C. LA POURSUITE DE LA MODERNISATION DE LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Le ministère des affaires étrangères a réalisé en 2002 la fusion des corps de catégorie B, a poursuivi la revalorisation de la situation des recrutés locaux, a mis en oeuvre la réduction du temps de travail et la résorption de l'emploi précaire, et a développé le volontariat international.
1. La fusion des corps de catégorie B
L'intégration des secrétaires administratifs (488
personnels) dans le corps des secrétaires de chancellerie est le
prolongement de la fusion, réussie en janvier 2000, des corps de
catégorie A à la suite de l'intégration des agents du
ministère de la Coopération. Elle s'inscrit également dans
le cadre de la politique de modernisation et de réduction du nombre des
corps de la fonction publique préconisée par le ministère
de la fonction publique et de la réforme de l'Etat en vue d'harmoniser
les conditions de gestion. La réforme offre ainsi aux agents appartenant
actuellement à ces deux corps des possibilités identiques
d'affectation à l'administration centrale et à l'étranger.
Le décret n° 2002-829 du 3 mai 2002, portant intégration des
secrétaires administratifs d'administration centrale du ministère
des affaires étrangères dans le corps des secrétaires de
chancellerie, est paru au Journal officiel du 5 mai 2002. Son application a
pris effet le 1er juin 2002.
La réforme permettra notamment :
- la simplification de la gestion administrative par la création d'un
corps unique conservant l'appellation de « secrétaire de
chancellerie »,
- l'assurance d'une meilleure adéquation entre des métiers
largement identiques et qui correspondent à des concours pratiquement
similaires et aux taux de sélectivité comparables,
- la définition de nouvelles règles de recrutement pour le
concours externe du nouveau corps unique avec maintien d'épreuves
spécifiques pour 50% des recrutements,
- l'élargissement pendant 5 ans et à titre dérogatoire du
tour extérieur dans le corps des secrétaires des affaires
étrangères (2 pour 5 au lieu de 1 pour 5),
- l'augmentation du temps de séjour à l'administration centrale
pour assurer une meilleure stabilité dans les fonctions et
réduction du temps de séjour à l'étranger pour
éviter toute déconnexion avec les services d'administration
centrale,
- la formation portée à 4 mois pour les nouveaux lauréats.
Après l'entrée au Département des lauréats, leur
formation se déroulera en deux phases :
. intégration (découverte du milieu professionnel), gestion des
ressources humaines, presse et communication (environ un mois et demi à
Paris) ;
. affaires consulaires et gestion administrative et financière (environ
deux mois et demi à Nantes).
La fusion des corps de catégorie B aura un impact financier sur les
crédits de rémunération, en raison de
l'amélioration du tour extérieur en catégorie A, du
repyramidage du corps obtenu en PLF 2003 (+ 38 084 € pour 10 emplois
transformés) et des modifications des règles sur le temps de
séjour, ainsi que sur les crédits de formation.
2. La poursuite de la revalorisation de la situation des recrutés locaux
Le plan
de revalorisation des statuts des recrutés locaux se poursuit suivant
trois priorités : la mise en place de grilles de salaires claires,
cohérentes et équitables, l'amélioration de la protection
sociale et du dialogue social.
Au 1er janvier 2002, le réseau diplomatique, consulaire et culturel
employait 5.895 agents de recrutement local qui se répartissaient de la
manière suivante : 2.543 sont auxiliaires de bureau et 3.352 occupent
des fonctions de service. En gestion 2002, compte tenu des suppressions
envisagées à ce jour (67 emplois) et des transformations
d'emplois qui existaient précédemment sous divers statuts (22
emplois), les créations nettes représentent seulement
17 postes par rapport aux effectifs constatés au 1er janvier 2001
(soit une progression de 0,29 %), et 9 postes par rapport au 31
décembre 2000 (soit une augmentation de 0,15 %). Le
ministère des affaires étrangères a ainsi respecté
l'engagement pris auprès de la direction du budget de maîtriser
les effectifs de recrutement local, dans le cadre de la mise en oeuvre du
« Plan d'action sur la valorisation de la gestion du personnel
local ».
EVOLUTION DES EFFECTIFS DE RECRUTÉS LOCAUX DEPUIS 1997
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Agents de bureau MAE |
2.253 |
2.201 |
2.170 |
2.320 |
2.486 |
2.543 |
Agents de service MAE |
3.380 |
3.329 |
3.167 |
3.574 |
3.392 |
3.352 |
Ex-Coopération |
502 |
484 |
562 |
|
|
|
TOTAL |
6.135 |
6.014 |
5.899 |
5.894 |
5.878 |
5.895 |
En
2002
, le budget de recrutement local
s'élevait à 89,08
millions d'euros
, dont 8,86 millions d'euros pour les postes qui
expérimentaient la globalisation élargie aux crédits de
rémunération du personnel local et 80,2 millions d'euros pour les
autres postes. Le redressement régulier de l'euro face au dollar
notamment, a permis depuis le printemps de dégager un effet-change
positif de 3,14 millions d'euros. Dans le même temps, la
régulation budgétaire s'appliquant également aux
crédits de rémunération des recrutés locaux, le
ministère des affaires étrangères s'est efforcé de
limiter les dépenses nouvelles aux seules dépenses
imposées par la législation locale ou ayant un caractère
hautement prioritaire. Dans les réponses au questionnaire
budgétaire, les services du ministère prévoyaient un solde
de gestion positif hors effet-change inattendu et hors régulation
budgétaire.
Dans le cadre de la préparation du PLF 2003, une mesure nouvelle a
été sollicitée afin de poursuivre la mise en oeuvre du
plan de revalorisation. Il est toutefois particulièrement difficile
d'évaluer exactement les crédits consacrés aux
recrutés locaux à partir des éléments fournis
à votre rapporteur en raison des changements de périmètre
constant depuis deux ans et de la poursuite de la déconcentration et de
la globalisation des crédits. Ainsi, dans le
« bleu » affaires étrangères, au chapitre
37-90 est individualisé un article 23 doté de 78,55 millions
d'euros en légère hausse de 42 000 € mais qui ne reprend pas
les crédits globalisés.
La fusion des chapitres 31-98 « rémunérations du
personnel local » et 34-98 « frais de
fonctionnement » en un chapitre unique intitulé 37-90, a
été décidée dans le cadre de la loi de finances
2002 pour permettre l'extension du champ de la globalisation des
crédits aux rémunérations du personnel de recrutement
local. Cette réforme a été envisagée pour accorder
la possibilité aux postes concernés d'effectuer les
redéploiements nécessaires en fonction de l'évolution de
leurs besoins en cours d'année et d'opérer les arbitrages
correspondants (par exemple, contrat de prestation/recrutement de personnel
local). Vingt-quatre Postes diplomatiques et consulaires ont été
désignés pour mener cette expérience dès la gestion
2002. Il s'agit de l'ensemble des postes en Italie, en Tunisie et au Liban, de
trois postes marocains (Ambassade, Consulats généraux à
Rabat et à Casablanca), des ambassades à Cotonou, Hanoi, Jakarta,
Nouakchott, Praia, Pretoria, Quito, Sarajevo, Vienne et enfin à
Vientiane.
L'expérience de la globalisation élargie aux
rémunérations du personnel local devrait être
étendue, l'an prochain, à 76 nouveaux postes. Au total, une
centaine de postes serait donc concernée par cette mesure.
Par ailleurs, à la suite du constat des nombreuses insuffisances ou
disparités caractérisant la gestion des personnels de recrutement
local, le Plan d'action établi en 1999 met l'accent sur quatre
thèmes :
- Asseoir leur recrutement sur une base juridique stable et
pérenne. Une mise en conformité totale des contrats de travail et
de la gestion des recrutés locaux avec le droit local a
été entreprise, pays par pays. Parallèlement, chaque poste
a été invité à rédiger un règlement
intérieur rappelant les principes de gestion du recrutement local ;
- Garantir des rémunérations équitables. Un large
programme de revalorisation des grilles de rémunération a
été lancé afin de remédier aux importants
décrochages constatés entre les niveaux de
rémunération prévus par les grilles de salaires et les
niveaux pratiqués sur le marché local du travail, perturbant
ainsi le recrutement d'agents qualifiés ou conduisant à un nombre
élevé de démissions. Depuis 1999, 60 grilles salariales
ont été revalorisées, dont 45 au cours des exercices 2000
et 2001. Pour 2002, la poursuite du Plan d'action était envisagée
avec un programme de revalorisation des salaires portant sur 36 pays.
Cependant, les mesures de régulation ont limité les mesures de
revalorisation et seulement huit postes pourront obtenir, cette année,
une revalorisation de leur grille (Algérie, Côte d'Ivoire,
Croatie, Libye, Norvège, Nigeria/Abuja, Sao Tomé et Rwanda).
- Améliorer leur protection sociale, en garantissant à tout
agent de recrutement local une couverture sociale adéquate contre les
risques de maladie/maternité, les accidents du travail et en
matière de retraite, soit par une affiliation aux régimes locaux
existants lorsqu'ils sont obligatoires, soit par la conclusion de contrats
d'assurance complémentaire privée. Depuis 2000, 19 postes ont
bénéficié de la mise en place de couvertures sociales
complémentaires. En 2002, environ 12 postes supplémentaires
devraient bénéficier de cette action parmi lesquels la Bulgarie,
la Birmanie, la Biélorussie, la Lettonie, le Niger, le Zimbabwe, le
Togo, le Yémen ou encore la Zambie.
- Enfin, mieux les intégrer au sein des ressources humaines des
postes (accès au programme de formation et participation à
l'élection des représentants du personnel au CTPM).
3. La mise en oeuvre de la réduction du temps de travail
L'application de la réduction du temps de travail se
faisant
sans création d'emplois, elle doit nécessairement s'accompagner
d'un effort de productivité. Une circulaire sur l'aménagement des
méthodes de travail dans le cadre de l'ARTT a été
signée par le Secrétaire général le 26 novembre
2001 et les textes réglementaires ont été soumis au
Comité technique paritaire. Ils sont le résultat d'une importante
concertation (environ 30 réunions).
Pour mettre en oeuvre la réduction du temps de travail, les principes
suivants ont été retenus :
- déconcentration de la gestion du dispositif afin de tenir compte des
spécificités des différents services à
l'administration centrale et dans nos postes à l'étranger,
- possibilité pour tous les agents qui le souhaitent de
bénéficier d'un compte-épargne temps dans les conditions
définies par le ministère de la fonction publique,
- création d'un comité de suivi chargé d'examiner
l'ensemble des aspects de la mise en oeuvre de l'ARTT,
- réorganisation des méthodes de travail dans les domaines
suivants : organisation des services, circulation de l'information, moyens
informatiques et bureautiques, formation et ressources humaines.
A l'administration centrale, la situation particulière des cadres est
prise en compte. Les agents de catégorie A, sont soumis à un
régime forfaitaire de récupération : 18 jours
ouvrés par an. Par ailleurs, le contrôle des horaires est
prévu pour 2003 sur les sites parisiens du ministère et plus
tard, si la consultation du personnel donne des résultats positifs,
l'horaire variable sera mis en place à Paris.
Dans les postes à l'étranger, le décompte du temps de
travail fixe un horaire hebdomadaire de 36 h 30 pour les pays à 31 jours
de congés afin de maintenir la durée annuelle de travail à
1.600 heures. Cet horaire hebdomadaire est étendu aux pays
bénéficiant d'un nombre de jours de congés
supérieur (33 et 36 jours) afin de tenir compte des sujétions
particulières des postes concernés.
4. La résorption de l'emploi précaire
Depuis
la publication de la loi n° 2001-2 du 3 janvier 2001 relative, notamment,
à la résorption de l'emploi précaire dans les trois
fonctions publiques, dite « loi Sapin », le
ministère a mis en place une cellule, placée au sein de la
direction des ressources humaines, chargée d'identifier les agents
susceptibles de remplir les conditions de la loi puis de répondre
à ceux qui manifestaient leur intérêt pour le processus de
titularisation. Chaque contractuel a été informé de ses
droits et des procédures retenues pour le recrutement, notamment
s'agissant du recrutement sans concours en échelle II. Cette cellule
joue un rôle de conseil aux agents, pour les personnes concernées
par les concours de niveau B et de niveau A, en relation avec le bureau des
concours et examens professionnels. Parallèlement, elle poursuit son
travail d'information, en diffusant, auprès du public concerné,
tout renseignement utile, au fur et à mesure de la parution des textes.
Au 1er juillet 2002, la population d'agents contractuels concernée par
la mise en oeuvre de la « loi Sapin », toutes
catégories confondues, s'établit à 584 agents se
répartissant comme suit : 402 agents de niveau A (69 %), 82 agents
de niveau B (14 %), et 100 agents de niveau C (17 %). A cette même date,
242 agents se sont portés candidats aux différents concours
réservés, 147 A, soit 61 %, parmi lesquels 106, soit 72 % issus
du réseau culturel étranger ; 36 B, soit 15 % ; et 59 C, soit 24
%.
5. Le développement du volontariat international
Depuis
1965, plus de 150 000 jeunes gens ont eu l'opportunité d'effectuer leur
service national à l'étranger. La mise en place du Volontariat
Civil International a pour but de poursuivre en l'améliorant ce
système de coopération.
Le ministère des affaires étrangères a anticipé la
transition entre l'ancien et le nouveau système, en affectant le premier
volontaire international dès janvier 2001 et, à ce jour, plus de
500 volontaires internationaux ont rejoint leur poste. Cette première
année a permis de constater l'intérêt des jeunes pour cette
expérience internationale et le nombre de candidatures sur le site
internet du Centre d'Information sur le Volontariat International s'est
élevé à plus de 30 000 (dont 56 % de candidatures
féminines). L'engouement pour la formule du volontariat est tel que
l'objectif de remplacer la totalité des coopérants du service
national (CSN) par des volontaires internationaux à la fin de
l'année 2002 pourrait être atteint.
Outre des efforts conjoncturels, tel que le détachement de professeurs
titulaires de l'éducation nationale en vue de maintenir la
qualité d'enseignement dispensée par les CSN, des
améliorations structurelles ont été apportées dans
les domaines suivants afin de réussir au mieux la transition entre le
service national et le volontariat civil : procédure de recrutement,
mise à jour et adaptation des instruments de gestion, et renforcement du
cadre juridique du volontariat international.
Néanmoins, on constate une désaffection de la part des
entreprises et des ONG. Ces dernières préfèrent recruter
sur la base moins onéreuse du décret du 30 janvier 1995. Le
ministre délégué à la coopération a
d'ailleurs entamé une concertation avec les ONG sur ce sujet.
Le coût des volontaires internationaux est stable par rapport aux CSN,
soit 4,5 millions d'euros pour la direction des relations économiques
extérieures (DREE), et 18 millions pour le ministère des affaires
étrangères dont la moitié environ est financée sur
les crédits d'intervention du titre IV.