EXAMEN EN COMMISSION
Au
cours d'une séance tenue dans la matinée du mercredi 4 novembre
1998, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la
commission a procédé, sur le rapport de
M. Philippe
Marini, rapporteur général
, à
l'examen
des
principaux éléments
de
l'équilibre
du
projet
de
loi
de
finances
pour
1999
.
A titre liminaire,
M. Alain Lambert, président,
a
souligné l'intérêt que présentait pour la commission
l'innovation qu'il avait introduite cette année consistant à
délivrer un "message d'ensemble" sur le projet de loi de finances et le
projet de loi de financement de la sécurité sociale et cela
compte tenu des liens existant entre ces deux textes.
De façon plus générale, il s'est déclaré
favorable à ce qu'un panorama de la situation financière des
collectivités locales puisse également être
présenté ainsi qu'une communication sur l'état financier
de l'Union européenne.
A ce titre, il a fait part de l'accord du ministre de l'économie quant
à l'organisation au Sénat d'un débat annuel sur l'Euro.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a tout d'abord
présenté les principales hypothèses économiques en
matière de croissance, d'inflation et de capacité de financement
des administrations publiques pour 1999. Il a souligné l'écart
existant entre les prévisions du Gouvernement et celles issues notamment
de la Caisse des dépôts et consignations. Il a rappelé le
" volontarisme " de la prévision gouvernementale en
matière de croissance ainsi que le décalage existant entre le
niveau escompté des prix pour 1999 et le niveau actuel de l'inflation,
ce décalage contribuant mécaniquement à surestimer les
prévisions de recettes.
De même, il a rappelé que le cours du dollar était
estimé à 6 francs par le Gouvernement alors que la plupart
des économistes tablaient sur un montant compris entre 5,40 francs
et 5,60 francs. Par ailleurs, il a tenu à préciser que les
hypothèses sous-jacentes au cadrage d'ensemble du budget avaient
été fixées en juin 1998 et n'intégraient donc pas
les effets de la crise asiatique où les aléas politiques russes.
Ces hypothèses reposent en effet sur une demande intérieure
dynamique, c'est-à-dire sur un sentiment éminemment fragile : la
confiance des ménages, ce qui conduit le Gouvernement à des
prévisions optimistes en matière de recettes pour l'Etat, qu'il
s'agisse de la TVA ou de l'impôt sur les sociétés.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a
indiqué qu'il ne souhaitait pas contester les prévisions faites
par le Gouvernement mais simplement en relever les limites : les recettes
sont basées sur une croissance volontariste tandis que les
dépenses présentent un caractère pérenne et une
forte rigidité.
Il a donc estimé que la réduction du déficit
proposé pour 1999 par le Gouvernement était insuffisante. Puis il
a présenté les principaux éléments du projet de loi
de finances pour 1999.
Il a tout d'abord indiqué que les recettes, compte tenu des
dégrèvements, s'élèveraient à
1.601 milliards de francs et souligné l'importance du montant des
intérêts de la dette qui est égal à celui du
déficit budgétaire.
Il a rappelé à ce titre que le budget de l'Etat ne prend en
compte que les intérêts de cette dette et non les annuités,
ce qui induit une présentation comptable plus "optimiste" que celle
s'appliquant aux collectivités locales. Il a également
relevé la faiblesse du montant des investissements civils qui
s'élèveront à 78 milliards de francs dont
6 milliards de francs de dépenses rebudgétisées.
S'agissant de l'appréciation du niveau du déficit
budgétaire qui s'établirait à 236,5 milliards de
francs en 1999, soit un besoin de financement total des administrations
publiques de 2,3 % du PIB, il a indiqué que la France aurait, parmi
les pays de l'Union européenne en 1999, le plus mauvais solde des
finances publiques avec l'Italie puisque la moyenne des pays de l'Union
européenne s'établissait à 1,4 % du PIB et celle des
pays de la zone Euro à 1,9 % du PIB.
Il a également tenu à rappeler que les collectivités
locales dégageaient un excédent et que le solde des
régimes sociaux était en voie d'amélioration. Dans ce
contexte, la France serait le seul pays de l'Union européenne à
ne pas stabiliser le poids de sa dette publique dans le PIB, avec le Luxembourg
qui connaît cependant un très faible niveau d'endettement public,
estimé à 7,7 % du PIB contre 58,7 % pour la France. Il
serait donc nécessaire, afin de stabiliser le poids relatif de cette
dette, de réduire le déficit public de 2,3 % à
2,2 % du PIB soit un effort supplémentaire de 12 à
15 milliards de francs.
Commentant l'évolution de l'encours de la dette publique,
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a
rappelé qu'une dette publique en augmentation constitue un fardeau pour
les générations futures.
Il a par ailleurs tenu à relativiser quelque peu l'effort de
réduction du déficit compte tenu des résultats
prévisibles de l'exécution du budget en 1998. Le déficit
pourrait en effet être inférieur à celui prévu,
voire également inférieur à celui de 1999. En ce cas, cela
poserait un problème de cohérence avec la présentation
faite par le Gouvernement qui le conduit à insister sur la poursuite de
la réduction du déficit budgétaire en 1999 par rapport
à 1998.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
est convenu
de ce que le budget pour 1999 traduit, de la part du Gouvernement, un effort
relatif de maîtrise des dépenses mais que cet effort reste
cependant insuffisant et incertain, puisque le gouvernement a choisi
d'augmenter des dépenses de structure, lourdes et récurrentes, en
les finançant par des recettes volatiles, en progression totale de
74,5 milliards de francs notamment au titre de la TVA et de l'impôt
sur le revenu.
S'agissant des dépenses,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a relevé qu'en raison notamment de l'accord
salarial du 10 février 1998 dans la fonction publique, les
dépenses de rémunérations augmenteraient de
20,1 milliards de francs et semblaient de ce fait constituer la
véritable priorité du Gouvernement, avant la défense de
l'emploi ou la lutte contre l'exclusion.
Il a également précisé que les emplois jeunes, qui
coûteraient 14,3 milliards de francs en 1999 et plus de
30 milliards de francs d'ici 2001, constituent une lourde charge de
fonctionnement qu'il sera impossible de comprimer dans les cinq ans à
venir. Au total, il a rappelé que les charges de personnels civils
augmenteraient de 3,6 %, celles d'intervention de 3,7 % tandis que
les dépenses d'équipement civil baisseraient à nouveau de
0,3 %.
Il a noté que l'augmentation des dépenses d'équipement
militaire de 6,2 % ne résultait que du strict respect de la loi de
programmation mais qu'il était possible de douter de leur emploi
effectif compte tenu de la sous-estimation des besoins de fonctionnement des
armées. Ainsi, 3,8 milliards de francs de crédits
d'équipement militaire ont été annulés le
21 août 1998 afin de financer ces besoins de fonctionnement.
Puis, présentant les recettes,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a tenu a rappeler que face à des
augmentations de charges de structure,
le Gouvernement tablait sur des
augmentations de recettes très sensibles à l'évolution de
la conjoncture, qu'il s'agisse de la TVA, de l'impôt sur les
sociétés ou de la TIPP.
En outre, il a relevé que, malgré un affichage flatteur, le
Gouvernement ne réalisait qu'une réduction limitée des
prélèvements obligatoires : sur les 16 milliards de francs
annoncés, 6 milliards de francs proviennent en
réalité d'allégements décidés
antérieurement. Par ailleurs, l'essentiel des réductions se
concentre sur les impôts locaux et semble être des
réductions que le Gouvernement n'a pas l'intention de rendre
réellement avantageuses ni pour les contribuables ni pour les
collectivités locales.
Il a donc estimé que la réduction du déficit s'appuyait
plus sur la conjoncture que sur de véritables réformes de
structure.
A ce titre, il a présenté l'affectation des montants
résultant des emprunts prévisibles de l'Etat en 1999 : sur
les 518,8 milliards de francs ainsi collectés, 282,2 milliards
seraient consacrés au remboursement d'emprunts antérieurs,
167,9 milliards aux dépenses d'investissement et
68,7 milliards aux dépenses de fonctionnement. Cela revient donc
à faire financer des dépenses courantes par l'emprunt, situation
interdite aux collectivités locales et qui pourrait placer l'Etat en
situation périlleuse.
Il a également souligné que l'effort de l'Etat en matière
de réduction du déficit était inférieur à
celui des autres administrations publiques et constituait donc un pari
risqué. En effet, afin d'améliorer le niveau des déficits
publics au sens du traité de Maastricht, l'Etat s'appuie depuis 1997 sur
les excédents des collectivités locales et les efforts de la
sécurité sociale.
Si en 1999, le déficit de l'Etat serait de 2,7 % du PIB, les
autres administrations publiques seraient elles en excédent de
0,4 % du PIB. De ce fait,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a tenu à souligner que, si le solde des
autres administrations publiques au lieu d'être positif devenait
légèrement négatif, la France se situerait en situation de
déficit excessif au regard du traité sur l'Union
européenne. Dans ce contexte, il a rappelé que c'était au
budget de l'Etat de procéder à des adaptations structurelles.
Aussi, a-t-il tenu à émettre des propositions afin de mettre en
place "un budget de responsabilité et de prudence" qui s'inscrirait dans
le cadre des orientations définies par la commission des finances
notamment, lors de l'examen du dernier projet de loi de finances ou à
l'occasion du débat d'orientation budgétaire de juin 1998.
Il a tout d'abord indiqué que le choix avait été fait,
dans un souci de responsabilité, de ne pas rejeter l'ensemble de ce
budget mais de le discuter, et que ce choix impliquait de reconstruire un
nouvel équilibre budgétaire, tout en respectant une stricte
discipline qui interdisait de dégrader fortement le niveau des recettes
ou de modifier fortement le montant des dépenses.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a ensuite
présenté les objectifs que s'est assignés la commission et
qui ont été présentés par son rapporteur
général lors du débat d'orientation budgétaire de
juin 1998.
Il s'agit tout d'abord de stabiliser le poids de la dette publique dans le
PIB, ce qui implique de réduire le déficit budgétaire
proposé par le gouvernement de 14 milliards de francs
supplémentaires, et ce qui permettrait par ailleurs, si la croissance
nominale du PIB était inférieure d'un point à ce que
prévoit le Gouvernement, de tenir son objectif de déficit
budgétaire.
Ainsi, l'objectif de 236,5 milliards de francs de déficit pourrait
être "sanctuarisé" même dans l'hypothèse d'une
conjoncture économique défavorable.
Il a rappelé que la réduction du déficit constitue un
exercice difficile puisqu'elle implique de réduire les recettes en
première partie du projet de loi de finances de façon
modérée, même si la réduction des
prélèvements obligatoires demeure l'objectif de la commission.
A ce titre, il a développé quelques unes des
préoccupations de la commission, que ce soit la lutte contre
l'alourdissement du poids de l'impôt sur les sociétés, le
plafonnement des effets du quotient familial ou le prélèvement de
5 milliards de francs sur les Caisses d'épargne qu'entend
réaliser le Gouvernement, alors que le Parlement n'a pas encore
été saisi du projet de loi sur lesdites Caisses d'épargne.
Il a, à ce titre, indiqué que certains dossiers fiscaux, tels
que la diminution de l'impôt sur le revenu, la réforme de la taxe
professionnelle de France Télécom ou la baisse de la TVA sur le
traitement des déchets, pourraient être examinés en seconde
partie du projet de loi de finances. En effet, si l'Etat était
géré comme la commission des finances le préconise, ces
réformes, qui supposent au préalable un effort de meilleure
gestion des finances publiques, deviendraient possibles compte tenu des
nouvelles marges de manoeuvre budgétaires ainsi dégagées.
S'agissant enfin de la répartition des fruits de la croissance, il a
rappelé que l'assainissement des finances publiques passait
nécessairement par une réduction des dépenses.
S'inspirant de la démarche suivie l'année dernière par la
commission,
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a
proposé un certain nombre de diminutions de dépenses au moyen,
d'une part, de réductions ciblées témoignant du rejet de
certaines politiques gouvernementales (tels la généralisation des
35 heures ou l'accroissement du volume des rémunérations
publiques) ou de la nécessité de financer les priorités
gouvernementales (emplois jeunes), à crédits constants. D'autre
part, il a souhaité que soient réalisées des
économies forfaitaires témoignant de la volonté de la
commission de voir aboutir la réforme de l'Etat. Cette dernière
impliquerait notamment de réorganiser les administrations publiques dans
le sens d'une meilleure productivité tout en ayant le courage de traiter
la question des retraites des fonctionnaires, afin de limiter le poids de ce
fardeau pour les générations futures.
Dans ce cadre, il a préconisé un effort de réduction des
dépenses qui épargnerait les ministères de
souveraineté, ceux dont les crédits étaient en baisse
à structure constante ainsi que l'investissement public. Cette
réduction s'élèverait à 5 % des crédits
du train de vie de l'Etat et à 1 % des autres crédits de
fonctionnement et d'intervention. Il a chiffré l'effort
d'économie ainsi proposé sur l'ensemble du budget à
environ 26 milliards de francs soit 1,5 % de l'ensemble des
dépenses.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a conclu
qu'il s'agissait ainsi pour la commission de proposer une autre
répartition des fruits de la croissance et qu'il était donc
possible d'avoir une approche différente de celle du Gouvernement. Cela
permettrait de confronter dans la clarté, au cours du débat
budgétaire, des convictions différentes de celles du Gouvernement.
M. Alain Lambert, président,
a tenu à
féliciter M. Philippe Marini pour la maîtrise et la
pédagogie dont il avait fait preuve lors de la présentation des
principaux éléments du projet de loi de finances pour 1999.
M. René Ballayer
s'est inquiété de la
poursuite de l'accroissement de la charge de la dette malgré la
croissance économique et le faible niveau des taux
d'intérêt.
M. Maurice Blin
a insisté sur le poids des
rémunérations publiques au sein du budget général,
qui s'établit à près de 40 %, et s'est
inquiété, à ce titre, du niveau du déficit de
fonctionnement de l'Etat.
S'agissant du besoin de financement des administrations publiques
M. Jacques Oudin
a fait part de ses craintes quant à la
situation financière réelle des régimes de
sécurité sociale eu égard aux aléas financiers
existant en ce domaine. Il s'est interrogé sur les modalités de
remboursement de la dette de l'Etat. Il a par ailleurs relevé la baisse
tendancielle du niveau des investissements civils de l'Etat et souligné
le rôle croissant joué par les collectivités locales en ce
domaine ainsi que l'importance des investissements réalisés dans
les secteurs financés par des redevances, tels que l'eau ou les
autoroutes.
M. Philippe Adnot
a souhaité obtenir des précisions
sur le niveau réel de l'investissement et sur son mode de financement.
M. Claude Belot
a fait part de ses craintes quant à
l'augmentation permanente du niveau de la dette publique et aux risques d'une
éventuelle augmentation des taux d'intérêt dans la mesure
où ceux-ci se situaient à un niveau historiquement bas.
M. Bernard Angels
, après avoir relevé la
qualité pédagogique de la présentation du rapporteur
général, a souligné qu'il existe, en matière
budgétaire, deux politiques : une de gauche, une de droite. Il a
fait remarquer qu'à ses yeux les tableaux présentés par le
rapporteur général traduisaient l'échec des politiques
menées par les gouvernements soutenus par la majorité
sénatoriale et il a insisté sur la nécessité de
conforter la confiance des ménages. Il a regretté, à ce
titre, que l'on puisse envisager de réduire leurs revenus.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a constaté la grande
continuité des positions exprimées par la commission, notamment
au regard de celles exposées lors du débat d'orientation
budgétaire, et a regretté l'absence de courage du gouvernement
pour réduire suffisamment la dette ainsi que le déficit public.
Il a expliqué cette situation par la volonté du gouvernement de
donner des gages à son électorat et à ses alliés
politiques. Evoquant la réforme fiscale, il s'est demandé si
celle-ci était "amorcée ou avortée" et a estimé en
tout état cause que le projet de loi de finances ne contenait pas de
dispositif fiscal favorable aux entreprises. Il a enfin fait part de sa totale
adhésion à la stratégie proposée par le rapporteur
général, tout en souhaitant que les propositions dynamiques et
courageuses de celui-ci soient encore mieux mises en évidence.
M. Paul Loridant
a tout d'abord tenu à faire part de ses
interrogations quant au caractère réaliste des hypothèses
économiques avancées par le Gouvernement et s'est
étonné que l'on puisse croire la France à l'abri de la
"bulle financière". Il s'est inquiété de l'écart
grandissant existant entre l'économie réelle et l'économie
financière.
Il a également souhaité faire part de son désaccord quant
aux analyses faites par le rapporteur général, estimant
nécessaire de relancer la production pour retrouver le chemin de la
croissance. Dans ce cadre, il a déclaré que la priorité
devrait être la relance de la consommation par l'augmentation des
salaires et la création d'emplois. Il a par ailleurs
considéré que le parallèle fait entre la
comptabilité de l'Etat et celle des collectivités locales n'est
pas pertinent, dans la mesure où l'Etat joue, par nature, à la
différence des collectivités locales, un rôle
contracyclique en matière économique. Il a également
indiqué qu'en matière de dette publique sa répartition
entre taux fixe et taux variable ou sa durée importent tout autant que
son montant, et qu'il est donc indispensable de "travailler la dette". Enfin,
à propos du mouvement d'économies proposé par le
rapporteur général, il a indiqué que la contribution
française au budget de l'Union européenne constitue certainement
un gisement potentiel d'économies budgétaires.
M. Alain Joyandet
s'est interrogé sur la nature et le montant
des actifs détenus par l'Etat et sur les modalités en fonction
desquelles ces actifs pourraient venir en compensation du passif
constitué par la dette publique. Il a par ailleurs proposé, eu
égard au poids croissant de l'endettement public, d'amplifier l'effort
d'économies préconisé par la commission.
M. Jean Clouet
s'est inquiété du montant des dettes
garanties par l'Etat et a souhaité connaître les montants des
sinistres éventuels ainsi que les chapitres budgétaires sur
lesquels ils étaient, le cas échéant, imputés.
M. Marc Massion
a souhaité obtenir des précisions
quant à la répartition faite par le rapporteur
général entre les différents types de diminution des
dépenses publiques.
Mme Marie-Claude Beaudeau
a enfin souhaité savoir si la
commission avait évalué complètement les
conséquences humaines, sociales et politiques des économies
ciblées qu'elle propose.
M. Philippe Marini
a tout d'abord remercié les commissaires
pour les contributions ainsi apportées à sa réflexion. Il
est convenu avec M. René Ballayer du caractère particulier
de la conjoncture qui entraîne un niveau exceptionnellement faible des
taux d'intérêt, tout en soulignant que cette baisse n'était
pas acquise de façon définitive.
En réponse à M. Maurice Blin, il a reconnu que la part de
l'emprunt affectée au financement des dépenses de fonctionnement
avait diminué, traduisant une amélioration relative de la
situation budgétaire de l'Etat qui s'explique par le niveau actuel de la
croissance et des recettes qu'elle engendre et par la qualité de
l'effort réalisé par les précédents gouvernements
en ce domaine.
Suite aux interventions de M. Jacques Oudin, il a indiqué qu'il
était nécessaire d'approfondir les modalités de
financement des budgets sociaux tout en soulignant la grande volatilité
du solde des régimes sociaux. Il a enfin souhaité que
l'évolution de l'investissement au cours de ces dernières
années soit mise en perspective. Il a également apporté
des précisions à M. Philippe Adnot quant au montant de
l'investissement public en 1999.
En réponse aux interventions de MM. Paul Loridant, Claude Belot et
de Mme Marie-Claude Beaudeau,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a rappelé que la singularité
française en matière d'évolution de la dette publique
était de plus en plus difficile à justifier dans un monde
économique ouvert sur l'extérieur. A ce titre, il a convenu de
l'intérêt d'un débat sur cette question, notamment au
travers de l'examen du budget des charges communes. S'agissant des
interrogations de MM. Philippe Adnot, Claude Belot et Jean Clouet, quant
à la mise en place d'un bilan patrimonial de l'Etat, il a rappelé
l'intérêt de l'initiative prise par Jean Arthuis qui, lorsqu'il
était ministre de l'économie et des finances, avait mis en place
une commission sur ce sujet. Il a indiqué, dans l'attente des
résultats des travaux de cette commission, qu'il fallait obligatoirement
définir de nouveaux concepts, puis, procéder au recensement des
éléments de ce bilan, ce qui n'a encore jamais été
fait.
Evoquant le coût financier des pensions des fonctionnaires de France
Telecom, qu'il a fallu apprécier lors du changement de statut, il a
évoqué le problème des engagements de l'Etat figurant
"hors-bilan". En réponse à M. Bernard Angels, il a
indiqué qu'une des priorités actuelles du gouvernement de
M. Schröder en Allemagne consiste à baisser les impôts,
et notamment l'impôt sur le revenu. Après avoir indiqué
à M. Jean-Philippe Lachenaud qu'il tiendrait compte de ses
observations, il a reconnu, avec M. Paul Loridant, le caractère
potentiellement déstabilisateur des marchés financiers. Il a
souligné la nécessité de définir un niveau optimal
de régulation de ceux-ci et indiqué qu'il appartenait aux Etats
et aux organisations multilatérales de sécuriser ces
marchés financiers et d'en accroître la fluidité et la
transparence.
En réponse à M. Alain Joyandet, il a
précisé que l'exercice proposé par la commission pour 1999
n'était qu'une première étape consistant à
stabiliser le poids de la dette dans le PIB et qu'il serait donc
nécessaire d'inscrire une telle politique dans la durée. Il a
enfin rappelé à M. Marc Massion la répartition
proposée par la commission entre les économies ciblées et
les économies forfaitaires et souligné que l'ordonnance organique
du 2 janvier 1959 limitait de façon substantielle les
possibilités d'initiative et d'action du Parlement en matière
financière, ce dont il avait dû tenir compte lors de
l'élaboration de ses propositions.
M. Alain Lambert, président,
a confirmé la rigueur
des règles juridiques posées par l'ordonnance organique et
encadrant effectivement l'exercice de régulation budgétaire
proposé par la commission des finances. Il a rappelé
également la nécessité d'avoir une approche globale des
finances publiques et considéré que la commission des finances se
devait de conserver cette approche dans ses travaux sur l'Etat, la
sécurité sociale et les collectivités locales.