C. UNE RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES ÉCHANGES DÉFORMÉE PAR LA HAUSSE DES PRIX DE L'ÉNERGIE
L'année 2000 se caractérise par une forte baisse
de
l'excédent commercial, polarisée sur trois zones : l'Europe,
l'Asie et le Proche et Moyen-orient. A l'inverse, l'excédent augmente
légèrement avec l'Amérique et l'Afrique.
La
dégradation de l'excédent avec l'Europe
(qui baisse de
10,23 milliards d'euros), consécutive à des achats
importants de biens énergétiques, participe au mouvement
d'ensemble. Cette baisse est la plus importante de toutes les zones. Viennent
ensuite le creusement du déficit avec l'Asie (qui s'accroît de
4,48 milliards d'euros), et de celui avec le Proche et Moyen-Orient
(- 3,13 milliards d'euros). A l'inverse, la France conforte
l'excédent acquis en 1998 avec l'Amérique
(+ 1,34 milliard d'euros) et avec l'Afrique
(+ 0,55 milliard d'euros), bien qu'elle soit aussi un fournisseur
important de matières premières.
Les échanges avec l'Europe
Vers l'Europe, les échanges ont augmenté de 11,1 % à
l'exportation et de 17,3 % à l'importation.
L'excédent
avec les pays de l'ensemble du continent, qui
était de 15 milliards d'euros en 1999, est en net recul pour atteindre
4,77 milliards d'euros
. Cette forte chute s'observe pour près de
la moitié avec les pays de l'Union européenne. Parmi les autres
pays, les achats originaires de la Russie ou de la Norvège -notamment
énergétiques- grèvent l'excédent commercial.
Les échanges avec les pays de l'Union européenne
Les échanges intra-communautaires représentent 60,2 % des
importations de la France, et 62 % de ses exportations. La croissance des
deux flux avec l'Union européenne est particulièrement nette
(+ 10,4 % à l'exportation et + 13,8 % à
l'importation), même si elle reste, de manière habituelle,
sensiblement inférieure à celle avec le reste du monde. Cette
progression des importations avec les pays de l'Union européenne est
également inférieure à celle du reste de l'Europe.
Les achats originaires de l'ensemble du continent européen progressent
de 17,3 %, alors que ceux originaires de l'Union européenne
progressent de 13,8 %. Au niveau des branches, la progression des achats
de matières énergétiques, ainsi que celle, dans une
moindre mesure, des biens intermédiaires, expliquent une large part de
la réduction de l'excédent.
La croissance des exportations est robuste avec l'ensemble des pays de l'Union
européenne. La progression des ventes est supérieure à
6 % avec 12 des 14 partenaires, et, notamment, avec ceux de la zone
euro. Elle est supérieure d'un demi-point à celle
enregistrée avec ceux de l'Union européenne au cours de
l'année 2000. Pourtant, la France est devenue déficitaire
avec la zone euro (- 0,84 milliard d'euros), alors qu'elle
dégageait un excédent de 3,02 milliards d'euros en 1999.
Toutefois, en rythme annuel, les échanges sont marqués par une
forte reprise avec l'Allemagne, l'Italie et la Belgique. La demande interne de
ces pays, restée limitée début 1999, a fortement
progressé au cours du second semestre 1999 et du premier
semestre 2000. La progression des livraisons d'Airbus atteint un niveau
record pour les deux premiers pays.
Il faut toutefois souligner le déficit bilatéral accru avec
l'Allemagne (2,32 milliards d'euros), du fait de la forte demande
française de biens intermédiaires et le niveau
élevé des achats de biens de consommation.
Les échanges avec les pays candidats à l'Union
européenne
Les échanges avec les pays candidats à l'Union européenne
augmentent dans des proportions particulièrement élevées.
Les évolutions observées avec l'ensemble des pays candidats
témoignent d'un potentiel de croissance très élevé
de leurs échanges avec la France. Les exportations se distinguent
nettement vers les candidats les plus importants comme la Hongrie, la
République tchèque, ou encore la Turquie.
La reprise des échanges avec l'Asie largement
confirmée
Au cours de l'année 2000, les exportations vers l'Asie ont
progressé de 22,2 % et les importations de 27 %, contre
respectivement, - 6,4 % et + 11,7 % l'année
précédente.
Le déficit commercial avec ce continent est amplifié par le taux
de change entre l'euro et les monnaies de l'Asie émergente. Il s'est
creusé de manière spectaculaire au cours des dernières
années : 3,26 milliards d'euros en 1997 à
17,5 milliards d'euros en 2000.
Une progression soutenue des flux avec le Japon
La progression des flux enregistrée avec le continent asiatique est la
plus importante observée au cours de la décennie.
Au sein de la zone Asie, le dynamisme des échanges avec le Japon est
remarquable. Cette progression résulte de la hausse de la demande
interne japonaise, conséquence de la sortie de crise de ce pays. Les
ventes vers le Japon, restées relativement modestes durant la
décennie 1990, progressent de 26,3 % au cours de l'an 2000.
Les importations (+ 28,1 %) dépassent, elles aussi, leur
record de progression au cours de la décennie. Concernant les
exportations, la situation contraire prévaut avec la Chine. Les ventes
à ce pays, multipliées par 2,6 entre 1991 et 1999, progressent de
manière mesurée (+ 4,9 %), alors que les importations
continuent leur accélération depuis 1998, avec une progression de
35,5 % en 2000. Le déficit bilatéral avec la Chine devient
le plus important jamais atteint (7,24 millions d'euros). Par ailleurs,
les relations commerciales avec la Corée du Sud, Taïwan, ou encore
Hong-Kong, un temps affectées par la crise des pays émergeants,
sont marquées par une croissance des exportations largement
supérieure à celle des importations.
Les ventes aux pays de l'ASEAN profitent également d'un effet de
rattrapage.
L'excédent avec l'Amérique : troisième
année consécutive
Le maintien d'un euro faible, d'une croissance économique
nord-américaine élevée durant l'essentiel de
l'année, ainsi que la hausse de la demande en Amérique latine,
ont permis de renforcer l'excédent vis-à-vis de ce continent,
acquis en 1998.
La progression des ventes vers les Etats-Unis, de 30,2 % au cours de
l'année 2000, est soutenue par des livraisons records d'Airbus
(51 appareils). Les autres postes constituant cette hausse des ventes sont
divers : pétrole raffiné, produits sidérurgiques, ou
encore produits pharmaceutiques.
A l'importation (+ 20,5 %), les composants électroniques et
les produits pharmaceutiques constituent les évolutions les plus
importantes.
Les achats de la branche énergie au Proche et
Moyen-Orient : + 82,8 %
Les importations originaires du Proche et du Moyen-Orient ont progressé
de près de 70,2 %, largement soutenues par la croissance des achats
de matières premières énergétiques.
Au sein de la zone, la répartition géographique de l'ensemble des
achats énergétiques est centrée sur trois principaux
fournisseurs : l'Arabie Saoudite (46,9 % des achats originaires de la
zone), l'Irak (19,9 % des achats originaires de la zone) et l'Iran
(15,1 % des achats originaires de la zone).
L'augmentation des flux avec l'Afrique concentrée sur
deux branches
La croissance des importations originaires d'Afrique concerne essentiellement
l'énergie. A l'exportation, les biens d'équipement enregistrent
la plus forte augmentation, essentiellement du fait de fortes opérations
dans le transport maritime.
Modification de la hiérarchie des principaux clients
En 2000, la hiérarchie des principaux clients est sensiblement
modifiée par la progression de pays candidats à l'Union
européenne (la Turquie ou la Pologne), mais aussi l'Irlande. A
l'importation, la forte progression des achats de matières
premières énergétiques modifie la hiérarchie des
pays fournisseurs.
Les Etats-Unis deviennent le deuxième fournisseur de la France,
devant l'Italie.
Alors que les clients les plus importants gardent la même position par
rapport à 1999, la deuxième partie du classement fait l'objet de
nombreuses modifications. Comme chaque année depuis 1995, la Turquie
poursuit sa progression dans ce palmarès.
Enfin, tandis que l'excédent enregistré avec l'Espagne, premier
excédent français, s'accroît de plus de 1,52 milliard
d'euros,
la Chine devient le premier déficit bilatéral de la
France
, devant le Japon.