B. UNE RÉDUCTION MODÉRÉE DES PRÉLÈVEMENTS EN PREMIÈRE PARTIE
Votre
commission souhaite maintenir sa confiance dans l'économie
française, et ne propose donc pas de réestimer l'évolution
spontanée des recettes dans l'article d'équilibre.
En revanche, elle ne pourra accepter un certain nombre de
prélèvements nouveaux proposés par le gouvernement ou par
l'Assemblée nationale. Il en est ainsi par exemple du
prélèvement de 5 milliards de francs sur les fonds propres
des caisses d'épargne alors que leur réforme n'a pas encore
été discutée, de l'abaissement du plafond des effets du
quotient familial sur l'impôt sur le revenu, de l'aggravation des
prélèvements sur les sociétés ou de certaines
mesures d'accompagnement de la taxe professionnelle.
Au total, sous réserve de l'examen détaillé par votre
commission puis par le Sénat de cette première partie, la
dégradation des recettes liée au refus de certaines mesures
nouvelles pourrait atteindre une douzaine de milliards de francs.
Bien que l'objectif de réduction des prélèvements
obligatoires reste au coeur des préoccupations de votre commission,
celle-ci ne proposera pas d'aller au-delà pour l'exercice 1999, par
esprit de responsabilité. La réduction des
prélèvements doit succéder à l'assainissement de
nos finances publiques et non pas le précéder. Les conditions ne
sont pas encore réunies, notamment en termes de possibilités de
réduction des dépenses, pour proposer dès 1999 une vaste
réforme fiscale.
C. UNE RÉDUCTION DES CHARGES DE STRUCTURE
Pour
atteindre l'objectif de réduction du déficit proposé de
14 milliards de francs, compte tenu d'une diminution prévisonnelle
des recettes de l'ordre de 12 milliards de francs, une réduction
des dépenses d'environ 26 milliards de francs est nécessaire.
Cette proposition n'a rien de déflationniste. Le gouvernement propose en
effet une augmentation des dépenses de 37 milliards de francs.
Votre commission ne propose donc pas de réduire leur niveau par rapport
à l'exercice en cours, mais d'y affecter une moindre proportion des
fruits de la croissance prévus pour 1999.
Evolution
spontanée des recettes par rapport à la
loi de finances pour 1998
|
Ventilation des
augmentations de recettes par rapport à la
loi de finances pour 1998
|
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Propositions |
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|
du gouvernement |
de votre commission |
Recettes |
74,5 |
Dépenses |
36,9 |
10,8 |
|
|
Réduction du déficit |
21,3 |
35,3 |
|
|
Allégements de prélèvements |
10,6 |
22,6 |
|
|
Effet 1999 de mesures d'allé-gements décidées antérieurement |
5,8 |
5,8 |
Total |
74,5 |
Total |
74,5 |
74,5 |
Votre
commission ne propose pas au Sénat un exercice aisé de
réduction des dépenses budgétées.
En effet, le plus facile est de pratiquer une réduction des
dépenses d'investissement, car elles sont flexibles. Ce type de
réduction, auquel les gouvernements procèdent par annulations de
crédits, est le plus habituel. Or votre commission souhaite
préserver l'investissement public, de l'Etat comme des
collectivités locales, car il est porteur d'avenir, et seul justiciable
d'un financement par endettement.
L'analyse de notre situation budgétaire montre qu'il est
nécessaire de s'attaquer au déficit structurel et au
déficit de fonctionnement, ce qui passe par une réduction des
dépenses de fonctionnement et d'intervention, dépenses plus
rigides, structurelles. Les alléger nécessite des réformes
en profondeur.
Sur ce thème aussi, il est possible d'invoquer les travaux d'Amsterdam
de juillet 1997. Le gouvernement y a souscrit une recommandation du
Conseil
41(
*
)
, où il est
notamment précisé :
"dans la plupart des Etats membres,
il est souhaitable que la préférence soit donnée à
une réduction des dépenses plutôt qu'à une
augmentation de la pression fiscale globale, en tenant compte, le cas
échéant, des relations entre les systèmes de transferts
sociaux et le système fiscal. Dans ces Etats membres, il convient de
privilégier les mesures structurelles pour mieux maîtriser les
dépenses relatives à la consommation publique, aux pensions des
régimes publics, aux soins de santé, aux mesures passives
relatives au marché du travail et aux subventions".
Bien entendu, la France pourrait se considérer hors de la "plupart
des Etats membres", mais la situation de ses déficits publics par
rapport à ses partenaires ne plaide pas en ce sens.
Votre commission proposera donc une réduction des dépenses de
structure (titres III et IV) témoignant de sa volonté de
voir aboutir une réforme de l'Etat, qui passe par une meilleure gestion
des effectifs publics et la mise en oeuvre urgente d'une réforme des
retraites publiques destinée à en alléger le poids sur les
générations futures.