2. Un impact psychologique néanmoins considérable
L'effet dévastateur
des armes chimiques
paraît beaucoup moins incertain sur des populations civiles
désarmées, ce qu'atteste l'impact, immense, sur le plan
psychologique, des attaques chimiques imputées à l'Irak contre la
communauté kurde. La même remarque vaut pour l'attentat au sarin
dans le métro de Tokyo, en mars 1995.
L'hypothèse du recours à des gaz de combat contre des objectifs
civils dans le cadre d'
actions terroristes
n'est donc pas à
exclure, même si, d'après les spécialistes, l'image d'un
"Docteur Folamour, capable de constituer des armes redoutables dans un
garage,
demeure un pur fantasme"
10(
*
)
.
Toutefois, en dépit des difficultés auxquelles s'est
heurtée la secte Aoum pour se procurer les précurseurs qu'elle a
employés pour synthétiser le sarin sous la forme impure et
instable utilisée lors de l'attentat de Tokyo, il n'en demeure pas moins
qu'une véritable menace chimique peut résulter de
systèmes rustiques
, reposant sur des
vecteurs peu
sophistiqués
(bouteilles de gaz, camions citernes ...) susceptibles
d'être
à la portée de nombreux groupes terroristes.
Si aujourd'hui la protection du combattant contre les gaz de combat est
techniquement assez au point, il est évident que
l'équipement
et l'entraînement des populations civiles,
par définition
nombreuses et inexpérimentées, soulèvent de grandes
difficultés.
Une attaque chimique -dans le cadre d'un conflit ou d'origine terroriste-
contre des sites civils ferait inévitablement d'innombrables victimes,
et induirait un effet déstabilisant évident pour le camp
agressé.
La menace chimique constitue donc, en cette fin du XXe siècle, un
élément certain de vulnérabilité dans les
relations internationales
, en dépit des enseignements de la guerre
du Golfe. Cette menace est la conséquence d'une certaine banalisation
des agents de guerre chimique, due à une prolifération
inquiétante des substances chimiques toxiques depuis le début des
années 80.
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