B. DE NOUVELLES ARMES DANS LA BATAILLE INFORMATIONNELLE
1. Une ambition renouvelée dans le cadre de l'agenda de la transformation
L'influence et la communication faisant partie des fonctions essentielles identifiées par l'agenda de la transformation, la direction de la communication et de la presse (DCP) du ministère bénéficiera en 2024 d'un effort budgétaire de 2,2 M€. Celle-ci emploie, en 2023, 118 agents en administration centrale et anime, à l'étranger, un réseau de 524 agents de tous statuts et de toutes fonctions, qui participent aux fonctions de communication.
Les crédits socle sont ainsi consolidés à hauteur de 5,3 millions d'euros, ce qui correspond aux besoins liés aux actions déjà engagées ou mises en place, notamment : la refonte des sites des postes et de France diplomatie sur trois ans, la prise en charge d'outils de veille ou de prestations de veilles externalisées, ou encore la participation sur quatre ans au financement de la chaîne vidéo de la Maison des mondes africains.
Sera en outre pérennisé le fonds de communication des postes, mis en place pour la première fois en 2023 afin de soutenir les projets les plus ambitieux et de renforcer la capacité des postes à mener des actions de communication. En 2023, 85 dossiers ont été financés sur un total de 96 candidatures, pour un montant dépassant 1,2 million d'euros. Ont été soutenues les actions de communication ambitieuses dans les pays à fort risque de discours hostile et de désinformation - en Afrique, au Maghreb, dans l'Indopacifique -, et la communication des postes de présence diplomatique.
Les nouvelles actions lancées en 2024 bénéficieront de crédits à hauteur de 1,55 M€. Il s'agit de financer le renforcement des moyens de nos ambassades dans les géographies prioritaires avec une dotation minimale de communication de 5 000 euros par ambassade, la constitution d'un réseau de veilleurs en poste, ou encore la dotation d'outils techniques permettant de développer une capacité de veille, d'analyse et de documentation sur la base de sources ouvertes.
2. Des ambitions nouvelles dans la guerre informationnelle
La DCP s'engage en outre dans une politique plus résolue de lutte contre la désinformation, qui passe par la dynamisation de la présence du ministère dans les médias et sur les réseaux sociaux. Outre les éléments qui précèdent, y contribueront plus spécifiquement deux nouveautés.
D'une part, la sous-direction de la veille et de la stratégie créée le 1er septembre 20224(*), est chargée de piloter la veille sur les questions de politique internationale sur l'ensemble des médias et d'animer, sur ces questions, le réseau des postes diplomatiques et consulaires. Elle analyse et suit les dynamiques informationnelles à l'échelle internationale, fait des propositions de communication stratégique et appuie à cette fin le porte-parolat. Elle compte, pour l'heure, 19 ETP.
Cette sous-direction renforce la capacité d'analyse et d'alerte autonome du ministère. En lien quotidien avec les acteurs interministériels, notamment VIGINUM et l'état-major des armées, la DCP contribue grâce à elle à la dénonciation publique des fausses informations circulant contre la France et des manoeuvres d'ingérence étrangères menaçant nos intérêts. La DCP a en particulier développé ses relations avec des fact-checkeurs français et étrangers, ainsi qu'avec des communautés d'enquêteurs en sources ouvertes. Au Niger, une quarantaine de manipulations de l'information ont ainsi été contrées.
D'autre part, une plateforme de partage de contenus est appelée à consolider le rôle de pilotage interministériel du ministère en matière de communication de la France à l'étranger. Cette plateforme partagée permettra en effet l'élaboration de stratégies de communication communes avec les opérateurs sur les priorités de politique étrangères - une charte a par exemple déjà été élaborée avec l'Agence française de développement -, la déclinaison de ces stratégies dans les ambassades et la mise en place d'outils permettant le partage et la dissémination de contenus par l'ensemble des acteurs.
Afin que le contre-discours favorable aux intérêts français, là où ils sont contestés, n'apparaisse pas systématiquement sous le timbre du Gouvernement français, il semble aux rapporteurs utile d'investir davantage dans le soutien aux producteurs locaux de contenus servant nos intérêts. Les crédits de base de communication confiés aux postes peuvent certes y contribuer. C'est en outre l'objet du programme d'invitation de journalistes étrangers, lequel sera renforcé à l'approche des Jeux olympiques de Paris 2024, notamment aux journalistes africains et aux influenceurs sur les réseaux sociaux. Des marges de progression restent toutefois possibles en la matière.
Il importe enfin de soutenir les relations de coopération développées à une échelle plus large - avec les États membres de l'UE, le service européen d'action extérieure, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Brésil, l'OTAN, l'OCDE, l'ONU - et de défendre la régulation des plateformes au niveau international, en prenant par exemple appui sur la réglementation européenne en la matière.
* 4 Arrêté du 9 août 2022 modifiant l'arrêté du 28 décembre 2012 relatif à l'organisation de l'administration centrale du ministère des affaires étrangères.