IV. LE SOLDE DES FLUX FINANCIERS
A. DONNEES D'ENSEMBLE
Solde par Etat membre en 1995 selon la Cour des comptes européenne
Etat membre |
Recettes effectives 95 |
Dépenses réparties 95 |
Solde 1995 |
Solde 1994 |
Solde 1993 |
ECU/hbt |
||
(Mécus) |
% |
(Mécus) |
% |
(Mécus) |
(Mécus) |
(Mécus) |
1995 |
|
Belgique
|
2.680,1
|
4,0
|
2.368,9
|
3,8
|
- 311,2
|
- 309,3
|
60,0
|
- 30,8
|
non réparti |
4.793,2 |
|||||||
Total |
67.827,6 |
100,0 |
63.041,3 |
100,0 |
||||
Source : Relations financières avec l'Union européenne. PLF pour 1990 |
Au vu de l'évolution de leurs soldes respectifs, les
pays peuvent être regroupés dans des ensembles distincts :
- Les pays les moins prospères (Espagne, Portugal, Irlande et
Grèce) sont bénéficiaires nets du budget communautaire.
Leur solde a progressé très rapidement sous l'influence de la
mise en oeuvre des fonds structurels. Le cas de ces pays illustre le
caractère redistributif du budget communautaire utilisé comme
vecteur de la cohésion économique et sociale ;
- A l'inverse, onze pays sont contributeurs nets.
Rapportés au nombre d'habitants, les soldes montrent que pour certains
pays, l'influence des transferts financiers réalisés via le
budget communautaire sur le niveau de revenu par habitant est importante. Il en
va ainsi pour les Etats dont le niveau de revenu par habitant est sensiblement
inférieur à la moyenne européenne.
Le débat sur la hiérarchie des Etats membres
selon leur
position de contributeur net ou, au contraire, de bénéficiaire
net a pris ces derniers mois une importance considérable comme en
témoignent les déclarations faites sur ce thème par les
responsables allemands.
Il s'agit pourtant d'une approche fondamentalement
non-européenne.
Le budget européen étant censé
construire l'Europe, la vraie question est de savoir si cet objet est poursuivi
efficacement et non de savoir si chacun "récupère" ce qu'il a
versé.
Par ailleurs, l'approche par le solde de chaque Etat membre ignore qu'une
partie importante des dépenses européennes ne peut être
répartie entre Etats.
Techniquement, cette somme s'élevait
à 7,2 milliards d'écus en 1994 et à
4,8 milliards d'écus en 1995 soit respectivement, 12 % et
7,6 % du total des dépenses européennes ces deux
années-là.
Mais, en réalité, le montant des dépenses
concernées est évidemment beaucoup plus élevé que
celui des seules dépenses non-réparties entre les Etats. Si le
budget européen ne retraçait bien que des dépenses
fondées sur le principe de subsidiarité, on devrait même
estimer que toutes les dépenses européennes devraient,
plutôt que d'être considérées comme autant de
versements à tel ou tel Etat, être comprises comme autant de
dépenses pour l'Europe.
Sous réserve de ces observations de principe, on peut néanmoins,
à l'analyse des soldes par Etat membre, mesurer les transferts
financiers que recèle la mécanique budgétaire
européenne.
Une observation préliminaire de méthode s'impose
cependant.
Les soldes tels qu'ils sont présentés dans le
tableau ci-dessus sont établis sur la base des versements effectifs. Ils
ne sont pas comptabilisés en droits constatés. Or, on l'a dit, il
existe un important écart entre les crédits budgétaires et
les dépenses réelles au terme duquel le "reste à liquider"
sur certains crédits, au tout premier chef sur les crédits
d'actions structurelles, atteint des montants considérables. En
conséquence, les soldes ici examinés devraient être
corrigés des droits constatés au titre de ces paiements
reportés. Dans ces conditions, les Etats appelés à
bénéficier des crédits d'actions structurelles
relativement plus que les autres verraient leurs soldes améliorer. A cet
égard, on sait que la France est appelée à
bénéficier d'une proportion des dépenses structurelles
sensiblement plus faible que d'autres Etats dont, en particulier, l'Allemagne.
Ainsi, l'écart entre les soldes respectifs de la France et de
l'Allemagne serait-il moins grand si on les corrigeait en prenant en compte les
paiements à venir sur les restes à liquider.
Néanmoins, une donnée ne peut être occultée :
l'importance de la contribution nette de l'Allemagne qui atteint près de
8 fois celle de notre pays. Elle exerce naturellement une influence certaine
dans les négociations européennes et devrait tout
particulièrement compter lors de la préparation des futures
perspectives financières.
A ce sujet, nul ne doit cependant se dissimuler que l'élargissement de
l'Union se traduira par une évolution substantielle des transferts
financiers entre Etats européens.
Pour le reste, l'évolution des soldes démontre une certaine
volatilité due à la variation des conditions économiques
d'ensemble et des secteurs d'intervention du budget communautaire, de
l'agriculture en particulier. Mais elle apporte aussi la démonstration
de la sensibilité de la contribution de chaque Etat à sa
situation monétaire et, notamment, à l'évolution du taux
de change de sa devise contre écu.
Ce facteur de variation disparaîtra à l'avenir pour les pays qui
auront adopté l'euro. En revanche, les Etats qui, dans
l'immédiat, ne l'adapteront pas verront leur contribution varier en
fonction de la fluctuation du cours de leur monnaie contre l'euro.
On peut illustrer l'ampleur de cet aléa en indiquant que moyennant une
dépréciation du franc contre écu de 10 % notre
contribution en 1998 devrait être réestimée de l'ordre de
9 milliards de francs.