INTERVENTION DE M. CLAUDE HANOTEAU DEVANT LA MINISTRE DE LA JUSTICE, GARDE DES SCEAUX,
(le samedi 2 octobre à 9 h 30)
Madame
la ministre,
Depuis hier, mais vous le saviez déjà, vous pouvez constater que
l'Ecole nationale de la Magistrature est bien vivante. On y chante et on y
danse parfois mais on y travaille aussi beaucoup et souvent.
Pour fêter ses quarante ans, sa direction, son collège des
maîtres de conférences, ses fonctionnaires ont pris le parti
d'accueillir magistrats et auditeurs de justice pour parler de
l'évolution de nos métiers.
Je constate tout d'abord, mes chers collèges, que vous êtes venus
nombreux. Je l'ai dit hier, votre présence témoigne de
l'attachement que vous portez à votre école, mais votre
attachement se révèle par ailleurs chaque jour par la part si
importante que vous prenez sur le terrain au déroulement des stages de
nos étudiants, aux contributions que vous apportez à sa
pédagogie, à l'intérêt que vous montrez à
suivre sa formation continue.
Je constate ensuite que pour discuter des thèmes retenus, l'Ecole a fait
appel à beaucoup d'invités extérieurs à la
magistrature, universitaires, chercheurs, fonctionnaires d'autres
administrations, journalistes ; qu'elle y a fait participer des directeurs
de centres de formation de nombreux pays étrangers ; qu'elle a
demandé, et il sait combien son accord nous a honoré, à un
avocat, professeur de droit, ancien Garde des Sceaux, ancien Président
du Conseil constitutionnel, aujourd'hui sénateur de la
République, d'être le rapporteur général de tous ces
travaux. Non décidément, l'Ecole nationale de la magistrature
n'est pas l'école de l'entre soi, de l'entre nous comme des esprits
encore mal informés se plaisent à la répéter.
Les conclusions des travaux en atelier vont obliger sans doute chacun de nous
à se poser la question de savoir quelle évolution doit
connaître l'Ecole nationale de la magistrature si l'on veut qu'elle reste
à l'heure de son temps.
Les temps changent, les interventions judiciaires se sont multipliées et
diversifiées, le champ sur lequel la justice étend son action ne
cesse de s'élargir et le juge, qu'il l'ait voulu ou non, est
appelé à occuper une place sans commune mesure avec celle que
connurent les gens de ma génération, au début de leur
carrière.
Communiquer d'une manière nouvelle et ô combien plus rapide, entre
nous, mais aussi avec les autres, dans notre hexagone et dans le monde entier,
par les voies de l'internet et de l'intranet modifiera, et a sans doute
déjà modifié l'exact positionnement de notre institution
et de ceux qui la servent.
Voir se construire à grands pas l'Europe, mais aussi se nouer des liens
de proximité avec d'autres pays transforme de manière
fondamentale tout ce qui pouvait être écrit, dit ou fait en
matière de coopération internationale.
Voir se développer les possibilités d'accès au droit,
s'accroître l'aide juridictionnelle, constater que nos concitoyens sont
de plus en plus en demande de justice, prendre en compte leurs légitimes
exigences, être conscient de leurs attentes dont l'impatience doit
être aujourd'hui comprise, requiert de nous tous une autre manière
de les accueillir et de leur répondre.
Ce sont là, Madame la ministre, des axes sur lesquels l'Ecole s'est
engagée résolument : elle accentue ses efforts de
pédagogie sur l'économique et le financier, sur le droit
européen et communautaire, sur les nouveaux modes de règlement
des conflits ; elle veille à améliorer l'apprentissage aux
nouvelles techniques de communication.
L'Ecole nationale de la Magistrature, mesdames et messieurs les auditrices et
auditeurs de justice, met tout son savoir faire, toute sa détermination
pour contribuer à faire de vous des juges et des procureurs de
qualité que nos concitoyens sont en droit d'attendre.
Il vous appartiendra de concrétiser demain les belles aspirations que
vous portez en vous et qui vous ont fait choisir le métier de magistrat.
Je ne doute pas que vous serez à la hauteur des missions que l'on vous
confiera.
L'Ecole nationale de la Magistrature, Madame la Ministre, je le
répète, est bien vivante : elle fait face aux tâches
que lui a assignées la République. Elle sait, et votre
présence en témoigne, que vous apporterez votre soutien à
son engagement qui est sans faille.