annexe 2 pour le détail des taux.