C. LES MOUVEMENTS ASSOCIÉS AU COLLECTIF

Le présent projet de loi de finances rectificative ouvre au sein du budget général 33.106 millions de francs de crédits nets auxquels s'ajoutent 15.060 millions de francs de crédits sur les dépenses définitives des comptes d'affectation spéciale, 15 millions de francs sur les budgets annexes et 2.190 millions de francs au titre des charges temporaires des comptes spéciaux du Trésor.

15.703 millions de francs de crédits sont annulés, ce qui se traduit par une variation nette des crédits de 17.403 millions de francs sur le budget général, soit au total, y compris les mouvements en cours d'exercice, une progression nette des crédits de 1,13 % par rapport à la loi de finances initiale.

Si l'on intégre les dépenses définitives des comptes d'affectation spéciale (variation nette : + 15.060 millions de francs), la variation totale des charges définitives nettes (hors budgets annexes) est de 32.463 millions de francs soit une progression de 1,99 % par rapport à la loi de finances initiale.

1. Des ouvertures de crédits aux statuts divers

a) Les montants ouverts au budget général : 60,5 milliards de francs de crédits bruts

Le présent projet de loi ouvre au sein du budget général 60.575 millions de francs de crédits bruts se répartissant comme suit :

dépenses civiles ordinaires brutes : 50.678 millions de francs 6( * ) , soit 20.654 millions de francs de crédits nets, dont 13.892 millions de francs (soit 67,3 %) au titre des mesures sociales. Par ailleurs, 83,8 % des crédits ouverts le sont au titre du budget des charges communes 7( * ) ;

dépenses civiles en capital : 9.497 millions de francs ;

dépenses militaires ordinaires : 700 millions de francs.

Le montant total des crédits nets ouverts est de 30.851 millions de francs (hors frais de gestion de la dette).

b) Des anticipations de dépenses de 1999 sur 1998 à hauteur de 2,8 milliards de francs

Au sein de ces crédits, votre rapporteur tient à relever la part significative des crédits ouverts au sein du présent collectif pour 1998 et qui correspondent à des dépenses qui ne seront effectives qu'en 1999 . Le gouvernement a ainsi anticipé ou provisionné sur l'exercice 1998 des dépenses au titre de 1999, s'élèvant à plus de 2,8 milliards de francs de crédits.

940,7 millions de francs sont inscrits sur le chapitre 37-75 du budget des services financiers au titre du recensement général de la population de 1999 . Ces crédits seront donc très vraisemblablement intégralement reportés sur l'exercice 1999, comme le reconnaît le gouvernement, bien qu'ayant été demandés pour 1998 dans le présent projet de loi. Ainsi que le relève le rapporteur général de la commission des finances de l'Assemblée nationale " il aurait été sans doute de meilleure méthode d'inscrire la totalité des crédits nécessaires directement dans le projet de loi de finances pour 1999 ".

458 millions de francs de crédits correspondent à l'indemnisation des commissaires-priseurs à la suite de la réforme de leur profession qui a fait l'objet d'un projet de loi adopté en Conseil des ministres le 22 juillet 1998 et non encore examiné à ce jour. L'inscription de ces crédits au chapitre 46-01 du budget de la justice, qui figure à l'état H annexé à la loi de finances " tableau des dépenses pouvant donner lieu à reports de crédits " reflète la nécessité de permettre leur report d'une année sur l'autre, en l'espèce vers 1999.

360 millions de francs figurent au chapitre 41-25 du budget des charges communes au titre du " plan d'urgence en faveur des lycées " annoncé par le ministre de l'éducation nationale à la fin du mois d'octobre 1998. Ainsi que cela a été relevé par la commission des finances de l'Assemblée nationale, " le montant de la dotation inscrite sur le chapitre 41-25 nouveau est supérieur aux besoins susceptibles d'être enregistrés en 1998 ". En effet, le coût de 360 millions de francs correspond à celui de la bonification des intérêts d'emprunt afférant aux 4 milliards de francs de prêts à taux zéro qui seront accordés sur 4 ans aux régions.

300 millions de francs sont inscrits au chapitre 45-42 du budget des transports terrestres afin de compenser la décision de revaloriser les péages dus à l'établissement public Réseau ferré de France au titre de l'utilisation par la SNCF du réseau ferré. " Le supplément de dotation semble avoir été calibré de façon forfaitaire " ainsi que l'a souligné le rapporteur général de la commission des finances de l'Assemblée nationale.

161,8 millions de francs de crédits sont demandés sur le chapitre 43-20 " Interventions culturelles d'intérêt national " du budget de la culture. Cette somme correspond au financement pour 1999 des dépenses préparatoires à la célébration de l'an 2000 .

62 millions de francs de crédits ont été ouverts au chapitre 57-01 " Dépenses immobilières " du budget des services généraux du Premier ministre. Cette somme est destinée à financer pour 1999 le programme de délocalisation , dans la mesure où aucun crédit n'a été inscrit à ce titre dans le projet de loi de finances pour 1999. Cette situation avait été dénoncée par vos rapporteurs spéciaux, qui avaient souligné que, faute de crédits en loi de finances pour 1999, l'équilibre et la poursuite de l'activité du fonds de délocalisation seraient dépendants d'un abondement au sein du collectif pour 1998.

enfin, 450 millions de francs de crédits divers sont ouverts au ministère de l'intérieur, notamment pour renouveler le parc automobile, et au titre du parc immobilier de l'administration.

c) D'importants apurements de dettes antérieures

5.620 millions de francs de crédits sont ouverts au titre de la ristourne dégressive fusionnée afin d'apurer la dette résiduelle de l'Etat au titre de 1997 et des exercices antérieurs. Le gouvernement précise en effet que le coût 1998 est couvert par les crédits ouverts en loi de finances initiale.

Or, votre rapporteur tenait à souligner que les crédits ouverts en loi de finances initiale pour 1998 ne seront vraisemblablement pas suffisants. En effet, 38,77 milliards de francs ont été prévus sur le chapitre 44-75 du budget des charges communes pour le financement de cette ristourne, compte tenu de l'inscription d'une provision de 3 milliards de francs destinée à financer la mise en oeuvre de la loi du 13 juin 1998 (" 35 heures "). Les premières indications fournies par la ministre de l'emploi, notamment lors de son audition par votre commission des finances, font état d'une prévision de dépenses au titre de cette ristourne de 41,5 milliards de francs en 1998 et de 43 milliards de francs en 1999.

Ce chapitre devra donc vraisemblablement être à nouveau abondé.

2.500 millions de francs sont inscrits au chapitre 54-90 du budget des charges communes afin de recapitaliser le GIAT-Industries.

2.400 millions de francs figurent au chapitre 64-93 " Equipement naval et interventions " du budget de l'industrie afin d'apurer certaines des dettes de l'Etat envers plusieurs chantiers navals et de tirer les conséquences de l'aide apportée en 1998 aux Ateliers et Chantiers du Havre.

Au demeurant, votre rapporteur tient à rappeler que ce chapitre budgétaire a fait l'objet, lors de l'exercice 1997, d'une sous-consommation très significative de ses crédits. Cette sous-consommation est consécutive à l'ouverture de crédits supplémentaires demandés en loi de finances rectificative pour 1997 (850 millions de francs en crédits de paiement et en autorisations de programme), qui n'ont pas été finalement utilisés.

1.152 millions de francs de dépenses civiles en capital correspondant au règlement d'un contentieux opposant l'EPAD à la société SNC-Coeur Défense et visent à couvrir les conséquences pécuniaires de sa condamnation.

410 millions de francs de crédits correspondant au remboursement de dettes de l'Etat à l'égard de France Telecom. 305 millions de francs sont inscrits au chapitre 37-07 des charges communes afin de poursuivre le mouvement d'apurement de la dette de l'Etat vis à vis de France Telecom. Ils sont complétés par 15,1 millions de francs figurant au budget de l'urbanisme et 90 millions de francs inscrits sur le budget de l'intérieur.

248 millions de francs de crédits figurant au budget de la santé sont destinés à une régularisation au profit de la CNAF au titre des dépenses du RMI.

d) Les autres ouvertures de crédits

5.750 millions de francs de crédits sont destinés au remboursement à la CNAF des dépenses exposées par la majoration de l'allocation de rentrée scolaire (ARS).

960 millions de francs de crédits sont inscrits au titre de la subvention versée à l'Association pour la structure financière (ASF). Cette somme doit permettre de financer les revalorisations de l'allocation de solidarité spécifique (ASS), de l'allocation d'insertion (AI), ainsi que la mise en place de l'allocation spécifique d'attente (ASA).

900 millions de francs correspondent à la progression des crédits du RMI, dont 248 millions de francs sont destinés à des régularisations au profit de la CNAF au titre des exercices 1995 à 1997.

e) Les ouvertures de crédits au sein des comptes spéciaux du trésor

17.250 millions de francs de crédits sont ouverts, correspondant pour l'essentiel, à hauteur de 15.000 millions de francs à la réévaluation des recettes et des dépenses du " compte d'affectation des produits de cessions de titres, parts et droits de société " afin de prendre en compte des cessions d'actifs au cours du dernier trimestre de 1998.

Par ailleurs, les recettes et dépenses du compte " Prêts du Trésor à des Etats étrangers " sont ajustées pour tenir compte des opérations réalisées en cours d'année : 1.330 millions de francs de crédits supplémentaires sont ouverts.

2. Des annulations de crédits qui confortent la stratégie d'économies budgétaires préconisée par votre commission des finances

Les annulations se répartissent en 11.617 millions de francs de crédits au titre des dépenses civiles ordinaires, 886 millions de francs sur les dépenses civiles en capital, et 3.200 millions de francs pour les dépenses militaires ordinaires, soit un montant total de 15.703 millions de francs de crédits annulés. Si l'on y ajoute les annulations opérées en cours d'année (5,4 milliards de francs) on atteint 21,1 milliards de francs.

L'ordre de grandeur de ces annulations est très proche de ce que préconisait le Sénat pour 1998 : 21,3 milliards de francs.

Elles résultent de l'arrêté d'annulation du 18 novembre 1998.

Les principales annulations de crédits portent sur les postes suivants :

7.720 millions de francs au titre du budget de l'emploi, soit 66,4 % des annulations au titre des dépenses civiles ordinaires. Celles-ci correspondent à l'annulation à hauteur de 7.500 millions de francs de crédits sur le chapitre 44-74 " Insertion des publics en difficulté " qui correspond aux dépenses de préretraite, aux crédits destinés aux contrats initiative emploi ou aux contrats emploi solidarité.

Le montant des crédits ainsi annulés sur le chapitre 44-74 représente 19,03 % des crédits figurant en loi de finances initiale.

Il convient à ce titre de relever que lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1998, à l'occasion duquel votre commission des finances avait souhaité réaliser des économies budgétaires à hauteur de 6.224 millions de francs, Mme le ministre de l'emploi s'était inquiétée de ce que ce chapitre puisse faire l'objet d'économies : " Doit-on faire de même pour l'insertion des publics en difficulté prévue au chapitre 44-74 ? Je le comprendrais assez mal alors que vous nous avez parlé de votre préoccupation, que nous partageons, face à l'augmentation du chômage de longue durée " 8( * ) . Elle ajoutait même : " Je ne comprends pas très bien où vous souhaitez réduire les crédits du titre IV ".

Est ainsi validée et confortée la volonté d'économie budgétaire de votre commission qui la conduisait à proposer 6,2 milliards de francs de réduction de crédits sur l'ensemble du titre IV du budget de l'emploi, dans la mesure où le gouvernement, au titre du même exercice budgétaire, en réalise lui-même, sur un seul chapitre, pour 7,5 milliards de francs.

3.200 millions de francs de crédits sont annulés au titre des dépenses militaires en capital des titres V et VI. Est ainsi poursuivi et amplifié le mouvement consistant à diminuer de façon substantielle les crédits d'équipement militaire tels qu'ils figuraient en loi de finances initiale.

Ceux-ci avaient en effet déjà été amputés de 3.857 millions de francs par l'arrêté du 21 août 1998 associé au décret d'avances du même jour, et cela afin de financer l'accroissement des dépenses militaires de rémunération qui semblent avoir été sous-estimées, ainsi que votre rapporteur l'a déjà relevé. La tension budgétaire de plus en plus vive qui s'exerce sur les crédits du titre III puisque 4,5 milliards de francs de crédits supplémentaires ont été ouverts au cours de cet exercice, se confirme à mesure qu'avance le mouvement de professionnalisation des armées.

Ce constat valide l'opinion exprimée par le Sénat à la fin de l'année 1997 concernant l'insuffisance des crédits militaires.

879 millions de francs de crédits sont annulés au titre de la charge de la dette sur le chapitre 11-05 du budget des charges communes. Cette annulation résulte d'une économie de 1.750 millions de francs liée au bas niveau des taux d'intérêt et d'une économie de 1.210 millions de francs résultant de l'optimisation du programme d'émission que compense une charge de 2.080 millions de francs résultant de rachats de coupons qui sont la conséquence des opérations de gestion active de la dette.

846 millions de francs de crédits sont annulés sur le budget du logement au titre de la contribution de l'Etat au financement des aides à la personne (chapitre 46-40). Cette annulation a donc porté, en totalité, sur les crédits destinés aux aides à la personne. Il s'agit de la première annulation depuis 1991. Elle s'impute intégralement sur l'article 30 " Contribution de l'Etat au fonds national d'aide au logement " pour le financement de l'allocation de logement sociale. L'économie réalisée correspond à une amélioration de la situation des demandeurs potentiels, et donc à des demandes inférieures aux prévisions.

Il convient donc de noter qu'en supprimant 500 millions de francs sur les aides à la personne pour l'exercice 1999, le Sénat ne fait que confirmer ce potentiel d'économie, qui est probablement plus important qu'il ne l'avait envisagé.

Cette annulation valide également, a posteriori, le refus de votre commission d'utiliser le compte spécial du Trésor du financement du prêt à taux zéro pour financer les aides à la personne, à hauteur de 500 millions de francs en 1998.

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