III. L'ARTICLE 70 BIS : ÉTAT ANNEXÉ RETRAÇANT LES CRÉDITS EN FAVEUR DES DROITS DES FEMMES
Lors de
la discussion à l'Assemblée nationale des crédits de la
santé et de la solidarité, Madame Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation
professionnelle, a émis le voeu que
" l'an prochain, un jaune
budgétaire
[puisse]
peut-être présenter l'ensemble
[des]
crédits "
80(
*
)
relatifs aux droits des femmes.
Répondant à l'instant au désir de la ministre, le
rapporteur spécial des crédits de la santé, notre
collègue Gilbert Mitterrand, a déposé un amendement
insérant un article additionnel :
" le Gouvernement
présente chaque année, en annexe au projet de loi de finances, un
état retraçant les crédits qui concourent aux actions en
faveur des droits des femmes "
.
Votre rapporteur spécial ne s'interrogera pas sur le caractère
curieux de la méthode employée, puisque le Gouvernement a besoin
d'un amendement parlementaire pour assurer une information qu'il n'aurait tenu
qu'à lui de fournir à la représentation nationale sans
qu'il ait été besoin de créer un " jaune "
supplémentaire.
Il ne s'interrogera pas non plus sur le caractère catégoriel de
ce type de document : les femmes constitueraient ainsi un public
particulier bénéficiant d'un document budgétaire
particulier.
IV. LES PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
A. L'INFLUENCE DE LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE
Le
budget de la santé et de la solidarité pour 2000 est
marqué par l'inscription, à hauteur de 7 milliards de francs, des
crédits que consacrera l'Etat au financement du volet
complémentaire de la CMU : elle représente 65,4 % de la
progression totale du budget.
Votre rapporteur spécial avait, dans son avis sur le projet de loi
relatif à la couverture maladie universelle, dénoncé par
avance les conséquences pour le budget de l'Etat de cette
réforme.
Après de vastes réaménagements de crédits, qui
reviennent à minorer les dépenses du ministère de
l'intérieur au titre de la dotation globale de décentralisation,
et à majorer de 7 milliards de francs les crédits, elle se
traduit par un coût net de 1,5 milliard de francs pour l'Etat la
première année de mise en place du dispositif.
Couverture maladie universelle : conséquences financières pour l'Etat
(en milliards de francs)
Recettes (ou moindres dépenses) |
Dépenses (ou moindres recettes) |
||
Diminution du coût de l'aide médicale Etat |
0,40 |
Subvention au fonds de financement |
7 |
Diminution de dotation générale de décentralisation |
|
Affectation d'une fraction des droits de consommation sur le tabac à la CNAMTS |
|
|
|
Augmentation des subventions aux régimes d'assurance maladie |
|
Total |
9,19 |
Total |
10,90 |
|
|
Solde |
- 1,51 |
Sources : étude d'impact du projet de loi
portant
création d'une couverture maladie universelle et PLF 2000
La subvention au fonds de financement constitue cependant un solde
dépendant du montant du produit de la contribution sur les organismes
complémentaires, estimé à 1,8 milliard de francs.
Votre rapporteur spécial constate que la loi créant la CMU
prévoyait une participation de l'Etat au fonds de 7,2 milliards de
francs et qu'elle n'apparaît qu'à hauteur de 7 milliards de francs
dans le projet de loi de finances pour 2000.
Les dépenses supplémentaires et les moindres recettes ont donc un
caractère aléatoire. Ainsi, l'évaluation de
1,5 milliard de francs du coût net de la CMU apparaît comme un
minimum difficilement compatible avec la logique partenariale inscrite dans le
projet de loi. Il est probable que l'Etat devra dépenser davantage que
prévu pour le fonds de financement de la protection
complémentaire.