B. L'ÉROSION, EN EUROS CONSTANTS, DU BUDGET DU MINISTÈRE DE LA RECHERCHE
1. Aperçu de l'évolution globale des crédits et de leur ventilation
Le
tableau suivant rend compte de l'évolution des dépenses :
- consacrées, d'une part, aux actions propres du ministère ;
- effectuées, d'autre part, par les différents organismes de
recherche (établissements publics à caractère scientifique
et technique, « EPST », ou industriels et commerciaux,
« EPIC », fondations et groupements d'intérêt
public).
Globalement, l'augmentation du budget du ministère n'est que de 1 %
à structure constante
2(
*
)
. Elle est donc nettement
inférieure à celle du BCRD, les AP progressant, il est vrai, de
6,7 %.
Elle est également moindre que la hausse des prix prévue
(+ 1, %).
2. Des moyens propres limités
Le
budget du ministère de la recherche mobilise, comme indiqué plus
haut, plus de 70 % (72 %) du BCRD.
Mais 91 % des crédits correspondants sont distribués aux
différents organismes publics de recherche.
Les moyens propres du ministère ne représentent ainsi que moins
de 10 % de son budget et concernent un nombre très limité de
chapitres :
Titre
III - Fonctionnement
Ch. 34-98 - moyens de fonctionnement 8,5 M€
(services centraux et délégations régionales)
Titre IV - Interventions
Ch. 43-01 - actions d'incitation, d'information
et de communication 33 M€
Ch. 43-80 - formation à/et par la recherche
(allocations, bourses, conventions avec les entreprises
type CIFRE et CORTECHS) 255,2 M€
Titre V - Investissements
Ch. 56-06 - Etudes, actions en faveur de l'information
et de la culture scientifique et technique 1,2 M€
Titre VI - Subventions d'investissement
Ch. 66-04 - Soutien à la recherche et à la technologie
(y compris FRT
3(
*
)
) 106,7
M€
Ch. 66-05 FNS - (Fonds national pour la science) 114,3 M€
Ch. 66-06 Information et culture scientifique
et technique mémoire
En
outre, la majeure partie (plus de 70 %) des fonds d'intervention du
ministère (FNS et FRT) bénéficie, en fait, à des
laboratoires publics, au titre du soutien à des disciplines ou à
des actions concertées prioritaires.
Les augmentations de crédits les plus significatives concernent :
- les allocations de recherche (+ 14,6 M€ soit 7,24 %) en faveur des
thésards, à l'article 10 du chapitre 43-80, qui passent
ainsi de 7 400 F à 7 807 F brut par mois ;
- les autorisations de programme du FNS (+ 12 %) qui atteignent le
même niveau que celles du FRT (soit 150 M€, c'est-à-dire
un milliard de francs).
On note que les moyens de fonctionnement de l'administration centrale et des
délégations régionales à la recherche et à
la technologie (DRRT) ont été transférés en 2001,
comme il est logique, du fascicule « enseignement
scolaire » (hors BCRD) vers le budget de la recherche.
3. Evolution des dotations des organismes scientifiques
a) L'inertie des dépenses des principaux établissements
Le
tableau qui précède rend compte tout à la fois du
morcellement de la recherche publique française et du poids
particulièrement important de certains organismes.
Ensemble, et par ordre de subventions décroissant, le CNRS, le CNES,
l'INRA, le CEA et l'INSERM mobilisent, en effet, près de 80 % de ce
budget (77,6 %) et 85,3 % de l'agrégat « organismes
de recherche ».
Les EPST (3,6 M€ + 1,4 %) sont mieux lotis en 2002 que les EPIC
(2 M€ - 0,2 %) mais disposent, il est vrai, de ressources
propres généralement plus élevées.
Dans l'ensemble, les subventions de l'Etat représentent, en effet,
87 % des ressources des EPST (et le personnel 70 % de leurs
dépenses). Or, ces pourcentages n'atteignent, respectivement, que
66 % et 30 % pour les EPIC.
b) Principales tendances pour 2002
Les
priorités essentielles affichées par le ministère pour
2002 concernent, sur le plan thématique, les sciences du vivant, les
NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) et
l'environnement.
Transversalement, sont privilégiés l'emploi scientifique (et
celui des jeunes chercheurs en particulier) ainsi que les moyens de
fonctionnement et d'investissement de la recherche publique.
Certaines des évolutions retracées dans le tableau qui
précède sont cohérentes avec ces intentions (augmentation
globale de 6,1 % des AP, progression des subventions accordées
à l'INSERM : + 3,6 % ou l'INRIA : + 10,7 %).
D'autres correspondent à des rattrapages ponctuels, en phase cependant,
avec l'importance accordée aux recherches environnementales (recherches
polaires ou sur la mer menées par l'IFRTP et l'IFREMER).
Les 463 créations d'emplois prévues en 2002, profitent, en
premier lieu, aux organismes spécialisés dans les recherches
prioritaires.
|
Chercheurs |
IT |
Total |
- INRIA |
50 |
60 |
100 |
- INSERM |
15 |
65 |
80 |
- INRA |
11 |
89 |
100 |
- CNRS 4( * ) |
20 |
120 |
140 |
- IRD |
2 |
18 |
20 |
- INED |
2 |
2 |
4 |
- CEMAGREF |
- |
4 |
4 |
- INRETS |
- |
5 |
5 |
TOTAL |
100 |
363 |
463 |
Le tableau suivant extrait du « bleu » de la recherche, montre cependant que la répartition des dépenses des organismes de recherche (y compris celles financées par le FNS, le FRT ou des crédits d'autres budgets) privilégie davantage les sciences du vivant et de l'information que l'environnement.
Répartition par thème des moyens
budgétaires
des organismes de recherches
(en milliers d'euros)
|
2001 |
2002 |
Variation |
Sciences du vivant |
1 687 |
1 718 |
+ 1,8 |
Nouvelles technologies d'information et de communication |
358 |
375 |
+ 4,7 |
Environnement, Sciences de la planète |
500 |
508 |
+ 1,6 |
Energie, transports |
558 |
560 |
+ 0,3 |
Espace |
1 175 |
1 176 |
+ 0 |
Mathématiques, physique |
489 |
501 |
+ 2,4 |
Chimie |
134 |
136 |
+ 1,5 |
Sciences humaines et sociales |
492 |
503 |
+ 2,2 |
R & D en faveur du développement |
161 |
163 |
+ 1,2 |
Autres thématiques (non ventilées) |
71 |
70 |
- 1,4 |
TOTAL |
5 625 |
5 710 |
+ 1,5 |
En
effet, la progression prévue des dépenses est :
- à peine supérieure (+ 1,6 %) à celle du total pour
la ligne « environnement, sciences de la planète » ;
- nettement inférieure (+ 0,3 % au ,lieu de + 1,5 %) pour la
ligne énergie-transports.
Les sciences humaines, les mathématiques et la physique sont mieux lotis
et l'espace, malgré la stagnation de ses crédits, continue de
peser lourd dans l'ensemble.
c) Remarque sur la gestion antérieure des crédits
Le
financement d'actions concertées incitatives (ACI) au profit, notamment
d'équipes de jeunes chercheurs, ou de réseaux, en particulier le
réseau des génopôles, donne lieu à de très
nombreux transferts en cours d'exercice à destination des organismes
scientifiques, avec le concours d'autres ministères.
Cela ne facilite évidemment pas le suivi de l'exécution des
dépenses.
Plus généralement, le découpage des documents
budgétaires en sections et parties altère leur lisibilité.
Concernant la couverture des AP par les CP, leur appréciation est rendue
difficile par le fait qu'il faut distinguer le « soutien des
programmes », pour lequel les montants des AP et CP ouverts dans
chaque loi de finances sont identiques, des « autres autorisations de
programmées », financées avec un
échéancier triennal de versement de CP.
L'écart entre AP et CP tend à se réduire pour les
incubateurs et le FRT (dont les subventions, lorsqu'elles sont modifiées
en fin d'année, donnent lieu inévitablement à, des
reports.)
Il demeure important pour certains organismes de recherche tels le CEA
(360 M€ environ), l'ADEME, le CNRS, l'INSERM, l'INRA et le CNES (dont
la situation, liée à des retards de paiement de la contribution
française à l'Agence spatiale européenne devrait
être normalisée en 2002).
Plutôt que de procéder à un rattrapage, par l'ouverture, au
titre des services votés, de CP correspondant aux AP non
consommées, l'administration préfère apurer le
passé en annulant les AP anciennes, dites
« dormantes », qui, n'ayant pas fait l'objet d'engagements
juridiques, ne requièrent pas de moyens de paiement.
Cette solution semble effectivement, de loin, préférable.