C. LE BILAN DES ENTREPRISES DE L'AGRO-ALIMENTAIRE

1. Le résultat des entreprises du secteur agro-alimentaire

Avec plus de 4.000 PME et 29 groupes qui figurent parmi les 100 premiers européens, le secteur agro-alimentaire français est à la fois important et très atomisé.

Le chiffre d'affaires dégagé par l'ensemble de ces entreprises en 1996 s'élève à 757 milliards de francs , soit 17 % de l'ensemble du chiffre d'affaires industriel national. En 1996, le chiffre d'affaires a progressé de 1,5 % contre 4 % en 1995 et 1,9 % en 1994. L'amélioration des résultats courants des entreprises est très nette en 1996 avec + 3,8 %.

Les entreprises de l'agro-alimentaire ont manifestement su s'adapter au nouvel environnement économique. Ainsi, la plupart des grands groupes ont développé une stratégie consistant à ne conserver que les marques les plus fortes, représentant ainsi en moyenne 40 % de l'assortiment des produits dans les grandes surfaces.

Par ailleurs, ils ont restructuré leur outil industriel et donné la priorité à l'internationalisation.

Au cours des trois dernières années, les accords interentreprises recensés restent à un niveau élevé, autour de 185 par an, mais force est de reconnaître :

- d'une part, que les accords ont souvent pour origine les difficultés financières d'une entreprise (cas de la reprise d'ORTIZ-MIKO en 1994 par UNILEVER, ou d'un secteur (cas de conserveries de tomates, de fruits, de champignons).

- d'autre part, que de plus en plus rares sont les opérations marquantes pour tout un secteur d'activité ; la période des grandes restructurations qui ont marqué la période 1975-1985 semble terminée ; il est significatif que les entreprises qui occupent aujourd'hui en France la tête dans leur secteur d'activité sont soucieuses de se développer, soit vers les pays de l'Est, soit vers l'Asie du Sud Est ou les pays du Mercosur.

Cette évolution, qui s'explique par la stagnation du marché de l'Union européenne, maintient le secteur agro-alimentaire en position de faiblesse vis-à-vis de la grande distribution qui ne cesse de se concentrer.

La grande partie des entreprises de l'agro-alimentaire ont continué, par ailleurs, à chercher leur croissance à l'export. Votre rapporteur pour avis rappelle que ces dix dernières années, le commerce mondial des produits agro-alimentaires a crû de 117 % pour atteindre 1.200 milliards de francs.

2. Les investissements : un bilan mitigé

Les investissements matériels se sont élevés en 1996 à 22,2 milliards de francs. Entre 1995 et 1996, ils ont ainsi décru de 6 %.

Votre commission note que cette baisse des investissements matériels et la stabilisation des investissements financiers risquent de remettre en cause, à terme, la compétitivité des industriels, à l'export notamment.

De même, le niveau des investissements en recherche (1,5 % de la valeur ajoutée) qui reste toujours très en dessous de la moyenne nationale (4,7 %) illustre l'insuffisance des capacités de financement des entreprises pour préparer l'avenir.

En revanche, les investissements publicitaires, nécessaires à la survie des entreprises à court terme (maintien des parts de marché) sont en hausse de 3 % et atteignent 10,2 milliards de francs en 1996.

L'industrie alimentaire est cette année encore le premier secteur annonceur français.

ÉVOLUTION DES INVESTISSEMENTS DANS L'INDUSTRIE AGRO-ALIMENTAIRE

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Investissements matériels (mds F)

Évolution annuelle

23,2

-

25,5

+ 9,9 %

25,5

+ 0 %

23

- 10 %

23

+ 0 %

23,6

+ 3 %

22,2

- 6 %

Investissements publicitaires (mds F)

Évolution annuelle

7,8

-

8,1

+ 4,5 %

8,5

+ 4,3 %

9

+ 0 %

9,1

+ 7,1 %

9,9

+ 8,8 %

10,2

+ 3,2 %

Année après année, l'écart entre les investissements matériels et les investissements publicitaires se réduit, les premiers ne représentant en 1996 qu'un peu plus du double des seconds.

Ces résultats en disent long sur l'évolution actuelle des industries agro-alimentaires, pour lesquelles l'enjeu n'est plus une production de masse, qui nécessite des investissements matériels importants, mais plutôt une production " de filière ". Désormais, l'aval fait remonter vers l'amont ses préoccupations, c'est-à-dire les critères d'achat des consommateurs. Répondre à leurs exigences (fraîcheur, sécurité, commodité...) nécessite en effet une coopération accrue de tous les acteurs de la filière. Ceci suppose des investissements immatériels importants et contribue à générer une nouvelle valeur ajoutée de service et d'information.

Répartition des investissements pour 1996

3. Le bilan des flux d'investissements étrangers en France et français à l'étranger.

Votre rapporteur pour avis pour avis note que ces flux d'investissements sont très irréguliers.

FLUX DES INVESTISSEMENTS DIRECTS

(en millions de francs)

INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS EN FRANCE

1994

1995

1996

Origine Pays tiers

Investissements

1 924

1 174

5 424

Désinvestissements

195

812

4 402

Solde

1 729

362

1 022

Origine Union européenne

Investissements

1 217

196

4 239

Désinvestissements

163

780

2 594

Solde

1 054

- 584

1 645

INVESTISSEMENTS FRANÇAIS À L'ÉTRANGER

Origine Pays-tiers

Investissements

6 279

5 374

10 585

Désinvestissements

3 670

2 679

5 349

Solde

2 609

2 695

5 236

Origine Union européenne

Investissements

5 360

3 990

7 417

Désinvestissements

3 282

2 573

4 044

Solde

2 078

1 417

3 373

Pour 1996, on constate :

Pour les investissements étrangers en France, trois opérations importantes :

- le rachat par le brasseur néerlandais HEINEKEN du groupe alsacien FISCHER-ADELSHOFFEN de la brasserie Saint-Arnould, l'ensemble produisant 3,3 millions d'hectolitres et employant 2.400 salariés ;

- le rachat par le groupe américain SARA LEE spécialisé dans la lingerie féminine et se diversifiant dans l'agro-alimentaire de l'ensemble REYBIER-JAMBON D'AOSTE, leader en France dans le secteur de produits secs de charcuterie (jambons secs-saucisson) ;

- le rachat de Cacao Barry par le groupe KLAUS JACOB, via sa filiale belge CALLEBAUT - chiffres d'affaires de 2,3 milliards de francs et 470 salariés. Le vendeur, la société centrale d'investissements (SCI) était détenue depuis 1994 à 49 % par le groupe belge ALBERT FRERES. Il convient de noter que l'autre filiale de la SCI Vital SOGEVIANDE, a été cédée aux deux entreprises françaises, la Société BIGARD et le groupe coopératif ALLIANCE, qui ont réalisé ensemble ce rachat.

Pour les investissements français à l'étranger :

- le groupe DANONE a accru ses participations dans les entreprises européennes BEI Foods en Grande Bretagne spécialisée dans les produits alimentaires asiatiques et GALBANI en Italie. Il a poursuivi son développement :

. dans les produits laitiers frais en Israël, au Maroc, en Afrique du Sud, en Chine, à travers des prises de participation pour le moment minoritaire ;

. dans la brasserie en Chine (prise de participation majoritaire dans deux brasseries) et devient le numéro 4 de ce marché de 160 millions d'hectolitres ;

. dans le biscuiterie, au Brésil où il arrive en seconde position avec 120.000 tonnes de capacité de production.

- le groupe Pernod-Ricard s'est implanté au Vénézuéla et en Inde (en joint-venture), a créé une société une Nouvelle-Zélande, et a accru sa participation dans une entreprise viticole en Argentine.

De nombreuses opérations se sont effectuées dans le secteur du sucre avec la montée en puissance de Générale sucrière dans le capital du numéro 2 en Espagne et la prise de participation majoritaire d'Union SDA dans la sucrerie tchèque PCS.

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