Déplacements et auditions des rapporteurs


 
 
 

Déplacement sur place

24 janvier 2000

Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) à Paris

Mme Nicole Prud'homme, présidente du conseil d'administration, M. Gilbert Diépois, Vice-président du Conseil d'administration, M. Claude Huriet, Président du Conseil de surveillance, Mme Annick Morel, Directrice, M. Jean-Claude Issindou, Directeur du développement et du contrôle de gestion et M. Jean-Pierre Soureillat, Directeur de l'animation du réseau

2 février 2000

Caisse d'allocations familiales d'Evry (Essonne)

M. Christian Costa, Président du Conseil d'administration, Mme Brigitte Davenas, Directrice, M. Jean-Pierre Guichemerre, Directeur des prestations, Mme Ultima Martial, Responsable de l'accueil d'Evry, Mme Christiane Chevallier, Technicienne-conseil, Mme Yannick Porret, Technicienne-conseil, M. Dominique Ringeval, FO, M. Philippe Glomeron, FO, Mme Chantal Echelard, CFDT, Mme Francine Roussay, CGT, Mme Brigitte Maussion, CGT

3 février 2000

Caisse d'allocations familiales de Chartres (Eure-et-Loir)

M. Claude Faure, Président du Conseil d'administration, M. Jean Pommier, Vice-président du Conseil d'administration, M. Thierry Grethen, Directeur, M. Jean-Jacques Poupeau, Directeur-adjoint, Mme Geneviève Valat, Agent comptable, M. Daniel Rousseau, FO, Mme Colette Charpignon, CGT, M. Serge Guillet, Délégué du personnel (CFDT)

9 février 2000

Caisse d'allocations familiales de Melun (Seine-et-Marne)

Mme Marie-Madeleine Pattier, Présidente du Conseil d'administration, Mme Hervé François, Directeur, Mme Marie-Joseph Lecerf, Directeur-adjoint, M. Pascal Delaplace, Sous-Directeur d'action sociale, Mlle Brigitte de Metz-Noblat, Agent comptable, M. Nicolas Perrin, stagiaire du CNESS, M. Jean-Louis Charpentier, CFDT, Mme Annie Berton, CGT, M. Gaby Barthe, CGT

 

Auditions devant les rapporteurs

27 avril 2000

Mme Eliane Bellot, présidente du conseil d'administration et M. Robert Richaud, directeur de la Caisse d'allocations familiales de Grenoble (Isère)

 

Auditions dans le cadre de la commission
(cf. travaux de la commission)

I. UN CONSTAT PRÉOCCUPANT

A. LA DÉGRADATION DU SERVICE RENDU AU PUBLIC

1. Un phénomène particulièrement marqué en région parisienne

Les caisses d'allocations familiales de la région parisienne ont rencontré, au cours de l'année 1999, des difficultés importantes qui ont conduit à une dégradation sensible du service offert aux allocataires.

Si les difficultés semblent avoir commencé à se manifester dès 1998, elles se sont cependant brutalement aggravées au cours de l'été 1999, date à laquelle elles ont été largement évoquées par les médias.

La médiatisation probablement excessive des dysfonctionnements observés dans certaines caisses a d'ailleurs généré une certaine inquiétude dans l'opinion publique et s'est traduite, in fine , par une augmentation de la demande adressée au caisses et par une aggravation des difficultés.

Les difficultés se sont traduites concrètement par des retards dans le traitement des dossiers et des réponses aux courriers, par une forte augmentation des temps d'attente au guichet et par une dégradation de l'accueil téléphonique.

Ces trois aspects sont en réalité partie prenante d'un même cercle vicieux : par un phénomène de boule de neige, les difficultés s'ajoutent aux difficultés. Les caisses qui ont pris du retard sont ainsi davantage sollicitées par les allocataires qui viennent plus nombreux à l'accueil et sont plus nombreux à téléphoner.

Lorsque les délais de traitement des dossiers augmentent, les allocataires, inquiets de l'absence de réponse de la caisse, se rendent aux guichets. Pour répondre à cette affluence nouvelle, on affecte à l'accueil des personnels habituellement chargés de l'instruction et de la liquidation des dossiers ou de l'accueil téléphonique, ce qui se traduit in fine par des retards accrus dans la gestion des dossiers.

S'agissant des CAF d'Ile-de-France, il y avait, fin août 1999, 271.000 courriers en retard, correspondant à 150.000 allocataires.

A la mi-septembre, le stock moyen de courriers -qui est évalué en nombre de jours de production 25( * ) - variait selon les caisses de 5,3 jours à Paris à 18,5 jours à Melun et 21 jours à Cergy. On rappellera que l'objectif que s'est fixé la branche famille est de ne pas dépasser un stock moyen de 3 jours de production.

Stock de courriers (en jours de production)

Caisse

Au 17 septembre 99

Au 7 janvier 2000

Cergy (95)

21

22,4

Créteil (94)

12,5

14,3

Evry (91)

14,8

10

Melun (77)

18,5

17,2

Nanterre (92)

6,2

10,4

Paris (75)

5,3

6,1

Rosny (93)

6,6

5

St-Quentin en Yvelines (78)

12,4

7,8

Début janvier 2000, la situation s'était améliorée à Evry, Rosny et Saint-Quentin en Yvelines ; elle s'était en revanche dégradée à Nanterre, Créteil et Cergy où l'on atteignait alors 22 jours de stock.

Ces chiffres moyens recouvrent des réalités naturellement diverses. L'objectif des caisses est habituellement de traiter les dossiers en moins de trois semaines, de telle sorte que le changement de situation signalé puisse être pris en charge dans la mensualité du mois suivant. Lorsque les dossiers sont traités avec retard, cela signifie concrètement que la modification de droit que les allocataires ont signalée à la caisse ne peut alors être prise en compte que dans la mensualité du deuxième mois qui suit ce signalement. Il y a alors un rappel de droit ou la notification d'un indu.

Fin août, le stock de courriers datant de plus de trois semaines était pour sa part de 130.000, soit quasiment la moitié (48 %) des courriers en retard.

On observe là encore une grande hétérogénéité dans les situations respectives des différentes caisses. En septembre 1999, la part des dossiers traités en moins de 21 jours était de seulement 36 % à Evry, 37 % à Cergy et 48 % à Melun. En revanche, Rosny affichait un taux de 88 % et Nanterre obtenait un brillant 100 % !

En décembre 1999, la situation ne s'était guère améliorée : dégradation à Melun (34 %) et à Créteil (66 %), timide progression à Cergy (40 %) et Saint-Quentin en Yvelines (74 %). Si l'on inverse la proposition, cela signifie concrètement qu'à Melun, 66 % des dossiers étaient donc traités dans un délai supérieur à trois semaines !

Evolution de la situation des caisses de l'Ile-de-France


Caisse

Délai de traitement inférieur à 21 jours (% des dossiers)

Temps d'attente au guichet inférieur à 30 mn
(% des dossiers)

 

Septembre 99

Décembre 99

Septembre 99

Décembre 99

Cergy (95)

37 %

40 %

53 %

57 %

Créteil (94)

72 %

66 %

50 %

50 %

Evry (91)

36 %

36 %

6 %

18 %

Melun (77)

48 %

34 %

33 %

46 %

Nanterre (92)

100 %

100 %

68 %

65 %

Paris (75)

80 %

80 %

22 %

40 %

Rosny (93)

88 %

89 %

79 %

81 %

St-Quentin en Yvelines (78)

70 %

74 %

61 %

69 %

Les caisses ont dès lors été contraintes à des arbitrages et ont choisi de privilégier le versement des minima sociaux aux dépens des prestations familiales " classiques ". Elles ont mis en place des procédures prioritaires pour les ouvertures de dossiers, pour les allocataires les plus modestes, pour le traitement immédiat des documents urgents et ayant un impact positif sur les droits des allocataires.

Certains dossiers jugés non prioritaires ont donc été traités avec des retards de plusieurs mois.

Parallèlement à ces retards dans le traitement des dossiers, les temps d'attente au guichet augmentaient fortement : certaines caisses ont ainsi connu, à certaines périodes, des temps d'attente moyens pouvant atteindre
3 heures : c'était par exemple le cas début janvier 2000 à l'accueil de la CAF de Paris, rue Laumière, dans le 19 ème arrondissement.

A la mi-septembre 1999, toutes les caisses de la région parisienne présentaient un temps d'attente moyen au guichet supérieur ou égal à 1 heure : 1 heure 40 à Cergy, 1 heure 45 à Paris (rue Laumière), 2 heures à Melun...

A la même période, la part des personnes attendant moins de 30 minutes à l'accueil -objectif poursuivi par la branche- était de seulement 6 % à Evry ( 94 % des personnes attendaient donc plus de 30 minutes ), 22 % à Paris et 33 % à Melun.

Temps d'attente moyen au guichet des CAF de l'Ile-de-France

Caisse

Temps d'attente moyen au guichet
au 17 septembre 99

Temps d'attente moyen au guichet
au 7 janvier 2000

Cergy (95)

1 h 40

1 h 15

Créteil (94)

1 h

45 mn

Evry (91)

1 h 20

58 mn

Melun (77)

2 h

Application non disponible

Nanterre (92)

1 h

30 mn

Paris (75)

1 h (rue Viala)

1 h 07 (rue Viala)

 

1 h 45 (rue Laumière)

3 h 02 (rue Laumière)

Rosny (93)

1 h

45 mn

St-Quentin en Yvelines (78)

1 h 10

23 mn

Début janvier 2000, la situation s'était améliorée partout sauf à Paris où elle avait pris rue Laumière un caractère particulièrement alarmant. Les temps d'attente restaient cependant anormalement élevés dans six caisses sur huit.

Il s'agit là encore de temps d'attente moyen : certaines personnes ont donc pu parfois attendre des durées beaucoup plus longues.

A Evry, où l'on considère que la capacité maximale d'accueil quotidien est de 400 personnes, 900 à 1.000 personnes se sont parfois présentées certains jours. 250 personnes attendaient ainsi simultanément dans une salle qui compte environ 80 places assises.

Ces conditions d'accueil ont généré de fortes tensions entre les allocataires et les personnels des caisses concernées. Elément assez symptomatique de cette dégradation, les caisses d'Evry et de Melun ont chacune embauché un vigile qui, présent à l'accueil, assure la sécurité des personnels, maintient l'ordre et empêche la constitution d'un " marché noir " des tickets d'attente.

L'accueil téléphonique a été partout sacrifié. Certaines caisses -à Evry par exemple- ont carrément décidé de fermer cet accueil et ne répondaient plus au téléphone. Cette situation de l'accueil téléphonique a naturellement un retentissement direct sur l'accueil au guichet : faute d'obtenir une réponse au téléphone, les allocataires ont été contraints de se rendre à leur caisse.

2. Le non-respect des engagements définis par la convention d'objectifs et de gestion

Les dysfonctionnements observés dans les caisses parisiennes ont été le révélateur des difficultés rencontrées plus généralement par la branche famille pour respecter les engagements de qualité de service prévus par la convention d'objectifs de gestion.

Les difficultés qu'ont connues les caisses parisiennes ont été partagées par certaines caisses de province, avec toutefois moins d'acuité.


L'appréciation portée en septembre 1999 par les directions des différentes caisses sur leur situation confirme que ces difficultés en matière d'écoulement de la charge de travail ont été également ressenties en province : seuls 41 directeurs de caisses sur 125 considéraient à cette date que la situation était bonne ou très bonne, les 84 restants la jugeant assez difficile ou très difficile.

Appréciation portée par les directeurs de CAF sur la situation de leur caisse
(septembre 1999)

En fait, la plupart des caisses semblent, à des degrés divers, être à la limite de leur capacité de production. Cette fragilité conduit à ce que tout incident de parcours -panne du système informatique, absentéisme plus fort- ou toute période de fortes charges -déclaration de ressources, rentrée scolaire, changement réglementaire- provoque un stock de dossiers en retard avec une remise à jour lente.

Même si une majorité d'allocataires bénéficie aujourd'hui d'un service acceptable, ces difficultés ont conduit la branche famille à ne pas être en mesure de respecter les engagements qu'elle avait pris en 1997 et qui ont été formalisés dans la convention d'objectifs et de gestion signée le 14 mai 1997.

Dans le cadre de cette convention d'objectifs et de gestion signée avec l'Etat, couvrant la période 1997-2000, la branche famille a pris en effet cinq engagements de qualité :

Premier engagement : la régularité de paiement ; les prestations dues au titre du mois sont versées le 5 du mois suivant ou le jour ouvré le plus proche. Cet engagement, qui porte sur le versement d'une masse de prestations de 25 milliards de francs par mois à 10 millions d'allocataires, a été jusqu'à présent tenu.

Deuxième engagement : le traitement de tout dossier dans un délai de 3 semaines , à compter du 1 er janvier 1998. L'objectif est qu'un changement dans la situation d'un allocataire soit pris en compte pour le versement de la mensualité suivante.

Cet engagement est actuellement tenu pour seulement 83 % des 55 millions de courriers reçus tous les ans. 17 % des dossiers traités le sont donc dans un délai supérieur à l'objectif de 21 jours. Ce chiffre a doublé en 1999, traduisant ainsi les difficultés rencontrées par la branche.

Part des dossiers traités en moins de 21 jours

1998

1999

91 %

83 %

En 1999, 39 caisses sur 125, soit 31 %, ne respectaient pas l'objectif de 90 % des dossiers traités en moins de 21 jours.

Troisième engagement
: chaque année, 25 % des allocataires doivent faire l'objet d'un contrôle sur pièces et sur place . Cet engagement, prévu à compter du 1 er janvier 2000, est loin d'être tenu puisque seuls 16,3 % des dossiers ont été contrôlés en 1998.

Part des dossiers contrôlés

1996

1997

1998

21,7 %

22 %

16,3 %

Quatrième engagement : à compter du 1 er janvier 2001, le délai d'attente au guichet ne doit pas excéder, en règle générale, 30 minutes .

Aujourd'hui, sur 18 millions de visites par an, seules 78 % sont traitées en moins de 30 minutes. L'objectif de 30 minutes d'attente maximum n'est pas respecté pour plus de 22 % des allocataires reçus. La situation se dégrade nettement depuis 1997.

Part des visites où le délai d'attente est supérieur à 30 minutes

1997

1998

1999

17,5 %

19,3 %

22,6 %

En 1999, 68 caisses sur 125, soit 54 %, ne respectaient pas l'objectif de 90 % des visites traitées en moins de 30 minutes.

Cinquième engagement
: une amplitude de réponse téléphonique d'au moins 25 heures par semaine et un taux d'efficacité pendant les plages d'accès de 70 %, à compter du 1 er janvier 2001. Aujourd'hui, sur 47 millions de communications téléphoniques abouties par an, seules 54 % sont traitées. L'accès au téléphone est problématique dans nombre d'organismes. La plupart des caisses ont une amplitude d'ouverture au public restreinte. Celle-ci a été légèrement réduite sur la dernière période. Par ailleurs, le taux d'accès reste très insuffisant.

Plages d'accès aux CAF par téléphone

1997

1998

Moyenne journalière

Moyenne journalière

4 h 48

4 h 36

En 1999, 62 caisses sur 125, soit 50 %, ne respectaient pas l'objectif de 70 % de communications traitées par rapport aux communications abouties.

Il apparaît donc que si seule une minorité de caisses a été effectivement concernée par les difficultés de l'été 1999, une part importante des 125 caisses -qui varie, selon les indicateurs, entre 31 % et 54 %- ne respecte pas les objectifs définis par la convention d'objectifs et de gestion.

Ces éléments traduisent à l'évidence un dysfonctionnement dans la gestion du système des prestations. Lorsqu'une caisse n'écoule pas normalement sa charge de travail, elle génère plus d'erreurs, plus d'indus et diminue le niveau de contrôle. Tout ceci a bien évidemment au final un coût sur la dépense de prestation.

B. UNE AMÉLIORATION FRAGILE

1. Des plans d'action pour venir en aide aux caisses en difficultés

Face à ces difficultés, la CNAF a mis en place plusieurs plans d'action successifs consistant essentiellement à affecter des personnels supplémentaires dans les caisses concernées.

Dès février 1999, la CNAF accordait aux caisses de région parisienne des moyens complémentaires à hauteur de 37,2 millions de francs, soit l'équivalent de 300 années-agents.

En septembre 1999, un nouveau plan d'action pour les caisses d'Ile-de-France était mis en place, dans l'urgence, avec pour objectif de revenir à un délai normal de traitement des dossiers, exigeant de tenir le flux de courriers et de régler l'antériorité du stock. Il était proposé deux échéances :

- une première inversion de la tendance fin octobre pour les huit caisses (le mois de septembre est un mois très lourd pour la branche) ;

- un retour à un délai normal en fin d'année.

Chaque caisse a été invitée à établir sur les six mois suivants une projection de ses charges, de ses forces de production, de son stock retard, du plan d'action acquis et des moyens supplémentaires éventuellement nécessaires pour accélérer le retour à la normale. Ces chiffres ont fait l'objet d'un dialogue approfondi caisse par caisse avec la CNAF.

Ce plan d'action s'est articulé autour de trois axes : le renfort en personnel, des dispositifs spécifiques pour les allocataires les plus fragiles et le développement de nouvelles formes d'organisation en matière d'accueil physique et téléphonique.

Le renfort en personnel a pris la forme :

- d'un renforcement temporaire de personnel (contrats à durée déterminée, 140 contrats de qualification permettant le remplacement immédiat des personnels partant en retraite, 55 emplois-jeunes, stagiaires en formation professionnelle) ; ces personnels effectuent des travaux simples qui déchargent les techniciens-conseil et leur permettent de se consacrer aux dossiers les plus complexes et à l'accueil ;

- d'un recours aux heures supplémentaires volontaires ;

- d'une mobilisation sur la ligne du public des personnels administratifs, d'encadrement, de contrôle, d'action sociale, d'agence comptable ;

- d'une mobilisation de la réserve opérationnelle régionale d'Ile-de-France (40 techniciens-conseils).

Les dispositifs spécifiques pour les allocataires les plus fragiles prévoyaient :

- une priorité de traitement pour les dossiers les plus sensibles (minima sociaux, déclaration de ressources en retard, allocation de rentrée scolaire, mutations, dossiers signalés par les partenaires des CAF...) ;

- le versement d'acomptes et d'avances au guichet ;

- des contacts avec les bailleurs pour éviter les conséquences d'éventuels retards dans le versement des aides personnelles au logement.

En donnant instruction aux caisses de privilégier le versement des minima sociaux aux dépens des prestations familiales, la branche famille renonçait ainsi de facto à assurer sa mission première.

Parallèlement, les CAF ont expérimenté de nouvelles formes d'organisation de l'accueil physique et téléphonique , tels que le développement des media interactifs pour délivrer automatiquement des attestations de paiement.

Pour sa part, la CNAF a décidé de mobiliser sa réserve institutionnelle pour accélérer le retour à l'équilibre, qu'il s'agisse de renfort temporaire de personnel, d'investissement informatique, d'implantation immobilière.

Elle a également organisé la solidarité avec les caisses de province par le détachement de techniciens-conseils dans les CAF d'Ile-de-France. Il s'agit là naturellement du moyen le plus efficace de réduire rapidement le stock de dossiers en retard, ce que ne permet ni le recrutement de personnel temporaire, ni le recrutement de personnel définitif qu'il faut former pendant une longue période.

En contrepartie de l'octroi de ces moyens complémentaires, les caisses d'Ile-de-France ont établi des plans d'action de sortie de crise, laquelle était envisagée pour la fin du mois de mars 2000.

2. Une amélioration progressive de la situation

L'effet de différents plans d'action s'est fait nettement sentir à partir du premier trimestre 2000. En avril 2000, les principaux indicateurs de gestion des CAF font apparaître, à quelques exceptions près, une nette amélioration de la situation. Les caisses de la région parisienne ont notamment réussi à diminuer leur stock de dossiers en retard et ont amélioré les délais d'attente à l'accueil.

Au 21 avril 2000, le stock moyen en jours de production était inférieur à 7 jours dans six caisses sur huit de la région parisienne ; les temps d'attente avaient parallèlement chuté : entre 28 et 35 minutes à Paris, 20 minutes dans l'Essonne, 24 minutes dans le Val-de-Marne.

La caisse de Cergy (Val d'Oise) a ainsi fait diminuer son stock de dossiers en retard de 25 à 9 jours en trois mois, grâce à la mise en place d'un plan de redressement associant des mesures temporaires -et un peu brutales- de restriction de l'accueil des allocataires et des recrutements de personnels en contrat à durée indéterminée.

Situation des caisses d'allocations familiales d'Ile-de-France

(au 21 avril 2000)

Caisse

Stock moyen en jours de production

Temps d'attente moyen au guichet

Paris (75)

0,4

28 mn (Viala) 35 mn (Laumière))

Melun (77)

12,4

1 h 14

St-Quentin en Yvelines (78)

3,6

28 mn

Evry (91)

5,1

20 mn

Nanterre (92)

6,8

28 mn

Rosny (93)

3,0

31 mn

Créteil (94)

5,2

24 mn

Cergy (95)

9,3

*

* Pas d'outil fiable de mesure.

A l'exception notable de la caisse de Melun (Seine-et-Marne), où le stock reste considérable (12,4 jours) et le temps d'attente moyen très élevé (1 h 14), toutes les caisses de la région parisienne semblaient, à la date du 21 avril dernier, dans une configuration de sortie de crise.

Cette amélioration s'est ressentie dans l'ensemble du réseau
. Au cours du 4 ème trimestre, le nombre de directeurs de caisses portant une appréciation " bonne " ou " très bonne " sur la situation de leur caisse au regard de la maîtrise de la charge de travail a sensiblement progressé, passant de 41 sur 125 en septembre à 64 sur 125 en décembre 1999. On ne retrouve cependant pas un niveau équivalent à celui enregistré au début de l'année 1999.

Concernant la période à venir, les caisses sont, dans leur majorité, confiantes sur la maîtrise de la charge de travail puisque 33 (26 %) envisagent une amélioration et 86 (69 %) une stabilité. Seules 6 caisses (5 %) anticipent une dégradation de la situation.

Ces éléments sont corroborés par les impressions recueillies par vos rapporteurs lors de leurs déplacements sur le terrain en février 2000. Dans toutes les caisses visitées, les principaux indicateurs s'étaient nettement améliorés depuis l'automne.

Il n'en reste pas moins que cette amélioration reste fragile : plusieurs caisses ayant intégré Cristal avant l'été font remarquer qu'elles ne retrouvent pas un niveau de productivité équivalent à celui enregistré avant le changement de système informatique.

Pour sa part, l'IGAS estime dans son rapport 26( * ) que " le redressement pourrait toutefois être plus long pour quelques caisses cumulant les handicaps (intégration régionale insuffisante, nombre d'allocataires en forte progression, pyramide des âges du personnel ou structure CDD/CDI défavorables, fautes de management...). "

Vos rapporteurs considèrent qu'il conviendra donc d'attendre l'été prochain -et les tensions que génère habituellement cette période de l'année- pour voir si les difficultés sont définitivement résorbées.

L'IGAS considère ainsi que " pour éviter un nouvel engorgement saisonnier à l'été 2000, il serait nécessaire que la CNAF procède à un audit approfondi de ces caisses, notamment en région parisienne ".

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