B. LES ORIENTATIONS DE LA DGCID
La
réforme de la coopération du 4 février 1998,
prolongée par les conclusions de la première réunion du
Cicid, le 28 janvier 1999, ont conduit la DGCID à élaborer
son " cadrage des interventions dans la ZSP ".
Le premier élément est bien sûr le cadrage
géographique.
" Il serait artificiel de vouloir arrêter
d'emblée et pour une période donnée un ordre de
priorités entre pays membres de la ZSP. Il convient en revanche de se
doter de moyens d'analyse et de comparaison entre ces pays, utilisés
comme aides à la décision, au côté de la part
irréductible d'orientations proprement politiques.
La DGCID prévoit donc de mettre en place à cet effet un groupe
chargé de conduire l'élaboration et la tenue à jour d'un
recueil de tableaux de bord sur les pays considérés, en utilisant
des données disponibles auprès des organisations internationales
et de l'administration, et en mobilisant le monde de la recherche.
Ce recueil, à la constitution duquel d'autres administrations et des
opérateurs pourront être conviés, devra en particulier
refléter :
- le niveau de pauvreté et de développement humain (établi
sur la base des rapports du PNUD, qui pourra être géographiquement
affiné pour certains pays à économie duale -Maroc, Liban,
République sud-africaine...- de façon à saisir au plus
près le phénomène, ainsi que les caractéristiques
des politiques sociales menées dans les pays membres de la ZSP ;
- la qualité et l'intensité des efforts dans le sens de
l'intégration régionale ;
- enfin, le montant et le détail de l'aide publique internationale et de
l'aide française dans le pays.
Le croisement de ces différents facteurs devrait aboutir à une
typologie des pays de la ZSP, faisant notamment apparaître :
1) les pays en très grande difficulté (institutions en crise ou
d'une très faible légitimité, niveau de
développement très faible des systèmes productifs...) dans
lesquels la priorité devrait être donnée à l'aide
d'urgence, à la reconstruction et à la réinsertion, aux
projets de proximité au profit direct des populations ;
2) les pays au niveau de développement très faible, mais
disposant d'institutions mobilisables et de politiques sectorielles. La
priorité y serait donnée aux secteurs structurants :
santé, éducation, infrastructures. Les projets de
proximité au profit des populations seront encouragés. Par
ailleurs, des efforts de soutien aux institutions seront destinés
à accroître leurs capacités à agir, avec pour but
d'amorcer des perspectives crédibles d'évolution ;
3) les pays ayant atteint un certain niveau de développement de leurs
systèmes productifs, disposant d'institutions actives et de politiques
sectorielles. Dans ces pays, outre le renforcement des secteurs structurants de
base, une attention particulière sera accordée à l'appui
à l'investissement productif ;
4) les pays se trouvant dans une situation proche de celle des pays
émergents, dans lesquels les problématiques de
compétitivité en vue de leur insertion dans l'économie
internationale et de développement équilibré du territoire
constituent des enjeux décisifs. "
La définition du cadrage est également sectorielle.
" Conformément aux orientations arrêtées par les
pays membres de l'OCDE5(
*
), notre
politique de coopération dans la ZSP, notamment dans les pays les moins
avancés, s'efforcera de répondre de mieux en mieux aux trois
grandes priorités suivantes :
le développement durable, articulé en trois dimensions :
- le développement d'une économie diversifiée, servant en
priorité les besoins fondamentaux des populations, avec la constitution
de nouvelles capacités de financement, de production et de gestion,
notamment pour les petites et moyennes entreprises ;
- le renforcement des capacités institutionnelles à niveau
régional, national et local, en privilégiant les
intégrations régionales, le renforcement de l'Etat de droit, la
création et le renforcement d'administrations locales,
déconcentrées et décentralisées ;
- la gestion rationnelle du territoire et des ressources naturelles, en tenant
compte de l'équilibre à maintenir entre espaces urbains et
espaces ruraux, entre objectifs économiques, sociaux et environnementaux.
l'éducation de base (acquisition des savoirs fondamentaux, absence de
discrimination entre filles et garçons) et la formation professionnelle.
Le développement d'un enseignement de base mieux adapté à
la situation réelle de nos partenaires doit constituer le premier et
principal volet des évolutions attendues. Le développement de
l'enseignement technique et professionnel en fonction des besoins réels
des économies en est le second.
Notre coopération en matière d'enseignements secondaire et
supérieur qui sera, bien entendu, maintenue, devra concourir à la
mise en oeuvre de ces priorités (notamment par la formation de cadres et
d'enseignants) ;
les soins de santé primaires. L'ensemble de nos moyens dans le domaine
de la santé doit directement contribuer aux progrès de
l'hygiène publique, à la lutte contre les grandes
endémies, à l'amélioration de l'offre de soins primaires.
La création, l'extension et l'amélioration de services de
proximité constitueront l'un des axes importants de notre
coopération. Nos efforts devront viser la baisse de la mortalité
maternelle et infantile en même temps que le développement de
l'accès à la santé génésique. "
Ces grandes orientations permettent à la coopération
française de s'exercer désormais pleinement dans leur nouveau
cadre.
Votre rapporteur spécial estime ainsi que plus rien ne saurait
retarder la concrétisation, dans la ZSP, de cette réforme. Elle
doit désormais prouver son efficacité et expliquer dans les faits
comment elle permettra d'aider davantage, d'aider mieux, et d'aider plus de
pays dans le monde.