CHAPITRE TROIS
L'ACTION DE L'ÉTAT EN FAVEUR DES PUBLICS
PRIORITAIRES
Cet
agrégat regroupe les actions consacrées à l'insertion
professionnelle spécifique en faveur des jeunes, des publics en
difficulté et des travailleurs handicapés.
L'ensemble des crédits alloués à ces actions en 2002
s'élève à
7,76 milliards d'euros
(50,90 milliards de francs), en
baisse de près de 1 %
par rapport à l'année dernière, après une
diminution de 2,7 % en 2001. Ils représentent
46,2 % de l'ensemble
des dépenses du budget de l'emploi
(45,9 % en 2001).
I. LES ACTIONS MENÉES EN FAVEUR DES JEUNES
Ces crédits s'établissent à 3,41 milliards d'euros (22,40 milliards de francs) , soit une augmentation de 3,3 % par rapport à 2000.
A. LE RÉSEAU D'ACCUEIL ET TRACE8( * )
Le
réseau d'accueil des jeunes est composé des missions locales et
des permanences accueil-information-orientation (PAIO). Il est chargé de
définir et de mettre en oeuvre des parcours personnalisés
d'insertion au profit des jeunes en difficulté sociale ou
professionnelle.
Les subventions versées par l'Etat aux missions locales et PAIO
progressent en 2002 de 23,5 %, et s'établissent à
79,87
millions d'euros
(523,91 millions de francs)
en raison du
renforcement du réseau d'accueil des jeunes.
Les dysfonctionnements du réseau d'accueil, d'information et d'orientation des jeunes
Le
réseau d'accueil, d'information et d'orientation des jeunes est
constitué de deux types de structures, créées par
l'ordonnance du 26 mars 1982 : les permanences d'accueil, d'information et
d'orientation des jeunes (PAIO), portées par des organismes publics ou
privés préexistants, et les missions locales, associations
créées à l'initiative des communes pour assurer
spécifiquement cette mission. Partie prenante du service public de
l'emploi, ce réseau a pour mission d'accueillir et d'informer les jeunes
de 16 à 25 ans en difficulté, et à les accompagner
individuellement dans les différentes étapes de leur parcours
vers l'insertion. En avril 2000, il existait 254 PAIO et 352 missions locales,
employant plus de 8.000 personnes. 1.230.000 jeunes avaient été
accueillis au cours de l'année 1999. A l'échelon national, le
réseau est animé et contrôlé par la
délégation interministérielle à l'insertion des
jeunes (DIIJ), placée auprès du ministre de l'emploi et de la
solidarité.
1) L'organisation et le fonctionnement du réseau
La Cour des comptes constate un rapprochement progressif des deux types de
composantes du réseau, à tel point que, sur le plan juridique
comme en ce qui concerne leurs missions et leurs actions, «
leurs
différences se sont aujourd'hui estompées
». Si
l'Etat a incité l'évolution de la composition du réseau
par la mise en oeuvre «
à plusieurs reprises des plans de
réduction du nombre des PAIO et d'augmentation de celui des missions
locales
», «
leurs objectifs n'ont jamais
été atteints selon le calendrier prévu
», en
raison, essentiellement, des règles de financement
édictées par l'Etat lui-même. Par ailleurs, les composantes
du réseau présentent une
hétérogénéité relativement forte et, selon
la Cour des comptes, «
inévitable
», su fait
qu'elles résultent d'initiatives locales. Toutefois,
«
l'absence de « système de
référence »
[...]
est très regrettable et
nuit globalement à l'efficacité du réseau
».
Le financement du réseau, qualifié de
«
complexe
», est exclusivement assuré sur
des crédits publics. La Cour des comptes déplore l'insuffisance
de «
considérations rationnelles
» dans la
répartition des subventions de fonctionnement entre les structures, mais
aussi le manque de précision des conventions annuelles encadrant le
versement de ces subventions qui, dès lors, empêche
«
d'évaluer l'efficacité des structures
subventionnées à partir des résultats
présentés dans les rapports d'activité
».
Quant au concours apporté au réseau par les collectivités
territoriales, il «
est mal connu
». Dès
lors, la Cour des comptes considère que «
le coût
total du réseau, compte tenu de ces incertitudes, ne peut être
qu'estimé
» : en 1998, il atteignait environ 1.400
millions de francs, dont la plus grande partie provient des crédits du
fonds social européen (FSE). Surtout, la Cour estime que ce financement
«
est mal adapté aux missions du
réseau
» : qualifié d'
«
inégalitaire, complexe, instable et
tardif
», il «
n'est pas adapté et ne
favorise pas leur bonne gestion
».
La gestion du personnel du réseau, enfin, est également
très critiquable. Certes, «
les structures du réseau
se caractérisent par une grande
hétérogénéité, tant quantitative que
qualitative, de leurs moyens en personnels
». Mais
«
l'absence de ratio, même indicatif, relatif au nombre de
jeunes que devrait suivre un conseiller,
[...]
, ne facilite pas les
analyses sur l'adéquation des moyens aux missions
». De
surcroît, «
en matière de statut et de
rémunération, en l'absence de tout accord cadre régissant
le réseau, aucune consigne ni même aucun conseil n'ayant
été donnés sur ce sujet, chaque structure est, à ce
stade, libre d'agir à sa guise
». Enfin, une plus grande
professionnalisation des personnels souffre de l'inexistence de
«
définition des métiers, de profil de poste de
référence, ou de modèle d'organisation type des structures
du réseau précisant les missions à assurer
».
2) L'efficacité du réseau
L'efficacité du réseau est délicate à
évaluer. Le logiciel PARCOURS, qui permet d'assurer le suivi
informatisé des résultats du réseau, comporte un certain
nombre de défaillances, la Cour des comptes observant que
«
l'insuffisante précision des rubriques et l'absence de
contrôle quant à la manière dont sont saisies les
informations rendent difficilement utilisables ou peu fiables les tableaux
statistiques tirés de son utilisation
». Elle
conclut : «
les comparaisons des données entre
structures sont ainsi rendues malaisées, voire
impossibles
». La même appréciation peut être
portée sur les panels mis en place pour suivre chaque année
l'évolution de l'activité du réseau. La Cour estime ainsi
qu' «
il faudra probablement plusieurs années et la mise en
place d'un véritable système de contrôle avant de disposer
d'un ensemble d'informations fiables et cohérentes
».
En effet, la Cour des comptes considère que les données
collectées «
permettent de mesurer le niveau de
l'activité du réseau mais non d'en apprécier
l'efficacité au regard de la situation des jeunes
suivis
», et regrette que «
le suivi statistique des
actions menées par le réseau est très peu éclairant
au niveau national, en raison de modalités de saisie d'informations peu
homogènes
».
Elle va même jusqu'à s'interroger sur l'utilité de l'action
du réseau, notant que «
les informations disponibles
actuellement
[...]
ne permettent pas de porter un jugement objectif sur
l'efficacité, voire l'utilité, de l'action du réseau, ni
sur son évolution
».
3) L'animation et le contrôle du réseau par l'Etat
La Cour des comptes estime que «
l'animation du réseau ne
peut relever que de l'Etat
», précisant que
«
la DIIJ, en particulier, devrait à la fois jouer un
rôle d'appui aux structures du réseau, favoriser la diffusion des
leçons tirées des expériences, enfin être une force
de définition des objectifs et d'impulsion des actions
».
Elle regrette, à cet égard, que «
les constats faits
précédemment montrent que ses résultats restent
limités
». Elle porte également un regard critique
sur «
les insuffisances en matière de coordination et
d'animation comme l'hétérogénéité des
structures
», ce qui l'amène à s'interroger sur
«
le bien-fondé du terme de
« réseau » utilisé pour désigner cet
ensemble d'organismes, qui se connaissent peu et qui ont, dans certains cas,
plutôt tendance à cultiver leurs
différences
».
Enfin, la Cour des comptes juge insuffisant le contrôle exercé sur
le réseau : «
la DIIJ ne donne aucune orientation
concernant ces contrôles et n'est pas, en général,
informée de leurs résultats, alors que leurs conclusions
pourraient constituer d'utiles éléments d'information et de
pilotage du réseau. En tout état de cause, ces contrôles ne
sont guère nombreux
». Elle a également
observé que «
certaines règles comptables et de
financement n'étaient pas respectées sans que les services de
l'Etat aient réagi
».
Source : Cour des comptes, rapport public 2000.
Le programme TRACE, mis en place par la loi d'orientation du 29 juillet
1998 de lutte contre les exclusions, est un programme d'accompagnement
personnalisé vers l'emploi d'une durée maximum de 18 mois en
faveur des jeunes confrontés à de graves difficultés
sociales ou familiales ou d'accès à l'emploi, jeunes sortis du
système éducatif sans diplôme ou qualification (niveaux VI
et V bis). La réalisation du programme est confiée aux missions
locales et PAIO ainsi qu'à des opérateurs externes. 18,35
millions d'euros (120,37 millions de francs) sont prévus à ce
titre (+ 56,3 %).
En 2002, le programme TRACE deviendrait la principale mesure du «
nouveau » programme de lutte contre la pauvreté et
l'exclusion. Le nombre de jeunes dans le dispositif devrait être
porté de 60.000 en 2001 à 120.000 d'ici la fin de
l'année 2002. Dans ce cadre,
est créée une bourse
d'accès à l'emploi
pour les jeunes inscrits dans un parcours
TRACE, qui pourra être attribuée pendant les périodes du
parcours non rémunérées ni indemnisées au titre du
chômage. Cette bourse permettrait d'assurer des ressources d'un montant
mensuel de 300 euros (1.967,87 francs) ; elle serait versée dans la
limite de 900 euros (5.903.61 francs) par semestre, et de 1.800 euros
(11.807,23 francs) pour la totalité du parcours.
Une dotation de
76,22 millions d'euros
(environ 500 millions de francs)
est inscrite à ce titre au projet de budget 2002.
B. LES EMPLOIS-JEUNES
Le
projet de loi de finances pour 2002 prévoit l'inscription de
3,23 milliards d'euros
(21,19 milliards de francs)
correspondant au financement de la loi du 16 octobre 1997, soit, pour la
première fois depuis le lancement du programme, une
diminution des
crédits, de 0,9 %
(après + 3,1% en 2001).
L'Etat fournit une aide par emploi égale à 80 % du SMIC
charges sociales comprises - soit 15.551,32 euros (102.010 francs) au
1
er
juillet 2001 - pour des contrats de droit privé conclus
avec des associations ou des collectivités locales, en vue de
répondre à des besoins non satisfaits ou émergents. Cette
aide atteint 100 % pour les emplois jeunes recrutés directement par
le ministère de l'éducation nationale, et par celui de
l'intérieur.
Depuis son lancement, ce programme a concerné, au 30 juin dernier,
328.000 jeunes. Le gouvernement a pour objectif de porter à 360.000
à la fin 2002 le nombre des jeunes qui auront
bénéficié du dispositif depuis sa création.
Le 6 juin dernier, il a présenté un plan de « consolidation » du programme. 10.000 entrées supplémentaires sont ainsi inscrites au projet de budget, soit une mesure nouvelle de 47,57 millions d'euros (312,04 millions de francs), même si ces mêmes crédits sont réduits de 175,33 millions d'euros (1,15 milliard de francs) au titre d'un « ajustement aux besoins ».
C. LES EMPLOIS DE VILLE
Étant considéré comme devant être absorbé par le programme plus général des emplois jeunes 9( * ) , le dispositif des emplois de ville voit ses crédits régulièrement diminuer. Ils s'établissent ainsi à 6,71 millions d'euros (44,01 millions de francs) en 2002, en baisse de près de 38 %.