C. LA CHARGE BUDGÉTAIRE DE LA DETTE EN 1998
1. Une diminution de la charge brute
Si l'on s'en tient aux comparaisons en lois de finances initiales, on constate que les crédits consacrés à la charge brute de la dette s'élèvent à 248,3 milliards de francs ce qui correspond à une diminution de près de 2 milliards de francs.
2. Une progression de la charge nette
Cette évolution doit être tempérée
par celle des "recettes d'ordre" liées à la dette, qui diminuent
fortement en 1998, notamment du fait de la diminution des taux
d'intérêt.
1997
|
1998
|
|
Rémunérations du compte du Trésor à la Banque de France et des pensions sur titres d'Etat |
|
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Recettes sur coupons courus lors d'émissions d'OAT |
9.247 |
8.094 |
Recettes sur coupons courus lors d'émission de BTAN |
6.563 |
4.305 |
Recettes du fonds de soutien des rentes |
|
|
Autres recettes |
21 |
21 |
Total |
17.981 |
13.813 |
Ces dépenses diminuent fortement en 1998 du fait de la
réduction du volume d'émissions et de la baisse des taux
d'intérêt.
En définitive, la charge nette de la dette s'élève
à
234,84 milliards de francs
, en 1998, en progression de
2,2 milliards de francs.
Toutefois, les comparaisons entre loi de finances initiales ne sont pas
significatives, étant donné l'ampleur des annulations
opérées par le projet de collectif pour 1997.
a) La charge brute de la dette révisée pour 1997
Pour 1997, la charge brute de la dette révisée par le collectif de fin d'année devrait s'établir à 240 milliards de francs , à l'issue de l'arrêté d'annulation du 19 novembre 1997 associé au projet de loi de finances rectificative.
(en milliards de francs)
Charge brute de la Dette |
LFI 1997 |
Collectif 1997 |
Crédits révisés 1997 |
Chapitre 11-05
|
165,168 |
- 3,419 |
161,749 |
Chapitre 11-06
|
73,965 |
- 6,528 |
67,437 |
Chapitre 12-01
|
8,207 |
- 0,306 |
7,901 |
Chapitre 12-02
|
0,712 |
+ 0,024 |
0,736 |
Chapitre 12-03
|
1,614 |
+ 0,018 |
1,632 |
Chapitre 12-05
|
0,556 |
- 0,009 |
0,547 |
Chapitre 12-07
|
0,049 |
-
|
0,049 |
TOTAL |
250,222 |
- 10,22 |
240,051 |
b) Les recettes d'ordre révisées pour 1997
Pour obtenir la
charge nette
révisée
de la dette en 1997, on doit soustraire de la
charge brute ainsi modifiée l'évaluation des recettes
liées à la dette révisées par le projet de loi de
finances rectificative : ces recettes sont diminuées de
2,889 milliards de francs et s'élèvent donc à
17,981 - 2,889 = 15,092 milliards de francs.
Au total, la charge nette révisée de la dette en 1997
s'élève à
238,094 - 15,092 =
224,959 milliards
de francs
. La progression de cette charge nette en 1998 est donc de
9,881 milliards de francs, soit + 4,4 % : cette progression
s'accélère par rapport à 1997 où elle avait
représenté 6,5 milliards de francs.
c) L'effet de la baisse des taux
La baisse des taux d'intérêt amorcée depuis 1995 explique la révision à la baisse des crédits en 1996 comme en 1997, portant essentiellement sur la charge de la dette à court terme. Alors que les évaluations des lois de finances pour 1995 et 1996 étaient basées sur des prévisions de taux courts supérieures à 5 %, ceux-ci ont amorcé une baisse à la fin de l'année 1995 qui les a ramenés aux alentours de 3,2 % au début de l'année 1997. Les taux à moyen et long terme ont suivi une évolution comparable.
Evolution des taux des OAT
Janvier 1995 |
Avril 1995 |
Janvier 1996 |
Juillet 1996 |
Janvier 19987 |
8,14 |
7,68 |
6,43 |
6,40 |
5,65 |
D'après les informations fournies à votre rapporteur, l'effet de la baisse des taux peut se mesurer de la façon suivante : une variation de 1 % de l'ensemble des échéances de taux en début d'année n est évaluée à 12 milliards de francs à partir de l'année n+1.
d) Un raccourcissement de la durée de vie moyenne de la dette
La gestion de la dette opère évidemment des
arbitrages entre la sécurité procurée par des
échéances longues, et le bénéfice possible
tiré des taux d'intérêt à court terme devenus
très attractifs : 3,32 % pour le taux du marché au jour
le jour en octobre 1997.
Toutefois, l'Etat ne peut se permettre de se porter massivement sur les
compartiments de court terme, car son poids sur le marché fait de lui un
élément déterminant dans la fixation des taux
eux-mêmes.
On constate tout au plus que depuis 1994, un certain
rééquilibrage au profit des compartiments de court terme a pu
être opéré, à partir de la mesure de la durée
de vie moyenne de la dette.
Durée de vie moyenne de la dette négociable en
fin d'année
1990 |
5 ans et 172 jours |
1991 |
5 ans et 324 jours |
1992 |
6 ans et 139 jours |
1993 |
6 ans et 187 jours |
1994 |
6 ans et 176 jours |
1995 |
6 ans et 95 jours |
1996 |
6 ans et 47 jours |
30 septembre 1996 |
5 ans et 356 jours |
30 septembre 1997 |
5 ans et 361 jours |
*
* *
Au vu de l'ensemble de ces données, on peut
considérer que le bénéfice de la baisse des taux
d'intérêt a déjà été engrangé.
Cette estimation est confortée par les hypothèses de taux
associées aux projets de loi de finances, fortement revues à la
baisse pour 1998 :
Taux d'intéret |
1997 |
1998 |
Court terme (BTF) |
4 % |
3,5 % |
Moyen terme (BTAN) |
5,5 % |
4,45 % |
Long terme (OAT) |
6,5 % |
5,75 % |
Ce n'est donc, désormais, qu'au prix d'une réduction drastique des déficits que la charge budgétaire de la dette pourra diminuer.