B. LES ASPECTS CONTRASTÉS DE LA POLITIQUE DU LOGEMENT

1. Le ralentissement de l'effort budgétaire

a) Une faible progression des crédits de la ligne budgétaire unique

En 2000, les crédits de la ligne budgétaire unique (LBU) augmenteront de 2,8 % pour atteindre 918 millions de francs , dont près de 58 millions de francs en faveur de la résorption de l'habitat insalubre. La progression avait cependant atteint 58 % en 1999.

Evolution de la LBU

 

LFI 1997

LFI 1998

LFI 1999

PLF 2000

Crédits de paiement

463

568,5

897,4

918

Autorisation de programme

1.150

1.096

1.096

1.100

(en millions de francs)

Ces crédits budgétaires seront abondés par 650 millions de francs supplémentaires provenant de la créance de proratisation du RMI.

Les financements sur la LBU concernent l'aide à l'accession, à la location, ou à l'amélioration.

L'aide à l'accession très sociale intervient grâce au logement évolutif social (LES). L'aide à l'accession sociale et intermédiaire se concrétise par la mise en oeuvre, d'un prêt à taux zéro spécifique à l'outre-mer à quotité 40 % ou 25 %.

L'aide au logement locatif s'effectue par le biais du logement locatif très social (LLTS), du logement locatif social (LLS), ou du logement locatif intermédiaire. Pour cette dernière catégorie, le prêt locatif intermédiaire (PLI) a été étendu dans les DOM.

Enfin, l'aide à l'amélioration concerne la réhabilitation du parc locatif social ou l'amélioration réalisée par les propriétaires occupants.

Ces aides interviennent, selon les produits, sous forme de subvention, ou de bonification d'intérêt pour les prêts.

Votre commission observe également que cet effort budgétaire sera accompagné par la réduction du taux de TVA sur les travaux d'entretien qui passe de 9,5 % à 2,1 % dans les DOM.

b) Une programmation en retrait par rapport aux besoins

La programmation budgétaire permettra la construction de 11.000 logements et la réhabilitation de 2.400 logements en 2000. En outre, environ 2.200 familles seront aidées dans le cadre d'opérations de résorption de l'habitat insalubre.

Nombre de logements neufs et améliorés financés grâce à l'aide de l'Etat

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999 (1)

Guadeloupe

2.203

2.736

2.671

2.898

2.765

2.406

3.037

3.250

Martinique

2.022

2.509

2.140

2.344

2.082

2.346

2.688

2.810

Guyane

1.256

1.293

865

815

875

1.120

1.170

1.300

Réunion

3.970

4.772

5.229

4.532

4.472

4.100

3.850

4.960

Mayotte

441

606

1.006

993

908

1.020

1.064

980

Total

9.892

11.916

11.911

11.582

11.372

10.992

11.809

13.300

(1) Prévision

Votre commission observe cependant que cette programmation reste globalement stable depuis le début des années 1990 et reste insuffisante par rapport aux besoins, qu'il s'agisse de construction ou de réhabilitation.

2. Des réformes parallèles qui vont dans le bon sens

Si l'effort budgétaire reste modeste, votre commission constate que le Gouvernement s'est engagé dans une réforme progressive de la politique du logement outre-mer qui correspond très largement aux propositions que votre commission avait formulées l'année passée.

a) Une adaptation des produits aux spécificités de l'outre-mer

La diversification des produits de logements offerts aux populations des DOM, que votre commission avait appelé de ses voeux l'an passé, a pris plusieurs formes :

- extension du champ d'application de l'aide à l'amélioration des logements, en autorisant la participation des familles à la réalisation des travaux ;

- mise au point de la réglementation en matière de logements en accession différée ;

- recherche d'une meilleure adaptation de la réglementation technique aux spécificités de l'outre-mer.

L'amélioration de l'habitat a fait en mars 1999 l'objet d'une charte pour le développement des PACT 11( * ) , qui engagent ces derniers dans la voie d'une efficacité améliorée, et d'une augmentation en 2000 du nombre d'opérations de ce type.

Votre commission observe que les PACT ont déjà une action importante dans les DOM. Entre 1995 et 1997, ils ont permis une amélioration du logement de près de 15.000 familles. Elle ne peut alors que s'associer à cette démarche.

En parallèle, une première amélioration des conditions d'octroi des aides au logement aura permis en 1999 une meilleure solvabilisation des locataires des logements anciens, en particulier après que ceux-ci auront été réhabilités. Les logements construits avant le 1 er janvier 1976 bénéficient maintenant du même barème que les logements construits avant le 31 décembre 1985 L'intention du secrétariat à l'outre-mer semble bien atteindre l'unification des barèmes d'aides au logement, intention que ne peut que partager votre commission pour laquelle cette disparité des barèmes induit une évidente complexité et ne repose sur aucun fondement solide.

b) La poursuite de la rénovation de la politique foncière

Après un premier dispositif expérimenté à la Réunion, un Fonds régional d'aménagement foncier et urbain (FRAFU) a été doté et mis en place à la Martinique. Ce fonds, qui associe les ressources de l'Etat à celles de la région, du département et de l'Europe, permet de financer des équipements de viabilisation primaire (station d'épuration, réseaux d'adduction), l'acquisition du foncier, ainsi que la viabilisation secondaire d'opérations d'urbanisme incluant des logements sociaux. L'intention du secrétariat à l'outre-mer est que le FRAFU soit étendu à l'ensemble des DOM et de Mayotte.

Votre commission ne peut qu'appuyer une telle démarche dans les départements où l'accès au foncier viabilisé reste à la fois difficile et coûteux. Elle souhaite cependant que ces FRAFU ne soient pas une simple " coquille vide " et disposent de moyens financiers en adéquation avec l'ampleur de leur mission.

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