DEUXIÈME PARTIE :

1999 : UNE ANNÉE CHARNIÈRE POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Contrairement à ce que pourrait laisser penser l'extrême stabilité des crédits inscrits au projet de loi de finances, l'année 1999 sera une année cruciale pour l'aménagement du territoire. L'arrivée à maturité de trois échéances fondamentales devrait contribuer à transformer en profondeur les données, les instruments et les orientations de cette politique : c'est en effet en 1999 que devra aboutir la réforme en cours de la politique structurelle européenne pour les années 2000-2006, et l'élaboration de la prochaine génération de contrats de plan Etat-région, qui couvrira la même période ; l'année 1999 verra aussi la discussion devant le Parlement du projet de loi sur l'aménagement et le développement durable du territoire qui devrait modifier des aspects importants de la loi d'orientation de 1995, et donner enfin un fondement législatif aux orientations du gouvernement qui n'avaient jusqu'à présent qu'une valeur déclaratoire.

I. LA RENÉGOCIATION DES CONTRATS DE PLAN ETAT-RÉGION

Créés au début des années quatre-vingt, les contrats de plan Etat-région sont devenus un des instruments fondamentaux de la politique nationale d'aménagement du territoire, et permettent d'associer les collectivités territoriales, et principalement les régions, à la définition et à la réalisation de ses objectifs.

La troisième génération des contrats de plan, initiée en 1994, a vu sa durée prolongée d'une année, et doit donc arriver à échéance en 1999.

La prochaine génération des contrats de plan, dont la durée a été calquée, pour des raisons de cohérence, sur celle des prochains documents uniques programmant la politique structurelle européenne, couvrira les années 2000 à 2006, et est actuellement en cours de préparation.

A. LE TRAVAIL DE PRÉPARATION RÉALISÉ EN 1998

Les grandes orientations, les caractéristiques principales de ces contrats et le calendrier de leur négociation ont été définis en deux étapes dans le courant de l'année 1998.

1. Le rapport Chérèque

Dans un premier temps, M. Jacques Chérèque a été chargé en février 1998 par la ministre de l'aménagement du territoire de préparer un rapport destiné à éclairer l'élaboration des futurs contrats de plan Etat-région. Dans ce rapport, remis en mai 1998, M. Chérèque trace un bilan positif des réalisations permises par les actuels contrats de plan. Il estime qu'ils doivent être reconduits moyennant un certain nombre d'aménagements qu'il a résumés en une liste de 33 propositions. On en trouvera l'analyse élégante et concise dans l'excellent rapport pour avis présenté par notre collègue Jean Pépin au nom de la commission des affaires économiques et du plan.

Ces suggestions ont assez largement inspiré les circulaires du premier ministre, de la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement et du secrétaire d'Etat à l'outre-mer. On les retrouvera également à l'arrière-plan du projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire.

2. La circulaire du Premier ministre

Les principes relatifs à l'architecture des prochains contrats ont été fixés par une circulaire du premier ministre en date du 31 juillet 1998.

Ces contrats seront conclus entre l'Etat et les régions, après consultation des autres collectivités ou entités concernées. Ils se déclineront, pour partie, en contrats de pays et d'agglomérations.

Dans un souci de cohérence avec la politique structurelle européenne, ils couvriront, comme les documents uniques de programmation des fonds structurels, les années 2000-2006 , et comporteront, de la même façon, une mise à jour en 2003 ; les quatre premières années feront l'objet d'une "programmation ferme , sur la base de projets étudiés, prêts à être mis en oeuvre, et dont les financements seront précisés" ; ces contrats feront ensuite l'objet d'un bilan d'exécution à mi-parcours , de façon à permettre les ajustements nécessaires pour les trois dernières années des contrats. Toutefois, la circulaire confirme que ces ajustements ne remettront pas en cause le montant total de l'engagement pour sept ans des signataires.

Ces contrats comporteront deux volets, l'un régional, l'autre territorial :

- le volet régional présentera les projets qui concourent au développement de l'espace régional dans son ensemble. Lorsqu'ils porteront sur des équipements structurants, les contrats de plan Etat-région devront traduire sous forme de projets les orientations retenues dans les schémas de services collectifs que le gouvernement compte substituer aux contrats sectoriels prévus par la loi d'orientation de 1995. Ce volet régional comportera des financements de l'Etat, de la région, et éventuellement, des autres acteurs concernés : départements, communes, établissements publics de coopération intercommunale, voire établissements et entreprises publics ;

- le volet territorial , correspondant aux actions qui concourent au développement local et à une meilleure organisation du territoire sera orienté vers des investissements de proximité, et constituera le cadre des engagements de l'Etat et de la région pour les futurs contrats d'agglomération et de pays. Il devra, en particulier, indiquer les financements réservés par l'Etat et la région à la contractualisation avec les pays et les agglomérations.

Le cadrage financier de ces prochains contrats de plan Etat-région sera, dans un premier temps, fonction de la situation générale de chaque région au regard des indicateurs établis par l'INSEE, ainsi que des inégalités en matière de satisfaction des besoins, notamment en termes de services rendus aux populations.

Dans un second temps, il prendra en compte l'état et le contenu des projets de pays et d'agglomérations, ainsi que le degré d'engagement de la région en faveur des priorités de l'Etat, notamment exprimées par les schémas de services collectifs.

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