CHAPITRE II
LES DÉPENSES DU PROJET DE BUDGET POUR
1999
Au terme de leur adaptation, les perspectives financières pour la période allant de 1993 à 1999 s'établissent comme suit :
Les
perspectives financières
(Crédits d'engagement)
(En millions d'euros courants)
|
Europe des 12 |
Europe des 15 |
|||||
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Ligne directrice agricole |
36.657 |
36.465 |
37.944 |
40.828 |
41.805 |
43.263 |
45.188 |
Actions structurelles |
22.192 |
23.176 |
26.329 |
29.131 |
31.477 |
33.461 |
39.025 |
Politiques internes |
4.109 |
4.370 |
5.060 |
5.337 |
5.603 |
6.003 |
6.386 |
Actions extérieures |
4.120 |
4.311 |
4.895 |
5.264 |
5.622 |
6.201 |
6.870 |
Dépenses administratives |
3.421 |
3.634 |
4.022 |
4.191 |
4.352 |
4.541 |
4.723 |
Réserves |
1.522 |
1.530 |
1.146 |
1.152 |
1.158 |
1.176 |
1.192 |
Compensations |
|
|
1.547 |
701 |
212 |
99 |
0 |
Total des crédits d'engagements |
72.021 |
73.486 |
80.943 |
86.604 |
90.229 |
94.744 |
103.384 |
Total des crédits de paiement |
68.611 |
70.352 |
77.229 |
82.223 |
85.807 |
90.581 |
96.663 |
Paiements en % du PNB |
1,20 |
1,20 |
1,20 |
1,20 |
1,22 |
1,23 |
1,25 |
Les crédits de paiement prévus pour 1999 s'élèvent à 85,9 milliards d'euros en progression de 2,8 % par rapport à 1998 et les crédits d'engagement s'accroissent de plus de 6 %.
Dépenses prévues pour 1999
(En millions d'euros courants)
|
Budget 1998 |
APB 1999 |
Projet de budget |
Ecart/APB |
Exécution |
|||||
|
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
97 (CP) |
|
PAC
|
40.437
|
40.437 |
40.440
|
40.440 |
40.440
|
40.440 |
0 |
0 |
40.675 |
|
Actions
structurelles
|
33.461
|
28.400 |
39.025
|
30.950 |
39.025
|
30.950 |
0 |
0 |
26.059 |
|
Politiques internes
|
5.754
|
4.875 |
5.927
|
5.066 |
5.449
|
4.809 |
- 478 |
- 257 |
4.810 |
|
Actions
extérieures
|
5.731
|
4.191 |
5.884
|
4.268 |
5.992
|
4.059 |
108 |
- 209 |
3.998 |
|
Dépenses administratives
|
4.353
|
4.353 |
4.520
|
4.520 |
4.423
|
4.423 |
- 97 |
- 97 |
4.204 |
|
Réserves |
1.176 |
1.176 |
1.192 |
1.192 |
1.192 |
1.192 |
0 |
0 |
286 |
|
Compensations |
99 |
99 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
212 |
|
Total |
91.011 |
83.531 |
96.988 |
86.435 |
96.521 |
85.873 |
- 467 |
- 563 |
80.243 |
|
Marge (CE)/% PNB EUR 15 (CP) |
3.733 |
1,127 |
6.397 |
1,108 |
6.863 |
1,100 |
|
|
1,136 |
*
Marge disponible en CE, pour chaque rubrique, sous le plafond des perspectives
financières
Ces niveaux de progression sont profondément injustifiables.
Ils
imposent une contrainte excessive aux budgets nationaux qui se voient
amputés d'une contribution européenne en forte augmentation
à l'heure où les Etats membres sont liés par les
disciplines financières nécessaires au rétablissement de
leurs finances publiques et formalisées dans le "pacte de
stabilité et de croissance" défini dans la perspective de
l'adoption de l'euro par onze Etats membres.
Les justifications apportées à de telles progressions ne sont
pas recevables.
S'agissant des crédits de paiement, la Commission fait valoir qu'ils
progresseraient comme les dépenses budgétaires des
différents Etats progressent en moyenne
. Si ceci est bien exact, il
faut dénoncer l'utilisation d'une telle référence pour
justifier l'évolution des dépenses communautaires.
On fera d'abord valoir que le budget européen peut être
arbitré au premier écu ou plutôt au premier euro.
Il ne
supporte en effet pas de ces charges qui, comme les dépenses
d'intérêt ou de personnel d'un budget national, rendent les
arbitrages budgétaires, sinon illusoires du moins délicats. Rien
ou presque de tout cela pour le budget européen, et
particulièrement cette année où les crédits de la
politique agricole commune sont stables par rapport à l'exercice
précédent.
Si donc les crédits de paiement s'accroissent tant c'est que les
institutions chargées d'établir le budget européen en ont
décidé ainsi.
Sans doute, le Conseil a-t-il quelque peu modifié l'avant-projet de
budget de la Commission. Il a dégagé des "économies" pour
563 millions d'euros en crédits de paiement et pour
467 millions d'euros en crédits d'engagement.
Synthèse des "économies dégagées
par
le Conseil
par rapport à l'avant-projet de budget de la
Commission.
(en
millions d'euros)
1)
Crédits d'engagement :
PAC : 0
Actions culturelles : 0
Politiques internes : 478
Actions extérieures : - 108
Dépenses administratives : 97
Total : 467
2) Crédits de paiement :
PAC : 0
Actions structurelles : 0
Politiques internes : 257
Actions extérieures : 209
Dépenses administratives : 97
Total : 563
Mais l'exercice d'" économies " du Conseil s'est
borné à infléchir le rythme de croissance des
dépenses proposé par la Commission, le Conseil allant
jusqu'à inscrire en matière d'actions extérieures un
projet plus dispendieux que celui de la Commission.
On peut mesurer la modicité de l'effort d'économies du Conseil en
rappelant que ses propositions représentent 0,65 % et 0,48 %
des propositions de la Commission en matière de crédits de
paiement et d'engagement respectivement.
En outre, le Parlement européen n'a pas résisté, lui,
à son penchant naturel pour la dépense, accroissant de
4 milliards de francs les crédits. Dans ces conditions, il faut
exiger du Conseil qu'il annule ces décisions, mais on doit redouter
qu'il ne le puisse pas entièrement.
Face à un projet de budget si peu satisfaisant,
l'autorité
budgétaire européenne s'abrite derrière les règles
posées par le Conseil européen d'Edimbourg
et, plus
généralement, par les différents engagements
résultant des programmes financiers établis dans tel ou tel
domaine (recherche, politiques d'intervention extérieure, emploi...).
On insiste en particulier sur l'engagement au terme duquel les crédits
d'engagement des perspectives financières programmés au titre des
actions structurelles seraient non des plafonds qu'on pourrait diminuer au
gré des exercices budgétaires, mais bien des objectifs de
dépenses.
C'est en effet cet engagement qui "explique" l'explosion des crédits
d'engagement au titre des actions structurelles dans le projet de budget 1999
(+ 16,6 % ; + 5,5 milliards d'euros).
En contrepartie, les autres rubriques enregistraient, avant l'intervention du
Parlement, une stabilité globale de leurs crédits d'engagement
par rapport à 1998. Doit toutefois être mis en évidence un
arbitrage entre les actions extérieures dont les crédits
progressent et les politiques internes qui sont dotées en
diminution.
I. LES DÉPENSES AGRICOLES : UN CALIBRAGE VOLONTARISTE
Les
dépenses agricoles sont contraintes par la ligne directrice agricole,
plafond de la rubrique 1, revalorisée chaque année à
partir d'un indice égal à 74 % du rythme de croissance du
PNB en valeur, c'est-à-dire tenant compte de l'évolution
prévisible des prix.
Pour 1999, le montant de la ligne directrice agricole s'élève
à 45,2 milliards d'euros, soit de l'ordre de 47 % du plafond
global des crédits d'engagement du budget européen.
Le projet de budget tel qu'arrêté par le Conseil sans modification
par rapport à l'avant-projet de budget de la Commission retient une
dotation de la rubrique 1 de 40,4 milliards d'euros et
dégage ainsi une marge très substantielle sous la ligne
directrice agricole.
Le projet de budget propose également une stabilisation des
crédits de paiement par rapport à 1998. On doit relever toutefois
que l'examen du projet est, en la matière, ardu puisque la Commission
procédera, comme elle le fait depuis l'exercice précédent,
à une actualisation de ses propositions au cours de l'automne pour tenir
compte des éléments de prévision les plus récents.
De ce point de vue,
il est d'ores et déjà prévisible
que des suppléments de crédits seront nécessaires
.
Les décisions du Conseil agricole de juin 1998 sur le "paquet-prix" et
sur la réforme du secteur de la banane devraient se traduire par un
surcoût de 49 millions d'euros à quoi devraient s'ajouter
35 millions d'euros au titre de la réforme du régime
agrimonétaire.
Mais, l'inconnue la plus lourde réside dans les effets de la chute du
dollar sur les dépenses d'intervention et de restitution.
En effet, même si du fait de la réforme de la PAC de 1992, le
poids de ces dépenses a été fortement réduit au
profit des aides directes versées aux agriculteurs, elles
représentent encore un volet significatif de la dépense agricole,
avec plus de 8 milliards d'euros. Or, ce volume de dépenses est
sensible à la parité du dollar qui, depuis l'élaboration
du projet de budget, s'est fortement dépréciée, de plus de
10 %.
En conséquence, il est probable qu'une augmentation
conséquente des crédits de la PAC sera nécessaire
(800 millions d'euros pourraient devoir être mobilisés en
supplément) synonyme d'un accroissement de la contribution des Etats
membres par rapport aux prévisions actuelles.
L'évolution des crédits de la politique agricole commune
(en millions d'euros)
|
Exécution 1992 |
Exécution 1993 |
Exécution 1994 |
Exécution 1995 |
Exécution 1996 |
Exécution 1997 |
Exécution 1998 |
Exécution 1999 |
Produits végétaux |
19.171 |
21.258 |
21.853 |
22.983 |
24.980 |
26.364 |
26.404 |
26.460 |
Produits animaux |
10.543 |
11.657 |
9.804 |
10.750 |
12.003 |
11.792 |
10.633 |
10.320 |
Autres dépenses |
1.405 |
1.676 |
1.314 |
764 |
2.124 |
2.268 |
3.400 |
3.660 |
Total FEOGA-Garantie (1) |
31.119 |
34.591 |
32.971 |
34.497 |
39.108 |
40.423 |
40.437 |
40.440 |
Ecart d'exécution (2)-(1) |
3.920 |
2.066 |
3.494 |
3.447 |
1.720 |
1.382 |
2.826 |
4.748 |
Les
crédits du projet de budget s'inscrivent en effet non seulement
très en-dessous de la ligne directrice agricole, ce qui peut
paraître sage compte tenu de l'expérience passée, mais
encore sous le niveau des crédits de paiement consommés en 1997.
Si l'évolution comparée des prix intérieurs et
internationaux et l'affaiblissement de l'incidence financière de la
crise de la "vache folle" pouvaient justifier de telles perspectives, les
effets évoqués plus haut de la dépréciation du
dollar suppriment la première justification alors qu'il ne faut plus
négliger les incidences que pourrait avoir sur les prix agricoles
internationaux l'approfondissement de la récession dans les pays en
développement.
Ainsi doit-on exprimer cette année un certain scepticisme sur le
niveau des crédits agricoles dont le calibrage, au terme de l'analyse,
peut apparaître excessivement volontariste afin d'afficher un projet de
budget point trop indécent malgré l'explosion des crédits
d'actions structurelles.