III. LE CONTRASTE ENTRE LA GESTION DES COLLECTIVITÉS LOCALES ET LA POLITIQUE DE L'ÉTAT EN MATIÈRE DE FINANCES LOCALES
Les
collectivités locales devraient une fois de plus dégager un
excédent budgétaire en 2002, notamment grâce à leur
politique de modération des dépenses de fonctionnement.
Ce résultat contraste avec les conséquences budgétaires de
la politique de l'Etat consistant à remplacer certains impôts
locaux par des dotations budgétaires, qui aboutit à augmenter
significativement les dépenses de l'Etat sans pour autant ni
accroître les ressources locales, ni réduire significativement la
pression fiscale pesant sur les ménages.
A. LES COLLECTIVITÉS LOCALES DEVRAIENT ENCORE DÉGAGER UN EXCÉDENT BUDGÉTAIRE EN 2002
1. De bonnes performances unanimement saluées
Les
bonnes performances des collectivités locales en matière de
gestion financière depuis le début des années 1990
(maîtrise des dépenses de fonctionnement et politique de
désendettement), réalisées dans un contexte de fort
accroissement des charges, ont été
« récompensées » en 1996 par l'apparition
d'une capacité de financement des administrations publiques locales. En
2001, pour la sixième année consécutive, les
administrations publiques locales seront excédentaires.
Cet excédent budgétaire, sans lequel la France n'aurait pas
satisfait aux critères de convergence requis par le Traité de
Maastricht pour participer à la monnaie unique, s'est confirmé en
dépit du redémarrage de l'investissement local entre 1997 et
2000. Cependant, le dynamisme de l'investissement local a réduit la
capacité de financement des collectivités locales de
4,8 milliards d'euros (31,5 milliards de francs) en 1999 à
3,8 milliards d'euros (24,9 milliards de francs) en 2000.
Capacité ou besoin de financement des administrations publiques
(en milliards d'euros et en points de PIB)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Etat |
- 48,9
|
- 45,1
|
- 44,7
|
- 39,0
|
-33,5
|
- 33,7
|
- 0,4 ? |
- 0,4 ? |
ODAC |
- 6,2
|
+ 0
|
+ 9,2
|
+ 1,5
|
+ 3,2
|
+ 2,4
|
+ 0,0 ? |
+ 0,0 ? |
Administrations publiques locales |
- 2,1
|
+ 0,7
|
+ 2,9
|
+ 4,0
|
+ 4,8
|
+ 3,8
|
+ 0,1 ? |
+ 0,0 ? |
ASSO |
- 8,0
|
- 6,2
|
- 5,4
|
- 1,4
|
+ 3,8
|
+ 8,3
|
+ 0,1 ? |
+ 0,1 ? |
Total APU (SEC 14) |
- 65,1
|
- 50,3
|
- 38,0
|
- 34,9
|
- 21,7
|
- 19,1
|
- 0,2* ? |
- 0,2 ? |
Source : les finances des collectivités locales en 2000, observatoire des finances locales, 2001 ; rapport économique, social et financier pour 2002
* hors recettes UMTS (0,6 point de PIB en 2001)
Evolution du solde de financement de l'Etat et des administrations publiques locales depuis 1995
(en milliards d'euros)
2. Une progression des dépenses plus rapide que celle des recettes
La
réduction de l'excédent des collectivités locales entre
2000 et 2001 serait attribuée à la progression des
dépenses, plus rapide que celle des recettes (+ 3,6 % contre +
2,8 %).
La progression des dépenses serait notamment liée aux
conséquences des tempêtes de décembre 1999, qui ont
occasionné un surcoût de
dépenses de fonctionnement
estimé à 0,8 milliard d'euros. Enfin, les dépenses de
gestion des collectivités locales augmentent, depuis plusieurs
années, compte tenu de l'absence de maîtrise de leurs
frais de
personnel
. En 2000, ces frais ont augmenté de 5,7 %. En 2001, ils
devraient augmenter de 5 %, soit un rythme conforme à la moyenne
d'évolution constatée au cours des cinq dernières
années.
Les frais de personnel devraient cependant croître davantage à
l'avenir, avec la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail,
pour laquelle aucune mesure spécifique d'accompagnement n'est
prévue par l'Etat.
Ainsi, pour l'année 2001, la progression des dépenses de
personnel constitue le principal facteur d'augmentation des charges courantes
dans les budgets locaux. Dans sa note de conjoncture de juillet 2001, Dexia
Crédit local de France indique que cette hausse est inférieure
à celle des années précédentes, compte tenu, d'une
part, de « l'effet report », constaté en 2000, des
mesures d'accompagnement du protocole salarial de 1998, qui ne joue plus en
2001, et, d'autre part, du ralentissement des embauches d'emplois-jeunes. En
revanche, la poursuite de la hausse des frais de personnel s'expliquerait par
le glissement vieillesse technicité (GVT) qui engendre une progression
« automatique » de ces frais, l'augmentation du point
d'indice de la fonction publique (+ 0,5 % au 1
er
mai 2001 et
+ 0,7 % au 1
er
novembre 2001), l'augmentation d'un
demi-point des cotisations « employeur » à la
CNRACL, et les conséquences financières de la mise en place des
35 heures.
S'agissant des dépenses de fonctionnement, la progression des achats de
biens et de services serait de 5,3 %, compte tenu de la hausse du prix de
certains biens. Les autres dépenses de gestion progresseraient de
4,9 %, soit un rythme conforme aux années précédentes.
L'année 2000 avait été marquée par une progression
exceptionnelle des dépenses d'investissement des collectivités
locales (+ 16 %). Le contexte post-électoral se traduit
généralement par une contraction de l'investissement. Cependant,
les besoins d'investissement dans les domaines de l'eau et des déchets
notamment, et l'importance des marges de manoeuvre dont disposent les
collectivités locales, devraient conduire à une stabilisation en
volume de l'investissement local. L'épargne brute provenant des marges
de manoeuvre dégagées par la gestion courante constitue la
principale ressource interne de financement des investissements locaux. Par
ailleurs, les collectivités locales ont continué de se
désendetter grâce à leur excédent de financement.
Ainsi,
entre 1997 et 2000, près de 5,2 milliards d'euros
(34,11 milliards de francs) ont été consacrés
à la réduction de leur dette
.
Pour l'année 2002, le moindre dynamisme de l'investissement local
devrait être compensé par l'effet d'entraînement des
contrats de plan Etat-régions, s'agissant notamment des dépenses
d'équipement du volet routier.
Les ressources courantes des collectivités locales augmentent de
5 % en 2001. Le poids des recettes fiscales (75,61 milliards d'euros soit
496 milliards de francs) n'augmente que de 1,8 %, compte tenu des
suppressions de la vignette automobile et de la part régionale de la
taxe d'habitation (en ajoutant les compensations fiscales au titre de la
vignette et de la taxe d'habitation régionale, elles sont, à
périmètre constant, en hausse de 5,7 %). En contrepartie de
ces suppressions, les contributions de l'Etat (26,98 milliards d'euros
soit 177 milliards de francs) sont en progression de 15 %.
La progression des recettes est principalement liée au dynamisme des
bases.
Les bases des trois taxes « ménages »
évoluent de près de 3 %, soit un rythme proche de celui de
l'année 2000. Celles de la taxe professionnelle augmentent de 4 %
(hors suppression de la part « salaires »), compte tenu du
dynamisme des investissements des entreprises en 1999. La pression fiscale
devrait être pratiquement stable en 2001, les taux d'imposition
enregistrant une hausse moyenne d'environ 0,2 %.
Le produit voté des quatre taxes (47,87 milliards d'euros soit
314 milliards de francs) est cependant en diminution de 1,6 %, sous
l'effet de la poursuite de la réforme de la taxe professionnelle et de
la suppression de la part régionale de la taxe d'habitation. En incluant
les compensations versées par l'Etat au titre de ces deux
réformes, le produit perçu des quatre taxes est en progression,
à périmètre constant, de 3,8 %, soit un taux proche
de celui de l'année 2000 (+ 4 %).