B. UNE VIVE PRÉOCCUPATION QUANT AU RESPECT DU CALENDRIER ET DU DIMENSIONNEMENT DU PLAN D'ACQUISITION DES CANADAIR ET DES HÉLICOPTÈRES LOURDS
Si le calendrier présidentiel de renouvellement et d'extension de la flotte de Canadair semble, à la vue des éléments transmis par la DGSCGC, amplement irréaliste compte tenu des difficultés de mise en place d'une chaîne de production et de la forte demande de la part de plusieurs pays européens et nord-américains, l'inquiétude du rapporteur porte également sur le dimensionnement de ce plan.
Alors que le Président de la République a fixé comme horizon temporel « la fin du quinquennat », la DGSCGC évoque, quant à elle, un scénario jugé « optimiste », puisque le contrat n'est toujours pas signé après deux ans de tractations, dans lequel le premier aéronef serait livré en 2027, le second en 2028 et deux autres au cours de la décennie 2030. Il s'agit là des quatre Canadair dont l'acquisition est prévue dans le cadre de la commande pilotée par la Commission européenne, deux appareils via RescUE et deux autres financés par la France mais intégrés à la commande groupée européenne. Cette commande, que le rapporteur soutient malgré les difficultés de production liées à la position monopolistique du constructeur, permettra d'étendre la flotte à 16 appareils.
La DGSCGC ne s'est cependant avancée sur aucun élément budgétaire ni calendaire quant aux 12 Canadair restant à commander, obérant ainsi la probabilité que cette seconde tranche d'achats soit initiée rapidement. Ce silence et cette apparente inertie sont d'autant plus préoccupants que les délais de contractualisation et de production des appareils sont particulièrement longs, comme l'illustrent les délais pourtant « optimistes » évalués par la DGSCGC pour les 4 premiers appareils.
L'acquisition de deux hélicoptères lourds, dont le coût unitaire est estimé par la DGSCGC à 46 millions d'euros, annoncée par le Président de la République en 2022 semble suivre un cheminement tout aussi incertain. Sans mentionner d'éléments concrets, la DGSCGC a seulement indiqué au rapporteur qu'elle « entend travailler à l'évolution de sa doctrine pour intégrer, à terme, des hélicoptères lourds bombardier d'eau », tout en rappelant qu'un délai minimal incompressible de cinq ans (un peu moins de deux ans pour la contractualisation et au moins trois ans pour la production) serait nécessaire, une fois les crédits débloqués. Sans qu'il soit certain que la France soit choisie, la DGSCGC a en parallèle répondu à l'appel à projet de la Commission européenne le 15 juin 2023 pour l'acquisition d'un premier hélicoptère lourd, de la classe d'un H 225 ou SH 70 Fire Hawk. Afin de s'assurer du respect de l'engagement présidentiel, la commission a adopté un amendement inscrivant 92 millions d'euros d'AE pour l'achat des deux appareils.