CHAPITRE II -
LES PERSONNELS DE LA MARINE

Au cours de l'année 1997 a été engagée la profonde réorganisation des personnels de la Marine qui, par la professionnalisation et la réduction du format des forces, doit conduire, au terme de six années, au modèle arrêté par la loi de programmation.

Les mutations à entreprendre dans la Marine n'ont sans doute pas la même ampleur que dans l'armée de terre, qu'il s'agisse du remplacement des appelés ou de la déflation des effectifs de sous-officiers. La Marine connaît cependant des contraintes particulières, liées par exemple aux conditions d'organisation et de fonctionnement des bâtiments. Elle présente également la particularité de devoir intégrer en son sein une forte présence civile, dont une bonne part proviendra de mutations d'ouvriers des arsenaux en restructuration.

Au vu du déroulement de l'année 1997, on peut considérer que la mise en oeuvre de la professionnalisation de la Marine a été globalement satisfaisante. Les mesures d'effectifs et les crédits prévus par le projet de budget pour 1998 doivent permettre de poursuivre le mouvement amorcé dans de bonnes conditions, bien que déjà apparaissent certaines difficultés pour pourvoir certains types d'emplois destinés à du personnel civil.

I. UNE MISE EN OEUVRE GLOBALEMENT SATISFAISANTE DE LA PROFESSIONNALISATION EN 1997

Les mesures mises en oeuvre en 1997 pour faire face à la diminution des effectifs d'appelés et pour accueillir des personnels de la Direction des contributions navales ont permis d'atteindre les objectifs fixés par la loi de programmation.

A. LES CONTRAINTES DE LA PROFESSIONNALISATION

La réduction du format de la Marine, la suppression progressive de la ressource constituée par le contingent et la part croissante réservée au personnel civil entraînent une réorganisation profonde des effectifs, qu'il faut concilier avec les objectifs de bonne gestion des ressources humaines.

Évolution des effectifs de la Marine de 1996 à 2002

(loi de programmation 1997-2002)

1996

%

2002

%

Officiers

4 844

6,9

4 961

8,8

Officiers-mariniers

32 530

46,6

30 136

53,4

Quartiers-maîtres et matelots engagés

8 103

11,6

7 998

14,2

Appelés et volontaires

17 906

25,6

1 775

3,1

Civils

6 495

9,3

11 594

20,5

Total

69 878

100

56 464

100

1. Une transformation profonde de la structure des effectifs

La Marine doit tout d'abord gérer les conséquences de la suppression du service militaire sous sa forme actuelle.

Certes, le contingent ne fournit à la Marine qu'un quart de ses effectifs, ce qui est notablement inférieur à la proportion constatée dans les autres armées, mais son rôle ne doit pas être sous-estimé. Les appelés sont présents dans l'ensemble des unités, aussi bien à terre qu'à bord des bâtiments. Les aspirants du contingent et les appelés de haut niveau (scientifiques du contingent) assimilés aux officiers compte tenu de leurs fonctions représentent près de 20 % des effectifs d'officiers. La part des appelés est également importante dans l'exercice de certaines fonctions techniques. Plus de 15 % des appelés de la Marine sont volontaires pour les opérations d'intervention extérieures et un quart d'entre eux sont volontaires pour un service long, ce qui contribue à la stabilité des équipages et renforce l'efficacité dans l'emploi occupé. D'une manière générale, on considère que les appelés embarqués à bord des bâtiments exercent des fonctions à part entière et devront donc être remplacés nombre pour nombre par du personnel militaire engagé, le recours à des personnels civils étant exclu pour ce type d'emploi. La diminution du nombre d'appelés à raison de 3 200 par an implique donc la professionnalisation rapide des équipages, prioritairement sur les bâtiments contribuant aux forces projetables essentielles.

Parallèlement, la réduction du format de la Marine se traduira par une diminution de près de 8 % des effectifs d'officiers-mariniers, concentrée sur les spécialités les plus touchées par la restructuration : les sous-marins et l'aéronautique navale.

Mais le trait dominant de l'évolution des effectifs pour les prochaines années reste le recours croissant à du personnel civil, puisque plus de la moitié des créations de postes de civils prévues par la loi de programmation seront réalisés dans la Marine et que celle-ci comportera, comparée aux deux autres armées et à la Gendarmerie, la plus forte proportion de civils (20,5 % des effectifs en 2002). Cette orientation qui va influer lourdement sur la gestion des effectifs de la Marine jusqu'en 2002 tient tout autant à la volonté de réserver les tâches purement militaires aux personnels militaires en ayant recours, chaque fois que cela est possible, à du personnel civil, qu'au souci de résorber les sureffectifs de la Direction des constructions navales en reclassant certains de ses personnels dans les armées.

En résumé, la professionnalisation impliquera de faire appel, pour remplir les fonctions très diverses assurées par les appelés, soit à des militaires engagés, seuls à même de servir à bord des bâtiments, soit à des civils qui seront principalement d'anciens ouvriers de la DCN.

2. Les conséquences sur le recrutement et la gestion des carrières

Outre les incidences sur la répartition entre les différentes catégories de personnels, la professionnalisation menée dans un contexte de réduction des effectifs entraînera des conséquences importantes sur le recrutement et la gestion des carrières.

La Marine doit tout d'abord impérativement maintenir un flux de recrutement, y compris pour les catégories dont les effectifs diminuent , afin de conserver une moyenne d'âge (actuellement 29 ans avec les appelés et 32 ans sans les appelés) compatible avec l'efficacité opérationnelle des équipages.

Ainsi, en dépit de la diminution globale du nombre d'officiers-mariniers et de matelots engagés, le flux de recrutement de matelots sera maintenu à 2 500 par an, dont 800 pour l'école de maistrance chargée de former les personnels destinés à devenir officiers-mariniers et 1 700 en qualité d'engagés initiaux de longue durée pour des contrats de 4 ou 8 ans. Parallèlement, une partie des postes correspondant à des emplois d'appelés et ne nécessitant pas de qualification sera pourvue par des contrats courts de deux ans.

Ce type de recrutement a concerné près de 700 postes en 1997 et en 2002 le flux annuel au titre des contrats courts devrait s'élever à 1 250 jeunes par an.

Le recours à des engagés de courte durée pour les emplois peu ou pas qualifiés permet de maintenir des perspectives d'évolution de carrière convenables pour les engagés classiques et donc de pérenniser un recrutement de qualité.

B. L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS EN 1997

L'évolution des effectifs en 1997 aura été marquée par la mise en oeuvre de trois mesures nouvelles : les pécules d'incitation au départ pour les officiers mariniers, la mise en place des contrats courts et les mutations provenant de la DCN.

1. Les départs d'officiers-mariniers

Destiné à favoriser les départs volontaires d'officiers-mariniers, le pécule mis en place pour la durée de la loi de programmation a été attribué cette année à plus de 330 officiers-mariniers, ce qui correspondait aux objectifs retenus par la Marine. Parallèlement, près de 60 départs étaient réalisés dans le cadre des dispositions de la loi de 1970 permettant l'accès à des emplois publics et, en milieu d'année, plus de 50 officiers-mariniers avaient obtenu un transfert vers une autre armée. A la même date, le nombre d'officiers-mariniers bénéficiant du congé de reconversion s'élevait à plus de 700.

En outre, les actions du service d'aide à l'insertion et à la reconversion du personnel militaire de la Marine (SAIRM) se sont intensifiées, le nombre de sous-officiers placés dans le secteur civil ayant sensiblement augmenté depuis 1995.

2. La mise en place des contrats courts

L'année 1997 a vu s'effectuer les premiers recrutements d'engagés sur des contrats courts de 2 ans, sur des postes peu qualifiés et offrant peu de possibilités de progression professionnelle.

La Marine s'est adressée à un public de jeunes dépourvus de qualification professionnelle. Elle a signé à cet effet un accord cadre avec le délégation interministérielle à l'insertion des jeunes, qui permet à des jeunes inscrits dans les structures d'insertion de postuler auprès de la Marine pour une première expérience professionnelle d'une durée de deux ans. A l'issue de leur contrat, les intéressés disposeront ainsi d'une qualification et d'une référence professionnelle reconnue sur le marché du travail.

Le nombre d'emplois concernés s'est élevé à 690 en 1997, le flux de recrutement ayant vocation à atteindre 1 250 jeunes par an dans un avenir proche.

Trois catégories d'emplois sont concernées :

- à bord des bâtiments, des emplois d'agents d'exploitation relevant du service général (agent de restauration, secrétaire, magasinier, peintre) et de manoeuvriers de pont d'envol,

- à terre, des emplois de protection des bases (contrôle et filtrage, veille des alarmes, patrouille).

Pour 1997, les recrutements ont porté sur 390 emplois de service général, 150 emplois de manutention aéronautique et 150 emplois de protection.

3. L'accueil de personnels civils de la DCN

A hauteur des quatre cinquièmes, le recrutement de personnels civils s'est effectué en 1997 par mutation interne au ministère de la Défense, essentiellement depuis la DCN, la part réservée aux concours externes étant inférieure à 20 % des recrutements.

Pour faciliter le reclassement des personnels de la DCN, la Marine avait proposé, au titre des vacances susceptibles d'intervenir en 1997 et 1998, plus de 2 300 postes, dont 1 500 postes d'ouvriers.

Au 1er septembre 1997, 646 mutations provenant de la DCN avaient été réalisées, dépassant légèrement l'objectif qui avait été arrêté. L'intégration de ces personnels au sein des unités de la Marine s'est opérée sans difficulté, 30 % des ralliements ayant cependant nécessité des actions de formation, notamment sur la bureautique, la conduite automobile et l'habilitation technique.

Toutefois, un certain décalage est apparu entre la répartition géographique des offres émises par la Marine et celle des volontariats issus de la DCN. Les postes proposés à Toulon ou à Paris n'ont guère suscité de demandes alors qu'ils paraissent insuffisants à Cherbourg.

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