II. LA HIERARCHIE DES CONTRIBUTEURS
Part relative de chaque Etat membre dans le financement du budget communautaire
(En %)
|
1995 (1) |
1996 (2) |
1997 (3) |
1998 (3) |
1999 (4) |
Belgique |
4,0 |
3,9 |
3,9 |
3,7 |
3,9 |
Danemark |
1,9 |
1,9 |
2,0 |
2,0 |
2,0 |
Allemagne |
31,4 |
29,2 |
28,2 |
27,3 |
26,4 |
Grèce |
1,5 |
1,6 |
1,5 |
1,6 |
1,5 |
Espagne |
5,4 |
6,4 |
7,1 |
6,5 |
6,9 |
France |
17,5 |
17,5 |
17,5 |
17,0 |
17,2 |
Irlande |
1,0 |
1,0 |
0,9 |
1,0 |
1,0 |
Italie |
9,5 |
12,6 |
11,5 |
12,8 |
13,0 |
Luxembourg |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
Pays-Bas |
6,4 |
6,2 |
6,4 |
5,9 |
6,0 |
Autriche |
2,6 |
2,6 |
2,8 |
2,5 |
2,7 |
Portugal |
1,3 |
1,4 |
1,4 |
1,3 |
1,4 |
Finlande |
1,3 |
1,4 |
1,4 |
1,3 |
1,4 |
Suède |
2,4 |
2,8 |
3,0 |
2,8 |
2,9 |
Royaume-Uni |
13,6 |
11,6 |
11,8 |
14,0 |
13,5 |
(1)
Rapport Cour des comptes des CE
(2) Compte de gestion et bilan financier de la Commission pour 1997
(3) Budget 1998
(4) Projet de budget pour 1999
Le
tableau qui précède rappelle que
la France est le
deuxième contributeur au budget européen
(17,2 % du
total), loin derrière l'Allemagne (26,4 %), mais aussi loin devant
le Royaume-Uni (13,5 %) et l'Italie (13 %). Ces quatre Etats
financent plus de 70 % du budget communautaire. Il est intéressant
de rapprocher ces résultats de la part prise par le PIB de ces Etats
dans le PIB communautaire. Elle s'élevait en 1997 à quelque
73,5 %.
Il faut également apprécier l'évolution des contributions
des Etats membres dans le temps. L'entrée de trois nouveaux Etats
membres s'est traduite en 1995 par un allégement mécanique de la
part contributive des Etats déjà membres. On constate que la
contribution de l'Allemagne s'allège rapidement entre 1995 et 1999. La
part de sa contribution dans le total se replie de 5 points alors
qu'à l'inverse, la part contributive de notre pays est stable. La
contribution du Royaume-Uni évolue au gré des fortunes diverses
de la livre et d'écarts de croissance plus ou moins favorables. Quant
à l'Italie sa contribution a connu un ressaut du fait de la
montée en charge de la " ressource-PNB ".
En tout état de cause, les données disponibles pour 1997
démontrent que, dans l'ensemble, la hiérarchie des contributeurs
est conforme à la hiérarchie économique des Etats
appréhendée au moyen de leurs parts dans le PIB européen.
Quote-parts des Etats membres dans le financement de l'Union
européenne
et dans le PNB de l'Union européenne à
15
(en pourcentage du total, données pour 1997, y compris la correction
en faveur du Royaume-Uni)
|
B |
DK |
D |
GR |
E |
F |
IRL |
I |
L |
NL |
A |
P |
FIN |
S |
UK |
Part du PNB de l'UE |
3,1 |
1,9 |
26,0 |
1,5 |
6,6 |
17,2 |
0,8 |
14,2 |
0,2 |
4,5 |
2,6 |
1,2 |
1,4 |
2,7 |
16,1 |
Part dans le financement du budget de l'UE |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Dont ressources propres traditionnelles |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Dont contributions TVA et PNB |
3,1 |
2,0 |
29,1 |
1,7 |
7,8 |
19,0 |
0,8 |
12,4 |
0,2 |
5,1 |
3,0 |
1,5 |
1,5 |
3,2 |
9,6 |
La
situation de quelques pays doit toutefois être mise en évidence.
L'Italie et, plus encore, le Royaume-Uni contribuent moins que leur
situation de richesse le justifierait
. La "correction britannique" explique
ce phénomène pour le Royaume-Uni. Pour l'Italie, la
modicité des recettes prélevées au titre des ressources
propres traditionnelles (prélèvements agricoles et droits de
douane) "justifient" une partie de l'écart tandis qu'il faut
probablement trouver dans les "particularités" de son assiette-TVA
l'explication du reste de l'écart.
En contrepartie, l'Allemagne et, à un moindre degré, les
Pays-Bas contribuent plus que leur part dans le PIB européen
. Pour
les Pays-Bas, l'essentiel de cet écart provient des recettes de droit de
douane, ce qu'on appelle "l'effet-Rotterdam". Pour l'Allemagne, cet effet ne
joue pas mais ce pays doit assumer une part importante des effets de la
réforme des contributions TVA et PNB et de la correction britannique,
même si l'Allemagne bénéficie en la matière d'un
plafonnement particulier.
C'est également ce phénomène qui est à l'origine de
l'écart observé entre la part de la France dans le PIB
européen et sa contribution au titre des "ressources-TVA et PNB".
*
* *
Conclusions sur les ressources
Le
financement de l'Union européenne est en débat et cela appelle
quelques précisions de cadrage.
Globalement, la hiérarchie des contributeurs est fidèle
à la hiérarchie des capacités contributives.
Les
écarts qui peuvent subsister résultent de plusieurs biais dont
certains doivent être corrigés :
- des imperfections statistiques ou les performances inégales des
administrations fiscales expliquent certaines "moins-values" de recettes au
titre des "ressources propres traditionnelles" et de la TVA au terme desquelles
certains Etats ne versent pas ce qu'ils devraient ;
- la "correction britannique" a pour effet de déconnecter la
contribution du Royaume-Uni des capacités contributives de ce pays, ce
fardeau étant supporté par les autres Etats-membres qui, de ce
fait, assument des contributions supérieures à ce qu'impliquerait
la réalité économique ;
il faut éliminer
cette distorsion
.
On peut s'interroger sur la portée du rapprochement entre,
d'une part, les niveaux relatifs de la contribution des Etats et, d'autre part,
leur PIB dans celui de l'Union.
- Les "ressources propres traditionnelles" qui sont "juridiquement"
assimilables à des prélèvements directs des
Communautés devraient en bonne logique être "sorties" de
l'assiette de calcul des contributions des Etats membres. On observerait alors
que la seule source significative d'écart entre la contribution de
chaque Etat et sa richesse relative provient de la "correction britannique". En
particulier, la situation des Pays-Bas et de la Suède apparaîtrait
alors relativement privilégiée par rapport à celle de
l'Allemagne et de la France.
- La référence au PIB par habitant peut être utilement
introduite pour juger de la répartition de l'effort contributif de
chacun. Dans cette hypothèse, la contribution française
apparaîtrait comme légèrement supérieure à sa
détermination théorique.
Le débat sur les contributions doit être centré
sur l'essentiel, c'est-à-dire sur la question de savoir quels principes
doivent gouverner le système de financement de l'Union
européenne
. Cette question est elle-même dépendante de
celle du sens à donner au budget européen, question dont la
solution conditionne à son tour la détermination des
dépenses du budget.
Deux difficultés doivent être abordées :
l'équité du financement, son caractère démocratique
et européen.
Il faut poser en principe que le budget européen doit être un
budget au service de la construction d'une Europe-puissance et que c'est
l'examen des dépenses du budget qui doit retenir l'attention afin de
vérifier que la dépense publique européenne se conforme
bien à ce principe.
Dans ces conditions,
le problème de l'équité du
financement
devient simple à résoudre : il s'agit de
bâtir un système où la contribution de chacun serait
conforme à l'intérêt porté par lui à la
construction d'une Europe-puissance.
La distribution actuelle du financement
du budget européen est très proche d'un tel système
à l'exception notable du sort privilégié dont
bénéficie le Royaume-Uni.
Cependant, l'idée européenne qui doit être celle d'une
Europe-puissance doit aussi être celle d'une Europe
démocratique
. Les modalités de financement du budget
européen doivent donc obéir à cette exigence. Or, tel
n'est pas le cas, le consentement à l'impôt européen
étant, pour le moins, dilué du fait des réalités
institutionnelles qui connotent le système :
- l'impopularité du prélèvement n'est pas assumée
par les décideurs effectifs, ce qui est déresponsabilisant ;
- le prélèvement n'est pas réellement débattu ;
- le financement de l'Europe reste assis sur un système de contributions
des Etats, l'idée de ressources propres ne parvenant pas à
franchir un stade autre que purement lexical.
Chacune de ces caractéristiques pose problème et doit être
débattue. Il nous faut, en particulier, poser trois questions :
- quel degré de consentement démocratique au
prélèvement européen exiger ?
- quelle organisation mettre en place pour que ce consentement soit
effectif ?
- quel arbitrage prononcer entre un système de contributions
étatiques et un système de prélèvement
européen ?
Il est important et urgent d'apporter des réponses à ces
questions.