2. ... qui ménage quelques souplesses
L'accord interinstitutionnel ménage
deux
procédures permettant de faire évoluer la programmation à
moyen terme
des crédits d'engagements du budget communautaire.
·
L'adaptation annuelle
des perspectives
financières qui regroupe :
-
Les ajustements techniques
opérés en amont de la
procédure budgétaire
afin de tenir compte de la croissance du
PNB et des prix
.
Ils supposent, d'une part, de calculer la ligne directrice agricole qui
constitue le plafond de la rubrique 1 "Politique agricole commune".
Celle-ci
est actuellement indexée sur l'indice des prix majoré de 74 % du
taux de croissance réelle.
Ils supposent, d'autre part, de réévaluer les plafonds des
autres rubriques en tenant compte de la croissance du PIB telle
qu'estimée pour l'année à venir et de la dérive des
prix telle qu'elle est prévue.
Ces ajustements sont effectués par la Commission et communiqués
au Parlement et au Conseil.
-
Les adaptations liées aux conditions d'exécution
consistent à adapter le montant total des crédit de paiement en
fonction du rythme de consommation des crédits d'engagement.
Les
attributions de la Commission dans ce domaine varient selon la nature des
dotations concernées.
Généralement, ces propositions
doivent recueillir l'agrément du Conseil et du Parlement qui statuent
à la majorité qualifiée pour l'un et, pour l'autre,
à la majorité des membres qui le composent et des trois
cinquièmes des suffrages exprimés. Cependant
, s'agissant des
crédits relatifs aux fonds structurels et aux fonds de
cohésion
, la Commission est forte de l'engagement consenti par le
Conseil et le Parlement à l'occasion de l'accord interinstitutionnel du
29 octobre 1993 d'autoriser
le transfert sur les années
ultérieures des dotations non utilisées au cours de l'exercice
précédent, même si ce transfert a pour effet d'augmenter
les plafonds correspondants des dépenses.
·
La révision des perspectives
financières
Elle vise à "
faire face à la nécessité
d'engager des actions non prévues à l'origine dans le respect du
plafond des ressources propres
"
L'accord interinstitutionnel précise "qu'
en règle
générale, une telle proposition de révision doit
être adoptée avant le début de la procédure
budgétaire pour l'exercice ou le premier des exercices concernés
par cette révision
."
Les règles de majorité sont celles indiquées plus haut
à l'occasion de la présentation de la procédure
"d'adaptation liées aux conditions d'exécution
.
"
Il existe en réalité plusieurs "architectures" possibles de
révision des perspectives financières
.
Une règle impérative est posée. Comme on l'a vu,
les
révisions doivent respecter le plafond des ressources propres
.
En revanche, et l'hypothèse n'est pas purement théorique compte
tenu du fait que les plafonds des crédits d'engagement sont
inférieurs au plafond des ressources propres, les révisions
financières peuvent conduire à une augmentation des plafonds des
crédits d'engagement supérieure à ce qu'autorisent les
ajustement techniques examinés plus haut.
L'accord interinstitutionnel de 1993 édicte
quelques principes
devant guider l'exercice de révision.
Il fait d'abord
deux recommandations
qui sont les suivantes :
- il s'agit d'abord de rechercher, si au sein d'une même rubrique, il
existe des possibilités de
réaffectation des dépenses
entre les programmes
qu'elle regroupe sur la base en particulier des
sous-exécutions de crédits escomptables ;
- il s'agit, d'autre part, de rechercher les possibilités de compenser
le relèvement du plafond d'une rubrique par la réduction du
plafond d'une autre rubrique.
Il pose ensuite
deux règles
:
·
aucune révision au titre des dépenses
obligatoires ne peut entraîner une réduction du montant disponible
pour les dépenses non obligatoires ;
·
toute révision doit assurer le maintien d'une
relation ordonnée entre engagements et paiements
.
La Commission avait présenté en 1996 une proposition de
révision des perspectives financières. Le Sénat
s'était opposé à ce projet et avait demandé au
gouvernement de refuser fermement la proposition présentée par la
Commission. Celle-ci n'a d'ailleurs pas reçu l'aval du Conseil.
Cet épisode démontre amplement qu
'il est capital que nous
nous mobilisions mieux dès maintenant pour être dans les
meilleures conditions pour influer sur la manière dont seront
conçues le prochaines perspectives financières du budget
européen
. Il s'agit en effet pour l'avenir de l'Europe d'un
rendez-vous essentiel.
Les prochaines perspectives financières
Les perspectives financières appelées à
succéder à la programmation actuelle dont le terme arrive
à échéance fin 1999 devraient couvrir les années
2000-2006. Il s'agit d'un rendez-vous décisif pour l'Europe et le
Sénat doit s'associer au processus de négociation dont l'une des
premières dates importantes est celle du 12 décembre de
l'année en cours, le Conseil européen de Luxembourg devant tracer
les grandes orientations des futures perspectives financières de la
Communauté.
Une première étape a été franchie avec la
présentation par la Commission au mois de juillet de ses propositions
dites "
Agenda 2000
".
Le document de la Commission inscrit la future programmation financière
dans le cadre d'un plafond des ressources propres des Communautés de
1,27 % du PNB, inchangé par rapport au plafond théorique
pour 1999. Selon la Commission, il devrait en résulter un
supplément de ressources d'environ 20 milliards d'écus en
fin de période du fait d'une hypothèse de croissance en volume de
2,5 % par an dans les 15 Etats-membres de 4 % chez les pays qui
devraient adhérer vers le milieu de la période de programmation.
Ce supplément de recettes serait insuffisant pour couvrir les dotations
prévues en matière agricole et d'actions structurelles qui
évolueraient comme indiqué dans les deux tableaux ci-dessous.
Rubrique 1 : Evolution des dépenses agricoles
Prix courants
(en milliards d'écus)
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
|
Ligne directrice (prix courants)* |
45,0 |
46,7 |
48,5 |
50,6 |
52,6 |
54,7 |
56,9 |
59,2 |
Dépenses agricoles (prix courants) |
44,0 |
45,9 |
49,7 |
52,1 |
53,2 |
53,9 |
54,5 |
|
Communauté à
Quinze
|
41,7 |
41,6
|
43,4
|
45,4
|
47,3
|
47,9
|
47,9
|
47,9
|
Nouveaux Etats membres
|
0,0
|
0,0
|
1,1
|
1,2
|
1,2
|
1,3
|
1,4
|
|
Aide pré-adhésion** |
0,5 |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
|
Marge |
2,7 |
2,6 |
0,9 |
0,5 |
1,5 |
3,0 |
4,7 |
** Soit 500 millions à prix constants de 1997.
Source : Commission des Communautés européennes. Agenda 2000
Rubrique 2 : Evolution des dépenses au titre des
actions structurelles
Prix 1997
(en milliards d'écus)
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
|
Communauté à quinze
|
31,4 |
31,3 |
32,1 |
31,3 |
30,3 |
29,2 |
28,2 |
27,3 |
Fonds de cohésion |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
2,9 |
Nouveaux Etats membres* |
0,0 |
0,0 |
3,6 |
5,6 |
7,6 |
9,9 |
11,6 |
|
Aide pré-adhésion |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
1,0 |
|
Total |
34,3 |
35,2 |
36,0 |
38,8 |
39,8 |
40,7 |
41,7 |
42,8 |
Source : Commission des Communautés européennes. Agenda 2000
Le supplément de dépenses au titre de ces deux
rubriques s'élèverait en 2006 à 21,3 milliards
d'écus soit un niveau supérieur de 28 % -laissant
apparaître une croissance de 3,6 % l'an- par rapport au niveau
atteint en 1999 et se décomposant en 8,5 milliards de
dépenses structurelles supplémentaires et 12,8 milliards de
dépenses agricoles de plus.
La dynamique des dépenses agricoles avec une progression de 3,9 %
par an serait plus vive que celle des dépenses structurelles dont la
croissance serait limitée à 3,2 % en moyenne annuelle.
L'essentiel de ces suppléments de dépenses -18,7 milliards
d'écus- proviendrait des effets de l'adhésion de nouveaux
Etats-membres qui supposerait 15,7 milliards d'écus de
dépenses supplémentaires en 2006 et de l'aide aux pays en phase
de pré-adhésion avec, en 2006, 3 milliards d'écus
prévus à leur bénéfice. Le détail des
simulations du coût budgétaire de l'élargissement de
l'Union entre 1999 et 2006 est rappelé ci-dessous.
Aide pré-adhésion et dépenses
liées à l'adhésion de nouveaux Etats-membres
Prix 1997
(en milliards d'écus)
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
|
Total de l'aide pré-adhésion |
1,3 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
Rubrique 1
|
1,3 |
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
0,5
|
Autres pays candidats**
|
0,5
|
1,2
|
1,2
|
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
3,0 |
Montants pour les nouveaux Etats membres |
5,8 |
8,2 |
10,8 |
13,3 |
15,7 |
|||
Rubrique 1***
Rubrique 2 Rubrique 3 |
1,5
|
1,9
|
2,4
|
2,9
|
3,3
|
** La répartition de 1999 à 2001 est purement indicative.
*** Données transformées à prix 1997 pour la comparaison. Seules les estimations à prix courants sont pertinentes.
Source : Commission des Communautés européennes. Agenda 2000
Il en ressort que les dépenses en faveur des
15 Etats-membres actuels progresseraient de 1,3 % l'an contre une
évolution de l'ensemble des dépenses de 3,5 %.
Un jugement complet sur ces perspectives serait prématuré.
Votre commission des finances est très attachée à ce que
l'information du Sénat soit sur ce point la plus exhaustive qui se
puisse. C'est pourquoi son rapporteur spécial s'attachera au cours des
mois à venir à présenter tous les éléments
permettant à la Haute-Assemblée de s'associer au processus de
décisions en cours, décisif pour la construction
européenne.