2. Elle semble sans alternative mais demeure mal adaptée
Malgré les défauts qui lui sont reprochés, aucune des parties prenantes ne propose la disparition de ce système.
Les postiers sont attachés à la distribution de la presse, conforme à la vocation de service public de l'entreprise, générant un flux qui gonfle les sacoches et structure les tournées.
Du côté de la presse, les comptes d'exploitation de beaucoup de titres ne résisteraient pas à sa disparition. D'ailleurs, les précédentes augmentations tarifaires ont eu des répercussions en termes d'augmentation des charges d'exploitation, qui n'ont pas été uniformément réparties sur la profession, mais ont touché plus fortement certains titres.
Enfin, comme cela a déjà été dit, le développement de systèmes alternatifs à la distribution postale, comme le portage, n'est pas adapté à toutes les situations : certains titres, même s'ils envisagent le développement, dans certaines zones géographiques, du portage, n'ont pas d'alternative, pour la majorité de leurs publications, à la distribution postale.
3. Sa vocation politique s'est diluée mais sa rationalité économique reste introuvable
Mise en place pour favoriser la diffusion des idées et pour faire vivre le débat démocratique, l'aide à la presse s'est progressivement étendue bien au-delà de ce périmètre « idéal ».
Cette dilution était déjà dénoncée dans le rapport de 1997 (« Est-on certain que beaucoup jugeraient raisonnable que ce soutien -alimenté par les impôts des contribuables et le service public postal- bénéficie à des revues de jeux, de cuisine ou de tricot ? » pouvait-on y lire, ou encore : « Cette dilution de l'aide à la presse d'opinion dans un soutien général et banalisé à la presse ne paraît pas présenter un intérêt évident pour la démocratie. »).
Malgré la mise en place de tarifs ciblés pour les titres de presse d'information politique et générale, ou « ciblage », entamé notamment à la suite des précédents accords, force est de constater que beaucoup de personnes entendues par votre rapporteur ont souligné le peu de légitimité, du point de vue de l'intérêt général, à faire financer par les contribuables et les clients de La Poste un si large spectre de publications.
Si la vocation politique de l'aide à la presse s'est diluée, sa rationalité économique est elle-même contestée.
L'étude précitée commanditée par la Fédération nationale de la presse française par exemple indique que certains flux relevant du secteur concurrentiel (courrier industriel, envois publicitaires) bénéficieraient d'écarts entre tarif et coût « bien supérieurs à celui dont bénéficie la presse ».