N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 10
CULTURE ET COMMUNICATION :
PRESSE
Rapporteur spécial
: M. Claude BELOT
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
I. PRINCIPALES OBSERVATIONS
A en
juger par les statistiques de recettes, la presse continue d'être
globalement en bonne santé, même si le brusque
fléchissement du marché publicitaire après les
évènements dramatiques du 11 septembre dernier, laisse anticiper
une détérioration de la situation.
Du point de vue de l'audience, l'année 2001 se présente encore
globalement sous des auspices favorables. Alors que la presse quotidienne
nationale vient d'annoncer une érosion de 1,9 % de son audience
1(
*
)
, les journaux de province montrent
leur résistance au ralentissement de la conjoncture : sur les six
premiers mois de 2001, l'audience de la presse quotidienne régionale a
progressé de 1 %, avec une diffusion en hausse de 0,6 %.
«
Nous sommes sans aucune visibilité aujourd'hui
. a
ainsi déclaré le président du Syndicat de la presse
quotidienne régionale (PQR), M. Jean-Louis Prévost, directeur de
La Voix du Nord.
Nous nous attendions déjà à une
rentrée moyenne, voire médiocre, et, depuis les attentats, le
comportement des annonceurs est de plus en plus irrationnel. Ils
réservent de l'espace publicitaire, puis annulent. En tout état
de cause, comme à chaque période électorale, nous savons
que le premier semestre 2002 sera difficile sur le plan publicitaire. (...)
Depuis le début de l'année, nous percevons le ralentissement de
la croissance. A fin juin, le chiffre d'affaires de la PQR était en
hausse de 1 %, après une croissance de 7 % en 2000 et de 14 %
en 1999. Nous observons de grandes disparités. La publicité
commerciale finit le premier semestre à + 5 %. En revanche, la
publicité nationale et plurirégionale, qui représente
environ 18 % du chiffre d'affaires de la PQR, est en chute de 25 % en moyenne
sur cette période. Sur septembre, nous sommes pour le moment à
- 15 %. Par ailleurs, les offres d'emploi qui avaient
été le moteur au premier semestre, avec une progression de 9,2 %,
commencent à fléchir dans certaines régions. Juillet a
marqué une véritable rupture, avec un recul de 4 % des petites
annonces par rapport à juillet 2000 »
.
Pour l'année 2000, en dépit de la stagnation des recettes de
vente - + 0,9 % pour toutes les catégories mais
+ 0,2 % pour la presse nationale d'information générale
et politique et + 0,1 % pour la presse spécialisée
grand public, contre + 1,9% pour la presse locale et + 3,5 %
pour la presse technique - le chiffre d'affaires du secteur se
développe avec une croissance de + 4,5 % par suite de la bonne
tenue des recettes publicitaires. Celles-ci se sont accrues de + 9 %
après + 10,8 % en 1999, inversant la tendance du début
des années 1990.
Le Premier ministre rappelait, l'an passé, «
que
l'économie de la presse ne peut-être traitée seulement
à l'aulne des règles de concurrence et commerciale s'il faut
reconnaître que l'attitude soupçonneuse de Bruxelles nous oblige
à être attentifs et rigoureux dans l'attribution de ces
aides
». On ne peut mieux dire.
Notre pays est une exception en Europe où la plupart des pays
connaissent une presse puissante qui n'a en règle générale
que peu ou pas besoin de l'aide de l'État. Certes, l'importance de la
presse au regard de l'objectif politique de pluralisme comme le
caractère très national du secteur par suite de la
barrière linguistique protège encore notre pays des intrusions de
Bruxelles, mais il ne faudrait pas que par une douce insouciance, on estime que
la presse écrite échappe, par la nature même de son
activité, aux principes communautaires relatifs aux aides des
États.
Ces questions de concurrence constituent le fil directeur des observations de
notre rapporteur spécial qui ne porteront pas cette année sur
l'agence France-Presse dans la mesure où il effectue un contrôle
sur pièce et sur place de l'activité de cet organisme et qu'il ne
souhaite pas anticiper sur ses conclusions.
A. DES RÈGLES DU JEU A GÉOMETRIE VARIABLE
Un
regard rétrospectif sur cinq années d'aide à la presse
fait apparaître, une novation, la création d'un financement
extrabudgétaire des aides à la presse, et une constante, - si
l'on peut dire - la variation fréquente des règles du jeu, que ce
soit pour les aides existantes ou pour celles financées par les
nouvelles ressources dans le cadre du fonds de modernisation.
Certes, la faiblesse relative du lectorat et de l'assise capitalistique de la
presse française justifie une aide de l'État pour lui permettre
d'absorber le choc de la concurrence audiovisuelle et de saisir la chance que
lui offre le développement du multimédia et de la
télévision de proximité.
Mais, le souci de votre rapporteur spécial, c'est de ne pas engager
l'État, au nom d'un légitime maintien du pluralisme, dans un
système qui ferait de la presse un secteur durablement assisté,
ce qui non seulement pourrait susciter des interventions des autorités
de Bruxelles, mais encore pourrait finir par affaiblir le secteur au lieu de le
renforcer.
1. Le Fonds de modernisation : le décalage entre intentions et réalisations
Les
déclarations du Gouvernement ont paru, au début, tout à
fait rassurantes à cet égard pour tous ceux qui, comme votre
rapporteur spécial, souhaitent que l'argent public serve à
renforcer le dynamisme des acteurs économiques et non à en faire
un secteur structurellement aidé par l'État.
Nature projets aidés, par le Fonds de modernisation
Sous la
rubrique
Rédaction
, ont été regroupées les
aides destinées à l'informatisation de la rédaction
(matériel informatique, logiciels), la numérisation des archives,
la numérisation des photos. On entend par
Gestion
,
l'informatisation de la gestion (matériel informatique, logiciels de
gestion commerciale), la numérisation des fichiers comptabilité.
La rubrique
Fabrication
comprend les différents
éléments de la chaîne de production, l'acquisition de
rotatives et extension rotative, la chaîne d'encartage, les tours
quadrichromie, C.T.P., les développeuses et soudeuses de plaques. La
rubrique
Travaux
, souvent liée aux investissements
précédents, ne rassemble ici que les travaux d'ordre immobilier
de rénovation (atelier d'impression, extension imprimerie), de
construction de bâtiments pour l'installation de nouvelles rotatives ou
l'extension de l'atelier d'expédition. La rubrique
Distribution
concerne la mise en place des distributeurs automatiques de journaux,
l'automatisation de la chaîne d'expédition, la mise sous film pour
l'expédition aux abonnés, le matériel de comptage des
invendus. La rubrique
Internet
fait uniquement référence
à la création ou au développement de sites par les
entreprises de presse pour la mise en ligne de leurs publications (17
dossiers). Le pourcentage obtenu est donc relativement bas. Pour obtenir une
approche plus concrète de la diversification des médias, il
conviendrait d'y adjoindre les diverses opérations de
numérisation, regroupées ici sous la rubrique
« rédaction ». Enfin, sous la rubrique
Études
, ont été regroupées les
dépenses pour la réalisation d'une nouvelle formule, les
études marketing, les dépenses éligibles de communication,
les dépenses de formation.
Les aides accordées
2(
*
)
prennent la forme de subventions, d'avances remboursables ou de dépenses
d'études, qui doivent s'inscrire en principe dans une
logique de
projet
. Ainsi, en théorie, le montant total de l'aide
accordée à un projet, sous forme de subvention et d'avance, ne
peut dépasser 40% du montant des dépenses éligibles. Le
plafond peut cependant être porté à 50% des dépenses
éligibles pour les projets collectifs.
L'octroi d'une subvention
3(
*
)
ou d'une avance est subordonné à la conclusion, entre
l'État et le bénéficiaire, d'une convention fixant
notamment les conditions d'attribution de l'aide et prévoyant, s'il y a
lieu, l'échéancier de remboursement de l'avance et de
pénalités applicables. On note au surplus qu'une commission de
contrôle sera chargée de vérifier la conformité de
l'exécution des projets aux engagements pris par les
bénéficiaires des aides versées par le fonds.
L'année dernière il avait déjà fallu que le
législateur intervienne pour accorder le droit au fait ; cette
année, on voit bien que des intentions aux réalités, il y
a une marge.
Jusqu'à la fin de l'exercice 2000, les décisions
d'aides se sont traduites par l'octroi de près de 55,34 M€
(363 MF) de subventions et de 1,68 M€ (11 MF)
d'avances.
Le tableau ci-dessous montre en premier lieu que ces chiffres sont loin des
ratios avances/subventions prévus en loi de finances.
On a
donc toutes les raisons de penser que, même après correction suite
notamment à la loi de finances rectificative pour 2000,
il y a peu de
chances que la proportion affichée en loi de finances initiale soit
finalement maintenue.
Mais en second lieu, on doit souligner que ces chiffres restent très
théoriques car
le montant des reports fin 2000 s'établissait
à 392,7 MF
pour seulement 66,7 MF effectivement
dépensés au cours de l'exercice 2000.
Cette année, à l'initiative de M. Le Guen,
l'Assemblée nationale a pris les devants en modifiant la
répartition entre avances et subventions dont la proportion passerait de
70/30 à 80/20 par un amendement à l'article 40.
2. La diversification des aides spécifiques et la tentation des régimes sur mesure
Au
delà de l'accumulation des aides ainsi qu'en témoigne le nombre
de paragraphes figurant au chapitre 41-10, il faut souligner
l'instabilité de règles du jeu continuellement adaptées,
qu'il s'agisse des aides indirectes par l'intermédiaire de la Poste ou
de la SNCF pour lesquelles on a le sentiment que l'État abuse de sa
position dominante - cf. infra - ou d'aides spécifiques, soit
supprimées pour être recréées sous une forme voisine
comme c'est le cas de l'aide aux télécommunications, soit
ajustées aux urgences de l'heure comme dans le cas des aides aux
journaux à faibles ressources publicitaires ou de petites annonces.
B. DES DOSSIERS TOUJOURS EN ATTENTE
Si certains dossiers paraissent en quelque sorte mis de côté, d'autres, en revanche, semblent en voie de déblocage, sans pour autant que les problèmes puissent être considérés comme réglés.
1. Des relations avec les services publics postal et ferroviaire non clarifiées
En
application de l'article 2 de la loi du 2 juillet 1990, Les obligations de la
Poste dans le cadre de son service obligatoire, en matière de transport
et de distribution de la presse, sont précisées par les articles
2,3 et 6 de son cahier des charges.
Depuis 1991, et conformément à l'article 38 de ce cahier des
charges, l'État participe à la prise en charge du coût de
ce service. Celle-ci doit en effet recevoir « une juste compensation
financière » à raison des sujétions
particulières qui lui sont imposées du fait du régime
d'acheminement et de distribution de la presse. La participation de
l'État définie dans le cadre d'un contrat d'objectifs et de
progrès, est régie par un accord de 1996 dit Galmot, valable
jusqu'en 2001.
On peut rappeler que la grille tarifaire précédente, outre les
subventions croisées qu'elle générait, était
considérée par La Poste et la presse comme peu incitative,
notamment dans la mesure où elle ne tenait pas suffisamment compte du
niveau de préparation des dépôts et du degré
d'urgence.
Cet accord donnant donnant avait notamment pour objectif d'assurer un
financement plus équilibré du transport postal de presse, alors
qu'une mission des inspections générales avait
évalué à 28% le taux de couverture par La Poste de ses
coûts en 1993, et d'offrir à la presse un cadre favorable à
son développement, grâce à une souplesse accrue du cadre
réglementaire fixé pour l'accès aux tarifs du transport
postal de presse et à un meilleur contrôle de la qualité de
ce transport.
Le tableau ci-après donne des évaluations provisoires du partage
des coûts du transport postal de la presse entre l'État, la Poste
et la presse depuis 1997.
Ces évaluations se fondent sur des
méthodes de calcul, qui devraient être revues lors de la mise en
place du nouveau système de comptabilité analytique de La
Poste
. Or
la mise en place de ce nouveau système comptable
prévue pour 2000, n'est toujours pas faite, ce qui empêche de
procéder, dans des conditions claires, au bilan d'application des
accords
.
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Coût global (1) |
7387 |
7424 |
7458 |
7500 |
Recettes (1) |
2137 |
2436 |
2507 |
2750 |
Contribution du Budget Général |
1900 |
1850 |
1850 |
2850 |
Contribution de La Poste |
3350 |
3138 |
3010 |
2850 |
Source : La Poste. Chiffres en MF
- (1) presse éditeur et associative du régime intérieur (exclut la presse administrative et l'international.)
La
presse a, pour sa part, subi une revalorisation annuelle de 8,45% en termes
réels des tarifs fixés pour le transport postal de presse, ainsi
que la restructuration et la différenciation de ces tarifs.
On note que l'État, qui estime avoir respecté ses obligations, a
procédé à l'établissement de dispositifs
d'accompagnement de la revalorisation tarifaire pour en limiter les effets dans
les cas les plus difficiles. Un dispositif de plafonnement et
d'étalement des hausses a permis de lisser dans le temps les
évolutions tarifaires les plus importantes sur les cinq années.
Pour compléter ce dispositif, l'État a également mis en
place un observatoire des tarifs postaux de transport de presse sur quatre
années. Il permet aux publications les plus fragilisées de
bénéficier d'un soutien financier. Le montant des mesures
allouées de 1997 à 2000 s'élève à 30
MF et concerne plus de cent publications chaque année.
Cette aide s'est répartie de la façon suivante :
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Enveloppe répartie en MF |
9,2 |
8,1 |
6,5 |
6,14* |
Nombre de titres bénéficiaires |
106 |
104 |
85 |
78 |
*5,67 MF pour 60 publications au titre de 2000,
auxquels
s'ajoutent 0,47 MF pour 41 publications au titre d'un reliquat à
répartir.
La Fédération nationale de la presse française (FNPF) et
le Syndicat de la presse magazine et d'opinion (SPMI) ont demandé, au
printemps 2000, réparation du préjudice subi du fait de
grèves de La Poste. A l'issue d'une négociation de plusieurs
mois, la FNPF et la SPMI ont obtenu que ces préjudices fassent l'objet
d'une indemnisation forfaitaire
4(
*
)
, l'importance de ces
préjudices - qu'ils résultent du non-acheminement, de
l'acheminement retardé ou des perturbations du courrier - n'étant
pas évaluée.
Compte tenu des divergences entre la presse et La Poste sur la qualité
du service rendu, il a été décidé au sein de
l'observatoire, qui est une instance de dialogue entre l'État, la presse
et La Poste, que seraient mis en place des indicateurs permettant de mesurer la
qualité du service du transport postal de la presse. La mesure en a
été confiée à la SOFRES. Celle-ci a mis en place,
à partir d'avril 2000, un système fournissant des
résultats, mensuels pour les publications urgentes, et trimestriels pour
les publications non urgentes, sur la base d'un panel de plus de 1.000
destinataires recevant au total plus de 60 publications relevant de toutes
les catégories de presse.
Les résultats sont exprimés en « pourcentage de
réception le jour attendu » à J/J+1 du
dépôt pour les quotidiens, à J+1 du dépôt pour
les hebdomadaires, à J+4 du dépôt pour les mensuels et
périodicités plus longues expédiées en non urgent.
En dépit des déclarations ministérielles, il semble
qu'il soit urgent d'attendre. Selon la réponse faite à votre
rapporteur spécial, il a été indiqué que
« 2002 sera une année de transition, qui permettra de tirer
les enseignements des accords Galmot et d'examiner l'état du compte
transport de presse à partir de la comptabilité analytique de La
Poste ».
En fait, il semble que l'on ait décidé de mettre le premier
semestre 2002 entre parenthèses puisqu'il n'y aura pas de reconduction
des hausses tarifaires annuelles prévues par ces accords, tandis que
l'aide de l'État à La Poste était portée de
1,850 milliard à 1,9 milliard de francs, soit 290 millions
d'euros.
En ce qui concerne les
relations avec la SNCF
, qui permet à la
presse de bénéficier d'un tarif préférentiel, le
tarif 32
5(
*
)
, on peut rappeler
que les pouvoirs publics ont résilié la convention de
1998
6(
*
)
et demandé au
Sernam de prendre à sa charge le différentiel constaté en
1998 entre les besoins - environ 104,4 MF - et la dotation
budgétaire de 95 MF. Des conventions provisoires ont
été conclues entre l'État et la SNCF pour 1999 et 2000
fixant la compensation à 90 MF.
Il avait été précisé, à votre rapporteur
que « dans un premier temps, l'indemnité compensatrice sera
calculée en fonction des taux précédemment
mentionnés, et ne pourra excéder 90 MF. Dans un second
temps, le montant de l'indemnité sera décompté des
crédits budgétaires et permettra de dégager une somme
affectée au remboursement de la dette de l'État à
l'égard de la SNCF. Ainsi, la dette sera diminuée au minimum de
11 MF en 2000, et de 9,5 millions en 2001. L'arriéré
devrait donc être réduit à 9,559 MF fin
2001 ».
Bref, il semble que l'administration ait trouvé, indépendamment
d'une baisse providentielle des tonnages transportés, le système
miracle permettant d'aboutir à l'extinction de l'arriéré
que l'État avait accumulé vis à vis de la SNCF :
forfaitiser le remboursement ( ou en modifier les modalités de calcul
par l'abaissement des taux de prise en charge, la méthode
annoncée variant selon les années ) et prévoir une
dotation légèrement supérieure audit remboursement, en vue
de permettre l'amortissement de la dette, qui effectivement ne se montait plus
qu'à 6,3 millions de francs au 31 décembre 2000. Il suffisait d'y
penser : la dette disparaît mais les charges réelles, elles,
persistent, au détriment du compte d'exploitation de la SNCF.
2. La diffusion de la presse française à l'étranger en question
Il faut
noter que cette stabilisation de l'aide intervient dans un contexte de
tassement de la diffusion de la presse française à
l'étranger. Ainsi, en 2000, on a assisté à une baisse de
près de 1 % des ventes dans la zone couverte par le fonds et de
plus de 5 % en Union européenne ou en Suisse. Les deux zones
où l'on constate une progression sont l'Europe en dehors de l'Union
européenne et le Maghreb avec une hausse de près de 11 %.
Cette zone bénéficie de la réouverture du marché
algérien depuis 1999 ainsi que de la modernisation des réseaux de
vente au Maroc et en Tunisie.
Les NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne) attirent l'attention
dans un communiqué récent, sur une baisse des ventes de
3,7 % en valeur et 5 % en volume, répartie sur toutes les
zones sauf le Maghreb. Les messageries avancent plusieurs raisons. Outre la
perte de terrain de la langue française, le fléchissement des
ventes peut s'expliquer par la concurrence d'une nouvelle presse locale,
notamment en Belgique ou en Suisse, la consultation des journaux sur Internet,
mais aussi les difficultés économiques et politiques dans
certaines régions. Le recul est particulièrement net en
Amérique du Sud (- 34,8 % en volume), en Asie-Océanie
(- 21,5 %) mais la baisse touche également des marchés
plus proches comme l'Europe (-5,1 % en Europe francophone et
- 8,3 % dans l'Union européenne). Les ventes sont en baisse en
Afrique (- 11 %) et au Moyen-Orient (- 7,6 %).
Exportations des NMPP par zone |
Exemplaires vendus en 2000 |
Afrique |
6 606 609 |
Amérique du nord |
6 028 022 |
Amérique du sud |
289 560 |
Asie-Océanie |
613 125 |
Europe hors UE |
1 552 774 |
Maghreb |
10 298 500 |
Moyen-Orient |
1 780 285 |
Total zone aidée |
27 168 875 |
DOM-TOM |
11 421 128 |
UE et Suisse |
79 307 900 |
Total hors zone aidée |
90 729 028 |
TOTAL GENERAL |
117 897 903 |
Pour le
ministère, les chiffres communiqués par les NMPP ne concernent
que les ventes au numéro et ne traduisent pas la situation des
abonnements. Or les abonnements contractés à l'étranger
ont progressé en 2000. Par ailleurs, si les ventes au numéro,
dans l'Union européenne et en Suisse, qui constituent 77 % des
exportations NMPP, ont enregistré une baisse, celle-ci ne doit pas
masquer des ventes quasiment stables dans le reste du monde (- 0,8 %) et
des encaissements en légère augmentation.
Par ailleurs, il existe Unipresse, association à but non lucratif
existant depuis 1946, qui a pour vocation de faire connaître la presse
française à l'étranger et d'y favoriser sa diffusion par
abonnement. L'association assure la promotion de près de 4 000 titres,
dans plus de 200 pays.
En 2000, Unipresse a ainsi collecté 26 707 abonnements, soit une
augmentation d'1 % par rapport à 1999. Dans la zone géographique
couverte par le fonds, le nombr
e
d'abonnements s'élève
à 22 877, en augmentation de 7,2 % par rapport à 1999.
Répartition géographique des abonnements :
Europe (Union européenne) |
14 % |
Europe de l'est |
22 % |
Maghreb et Proche-Orient |
17 % |
Afrique francophone |
4,5 % |
Afrique non francophone |
7 % |
Amérique du nord |
3 % |
Amérique latine |
14,5 % |
Asie, Océanie |
18 % |
En
dépit de ce que les derniers chiffres pourraient se
révéler meilleurs, il faut aussi, selon votre rapporteur
spécial, s'interroger sur les causes structurelles de ce repli, parmi
lesquelles il faut mentionner l'impact d'Internet sur la diffusion de la presse
française à l'étranger. Aujourd'hui, la plupart des grands
titres sont accessibles en ligne, quelle que soit leur
périodicité ou leur nature, presse d'information politique et
générale ou presse spécialisée.
Alors que, dans un premier temps, la plupart des entreprises de presse ont
utilisé Internet pour s'assurer une certaine lisibilité
internationale, il semble, aujourd'hui, que celui-ci fasse partie
intégrante de leur stratégie de développement. Certains
journaux ont fait le choix de la gratuité, d'autres non. C'est ainsi que
Libération, qui a fait le choix de la gratuité, indique que, en
2000, plus de 40 % des pages lues sont consultées depuis
l'étranger, ce qui représente près de 30.000 visites
quotidiennes essentiellement en provenance du continent nord-américain.
Ce qui semble certain, c'est qu'Internet favorise l'élargissement du
lectorat mais pas des ventes. Sans remettre en cause, bien au contraire, la
légitimité d'une aide à l'exportation physique des
journaux, on voit bien que la présence de la presse française sur
Internet est un élément essentiel pour conserver des liens des
Français de l'étranger et, d'une façon
générale, des francophones avec la France.
3. La crise de la distribution
Le
système de distribution de la presse, fondé sur les principes
« d'équité et d'égalité de traitement et de
solidarité» entre les titres mis en place avec la loi Bichet de
1947, autour des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne, traverse une
grave crise.
L'État, qui avait accompagné l'effort d'adaptation des
NMPP
7(
*
)
, a pu paraître
en retrait, comme s'il attendait pour intervenir à nouveau de
façon active que la profession se mette d'accord avec elle-même
pour trouver un compromis entre les différentes formes de presse.
La montée en puissance face aux NMPP des Messageries Lyonnaises de
presse - MLP
8(
*
)
, qui
résulte notamment de ce
que les magazines acceptent de plus en plus
mal de supporter une bonne part des coûts d'un système
conçu pour les quotidiens,
est tout autant la conséquence
d'un défaut de productivité que le signe de la crise d'un
système de mutualisation.
Cependant, malgré sa croissance rapide, ce nouvel acteur reste encore de
faible dimension par rapport au géant que constitue les NMPP, ne
serait-ce que parce qu'elles n'entendent pas distribuer de quotidiens.
Avec 1 742 publications distribuées, les Messageries Lyonnaises
détiennent 15 % du marché national. En l'espace de six ans,
leur chiffre d'affaires ventes a plus que triplé, s'élevant, en
2000, à 3,24 milliards de francs avec un résultat net de 60,4
millions de francs. Pour l'exercice 2001, l'entreprise vise 3,5 milliards de
francs de chiffre d'affaires.
Les NMPP ont enregistré pour l'exercice 1999 des pertes de 521,17
MF et de 108,1 MF pour 2000, en raison des fortes provisions qu'elles ont
constituées pour leur plan de modernisation.
Compte tenu de la situation caractérisée par un déficit
d'exploitation qu'elle estime comme pouvant aller jusqu'à 277 MF
en 2003, la direction avait proposé un plan stratégique de
modernisation, avec pour objectif de réaliser 464 MF
d'économies par an d'ici à 2003, et d'abaisser les coûts de
distribution, qui devraient passer de 9 % à 6 % en 2003.
Pour parvenir à cet objectif, des réductions d'effectifs
étaient prévues touchant l'ensemble des catégories : 429
ouvriers, 129 employés et 239 cadres
9(
*
).
L'accord conclu entre
Hachette
10(
*
)
et les
éditeurs comptait sur une aide publique de 200 millions à
250 MF de l'État, aide justifiée par la prise en compte de
la mission « d'intérêt collectif » que
représente la gestion des quotidiens, à l'origine d'importants
surcoûts.
Le gouvernement s'était l'année dernière,
délibérément tenu sur la réserve. Comme l'avait
précisé la ministre de la culture et de la communication,
l'État est prêt à accompagner une réforme de la
distribution. Encore faut-il que la profession s'appuie sur « un
projet plausible, chiffré et négocié ». Elle
avait précisé que « le gouvernement a été
sollicité par les NMPP pour apporter une contribution de 1 milliard
à raison de 250 MF par an pendant quatre ans. On peut
s'étonner que cette demande intervienne à un moment où les
comptes des entreprises et des groupes de presse sont
bénéficiaires de la croissance, ce dont je me réjouis. Or
la revendication de l'aide de l'État doit s'accompagner d'une
réelle transparence étayée au moins par une
comptabilité analytique. Pour l'instant, elle n'a fait l'objet d'aucune
justification convaincante »...« Toute aide de
l'État à la distribution de la presse, avait-elle ajouté,
doit être économiquement justifiée, juridiquement
fondée, et évidemment tournée vers les
lecteurs. »
En fait, on voit que, si le ministère des finances n'a pas
accordé aux groupes de presse les quelque 120 MF que ceux-ci lui
demandaient pour la restructuration du système de distribution, c'est
néanmoins
80 MF
soit
12,2 M€
, qui leur
seront réservés
dans le budget pour 2002
, financés
à raison de 4 ,35M€ inscrits au §7 de l'article 10 du
chapitre 41-10 et de 4,57 M€ inscrits au chapitre 05 du compte
d'affectation spéciale n°902-32, auxquels viendraient s'ajouter sur
ce même compte environ 3,3 M€ de crédits de report.
Votre rapporteur spécial ne dispose pas d'éléments
suffisamment précis sur les modalités de cette nouvelle aide et,
notamment, sur les contreparties que l'État pourrait demander
. Il
estime que dans la conjoncture budgétaire actuelle, le mode de
financement envisagé n'est pas irrecevable dès lors que les
masses budgétaires actuelles sont globalement maintenus, ce qui reste
à vérifier.
En effet, il n'est guère contestable que l'aide à la distribution
est une aide à la presse quotidienne nationale. Car il faut admettre
qu'une partie des difficultés des NMPP trouve sa source dans
l'obligation qui leur est faite, de distribuer les quotidiens, dont le
coût est bien supérieur.
Aussi, ne peut-on voir d'objections de principe à une telle aide
dès lors que les intéressés font les efforts de
rationalisation indispensables et que l'argent de l'État ne sert pas
à perpétuer des structures archaïques.
4. Vers une nouvelle donne publicitaire ?
Reprenant des idées déjà lancées en
début d'année, Madame Catherine Tasca, ministre de la culture et
de la communication s'est, il y a quelques semaines, déclarée
favorable à l'ouverture «ciblée et progressive»
à la publicité télévisée de certains
secteurs actuellement interdits et, en premier lieu, de la presse, tout en
précisant qu'en ce qui concerne la grande distribution, également
interdite de publicité à la télé, «la
réflexion devra être poursuivie».
La presse devient ainsi le candidat idéal pour le test de cette
libéralisation partielle. Selon la ministre, «
La presse a un
vrai double intérêt : elle est très partante sur le
numérique hertzien et elle veut se lancer dans la
télévision locale. Pour ce faire, elle a besoin de ressources
supplémentaires
».
L'analyse de la ministre qui paraît faire masse d'éléments
hétérogènes , a le mérite de reconnaître un
fait : la multiplication des canaux, que ce soit sur le satellite ou sur
le câble et bientôt sur réseau numérique hertzien,
rend caduques les limitations mises en place pour préserver les
ressources de la presse écrite.
Nul doute que les ambitions que cette presse affiche de plus en plus
ouvertement dans le domaine audiovisuel constituent une bonne occasion de
s'aligner sur les pratiques de nos voisins chez qui de telles limitations
n'existent pas.
II. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Hors
abonnements de l'État à l'AFP, les crédits inscrits au
budget général consacrés directement aux aides à la
presse, se stabilisent (+0,004%) dans le budget 2002, pour atteindre 38,
98 M€, après la diminution de 1,99 % enregistrée
en 2001.
Avec la dotation de l'AFP, qui croît de 2,44 M€ soit 16
MF contre 5,6 MF dans le précédent budget, les
crédits qui concernent la presse, connaissent une croissance de
+ 1,84 %
pour se monter à
134,87 M€
.
Sur la législature, la croissance des dotations apparaît
limitée : les crédits du chapitre 41-10 passent, ainsi, de
248,8 MF à 255,7 MF soit une augmentation de 6,9 MF
seulement, ce qui représente une croissance annuelle de 1,5% ; les
crédits de l'AFP progressent de façon plus sensible, passant de
578,6 MF à 629 MF, soit une augmentation de 50,4 MF,
ce qui représente une croissance annuelle de 2,2%.
Toutefois, ces seuls chiffres n'épuisent pas l'action du Gouvernement en
matière de presse.
D'abord, l'État n'est pas seulement le client majeur de l'AFP mais aussi
en quelque sorte son actionnaire, un actionnaire au demeurant discret,
puisqu'à ce titre il n'a procédé que par abandon de
créances. Certes, les pouvoirs publics ont acté, en mars dernier,
le principe d'un apport financier, probablement sous le forme d'un prêt
participatif, d'un montant global de 15,2 M€, soit 100 MF. Cela
permet-il de considérer que l'État prend toute sa part à
la mise en oeuvre du plan pluriannuel de développement et de
diversification engagé par sa nouvelle direction ? On peut en
douter, tant ces demi-mesures pourraient se révéler en
définitive des contre-mesures, si cela ne donnait pas à l'agence
les moyens des réformes de structures nécessaires à son
adaptation au marché.
Ensuite et surtout, une bonne partie de l'aide à la presse passe
désormais par le Fonds de modernisation de la presse dont les
crédits viennent compléter de façon substantielle ceux du
chapitre 41-10 : les ressources attendues de ce fonds, qui figurent au
compte d'affectation spéciale n°902-32, se montent à
28,993 M€ , soit190,2 MF.
Au total pour 2002,
l'ensemble des moyens publics
consacrés
à la presse écrite hors abonnements à l'AFP est en
croissance sensible de
+ 7,2%
pour atteindre
67,95 M€
, soit 445,7 MF.
A. LES AIDES DU BUDGET DES SERVICES GÉNÉRAUX DU PREMIER MINISTRE
Les aides budgétaires à la presse sont inscrites au chapitre 41-10 et, pour ce qui concerne l'AFP, au chapitre 34-95 du budget des services généraux du Premier Ministre. Il convient, cette année, de souligner une modification de la nomenclature budgétaire, qui tend à regrouper les aides directes à la presse en trois articles : les aides à la diffusion, les aides au maintien du pluralisme et de la diversité des titres et les aides au développement du multimédia.
On note
que ces crédits ont fait, au cours de l'exercice 2001, l'objet d'une
série de
mesures de régulation budgétaire
pour un
montant global de 15 MF qui se répartit de la façon
suivante :
- fonds presse et multimédia : 9,45 MF ;
- plan social de la presse parisienne : 3,25 MF ;
- remboursement des cotisations sociales de portage : 2,3 MF.
Dans sa réponse, l'administration précise que « compte
tenu de l'état des besoins et du fait qu'il ne s'agit pas de fonds de
répartition », ces annulations n'ont pas affecté la
gestion des fonds d'aides concernés et n'ont donc pas impliqué de
pénalisation pour leurs bénéficiaires.
1. Les aides à la presse à faibles ressources publicitaires
Ces aides, qui figurent désormais à l'article 20 du chapitre 41-10, devraient s'accroître, en 2002, de + 1,21 % après la nette augmentation de l'année dernière pour atteindre 6,017 M€, soit 39,470 MF.
a) Le fonds d'aide aux quotidiens nationaux d'information politique et générale à faibles ressources publicitaires (art.20§1)
Les
crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour 2002 au
paragraphe §1 de l'article 20 sont en croissance de + 1,2 %, ce qui
marque une stabilisation après le rattrapage intervenu en 2000 et 2001,
et place ce poste avec 4,6 M€ soit 30 MF de crédits,
à un niveau supérieur de près de 14 MF à
celui de 1997.
Deux quotidiens, La Croix et L'Humanité, entrent dans cette
catégorie et bénéficient régulièrement de
cette aide régie par le décret n°86-0616 du 12 mars 1986,
modifié par le décret du N°98-0714 du 17 août
1998
et le décret n°2000-1050 du 25 octobre 2000.
La Croix» a reçu 9,4 MF en 1997, 10,9 MF en 1998,
11,4 MF en 1999 et 14 MF en 2000; pour les mêmes
années, L'Humanité a reçu respectivement 6,2 MF,
7,99 MF, 8,3 MF et 14, 8 MF. Sans emploi, qui avait
bénéficié de 70 000 francs en 1999, n'a rien perçu
en 2000.
Les crédits inscrits dans le projet de loi de finances initiale pour
2000 s'élèvent à 26,6 MF. Deux
éléments méritent d'être soulignés pour
justifier l'augmentation de 33 % par rapport au précédent
exercice :
-
- d'une part, il est apparu nécessaire en cours d'exercice d'abonder le
fonds de 2,4 MF afin de tenir compte des difficultés
rencontrées par les titres concernés en 2000 ;
- d'autre part, le décret du 25 octobre 2000 a modifié le mode de répartition de la première section du fonds en faveur d'un titre L'Humanité, dont la diffusion est la plus faible, sans pénaliser l'autre, La Croix.
Cinq quotidiens ont bénéficié de l'aide en 2000 : L'Humanité, La Croix, au titre de la première section et Le Quotidien, Mon Petit Quotidien et L'Actu, au titre de la seconde
La répartition a été faite sur la base d'une aide à l'exemplaire effectivement vendu de 0,0807 F pour la première section et de 0,0112 F pour la seconde. On rappelle qu'en 1999, la répartition avait été effectuée sur la base de 0,512 franc par exemplaire vendu avec une diminution de 50% de la subvention au-delà de 20 millions d'exemplaires.
Il faut préciser que la deuxième section, dont la création résulte de la réforme de 1997, concerne les quotidiens à prix très bas, jugés très intéressants sur le plan de la diffusion de la pensée, mais qui n'ont pas un prix facial élevé. L'aide que les trois titres concernés recevront, est très faible mais leur affiliation à cette section leur permet de bénéficier du tarif postal préférentiel prévu par l'article D19-2 du code des postes et des télécommunications.
On remarque qu'avec 30 MF de crédits inscrit pour 2001 et 4,628 M€ soit 30,36 MF pour 2002, l'aide atteint le triple de celle qui était accordée en 1982.
Votre rapporteur a été informé de la répartition prévue pour 2001 : 2,3 M€, soit 15 MF iraient à L'Humanité et 2,2 M€, soit 14,45 MF, à La Croix, tandis que Mon Quotidien, Le Petit Quotidien et L'Actu se partageraient, pour leur part, 33 539 €, soit 220 000 F.
b) Le fonds d'aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d'information politique et générale à faibles ressources de petites annonces (art.20§20)
Les
crédits prévus dans le projet de loi de finances pour 2002
désormais inscrits au paragraphe §2 de l'article 20 du chapitre
41-10, se montent à 1,39 M€, soit 9,11 MF, ce qui
représente une croissance de + 1,22 %.
L'élargissement des conditions d'accès, instauré par le
décret du 20 novembre 1997, a permis de limiter les
conséquences de la hausse des tarifs postaux. En 2000, on comptait 12
bénéficiaires de l'aide - au titre de la première section
- (contre 11 seulement en 1999) avec des subventions s'étageant de 178
685 francs pour la Dordogne libre à 1 157 559 francs pour la
Marseillaise. La dotation de 2000 s'élevait à 7,65 MF.
2. Les aides à la diffusion
Elles
ont été regroupées après divers changements de
nomenclature à l'article 10 chapitre 41-10 des crédits des
services généraux du Premier Ministre.
Les crédits de l'article doivent atteindre 33 M€, soit
216,24 MF. Le taux de croissance par rapport aux dotations 2001 atteint
+ 7,21 % ou + 9,38%, si l'on sort de la base de
référence les crédits de l'ancien article 41 relatif au
plan social de la presse parisienne, qui n'ont pas été reconduits
en 2002.
En tout état de cause, la croissance de ce poste tient, pour une grande
part, à la création d'une nouvelle aide à la distribution
de la presse quotidienne d'information, car si l'on ne tient pas compte de ce
nouveau poste, les crédits consacrés aux aides existantes
diminuent de 5 % ou 7 %, selon que l'on inclut, ou non, les
crédits affectés au plan social dans la base de calcul.
a) Le fonds d'aide à l'expansion de la presse française à l'étranger (art.10§3)
La
dotation budgétaire de ce poste pour 2001 a atteint 24 MF, soit
une augmentation de + 4,34 % par rapport à 2000. On note qu'en
dépit de cette augmentation, on reste encore loin des montants du
début des années 1990 et notamment de 1996, où les
crédits s'étaient montés à 37 MF.
La commission d'attribution a privilégié en 2001 les actions
menées par les éditeurs à titre individuel. En
conséquence, le nombre de bénéficiaires du Fonds est en
hausse sensible : 50 éditeurs ont ainsi été
aidés en 2001, contre 46 en 2000 et 40 en 1999.
Alors que les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne ( NMPP) avaient
pâti de la baisse de la subvention globale depuis 1996, l'augmentation
des crédits en 2000 puis en 2001, a permis de stopper ce processus. En
2001, l'augmentation de l'aide accordée aux NMPP a été de
160 000 F. Leur subvention passe ainsi à 13,288 MF, soit
55,3 % des crédits du fonds. Elles utilisent essentiellement l'aide
pour abaisser le coût des transports aériens vers les pays les
moins riches, afin d'adapter le prix de vente au niveau de vie local. Par
ailleurs, Unipresse, qui véhicule principalement des titres de presse
spécialisée, a vu sa subvention passer de 4,06 MF en 1999
à 4,10 MF en 2000 et 4,37 MF en 2001, ce qui traduit un
rééquilibrage des aides entre les deux organismes.
Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit une dotation en
légère augmentation à 3,7 M€ (24,3 MF).
En ce qui concerne la gestion de l'aide, il faut également souligner que
certaines zones à fort pouvoir d'achat, notamment l'Amérique du
Nord, ainsi que certains pays d'Asie et du Proche Orient, ont été
exclus du bénéfice de l'aide. Au total, en 2000, c'est l'Afrique
qui a reçu un peu plus de la moitié de l'aide au transport et le
Maghreb presque un quart, tandis que l'Amérique du Sud, la zone
Asie-Océanie et le Moyen Orient en représentaient environ
15 %.
b) L'aide au portage (art.10§5)
D'un montant total de 9,2 M€ soit 60,13 MF, cette aide reste une des priorités du Gouvernement. Elle est répartie en deux postes :
-
• Un fonds d'aide au portage qui existe depuis 1997. Doté de
15 MF à l'article 35, aujourd'hui transformé en paragraphe
§5 , ce fonds a bénéficié d'une augmentation
rapide de ses crédits ; ceux-ci sont passés de 45 MF
pour 1998, 49,5 MF pour 1999, 50,5 MF pour 2000 et 52,5 MF
pour 2001, à 53,13 MF dans le projet de loi de finances pour 2002,
soit 8,01 M€, ce qui fait apparaître un taux de croissance de
1,2 %. Elle est répartie, à hauteur de 25 %, au prorata
de la diffusion globale par portage - il s'agit de l'« aide au
stock » - et, à hauteur de 75 %, au prorata de sa
progression au cours des deux dernières années, ce qui est
considéré comme une aide au développement. Pour l'exercice
2001, 2 M€ (13,125 MF) ont été répartis au
titre de l'aide au stock
11(
*
)
. Pour ce qui est de l'aide au
développement, 6 M€ (39,375 MF) ont été
alloués en fonction des exemplaires supplémentaires portés
entre 1998 et 1999 d'une part, entre 1999 et 2000, d'autre part.
Conformément au décret, 40 % de la progression 1998-1999 et
l'ensemble de la progression 1999-2000 ont été prises en compte
pour le calcul des aides
12(
*
)
. Au total ce sont 62 journaux
qui bénéficient du régime en 2000 : 8 quotidiens
nationaux (18%), 33 quotidiens régionaux (69%) et
21 quotidiens départementaux (13%).
• un paragraphe §6 qui accueille les crédits anciennement inscrits à l'article 42, Remboursement des cotisations sociales de portage : cette aide, instituée en 1995, qui avait culminé à 8 MF en 1998 pour fléchir à 7,5 MF en 1999, n'est plus que de 7 MF dans le projet de budget pour 2002, soit 1,067 M€. Ces crédits visent à compenser intégralement le coût des charges sociales liées au portage des quotidiens nationaux. 10 quotidiens nationaux bénéficient du fonds : La Croix, Les Échos, France Soir, L'Humanité, l'International Herald Tribune, Libération, Paris-Turf, La Tribune, Le Monde, Le Figaro, ces deux derniers titres absorbant, en 2000, près de 60% de l'ensemble de l'aide. Arrivé à son terme le 31 juillet 2001, le dispositif institué par le décret n° 96-678 du 30 juillet 1996, avait pour objectif de permettre à la presse quotidienne parisienne de combler son retard sur la presse quotidienne régionale, dont la diffusion par portage représente environ 34 % du total de ses ventes annuelles. Cet objectif a été atteint, la diffusion par portage des titres bénéficiaires de l'aide étant passée de 16,5 % en 1996 à près de 25 % de leur diffusion totale en 2000. Il n'est pas envisagé de reconduire les dispositions du décret. Les crédits inscrits pour 2002 permettront de rembourser les dernières sommes au titre des exercices antérieurs .
Créé à l'occasion de la loi de finances
pour
1996 et régi par le décret du 10 mai 1996, ce fonds, qui est
destiné aux hebdomadaires régionaux inscrits sur les registres
de la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse (CPPAP),
était doté de 8 MF en 1998, 8,4 MF en 1999, 8,7
MF en 2000 et 9,2 MF en 2001. Il voit sa dotation pour 2002 augmenter de
1,2 % pour être portée à 1,42 M€ soit
9,2 MF
13(
*
)
.
La dotation du fonds inscrite dans la loi de finances initiale pour 2001,
s'élève à 9,2 millions de francs. 190 publications ont
déposé une demande de subvention; parmi elles, 54 ont
également sollicité le bénéfice de la
deuxième section du fonds. 178 publications ont été
reconnues éligibles à la première section du fonds et 43
à la seconde. Les taux de subvention, appréciés en moyenne
hebdomadaire, s'élèvent respectivement à 7,89 francs pour
la première section, l'aide au numéro s'établissant
à environ 0,15 centimes, et à 9,37 francs pour la seconde,
l'aide au numéro s'établissant à environ 0,18 centimes.
Les crédits inscrits à ce titre dans le projet de loi de finances
pour 2002, atteignent 9,3 MF, soit 1,42 M€. On peut rappeler que le
montant de cette aide était de 5 MF en 1996.
d) Les allégements de charges de télécommunication (art.10§2)
Les
aides relatives aux « Communications téléphoniques des
correspondants de presse », constituent un poste sensible, qui par le
passé avait conduit les assemblées à intervenir pour en
augmenter les crédits.
L'ancien article 21 devient le paragraphe §2 de l'article 10 du chapitre
41-10 « Aide à la transmission par fac-similé des
quotidiens ». Celui-ci est doté de près de 610 000
€, soit 4 MF, ce qui constitue une régression de 20%.
En fait, les montants inscrits tiennent compte de la consommation des
crédits effective, qui est de 2,86 MF en 2000. On est loin des
ordres de grandeurs des sommes inscrites pour l'aide aux
télécommunications, en début de législature. En
fait
cette sous-consommation s'expliquerait en ce qu'il s'agit de
remboursements sur factures
correspondant aux frais engagés par
certains journaux pour régionaliser l'impression de leurs titres.
e) Le remboursement à la SNCF des réductions de tarif accordées à la presse (art.10§1)
Le paragraphe §1 de l'article 10 du chapitre 41-10 reprend l'ancien article 11, « Réduction de tarif SNCF pour le transport de presse ». Il est doté de 13,7 M€, soit 90 MF contre 99,5 MF de crédits dans le projet de loi de finances pour 2001. On se situe ainsi en dessous des niveaux atteints ces dernières années : 101 MF en 2000, 102 MF en 1999 et 95 MF en 1998. La baisse est considérable par rapport aux crédits inscrits en 1996 et 1997, qui s'étaient élevés respectivement à 119 et 140,4 MF.
3. Les aides au développement du multimédia
L'article 30 nouvellement créé au chapitre 41-10,
accueille les crédits de l'ancien article 36 « Fonds presse et
multimédias ». Ce fonds, créé en 1997 et
géré par l'Institut pour le Financement du Cinéma et des
Industries Culturelles (IFCIC), a pour objet d'accorder aux entreprises de la
presse écrite une avance partiellement remboursable, à hauteur de
30 %, afin de permettre de développer des projets offrant au public
des accès aux contenus des journaux, magazines et revues sur les
nouveaux supports numériques.
Le Fonds, qui a vu sa dotation, longtemps maintenue en francs courants à
15 MF depuis sa création en 1998 en raison de la sous-consommation
des crédits constatée sur ce poste, n'est pas doté pour
2002. La raison alléguée est l'existence de ressources
disponibles par suite des remboursements des avances antérieurement
consenties.
4. Les abonnements à l'Agence France Presse
Le
chapitre 34-95, abonnements souscrits par les administrations au service
d'informations générales de l'AFP, des crédits des
services généraux du Premier Ministre, est doté pour 2002
de 95,9 M€ , soit 629 MF, contre 613 MF en 2001,
607,4 MF en 2000, 600,2 MF en 1999 et 588,7 millions en 1998).
Les dotations sont en croissance de + 2,61 % par rapport à la loi
de finances initiale pour 2001 mais seulement de + 1,5 % par rapport
au budget adopté en mars dernier par le conseil d'administrations avec
l'accord de la tutelle qui devrait faire régulariser les dotations en
loi de finances rectificative.
Ces perspectives budgétaires sont manifestement insuffisantes pour
donner à cet organisme les moyens de se réformer et, à
court terme, de faire face à l'accroissement de ses charges, notamment
par suite de la réduction du temps de travail et, surtout, à la
diminution probable de ses recettes par suite du ralentissement de la
croissance économique.
B. LE FONDS D'AIDE À LA MODERNISATION ET A LA DISTRIBUTION DE LA PRESSE
On peut rappeler que c'est l'article 62 de la loi de finances pour 1998 qui a institué un compte d'affectation spéciale n°902-32 intitulé : «Fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale » et l'a alimenté par une taxe de 1 % sur certaines dépenses de publicité « hors médias ».
en millions de francs
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Variation 2002/2001 |
||
LFI |
Exécuté |
LFI |
Exécuté |
LFI |
PLF |
|
200 |
157,2 |
160 |
162,8 |
160 |
190 |
+ 18,75 % |
Son
rendement s'est tout d'abord révélé décevant :
141,7 MF en 1998 157,2 MF en 1999, 162,8 MF en 2000. On
était assez loin des espérances exprimées lors du vote du
dispositif, qui se situaient plutôt aux alentours de 300 à
400 MF, au point que la ministre de la culture et de la communication a
pris l'initiative de demander au secrétaire d'État au Budget de
« veiller au meilleur fonctionnement possible de la perception de la
taxe afin d'assurer la pérennité du Fonds de modernisation».
En 2001, le produit attendu de la taxe a été fixé à
24,39 M€ soit 160 MF, ce qui peut paraître optimiste
étant donné la conjoncture.
Au départ, le Fonds était destiné au financement de la
modernisation de la presse. Avec le présent projet de loi de finances,
son objet est étendu également à l'aide à la
distribution de la presse.
Son intitulé est d'ailleurs
modifié pour devenir : « Fonds d'aide à la
modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information
politique et générale, et à la distribution de la presse
quotidienne nationale d'information politique et
générale ».
Les actions initialement éligibles à l'aide du Fonds
14(
*
)
concernent tous les projets de
modernisation, qu'il s'agisse des rédactions, des imprimeries, des
services commerciaux ou des réseaux de distribution, à
l'exception des investissements de simple renouvellement.
La loi de finances répartit les recettes du fonds de modernisation entre
différents chapitres, notamment entre les subventions et les avances.
Des discordances entre cette répartition et les demandes effectives
d'aides sont apparues et ont conduit à opérer des ajustements
permettant de satisfaire l'exécution des dépenses
afférentes aux exercices 1998 à 2000.
La loi de finances pour 2001 a ainsi ventilé 24,39 M€
(160 MF) de ressources prévues en 17,07 M€ (112
MF) de subventions et 7,32 M€ (48 MF) d'avances.
C. BILAN DES AIDES INDIRECTES A LA PRESSE
Les aides indirectes peuvent être évaluées à plus de 7 milliards de francs en 2001, et sont à la charge de deux entreprises publiques (La Poste et la SNCF), à hauteur des deux tiers, des collectivités locales en raison de l'exonération de la taxe professionnelle, de l'État, également, du fait d'une fiscalité adaptée à la presse.
-
1998
1999
2000
2001
I- Dépense fiscale de l'État en faveur de la presse
1- Taux super réduit de TVA (1)
(art. 298 septies du CGI)1200(2)
1200(2)
1200(2)
1300(2)
2- Régime spécial de provisions pour investissement
(art. 39 bis du CGI)150(2)
55(2)
50(2)
30(2)
II- Dépense fiscale des collectivités locales
exonération de taxe professionnelle (article 1458 du CGI)1 235 (2)
1 206(2)
1 207 (2)
1182,7(2)
III- Aides indirectes des entreprises publiques
1- Coût du transport postal supporté par La Poste
3350(2)
3252(2)
3104(2)
2850(2)
2- Contribution de l'État au service obligatoire de transport de presse par la poste
1850
1850
1900
1900
TOTAL
7785(2)
7563(2)
7461(2)
7262,7(2)
(1) Dépense fiscale calculée par rapport au taux réduit de TVA de 5,5 %.
(2) Estimations
Pour
compléter les informations du présent rapport, il a paru
intéressant de fournir des éléments d'appréciation
concernant deux dossiers d'actualité :
la situation de la presse face à la mutation de la distribution ;
le point de la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail dans
le secteur.
A. LA PRESSE FACE À LA MUTATION DE LA DISTRIBUTION
La crise
du système de distribution a des causes profondes liées aux
divergences naturelles d'intérêt entre les différents
protagonistes et, en particulier, entre quotidiens et périodiques.
Mais, à court terme, ce sont les ambitions et la volonté de
modernisation d'un des protagonistes qui a fait apparaître au grand jour
les contradictions et déstabilisé le système.
Suite à la décision du groupe Amaury de mettre en place son
propre système de distribution pour Le Parisien, les différents
protagonistes ont recherché des solutions propres à éviter
une déstabilisation du système de distribution de la presse.
Le dernier accord, signé entre le groupe Amaury, les NMMP et le
Comité Intersyndical du Livre Parisien, a mis un terme à ce
conflit. La SDVP (Société de Distribution et de Vente du
Parisien) distribue Le Parisien sur l'ensemble de la région parisienne,
y compris la zone PDP. Les NMPP et la SDVP négocieront les
modalités d'une sous-traitance à PDP de la distribution du titre
aux marchands de journaux de Paris intra muros. Le groupe Amaury s'est
également engagé à intégrer 15 salariés de
PDP à la SDVP
15(
*
)
.
Les discussions engagées par la Table Ronde sur l'avenir de la
distribution de la presse en France, organisée sous l'égide du
Conseil supérieur des messageries de presse, ont été
l'occasion de réaffirmer l'attachement global de la profession à
la loi Bichet du 2 avril 1947 mais aussi d'envisager l'avenir du système
dans un environnement de plus en plus compétitif.
Dans la perspective d'une adaptation du système mis en place à la
Libération, deux accords ont été conclu pour s'efforcer
d'amorcer les évolutions nécessaires :
• le premier, signé entre les NMPP et le SNDP (Syndicat National
des Dépositaires de Presse) le 30 mai dernier, concerne le
réseau des dépositaires et prévoit, d'une part, la
réduction du nombre de dépôts qui passerait de 329 à
200 dépôts et 34 plates-formes et, d'autre part, une
baisse régulière de la rémunération des
dépositaires entre 2002 et 2005. Le dispositif est conforme à la
volonté des éditeurs de voir réalisées des
économies à ce niveau de la distribution ;
• Le second, signé entre les NMPP et l'UNDP (Union Nationale des
Diffuseurs de Presse) le 18 septembre dernier, prévoit une
revalorisation de la rémunération des diffuseurs qualifiés
en portant le taux de commission net à 15 %. Trois critères
cumulatifs ouvrent droit à ce taux revalorisé (présence de
la presse en vitrine, présentation sur linéaire et amplitude des
horaires d'ouverture).
Cet accord s'inscrit dans la suite du protocole interprofessionnel signé
en 1994 instituant une hausse de la rémunération des diffuseurs
de presse fondée sur le principe de qualification.
De leur côté, les NMPP poursuivent leur nouveau plan de
modernisation (2000-2003) afin de réduire encore le coût de
distribution de la presse.
Le plan concerne les différents aspects de l'entreprise, industriels,
organisationnels, logistiques, tarifaires et commerciaux ainsi que les divers
niveaux d'intervention, au plan national comme à celui des
dépositaires et des diffuseurs.
Les aspects industriels du plan abordent différents points : la
réforme du circuit de traitement des invendus sera achevée, le
dépôt de traitement des invendus de Paris ayant été
fermé le 30 juin 2001 ; la restructuration du niveau 2 avec
notamment la réduction du nombre de dépositaires et la
réforme de « Paris Diffusion Presse », service des
NMPP diffusant quotidiens et publications sur Paris et sa proche banlieue.
La réforme de PDP qui constitue un enjeu essentiel du plan de
modernisation des NMPP a fait l'objet d'une déclaration d'intention
commune avec les organisations syndicales le 25 juillet 2000 et d'un accord le
25 février 2001.
Ce plan industriel, validé par le conseil de gérance de
l'entreprise le 28 septembre, a été présenté le 9
octobre 2001 à l'ensemble des partenaires sociaux. Il organise PDP dans
une logique de dépôts, comme il en existe partout ailleurs en
France. Les dépôts seront au nombre de 5, tous
mécanisés, et situés de manière à couvrir le
mieux possible l'ensemble des 1800 points de vente de la zone.
Une structure de coordination légère doit en assurer la
cohérence. Cette réforme des PDP doit permettre de redresser les
comptes actuellement déficitaires de plus de 200 MF.
En ce qui concerne la compétitivité des NMP, deux 2000 et
le 1
er
juin 2001 et se sont traduites par une diminution
tarifaire représentant au total 214 MF (export inclus), soit une
baisse moyenne de 1,3 point.
L'État Ne prévoit plus de crédits spécifiques
d'accompagnement du Plan social mais a décidé de s'appuyer sur
les procédures de droit commun
Les conséquences sociales ont ainsi fait l'objet d'un accord
signé par toutes les organisations syndicales de l'entreprise,
fondé sur une procédure du type « CATS »
-Cessation Anticipée d'Activité des Travailleurs
Salariés-, régie par le décret du 9 février 2000.
Cet accord, ratifié par le Conseil Supérieur de l'Emploi dans sa
séance du 18 juillet 2001, concerne le départ volontaire de
cadres, employés et ouvriers atteignant 55 ans. Les NMPP
bénéficieront de l'aide publique pour environ 400 des 628 CATS au
titre des travaux pénibles et du travail de nuit.
Mais l'innovation majeure a consisté pour l'État à
intervenir pour atténuer le handicap que constitue pour les NMPP
l'obligation de fait de procéder à une péréquation
des coûts entre quotidiens et périodiques : afin de
participer aux surcoûts spécifiques des circuits de distribution
des quotidiens, le projet de loi des finances pour 2002 prévoit, comme
on l'a déjà mentionné plus haut, la création, pour
la durée du plan de modernisation des messageries, d'une nouvelle aide
de l'ordre de 80 MF, qui devrait être versée aux quotidiens
nationaux d'information politique et générale à partir des
ressources collectées par le Fonds de modernisation.
Le bénéfice de cette aide publique s'accompagnera d'un protocole
avec les coopératives et les éditeurs concernés, la
société de messagerie et son opérateur, le Conseil
Supérieur des messageries de presse, dont les termes visent à
assurer que cette aide contribue effectivement à la modernisation
industrielle du système coopératif et sa pérennité.
Mais un autre facteur de déstabilisation est apparu récemment
avec l'intention annoncée par le groupe Amaury d'assurer l'impression
de ses titres en province par ses propres moyens notamment en raison des
délais de bouclage, et ce alors qu'il partage ses moyens avec d'autres
quotidiens nationaux. Comment vont réagir les autres éditeurs
bénéficiant de ce système mutualisé dans un
conjoncture publicitaire déjà très
pénalisante ? La question reste à suivre.
B. LA PRESSE ET LA REDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL
Comme
les autres secteurs, la presse doit faire face aux difficultés
liées à la réduction du temps de travail.
On rappellera que la loi n° 98-461 du 13 juin 1998 a
pour principal objet de fixer à 35 heures la durée
légale du travail hebdomadaire est entrée en application le
1
er
janvier 2000 pour les entreprises (ou les
unités économiques et sociales) de plus de
20 salariés ; elle entrera en vigueur à compter du
1
er
janvier 2002 pour les autres entreprises.
Pour la presse périodique régionale, un accord de branche a
été signé le 30 juin 1999 entre la
Fédération de la presse périodique régionale
(FPPR) et certains syndicats de salariés (CSJ-CFTC, FTILAC-CFDT, SJ-FO,
USJ-CFDT, CFTC). Cet accord, étendu par arrêté en date du
17 novembre 1999, concerne l'ensemble des catégories de personnels.
Dans les autres formes de presse périodique, la Fédération
nationale de la presse d'information spécialisée (FNPS), le
Syndicat de la presse magazine d'information (SPMI) et le Syndicat
professionnel de la presse magazine et d'opinion (SPPMO) ont engagé une
négociation inter-catégorielle commune en mai 1999. Ces
discussions, qui avaient pour objectif de parvenir à un accord de
branche, n'ont pas abouti et ont amené ces organisations à
renvoyer les entreprises à leurs obligations de négociation.
S'agissant plus précisément des entreprises relevant du SPPMO,
plusieurs d'entre elles ont signé des accords d'entreprise propres
à les faire bénéficier de l'aide financière de
l'Etat.
En ce qui concerne la presse quotidienne départementale, un accord de
branche concernant les journalistes a été signé en juillet
1999 par le Syndicat de la presse quotidienne départementale (SPQD) et
l'ensemble des syndicats de journalistes, suivi en novembre 1999, d'un accord
avec toutes les autres catégories de salariés (cadres techniques,
cadres administratifs, employés et ouvriers). La quasi-totalité
des entreprises de la PQD ont signé des accords d'entreprise concernant
tout ou partie des catégories de salariés.
Par ailleurs, un accord de branche inter-catégoriel (hors journalistes)
a été signé en juin 1999 par le Syndicat de la presse
quotidienne régionale (SPQR) et cinq organisations de salariés
(CFDT, Fédération du Livre-FO, FTILAC-CFDT, SCJ-CFTC, CGC). En
outre, 25 accords d'entreprise ont été signés à ce
jour pour les employés, 26 pour les journalistes, 22 pour les cadres et
une dizaine pour les ouvriers.
Enfin, pour la presse quotidienne nationale, dès le second semestre de
l'année 1998, le Syndicat de la presse parisienne (SPP) a ouvert des
négociations par catégorie socio-professionnelle : ouvriers,
cadres, employés et journalistes. Ces discussions ont abouti à
des accords de branche, s'agissant des employés, des cadres
administratifs et des cadres techniques.
En ce qui concerne les journalistes, les négociations ont
été renvoyées au niveau des entreprises. On peut noter
qu'à l'exception de la société Presse Alliance,
éditrice de « France Soir », toutes les entreprises
ont signé des accords. Enfin, les négociations avec la
catégorie des ouvriers ont abouti à un accord collectif en date
du 26 octobre 2000.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le 13 novembre 2001, sous la présidence
de M.
Alain Lambert, président, la commission a procédé à
l'examen
des
crédits
de la
presse
, pour
2002
,
sur le rapport de M. Claude Belot
, rapporteur
spécial.
Après avoir rappelé les principaux chiffres qui
caractérisent les crédits d'aide à la presse, le
rapporteur spécial a insisté sur les questions qui
n'étaient pas, selon lui, vraiment réglées dans le projet
de loi de finances pour 2002 :
- le fonctionnement du Fonds de modernisation de la presse, dont les
crédits se montent à 28,993 millions d'euros, soit
190,2 millions de francs, doit être suivi avec attention, à
la fois parce que son champ d'intervention a été étendu
dans des conditions contestées à l'aide à la distribution
et parce que les reports en début d'exercice ont atteint
397 millions de francs, ce qui traduit la difficulté des
gestionnaires à faire coïncider l'aide aux attentes des journaux,
qui souhaitent une proportion plus forte de subventions par rapport aux
avances ;
- la situation de l'Agence France Presse - AFP - continue d'être
précaire en raison de l'absence de réforme de son statut et d'un
mode de fonctionnement où les gains issus du travail accompli sur le
terrain, par une poignée d'agents, étaient absorbés par
des coûts de structures trop élevés.
Il a également insisté sur la façon dont étaient
traités les services publics postal et ferroviaire, pour lesquels il lui
semblait qu'on ne compensait pas convenablement les tarifs
préférentiels accordés à la presse.
Enfin, en ce qui concerne le problème de la distribution et la situation
des Nouvelles messageries de la presse parisienne, le rapporteur spécial
a signalé toute la difficulté que le secteur rencontrait pour
préserver les principes d'égalité qui fondent la loi
Bichet de 1947, et pour mettre en place un système satisfaisant pour
toutes les catégories de presse, en raison des différences de
contraintes selon la périodicité et de la volonté de
certains titres de décentraliser leur impression. En tout état de
cause, il a rappelé qu'il était souhaitable de poursuivre
l'encouragement au portage qui, seul, assurait la distribution de la presse
dans des conditions de fiabilité et de précocité favorable
à la fidélisation du lectorat.
En réponse aux questions de
MM. Michel Sergent
et
Yvon
Collin,
M. Claude Belot, rapporteur spécial,
a, d'une
part, reconnu la situation de monopole où se trouvaient nombre de titres
de la presse quotidienne régionale et, d'autre part,
précisé que la presse avait plutôt développé
ses ventes à la suite des événements dramatiques du 11
septembre, mais qu'en revanche elle subissait un recul préoccupant de
ses recettes publicitaires.
A l'issue de cette présentation, le
président Alain
Lambert
a rappelé que la commission avait déjà
décidé de proposer au Sénat
le rejet des crédits
des services généraux du Premier ministre auxquels les
crédits d'aide à la presse sont rattachés
.