II. DES PERSPECTIVES MOINS FAVORABLES POUR 2001 ET 2002
1. Les échanges industriels
Les
ventes industrielles fléchissent de 0,6 % au premier semestre 2001,
en lien avec le ralentissement de la conjoncture industrielle chez nos
principaux partenaires.
Parallèlement, les importations industrielles chutent de 3,8 %
,
principalement sous l'effet de la baisse des achats de biens
intermédiaires et de biens d'équipement, les perspectives de
production des industriels français s'étant assombries,
même avant les attentats du 11 septembre 2001.
Cette évolution tient également à la baisse des prix des
matières premières importées -liée au
ralentissement de l'activité mondiale- légèrement
renforcée par l'appréciation de l'euro en début
d'année (l'indice du prix en euros des matières premières
industrielles calculé par l'INSEE enregistre ainsi une baisse de
5,5 %).
Au terme du premier semestre 2001, les commandes de biens d'équipement
restaient à un haut niveau et pourraient jouer un rôle
d'amortisseur, comme lors de la crise asiatique. Avant les attentats du
11 septembre 2001, il était prévu un raffermissement de
nos échanges au cours du second semestre 2001, portant leur progression
en moyenne annuelle autour de 4 à 5 % en valeur. Le ralentissement
économique mondial pourrait compromettre cette prévision.
L'excédent de notre commerce industriel pourrait s'en trouver
raffermi.
2. Les échanges agricoles
Tous
secteurs confondus, certains indices sur le long terme peuvent être
perçus comme inquiétants pour l'évolution de notre balance
commerciale agroalimentaire : des taux de progression en exportations et en
soldes qui s'amenuisent d'année en année, des importations qui
progressent plus vite que nos exportations (sur l'Union européenne, par
exemple), des déficits qui s'aggravent, et surtout des parts de
marchés qui cèdent régulièrement le pas, même
sur des postes traditionnellement forts à l'export comme les vins et
spiritueux, particulièrement exposés à une concurrence
croissante.
Il faut souligner, pour les
céréales
, le fait
nouveau de l'année 2001 qu'a représenté l'intervention, le
1er juillet 2001, de la deuxième et dernière étape des
accords de Berlin, instaurant la baisse des prix d'intervention de 7,5 %
supplémentaires. L'Union européenne devrait donc figurer au
niveau des prix mondiaux pour une période durable, en tout cas pour le
blé et l'orge.
Compétitive au niveau mondial, la France n'est désormais plus,
à proprement parler, excédentaire, mais
exportatrice de
blé
. Le niveau de nos exportations (et leur répartition entre
l'Union européenne et les pays tiers) répondra désormais
à des logiques de marché. Il faudra toutefois, pour que nos
opérateurs puissent lutter à armes égales avec les grands
producteurs extra-européens, que des disciplines internationales
encadrent les pratiques anti-concurrentielles de nos concurrents
(crédits export, usage abusif de l'aide alimentaire, monopoles de
commercialisation). Il s'agit là d'un des enjeux des négociations
multilatérales dans le domaine de l'agriculture.
En ce qui concerne les
produits laitiers
, les perspectives
semblent favorables puisque des marges d'évolution de la consommation
existent dans de nombreux pays.
L'année 2003 apparaît comme majeure puisqu'elle se situe à
la conjonction de la réflexion programmée sur l'avenir des quotas
laitiers, de la période prévue pour les premiers
élargissements et de la fin de la clause de paix à l'OMC.
Cependant, quelles que soient les orientations retenues, elles ne devraient pas
avoir d'effets fondamentaux avant 2006, date de la fin d'application d'Agenda
2000.
Quant au
secteur animaux et viandes
, plusieurs
éléments doivent être pris en considération : le
plafonnement des exportations subventionnées défini dans le cadre
des accords de Marrakech ne permettra pas une croissance des exportations
européennes vers les pays tiers pour les années à venir,
d'autant plus qu'il pourrait encore être revu à la baisse à
l'issue des négociations multilatérales en cours.
Par ailleurs, la consommation de viande bovine dans les pays
développés, et en particulier dans l'Union européenne,
décroît de manière constante depuis plusieurs
années, phénomène amplifié par la dernière
crise de l'ESB, intervenue fin septembre 2000. Mais les autres viandes sont
également touchées, de façon plus ou moins importante,
notamment en raison des crises sanitaires successives (dioxine, fièvre
aphteuse), même si certaines d'entre elles bénéficient
ponctuellement d'un report de consommation (cas des viandes de porc et de
volaille). Enfin, les crises sanitaires ont un effet beaucoup plus durable sur
nos exportations en terme de pertes de part de marché, en raison des
mesures de restriction au commerce prises par les pays tiers, mesures qu'il est
souvent très difficile de faire lever. A titre d'exemple, la
récente crise de l'ESB pèse déjà lourdement sur
notre balance commerciale (perte de près de 0,15 Md€ de
chiffre d'affaires sur 2000), et continuera de peser en 2001, amplifiée
par les conséquences de l'épizootie de fièvre aphteuse en
Europe.
Il faut également prendre en compte l'impact de la réglementation
communautaire en terme de compétitivité des éleveurs
européens par rapport à ceux des pays tiers. Des mesures de plus
en plus contraignantes sont prises au niveau interne, notamment en
matière de protection animale et de protection de l'environnement, sans
que soit systématiquement prévu de volet externe. En effet,
à l'heure actuelle, les accords de l'OMC permettent difficilement
d'imposer aux pays tiers des mesures dans ces domaines.