CONCLUSION :
QUEL AVENIR POUR NOTRE COOPÉRATION ?

Les crédits pour 2000 de la " coopération " sont donc globalement en diminution et non pas globalement préservés comme l'indique le Gouvernement.

Il est permis de penser qu'à la fin de l'année 2000 cette réduction sera encore plus importante, le décalage croissant entre autorisations de programme et crédit de paiement pour le Fonds de solidarité prioritaire ouvrant des voies de plus en plus larges à des régulations budgétaires qui deviennent à ce point habituelles qu'elles fragilisent excessivement la nature et la portée de l'autorisation budgétaire, transformée de plus en plus en " affichage " sans lendemain.

Ces réductions de crédits sont en effet d'autant plus difficiles à déceler que, restant au sein d'un même ministère - les affaires étrangères - elles permettent à celui-ci d'afficher une hausse globale modeste de ses dotations. Pour 2000, le budget du ministère des affaires étrangères apparaîtra certainement comme un bon budget alors que celui de la coopération serait apparu comme un très mauvais. Il s'agit d'un habile paradoxe qui tient au fait que le quai d'Orsay traditionnel se nourrit sur la " bête " coopération.

Par ailleurs, l'utilisation de ces crédits s'effectuerait, en l'état actuel des choses, dans des conditions d'opacité quasi absolue constituant un véritable recul par rapport aux procédures existantes et une atteinte presque provocatrice portée au pouvoir constitutionnel de contrôle du Parlement.


En définitive, il est permis de se demander si la réforme de la coopération n'est pas devenue un subtil moyen de faire accepter par l'opinion publique, par les intervenants de l'aide au développement et par nos partenaires étrangers certaines évolutions de fond :

• les moyens consacrés par la France au développement sont appelés à diminuer, faisant les frais d'autres priorités gouvernementales. Il serait plus honnête politiquement et intellectuellement d'afficher plus cette orientation qui peut être inévitable ;

• l'aide française se fondra progressivement dans un cadre de plus en plus multilatéral, s'associant à d'autres bailleurs de fonds pour cofinancer des projets d'une importance croissante et sur lesquels la France, qui paiera parfois cher, pèsera de moins en moins ;

• ces cofinancements s'effectueront en accord (sous la surveillance ?) avec les institutions de Bretton-Woods ;

• à l'inverse, le financement de projets adaptés à des attentes ponctuelles et précises de certains pays, définis par des " professionnels du développement ", est amené à disparaître ;

• les pays traditionnellement bénéficiaires doivent partager les sommes restantes avec de nouveaux pays où l'influence de la France est moins importante mais qui présentent des besoins équivalents ou bien une charge politique plus importante.

Pour 2000, ces évolutions sont à l'oeuvre dans le cadre du ministère des affaires étrangères. Elles constituent incontestablement des choix politiques des autorités chargées de conduire la politique extérieure de la France.

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