II. DES PROJETS DE DÉVELOPPEMENT DÉPENDANTS DE SOURCES DE FINANCEMENT ENCORE INCERTAINES
A. FRANCE MÉDIAS MONDE : UNE PÉRÉNISATION DES FINANCEMENTS ISSUS DE L'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT À CONFIRMER
1. Des moyens insuffisants pour compenser totalement l'inflation
Le PLF 2024 prévoit d'accorder 304,2 M€ à FMM dont 5 M€ au titre du « Programme de transformation » et 30 M€ au titre de la compensation des effets fiscaux (fin du droit à la déductibilité de la TVA et assujettissement à la taxe sur les salaires). FMM bénéficiera en 2024 d'une augmentation de sa dotation budgétaire « socle » de 6,2 M€ qui doit permettre de préserver les activités et missions existantes tout en finançant partiellement les effets de l'inflation sur les charges. L'inflation a nécessité un effort important en 2023 sur les salaires à hauteur de 4,5 M€ qui fait suite au versement d'une prime pour un coût de 1,1 M€ en 2022. La direction de FMM indique que « ces efforts restent cependant très en-deçà de l'impact réel de l'inflation sur le pouvoir d'achat des salariés de l'entreprise ».
L'entreprise devra donc en 2024 continuer à faire des choix si elle souhaite maintenir son résultat net à l'équilibre comme elle devrait réussir à le faire en 2023.
Dans ces conditions, le maintien de financements complémentaires constitue une nécessité renouvelée afin de poursuivre les projets engagés. C'est le cas notamment du projet Afri'Kibaaru lancé en 2021 avec le soutien de l'AFD qui prévoit la production d'une offre en langues africaines (mandenkan, fulfulde, haoussa) depuis Dakar afin de concourir à la stabilisation des sociétés et à la lutte contre les infox. L'AFD contribue à hauteur de 3,3 M€ au financement de ce projet jusqu'en mars 2024 mais le renouvellement de cette contribution pour quatre années supplémentaires est encore en discussion.
FMM a, par ailleurs, lancé en octobre 2022 une offre 100% en numérique en ukrainien en s'appuyant sur les équipes de RFI à Bucarest. Cette offre d'information « équilibrée et impartiale » selon la direction a reçu 1,7 million de visites. Son coût a été pris en charge par le MEAE à hauteur de 0,9 M€ en 2023.
De manière plus générale, FMM poursuit son développement numérique avec 260 millions de contacts hebdomadaires mesurés en 2022 ; 3,4 milliards de vidéos et sons consommés sur l'année 2022 et 100 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux.
2. Plusieurs « projets de proximité » dont les modalités de financement demeurent incertaines
France Médias Monde souhaite développer plusieurs projets afin de lutter contre les manipulations de l'information dans des zones géographiques ciblées. Un projet de hub à Beyrouth avec des professionnels locaux est ainsi envisagé pour renforcer la capacité de production numérique et de lutte contre les infox dans le monde arabe.
La présidente de FMM envisage, par ailleurs, de lancer une offre 100% numérique axée sur la vidéo mobile et les réseaux sociaux à destination des publics turcophones des diasporas et de Turquie. La future rédaction serait rattachée au hub de RFI à Bucarest.
FMM prévoit de développer également de nouveaux projets de proximité en Afrique avec une offre 100% réseaux sociaux pour les jeunes Africains et un décrochage de France 24 à destination de l'Afrique réalisé par des journalistes africains.
Un travail est en cours avec le MEAE afin de mobiliser des financements publics supplémentaires dédiés pour ces nouveaux projets de développements internationaux de proximité.
Par ailleurs, les modalités d'utilisation des 5 M€ de crédits du nouveau « programme de transformation » 848 attribués à FMM restent à préciser puisqu'ils sont destinés à « financer des projets de transformation et de modernisation qui seront inscrits dans le prochain COM ». Les rapporteurs remarquent que FMM devrait bénéficier également de 5M en 2025 et de 3 M€ en 2026 mais que rien n'est pour le moment prévu au-delà, sinon une clause de revoyure. La direction de France Médias indique réfléchir à des « projets dans les domaines du numérique et de l'information » qui pourraient bénéficier de ces financements.
Les rapporteurs regrettent que les moyens du Programme de transformation 848 ne puissent pas être mobilisés pour financer les projets de proximité en Afrique élaborés par France Médias Monde. Ils rappellent que FMM a déjà engagé sa propre transformation et que la situation internationale lui impose maintenant un impératif de développement. Ils suggèrent donc que les crédits du programme de transformation puissent également permettre de financer une diffusion multicanale (satellite, réseaux sociaux, ondes courtes, téléphone...) afin de se prémunir contre les coupures et censures sur les réseaux nationaux (hertzien, FM, adsl/fibre) en particulier en Russie et en Afrique. Même si ces coupures, une fois intervenues, permettent de réaliser des économies il serait souhaitable de se prémunir de ces risques par des investissements préalables afin de préserver les audiences dans des pays où le maintien de notre influence constitue un objectif prioritaire.