II. LE NOUVEL ACCORD INTERINSTITUTIONNEL
L'accord interinstitutionnel conclu le 6 mai dernier entre les différentes branches de l'Autorité budgétaire comporte des dispositions à caractère normatif et reprend les perspectives financières adoptées au Sommet de Berlin.
A. LES NOUVELLES PERSPECTIVES FINANCIÈRES
1. Les crédits
Les
perspectives financières qui sont l'une des composantes du nouvel accord
interinstitutionnel du 6 mai 1999 entre le Parlement européen, le
Conseil et la Commission déterminent le cadre dans lequel le budget
européen est appelé à évoluer pour chacune des
années 2000 à 2006.
On rappelle qu'à cet effet, les perspectives financières :
- établissent, pour chacune des années qu'elles concernent, et
pour chaque grande catégorie de dépenses regroupées en
rubriques et sous-rubriques des plafonds de dépenses en crédits
d'engagement
;
- déterminent en outre des montants globaux annuels de dépenses
en crédits pour engagements et en crédits pour paiements ;
- et fixent le plafond des " ressources propres " destinées
à financer le budget communautaire exprimé en un pourcentage du
PIB.
S'agissant des dépenses, l'une des caractéristiques majeures de
la programmation arrêtée à Berlin est de dissocier la
programmation budgétaire de l'Europe à 15 de la programmation de
l'Europe élargie.
Le tableau des perspectives financières ci-après en rend compte.
Perspectives financières pour l'Union européenne à 15
(en millions d'euros - prix 1999 - crédits pour engagements)
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
1. AGRICULTURE |
40.920 |
42.800 |
43.900 |
43.770 |
42.760 |
41.930 |
41.660 |
Dépenses PAC (à l'exclusion du développement rural) |
36.620 |
38.480 |
39.570 |
39.430 |
38.410 |
37.570 |
37.290 |
Développement rural et mesures d'accompagnement |
4.300 |
4.320 |
4.330 |
4.340 |
4.350 |
4.360 |
4.370 |
2. ACTIONS STRUCTURELLES |
32.045 |
31.455 |
30.865 |
30.285 |
29.595 |
29.595 |
29.170 |
Fonds structurels |
29.430 |
28.840 |
28.250 |
27.670 |
27.080 |
27.080 |
26.660 |
Fonds de cohésion |
2.615 |
2.615 |
2.615 |
2.615 |
2.515 |
2.515 |
2.510 |
3. POLITIQUES INTERNES (1) |
5.930 |
6.040 |
6.150 |
6.260 |
6.370 |
6.480 |
6.600 |
4. ACTIONS EXTÉRIEURES |
4.550 |
4.560 |
4.570 |
4.580 |
4.590 |
4.600 |
4.610 |
5. ADMINISTRATION (2) |
4.560 |
4.600 |
4.700 |
4.800 |
4.900 |
5.000 |
5.100 |
6. RÉSERVES |
900 |
900 |
650 |
400 |
400 |
400 |
400 |
Réserve monétaire |
500 |
500 |
250 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Réserve pour aides d'urgence |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
Réserve pour garantie de prêts |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
200 |
7. AIDE DE PRÉ-ADHÉSION |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
3.120 |
Agriculture |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
520 |
Instruments structurels de pré-adhésion |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
1.040 |
PHARE (pays candidats) |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
TOTAL DES CRÉDITS D'ENGAGEMENT |
92.025 |
93.475 |
93.955 |
93.215 |
91.735 |
91.125 |
90.660 |
TOTAL DES CREDITS POUR PAIEMENTS |
89.600 |
91.110 |
94.220 |
94.880 |
91.910 |
90.160 |
89.620 |
Crédits pour paiements (en % du PNB) |
1,13 |
1,12 |
1,13 |
1,11 |
1,05 |
1,00 |
0,97 |
Disponible pour adhésion (crédits de paiement) |
|
|
4.140 |
6.710 |
8.890 |
11.440 |
14.220 |
Agriculture |
|
|
1.600 |
2.030 |
2.450 |
2.930 |
3.400 |
Autres dépenses |
|
|
2.540 |
4.680 |
6.640 |
8.510 |
10.820 |
PLAFOND DES CRÉDITS POUR PAIEMENTS |
89.600 |
91.110 |
98.360 |
101.590 |
100.800 |
101.600 |
103.840 |
Plafond des crédits pour paiements (en % du PNB) |
1,13 % |
1,12 % |
1,18 % |
1,19 % |
1,15 % |
1,13 % |
1,13 % |
Marge pour imprévus |
0,14 % |
0,15 % |
0,09 % |
0,08 % |
0,12 % |
0,14 % |
0,14 % |
Plafond des ressources propres (en %) |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
1,27 % |
(1)
Conformément à l'article 2 de la décision
n° 182/1999/CE du Parlement européen et du Conseil et à
l'article 2 de la décision 1999/64/Euratom du Conseil (JO L 26 du
1.2.1999, p. 1 et p. 34), le montant des dépenses disponibles au cours
de la période 2000-2002 pour la recherche s'élève à
11.510 millions d'euros à prix courants.
(2) S'agissant des dépenses de pensions, les montants pris en compte
sous le plafond de cette rubrique sont calculés nets des contributions
du personnel au régime correspondant, dans la limite de
1.100 millions d'euros aux prix de 1999 pour la période 2000-2006.
Source : Commission des Communautés européennes
Le tableau ci-dessus précise d'abord la programmation budgétaire
des 15 qui concerne désormais 7 rubriques -la rubrique 7 nouvellement
créée regroupe les moyens consacrés par les 15 à
préparer l'adhésion des candidats à l'Union- en fixant les
plafonds des crédits d'engagement pour chacune d'elles, en les
agrégeant et en déterminant, par année, un premier plafond
de crédits de paiement utilisables par les 15.
Puis, il détermine un second plafond annuel de crédits de
paiements distinct du précédent car tenant compte de l'impact de
l'élargissement.
In fine
, la programmation dégage
une marge pour
imprévus
qui est le solde du plafond des ressources propres
exprimé en pourcentage du PIB européen et du plafond des
crédits de paiement y inclus les crédits destinés à
l'élargissement.
Les nouvelles perspectives à 15 programment un total de
646,2 milliards d'euros -4.239 milliards de francs- de crédits
d'engagements et de 641,5 milliards d'euros -4.208 milliards de
francs- de crédits de paiement.
Le budget européen des 15 exprimé en crédits de paiement
pourrait dans ces conditions atteindre un niveau moyen annuel de l'ordre de
600 milliards de francs.
Les perspectives financières à 15 présentent,
en
dépenses
, la structure moyenne suivante.
Structure des perspectives financières à 15
|
|
Part
dans le total
|
Agriculture : |
42.534,3 |
46,2 |
dont : |
|
|
Dépenses de la PAC |
38.285,7 |
41,6 |
Développement rural |
4.248,6 |
4,6 |
Actions structurelles : |
30.430 |
33,1 |
dont : |
|
|
Fonds structurels |
29.001,4 |
31,5 |
Fonds de cohésion |
5.028,6 |
1,6 |
Politiques internes |
6.261,4 |
6,8 |
Actions extérieures |
4.580 |
5 |
Administration |
4.808,6 |
5,2 |
Réserves |
578,6 |
0,6 |
Aides de pré-adhésion |
3.120 |
3,1 |
TOTAL |
92.027,1 |
100 |
La nouvelle programmation n'est pas directement comparable à la programmation antérieure, puisque le contenu des différentes rubriques a évolué. Les principales modifications ont concerné un transfert de la rubrique " Actions structurelles " vers la rubrique " Agricole " des crédits destinés au développement rural et le rétrécissement du contenu de la rubrique " Actions extérieures " qui ne comporte plus les crédits alloués au programme PHARE désormais retracés dans la rubrique " Aides pré-adhésion ".
2. Les recettes
Côté " ressources propres "
, le
compromis de Berlin a d'abord maintenu inchangé le niveau du plafond des
" ressources propres " du budget européen tel que la
précédente programmation en avait fixé le niveau pour
1999, soit 1,27 % du PIB européen.
Ce taux inchangé devrait s'appliquer en cours de programmation à
une assiette élargie compte tenu des prévisions portant sur la
croissance économique et du fait de l'ouverture de l'Union
européenne à de nouveaux Etats membres. Conformément au
principe posé d'une stricte séparation entre la programmation
financière de l'Union à 15 et la programmation financière
pour l'Europe élargie, les données mentionnées plus haut
ne traduisent pas les effets de cette extension d'assiette. Cependant, le
Conseil de Berlin a été l'occasion de dresser une simulation des
perspectives financières d'une Union européenne à 21, un
cadre financier d'une Europe ainsi élargie figurant en annexe de
l'accord interinstitutionnel.
Il démontre, à crédits de paiement identiques à
ceux provisionnés dans les perspectives financières à 15
pour faire face à l'élargissement, que l'adhésion des
nouveaux membres créerait des marges de manoeuvre supplémentaires.
La marge pour imprévus, écart entre les crédits de
paiement et le plafond des ressources propres s'accroîtrait à la
suite de l'élargissement.
Ecarts
entre la marge pour imprévus dans l'Union à 15
et dans l'Union
à 21
|
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
Moyenne |
Union à 15 |
0,09 |
0,08 |
0,12 |
0,14 |
0,14 |
0,114 |
Union à 21 |
0,13 |
0,12 |
0,16 |
0,18 |
0,18 |
0,154 |
Ecart |
+ 0,04 |
+ 0,04 |
+ 0,04 |
+ 0,04 |
+ 0,04 |
0,040 |
Le
maintien du niveau plafond des ressources du budget européen
s'accompagne d'une programmation de l'appel à contribution auprès
des Etats-membres d'abord vers la hausse, jusqu'en 2003, puis, vers la baisse.
La première ligne du tableau ci-dessus en témoigne puisque la
marge pour imprévus dont elle rend compte s'accroît au cours de la
période de programmation après 2003.
Pour le reste, le Conseil de Berlin a initié une réforme du
système des ressources propres qui devrait entrer en vigueur le
1
er
janvier 2002 après ratification par les Etats membres.
Son premier volet consiste à réduire la part de la ressource TVA
et donc à accroître celle de la contribution assise sur le
PIB
. A cet effet, le taux d'appel maximal de la ressource TVA serait
réduit progressivement entre 2002 et 2004, passant de 0,75 à
0,50 % du PIB. Cette modification vise à compléter la
précédente réforme du système des ressources
propres de 1994 en resserrant le lien entre les contributions relatives des
Etats et leur situation relative de prospérité.
Le second volet de la réforme concerne la correction accordée
au Royaume-Uni
par le Conseil européen de Fontainebleau de juin 1984.
Le mécanisme de la correction britannique
Il
consiste à calculer l'écart, exprimé en taux, entre la
part du Royaume-Uni dans les versement TVA et PNB et sa part dans le total des
dépenses réparties. L'on applique alors cette différence
au total des dépenses et l'on multiplie le résultat par
0,66 puisque l'Union ne prend en charge que les 2/3 du
déséquilibre britannique.
Cette somme vient en déduction de la contribution-TVA du Royaume-Uni.
Elle est compensée par les autres Etats-membres au prorata de leur part
dans la quatrième ressource, la contribution PNB.
L'Allemagne bénéficie d'un traitement de faveur puisque sa part
de la compensation est réduite d'1/3.
La novation par rapport au mécanisme décrit dans l'encadré
ci-dessus consiste non pas dans la suppression de la compensation britannique
qui est au contraire confirmée mais dans les aménagements
apportés à son financement. Quatre Etats - l'Autriche,
l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suède - verront leur part du financement
de la compensation ramenée à 25 % de leur contribution
théorique. Les autres Etats supporteront les conséquences
financières de cette mesure.
Enfin, une modification technique accroîtra encore la part de la
contribution assise sur le PIB dans le total des ressources propres puisque le
prélèvement pour frais d'assiette et de recouvrement des
" ressources propres traditionnelles " qui est retenu par les Etats
sera augmentée en passant à 25 %.