d) Un soutien encore balbutiant de la part des pouvoirs publics
Les politiques publiques en général peinent encore à accompagner la mutation démographique et sociale que constitue la coexistence de quatre générations.
Ainsi, l'allongement de la cohabitation avec les parents remet en cause les frontières de la politique familiale traditionnelle : la fin du droit aux prestations familiales lorsque les enfants atteignent l'âge de vingt ans semble souvent brutale aux familles pour qui la charge représentée par un jeune majeur est finalement plus lourde que celle d'un jeune enfant.
Et lorsque la solidarité familiale est absente, ces jeunes adultes ne trouvent pas, ou difficilement, du côté de la solidarité collective le soutien qu'ils sont en droit d'espérer, car l'accès aux prestations sociales est soumis soit à une condition d'âge minimum, soit à des conditions d'activité antérieure, ce qui les exclut souvent en pratique de leur bénéfice.
La politique familiale s'adapte cependant progressivement : ainsi, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2003 a prévu le maintien pendant un an d'un droit réduit aux allocations familiales lorsque le benjamin d'une famille de trois enfants atteint l'âge de vingt ans. De même, pour favoriser la prise d'autonomie des jeunes, la loi de finances pour 2006 a autorisé les parents à déduire de leur revenu imposable les salaires perçus (dans la limite de 2 Smic) par leurs enfants dans le cadre de jobs d'été.
Des mesures ont également été prises pour aider les jeunes et leurs familles à accéder au logement : depuis 2001, les avances et les garanties Locapass, financées par le « 1 % logement » et qui permettent de financer le dépôt de garantie et assurent une garantie contre les impayés de loyer, sont accessibles aux personnes âgées de moins de trente ans, en situation ou en recherche d'emploi, en formation ou en stage, ainsi qu'aux étudiants boursiers.
S'agissant de la reconnaissance du rôle des aidants familiaux auprès des personnes malades, âgées ou handicapées, les pouvoirs publics sont là encore restés longtemps en retrait, jusqu'à la contribution décisive apportée par la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances des personnes handicapées.
Jusqu'à cette date en effet, les mesures prises en faveur des aidants familiaux se limitaient à la création de structures d'accueil temporaire, encore appelées structures de « répit », destinées à accueillir la personne âgée ou handicapée, à la journée ou à la demi-journée, ou encore pour un court séjour en cas de maladie de l'aidant, d'indisponibilité ou de besoin de repos.
Mais ces structures souffrent pour l'instant d'une politique tarifaire inadaptée : devant l'exigence constante des financeurs de maintenir un taux d'occupation proche de 100 %, les places d'accueil temporaire se transforment vite en places d'accueil permanent, privant ainsi les familles d'une soupape de sécurité pourtant bien nécessaire.