ROYAUME-UNI
I - LES INSTANCES DE REGULATION
1) Le cadre juridique de l'audiovisuel
Les lois
britanniques sur la radiodiffusion ont toujours été
inspirées par deux grands principes :
- l'indépendance (éditoriale, économique et en
matière de régulation) par rapport au gouvernement ;
- la nécessité de normes pour protéger les auditeurs et
les téléspectateurs de toute exploitation et pour empêcher
une programmation de piètre qualité.
La radiodiffusion est considérée comme une mission de service
public assumée par trois organismes :
- la
British Broadcasting Corporation
(B.B.C.), entreprise publique
régie par une
Charte royale
renégociable, gère
traditionnellement le service public non commercial de la radio et de la
télévision
(2(
*
))
;
- l'
Independent Television Commission
(I.T.C.) créée par
le
Broadcasting Act
de
1990
, a succédé
à l'
Independant Broadcasting Authority
et attribue des
concessions aux chaînes privées ;
- la
Radio Authority
, instituée par la même loi, joue
vis-à-vis des stations privées de radio le même rôle
que l'I.T.C. vis-à-vis des concessionnaires privés du service
public de la télévision.
Le système de régulation de l'audiovisuel a été
profondément remanié par les lois de 1990 et de 1996 sur la
radiodiffusion.
2) Les instances de régulation propres au secteur privé
a)
L'I.T.C.
L'I.T.C., qui a succédé à une instance
préexistante, participe à la régulation du
secteur
privé de la télévision
de deux façons. Elle
conclut des contrats de concession avec les sociétés
privées de diffusion. Or, ces contrats contiennent notamment les
obligations des parties.
En outre, l'I.T.C. dispose d'un pouvoir autonome de réglementation par
ses codes de programmation qui traduisent les principes généraux
édictés par la loi.
b) La Radio Authority
La
Radio Authority
joue pour le secteur de la radio privée le
même rôle que l'I.T.C. pour la télévision.
3) Les instances de régulation communes aux secteurs public et privé
Les lois
sur la radiodiffusion de 1990 et 1996 ont apporté de profondes
modifications dans ce domaine.
La première a donné une existence juridique au
Broadcasting
Standards Council
(B.S.C.) créé par le gouvernement en 1988
pour contrôler
a posteriori
le respect par l'ensemble des
chaînes de télévision et des stations de radio, publiques
et privées, des principes déontologiques.
La loi de 1990 a également donné une existence juridique à
la
Broadcasting Complaints Commission
(B.C.C.), créée en
1981 pour veiller à la présentation exacte et impartiale des
faits et traiter des atteintes à la vie privée. Sa
compétence s'étend à l'ensemble des services de
télévision et de radio, publics ou privés.
La loi de 1996 a organisé la fusion du B.S.C. et de la B.C.C
.
Elle crée en effet un nouvel organe : la
Broadcasting Standards
Commission
qui réunit les compétences du B.S.C. et de la
B.C.C. La nouvelle commission commencera ses travaux le 1er avril 1997.
*
* *
Par
ailleurs, le
Conseil des gouverneurs de la B.B.C
., bien que ne
constituant pas une instance de régulation, veille au respect par la
B.B.C. des obligations que la Charte royale lui fixe et joue un vrai rôle
d'
autorégulation
.
Comme il l'indique dans une résolution de janvier 1981 : "
Le
second rôle des gouverneurs est de surveiller tant le fonctionnement que
la production de la B.B.C. et de vérifier que celle-ci respecte bien
l'esprit de la Charte royale. Les gouverneurs sont en effet les garants
-à l'égard du pouvoir mais également de l'opinion
publique- de l'impartialité de la B.B.C. et du respect de la notion de
service public (...)
".
II - LA DEONTOLOGIE DES PROGRAMMES
1) Les principes posés par les textes
a) Le
Broadcasting Act de 1990
L'
article 6
confie à l'I.T.C. le soin de veiller à ce que
les programmes des
chaînes privées
de
télévision :
- n'offensent en rien le
bon goût
, la
décence
ou les
sentiments du public
;
- n'incitent ni au
crime
, ni au désordre ;
- présentent les informations de façon
exacte et
impartiale
, notamment pour les sujets susceptibles de donner lieu à
controverse politique ou sociale.
Il lui confie également le soin d'établir et de mettre à
jour un
code de bonne
conduite
reprenant les principes
mentionnés plus haut.
L'
article 7
charge l'I.T.C. d'établir et de mettre à jour
un autre code de bonne
conduite
, relatif à la
représentation de la
violence
, en tenant compte de l'importance
du public enfantin.
b) Le Broadcasting Act de 1996
Bien que les dispositions concernant la nouvelle instance de régulation,
la
Broadcasting Standards Commission
(B.S.C.), ne soient pas encore en
vigueur, on a choisi de les analyser. Elles reprennent d'ailleurs en grande
partie les dispositions équivalentes du
Broadcasting Act
de 1990.
L'article 107 du
Broadcasting Act
de 1996 charge la B.S.C. de la
rédaction et de la mise à jour d'un
code de bonne conduite
relatif au respect de l'
équité
et de la
vie
privée
.
L'article 108 du
Broadcasting Act
de 1996 la charge aussi de
rédiger et de mettre à jour un
code de bonne conduite
sur :
- la représentation de la
violence
et du
sexe
;
- les normes de
bon goût
et de
décence
.
A la différence des codes de bonne conduite réalisés par
l'I.T.C.,
ceux de la B.S.C. concernent toutes les stations de radio et
toutes les chaînes de télévision, publiques ou
privées
. Tous les diffuseurs doivent reprendre dans leurs propres
codes les principes contenus dans les codes de la B.S.C. Les codes de la B.S.C.
devraient être analogues à ceux du
Broadcasting Standards
Council
.
2) Le rôle des instances de régulation
a)
L'I.T.C.
Les articles 6 et 7 du
Broadcasting Act
de 1990 exigent de l'I.T.C.
qu'elle veille à ce que les chaînes de télévision
privées appliquent bien ses codes de bonne conduite.
Pour permettre à l'I.T.C. d'exercer son contrôle
a
posteriori
sur la déontologie des programmes, l'article 11 de la loi
lui permet de se procurer auprès des chaînes privées les
enregistrements de toutes les émissions. Ceux-ci doivent en effet
être conservés pendant trois mois par les diffuseurs.
En cas de non-respect des règles prescrites, l'I.T.C. peut imposer, en
vertu des articles 40, 41 et 42 de la loi, une des sanctions suivantes :
- avertissement ;
- obligation de diffuser un message d'excuse ;
- amende pouvant atteindre 3 % du total des recettes publicitaires de
l'exercice passé (5% en cas de récidive) ;
- réduction de la durée de la concession;
- retrait de la concession, sauf pour
Channel
4, la chaîne
culturelle.
Par ailleurs, même si la loi ne l'a pas chargée de traiter les
plaintes, l'I.T.C. se fonde sur son pouvoir général de tout
mettre en oeuvre afin que les dispositions de ses codes soient
respectées pour inciter les téléspectateurs à lui
adresser leurs réclamations. Elle publie ensuite des rapports sur le
traitement des plaintes.
b) La Radio Authority
La
Radio Authority
a, dans le domaine de la radio, des
compétences tout à fait comparables à celles de l'I.T.C.
dans celui de la télévision.
c) La B.S.C.
•
L'article 109
du
Broadcasting Act
de 1996 lui confie le
soin de contrôler le contenu des programmes en matière de
représentation de la violence et du sexe, d'une part, et le respect des
normes de goût et de décence, d'autre part.
La B.S.C. devra aussi surveiller, "
dans la mesure où ceci est
raisonnablement
possible
", les programmes étrangers de
télévision et de radio afin de se rendre compte de la
façon dont la violence et le sexe sont représentés et dont
les normes de goût et de décence sont respectées.
•
Les articles 110 à 120
du
Broadcasting Act
de
1996 règlent le traitement des
plaintes,
émanant de
personnes physiques ou morales et concernant le non-respect par un service,
public ou privé, de radio ou de télévision, des principes
relatifs à l'équité, au respect de la vie privée,
à la violence, au sexe, à la décence et au bon goût.
La B.S.C. doit nommer un organe
ad hoc
chargé d'examiner ces
plaintes. L'examen des plaintes doit se faire dans un délai de deux mois
lorsqu'elles ont trait à un programme de télévision, et de
trois semaines lorsqu'elles concernent une émission de radio.
Les plaintes ne sont pas recevables si le plaignant dispose d'une voie de
recours devant les tribunaux. Le dépôt des plaintes auprès
de la B.S.C. devrait se faire de la même façon qu'actuellement
auprès du
Broadcasting Standards Council.
Pour permettre à la B.S.C. d'exercer sa mission, les diffuseurs doivent
conserver des copies de leurs programmes pendant trois mois.
Les plaintes qui se rapportent à la déontologie des programmes ou
au respect du principe d'impartialité peuvent, si la B.S.C. les estime
fondées, donner lieu à un
avertissement
. Les chaînes
incriminées sont alors tenues de diffuser un résumé de la
plainte et de l'avertissement infligé.
La B.S.C. peut préparer des rapports ponctuels sur les différents
points concernant la déontologie des programmes et les adresser au
ministre compétent. Elle peut aussi faire entreprendre des recherches.
d) Le Conseil des gouverneurs de la B.B.C.
Conformément à la logique d'autorégulation, il
n'intervient qu'exception-nellement
a posteriori
. En revanche, il
travaille en étroite collaboration avec les programmateurs et les
producteurs des chaînes publiques. Il a d'ailleurs établi un code
à leur intention. Ce code est régulièrement remis à
jour, en concertation avec les professionnels.
Par ailleurs, il a récemment créé une unité
chargée de recevoir et d'examiner les plaintes du public.