CHAPITRE II
LE BUDGET DE L'ENVIRONNEMENT EN PERSPECTIVE
I. LE BUDGET DE L'ENVIRONNEMENT DANS L'ENSEMBLE DES CRÉDITS CONSACRÉS À L'ENVIRONNEMENT
Le budget de l'Environnement n'est qu'une source parmi d'autres de financement de la politique de l'environnement en France.
A. LES COLLECTIVITÉS LOCALES ET L'ENVIRONNEMENT
1. Les collectivités locales, acteurs majeurs de la protection de l'environnement
Les
dépenses de protection de l'environnement réalisées par
les collectivités locales ont représenté en moyenne 57 %
du total des dépenses d'environnement en France sur les trois
dernières années et ces dépenses sont en augmentation
constante.
Les collectivités locales apparaissent ainsi comme les acteurs
majeurs de la protection de l'environnement.
Dépenses de protection de l'environnement des collectivités locales (1996-1998)
(en millions de francs)
Domaines d'intervention |
1996 |
1997 |
1998 |
Eau, assainissement et épuration |
43.975 |
46.908 |
48.493 |
Déchets |
26.345 |
27.157 |
28.347 |
Nettoyage des rues |
5.470 |
5.697 |
5.885 |
Bruit |
579 |
553 |
631 |
Protection du patrimoine écologique |
2.034 |
2.114 |
1.934 |
Mobilisation de la ressource en eau |
56.827 |
58.320 |
59.216 |
Amélioration du cadre de vie |
8.780 |
9.100 |
9.465 |
TOTAL |
144.010 |
149.849 |
153.871 |
Source : Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement
2. L'environnement dans les contrats de plan Etat-régions
On
remarque que les contrats de plan Etats-régions mobilisent des sommes
croissantes en faveur de l'environnement.
Pour l'actuel contrat de plan Etat-régions (1994-1998 avec
étalement sur une année supplémentaire), 1.336 millions de
francs ont été mobilisés par le ministère
15(
*
)
. A ces crédits se sont
ajoutés ceux en provenance des établissements publics
placés sous la tutelle du ministère.
Pour le prochain contrat de plan (2000-2006), l'enveloppe prévue est de
2.618 millions de francs
. Les actions proposées à la
contractualisation s'articuleront autour de six axes :
• connaître et faciliter l'accès à la connaissance de
l'environnement ;
• définir et mettre en oeuvre une gestion partenariale de
l'espace ;
• prévenir et maîtriser les risques, les nuisances et les
pollutions ;
• maîtriser l'énergie ;
• s'attacher à une gestion durable de l'eau ;
• veiller à l'éco-conditionnalité des programmes
d'action.
B. LES AUTRES ACTEURS DE LA POLITIQUE DE L'ENVIRONNEMENT EN FRANCE
1. Le budget général de l'Etat
De
très nombreux ministères participent aux dépenses en
faveur de l'environnement comme l'indique le tableau ci-dessous.
Ce tableau traduit également une prise en compte accrue des questions
environnementales dans les politiques publiques et témoigne du
caractère transversal, interministériel de la politique de
l'environnement. Il est intéressant de réaliser que le
ministère de l'environnement ne représente qu'un tiers du total
des dépenses consacrés à l'environnement.
Récapitulation des crédits du budget
général de l'Etat consacrés à
l'environnement,
par département ministériel en 1999 et
2000
(en millions de francs et en %)
|
1999 |
2000 |
||
|
Montant |
Pourcentage du budget |
Montant |
Pourcentage du budget |
Affaires étrangères et coopération |
255 |
1,18 % |
240 |
1,14 % |
Agriculture et pêche |
2.664 |
9,45 % |
3.198 |
11,40 % |
Aménagement du territoire et environnement |
3.957 |
68,73 % |
4.298 |
69,01 % |
Culture et communication |
61 |
0,39 % |
69 |
0,43 % |
Economie, finances et industrie |
91 |
0,12 % |
95 |
0,10 % |
Education nationale, recherche et technologie |
3.250 |
0,80 % |
3.280 |
0,90 % |
Emploi et solidarité |
247 |
0,10 % |
262 |
0,10 % |
Equipement, transports et logement |
983 |
0,70 % |
925 |
0,66 % |
Intérieur et décentralisation |
235 |
0,27 % |
215 |
0,27 % |
Jeunesse et sports |
33 |
1,09 % |
31 |
0,99 % |
Outre-mer |
60 |
1,06 % |
66 |
1,04 % |
Défense |
49 |
0,03 % |
50 |
0,03 % |
TOTAL |
11.875 |
1,03 % |
12.729 |
1,08 % |
Source : Etat récapitulatif de l'effort financier consenti en 1999 et prévu en 2000 au titre de l'environnement, annexe au projet de loi de finances pour 2000
2. Les établissements publics sous tutelle
Aux dépenses inscrites au budget général, il convient d'ajouter les dépenses des établissements publics financées sur leurs ressources propres. On remarque d'emblée que l'effort le plus important est réalisé par les agences de l'eau (plus de 90 % du total).
Récapitulation des crédits en faveur de l'environnement dépensés par les établissements publics sous tutelle du ministère de l'Environnement
(en millions de francs et %)
|
Réalisations 1998 |
Réalisations 1999 |
Evolution |
Agences de l'eau |
12.780 |
13.070 |
+ 2,3 % |
ADEME |
1.446 |
84 |
- 94 % 16( * ) |
ANDRA 17( * ) |
247 |
247 |
0 % |
Conseil supérieur de la pêche |
276 |
310 |
+ 12 % |
Conservatoire du littoral |
4 |
5 |
+ 10 % |
IFEN |
6 |
5 |
- 10,5 % |
INERIS |
131 |
139 |
+ 6,1 % |
ONC 18( * ) |
674 |
531 |
- 21,2 % |
Parcs nationaux |
15 |
16 |
+ 9,5 % |
TOTAL |
15.579 |
14.407 |
- 7,5 % |
Source : Etat récapitulatif de l'effort financier consenti en 1999 et prévu en 2000 au titre de l'environnement, annexe au projet de loi de finances pour 2000
II. L'EXÉCUTION ET LA GESTION DES CRÉDITS POUR 1998 ET 1999
A. VUE D'ENSEMBLE
1. Les dotations effectivement disponibles sont largement supérieures à celles prévues en loi de finances initiale
Le
budget du ministère de l'Environnement est traditionnellement fortement
affecté par diverses mesures intervenant en cours d'exercice. cela s'est
également vérifié en 1998.
S'agissant des autorisations de programme, les dotations effectivement
utilisables en 1998 excèdent sensiblement celles ouvertes en loi de
finances initiale (+ 25 %).
S'agissant des crédits de paiement, les ressources disponibles
in
fine
sont également plus importantes que celles prévues en
loi de finances initiale (amélioration de l'ordre de 28 % hors
dépenses de personnel
19(
*
)
).
Evolution des autorisations de programme et des crédits de paiement en 1998
(en millions de francs)
|
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Loi de finances initiale |
800 |
1.899 |
Reports |
104 |
225 |
Fonds de concours |
110 |
138 |
Loi de finances rectificative |
16 |
30 |
Annulations |
34 20( * ) |
5 |
Dotations effectivement disponibles |
996 |
2.297 |
Source : Rapport du contrôleur financier
2. La consommation des crédits de paiement est faible
Si le
taux de consommation des autorisations de programme ne demande pas de
commentaire particulier, celui des crédits de paiement peut être
jugé globalement faible, notamment sur les titres V et VI (69,6 %
sur le titre V et 63,7 % sur le titre VI
21(
*
)
). On remarque d'ailleurs qu'il est
en chute sensible par rapport à l'année
précédente : globalement le taux de consommation des
crédits de paiement est de 77,3 % en 1998 alors qu'il était de 85
% en 1997 et de 88 % en 1996.
Votre rapporteur spécial n'estime pas qu'une faible consommation des
crédits soit en soi scandaleuse, notamment si elle permet des
économies de crédits. Mais d'une manière
générale, elle traduit une mauvaise prévision des besoins
réels de financement.
B. LES REMARQUES DE LA COUR DES COMPTES
Le
rapport de la Cour des comptes sur l'exécution des lois de finances pour
1998 souligne en particulier :
qu'un chapitre, abondé en loi de finances rectificative pour 1997, a
fait l'objet de reports très importants sur l'année
suivante
22(
*
)
: ces
crédits n'avaient donc pas vocation à être
dépensés en 1997 ;
que deux chapitres ont bénéficié en loi de finances
rectificative pour 1998 de dotations alors qu'au cours du même exercice
ils avaient supporté des annulations de crédits
23(
*
)
: les crédits
concernés étaient-ils surabondants ou insuffisants ?
Une telle gestion des crédits, contradictoire et largement opaque,
laisse à désirer.