C. LES COMPTES DE PRÊTS
Le
budget de l'Etat comprend deux comptes de prêts servant aux
opérations sur les créances détenues par la France sur les
Etats étrangers.
• le compte n° 903-07 " Prêts du Trésor
à des Etats étrangers et à l'Agence française de
développement " ;
• le compte n° 903-17 " Prêts à des Etats
étrangers pour la consolidation de dettes envers la France ".
Le compte n° 903-07 " Prêts à l'Agence française
de développement et à des Etats étrangers " est l'un
des instruments importants de la politique étrangère de la France.
Il retrace donc les opérations sur les protocoles. Le niveau de ceux-ci
a baissé. L'encours des prêts sur protocole s'élevait fin
1998 à 73,9 milliards de francs, les plus gros débiteurs
étant le Maroc (7,3 milliards), l'Indonésie
(6,5 milliards), la Chine (5,9 milliards) et l'Inde
(5 milliards). Pour 2000, le projet de loi de finances a inscrit
1,45 milliard de francs d'autorisations de programme et 750 millions
de francs de crédits de paiement. Les nouveaux engagements devraient
bénéficier à une quinzaine d'Etats.
Le compte de prêts du Trésor à des Etats étrangers
pour la consolidation de dettes envers la France (n° 903-17) est l'un des
instruments budgétaires de prise en charge des impayés
constatés sur des crédits accordés à des Etats
étrangers, soit au titre des grands contrats, soit dans le cadre de la
politique d'aide au développement. Il assure ainsi le refinancement par
l'Etat, des créances les plus compromises, mais son intervention est
subordonnée à la conclusion d'un accord en Club de Paris avec le
pays défaillant qui est subordonné à l'agrément du
fonds monétaire international.
Concrètement, il retrace, en dépenses, les versements
effectués par le Trésor en vue d'honorer, à la place du
pays emprunteur, les échéances :
• d'un prêt précédemment accordé par le
Trésor ou l'AFD ;
• d'un prêt de refinancement précédemment
accordé par Natexis pour le compte de l'Etat ou du Trésor.
En contrepartie de la prise en charge des échéances ainsi
consolidées, le Trésor constate une créance sur le pays
emprunteur, créance dont les modalités de remboursement sont
adaptées à la situation du débiteur (délai de
grâce de 5 ans, taux d'intérêt réduit). Les
remboursements en capital viennent alors en recettes du compte
n° 903-17, tandis que les intérêts alimentent le budget
général (par exemple, les créances du compte 930-07 ont
apporté 115,15 millions de francs en 1998).
Les conséquences de la crise de la dette sur les comptes de prêts
L'impact des comptes de prêts sur le budget de l'Etat n'est pas négligeable. Ainsi, le tableau suivant retrace l'évolution des recettes et des dépenses du compte n° 930-17, et illustre l'impact de la crise de l'endettement sur le budget de l'Etat.
|
DEPENSES |
RECETTES |
||
|
LFI |
Exécution |
LFI |
Exécution |
1990 |
7.650 |
7.646 |
500 |
660 |
1991 |
9.000 |
9.006 |
500 |
732 |
1992 |
9.000 |
9.000 |
600 |
1.024 |
1993 |
11.383 |
5.883 |
1.000 |
535 |
1994 |
9.000 |
6.935 |
1.000 |
313 |
1995 |
10.000 |
2.079 |
1.250 |
768 |
1996 |
3.000 |
3.507 |
1.300 |
2.914,5 |
1997 |
1.000 |
3.672,2 |
1.600 |
2.793,9 |
Alors
que de 1990 à 1992, les dépenses effectuées
correspondaient aux crédits autorisés en loi de finances
initiale, les dépenses sont devenues très inférieures aux
prévisions entre 1993 et 1995. Cette décélération
brutale des dépenses était le résultat :
• d'une part, des pays sortis de la crise de la dette, qui avaient
respecté leurs engagements envers leurs créanciers
(Brésil, Maroc, Mexique et les pays d'Asie du sud-est) ;
• d'autre part, des pays dont, à l'inverse, la viabilité
financière demeurait insuffisante et qui n'avaient pas obtenu un accord
avec le FMI, préalable nécessaire pour le
réaménagement de la dette en Club de Paris (Madagascar, Nigeria,
Soudan et Zaïre). L'exécution en 1995 (2.079 millions de
francs), très nettement inférieure aux prévisions,
s'était expliquée par le faible nombre de pays passés en
Club de Paris ;
Le projet de loi de finances pour 1997 avait tiré les
conséquences de cette évolution et fixé à
1 milliard de francs le montant des dépenses du compte. En
conséquence, la charge nette se trouvait ainsi annulée et le
compte devait dégager un excédent de 600 millions de
francs). Mais une inversion de tendance s'est produite en 1996. Les
crédits ouverts en 1996 s'élevaient à 3 milliards. La
consommation de crédits s'est montée à 3.507 millions
de francs. Elle a été permise par un report de crédits de
3.446,4 millions de francs de l'exercice 1995 sur l'exercice 1996. Au
terme de cette dernière année, le report de crédits
s'élevait à 2.939,4 millions de francs. Ils devraient
être entièrement mobilisés pour financer les
dépenses effectuées en 1997 qui, avec 4 milliards
excéderaient les crédits ouverts en loi de finances
(1 milliard de francs).
L'absence de crédits reportables en 1998 a nécessité
d'ajuster les dotations aux besoins réels estimés alors à
4 milliards de francs. Ces besoins correspondaient à des accords
déjà conclus et à des accords bilatéraux en cours
de négociation (Bosnie, Cameroun, Congo, Gabon, Côte-d'Ivoire...).
En fait, l'exécution 1997 a permis de dégager un solde de
267 millions de francs. Mais, le montant des besoins pour 1998
dépasserait le disponible. Il s'est élevé à
5,8 milliards de francs, soit un déficit de moyens qui a contraint
à un abondement de crédits en loi de finances rectificative
à hauteur de 1,3 milliard. Les besoins ont été
couverts par une inscription en loi de finances rectificative.
L'estimation des dépenses réelles de 1999 et 2000 est à
l'évidence délicate. L'effet des diverses annulations des dettes
consenties à de nombreux pays, en particulier l'annulation consentie aux
Etats victimes du cyclone " Mitch " et des pays les plus pauvres,
devrait se poursuivre et alléger les dépenses du compte. Un tel
scénario qui pèse sur ses recettes devrait se reproduire en 2000.
Les prévisions concernant les opérations du compte en
témoignent avec une réduction des crédits de
1,7 milliard de francs. Mais, au-delà des aléas ponctuels
liés aux dates de passage en Club de Paris, à l'avenir, la
décroissance des charges du compte sera sans doute extrêmement
progressive du fait de la situation de nombre de pays à revenus
intermédiaires, ou des problèmes aujourd'hui posés par
certains Etats potentiellement riches, mais au comportement de paiement
incertain.
En termes de mouvements budgétaires, il convient de distinguer les trois
opérations pouvant se produire sur ces créances. Une
évolution des intérêts vient abonder le budget
général, et une réduction de leur montant constitue donc
une moindre recette de l'Etat. Une remise de la dette diminue les
remboursements et constitue ainsi une dépense du compte de prêts.
Enfin, un rééchelonnement affecte le rythme d'évolution
des remboursements en capital et constitue donc une moindre recette du compte
de prêts.
Estimée à 1.829 millions de francs en 1998, la charge nette
des comptes de prêts s'est transformée en exécution en une
charge limitée à 0,6 milliard grâce au redressement du
solde du compte de prêts du Trésor à des Etats
étrangers pour la consolidation de leurs dettes envers la France. Pour
1999, un modeste excédent de 86,5 millions de francs était
prévu. Celui-ci s'accroîtrait encore l'an prochain pour
s'établir à 1,9 milliard de francs.
Evolution des opérations des comptes de prêts aux Etats étrangers 3( * )
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Ecart 2000/1999 |
Compte n° 903-07 |
|
|
|
Recettes |
1.443,5 |
2.675,4 |
+ 1.231,9 |
Dépenses |
208 |
850 |
+ 642 |
Charge nette |
- 1.235,5 |
- 1.825,4 |
- 589,9 |
Compte n° 903-17 |
|
|
|
Recettes : |
3.900 |
3.500 |
- 400 |
Dépenses : |
5.200 |
3.500 |
- 1.700 |
Charge nette |
1.300 |
0 |
- 1.300 |
Totaux : |
|
|
|
Recettes |
5.343,5 |
6.157,4 |
+ 813,9 |
Dépenses |
5.408 |
4.300 |
- 1.108 |
Charge nette |
64,5 |
- 1.825,4 |
- 1.889,9 |
Dans un
contexte de gonflement modéré des recettes résultant de la
progression des remboursements des prêts aux Etats étrangers, la
charge nette des comptes de prêts à l'étranger se
réduirait donc de 1.956,4 millions de francs et dégagerait
ainsi un fort excédent.
La loi de finances rectificative a prévu d'augmenter les ressources du
compte 930-17 de 1,6 milliard de francs. Cette hausse tient compte des passages
au Club de Paris de 1999. Les échéances du Pérou, du
Sénégal et de la Bosnie ont pu être refinancées en
1999 (générant 2,9 milliards de francs de recettes de
remboursement en capital), alors que les passages du Congo, du Gabon et de
l'Equateur, qui devaient apporter 1,3 milliard de francs sont
reportés en 2000. Ces différences expliquent la révision
des prévisions de recettes à hauteur de 1,6 milliard de
francs.