III. L'ACCUEIL DES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS : UNE STRATÉGIE « BIENVENUE EN FRANCE » UTILE MAIS QUI NE PERMETTRA PAS À LA FRANCE DE RETROUVER SA PLACE DANS LE CLASSEMENT INTERNATIONAL
Une subvention pour charges de service public à Campus France de |
Des crédits de bourses étudiantes de |
La France à la |
stable |
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place des pays d'accueil en 2020 (4 e place en 2015) |
Les objectifs de la politique d'accueil d'étudiants étrangers pour 2022-2023 s'intègrent dans la stratégie « Bienvenue en France » lancée en novembre 2018 par Édouard Philippe, alors Premier ministre, qui vise notamment le passage de 324 000 étudiants à 500 000 étudiants internationaux à l'horizon 2027 et le doublement du nombre de bourses versées par le MEAE. Cette stratégie s'est déclinée en différentes actions mises en oeuvre au niveau central (facilitation des procédures d'inscription via la plateforme Études en France 11 ( * ) et de la délivrance des visas) et au sein des établissements labellisés 12 ( * ) (développement de bureaux d'accueil et de campagnes de communication, mise en place de cours de français en langue étrangère ou encore recrutement de chargés d'accueil).
Bien qu'utiles, ces mesures ne devraient pas permettre à notre pays de retrouver sa place dans le classement international . En effet, si en 20212022, la France a franchi le cap des 400 000 étudiants accueillis (apprentis inclus), le dynamisme de la mobilité étudiante profite davantage à nos compétiteurs. La France est ainsi désormais devancée par l'Allemagne ou encore la Russie, et les Émirats arabes unis ont accueilli un nombre d'étudiants internationaux très proche du nôtre en 2019. Par ailleurs, la Turquie, la Chine, le Japon et la Corée du Sud ont connu des taux de progression très significatifs entre 2014-2019 (respectivement + 221 %, + 85 %, + 86 % et + 88 %).
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la perte de vitesse de la France dans ce domaine :
1. concernant les bourses, l'objectif de doublement des bourses du MEAE ne s'est pas traduit, jusqu'à présent, par une augmentation des crédits afférents, l'enveloppe étant identique à celle de 2017. À titre d'exemple, l'Allemagne consacre un budget fléché pour les mobilités entrantes près de 3 fois supérieur à celui de la France, le montant des bourses versées par le gouvernement australien s'élève à 266 millions d'euros, contre 64 millions d'euros pour la France, l'Arabie Saoudite propose des programmes de bourses pouvant aller jusqu'à 26 000 euros par an, contre 860 euros par mois environ pour la France. La durée moyenne des bourses du Gouvernement français apparaît en outre trop courte (moins de 6 mois), ce qui se traduit par un saupoudrage des moyens et ne permet pas de créer un lien pérenne avec l'étudiant accueilli. Par ailleurs, il conviendrait que Campus France dispose d'une plus grande visibilité s'agissant de la programmation des bourses établie par le MEAE chaque année. Actuellement, le montant de la commande publique en bourses, missions et invitations est communiqué à l'opérateur postérieurement à la construction du budget (en février / mars de l'année N+1). Il en résulte des écarts importants entre le montant voté en loi de finances initiale et le montant effectivement mis à disposition de l'opérateur, compris entre 11 millions d'euros et 16 millions d'euros. Il serait souhaitable que les questions relatives à la programmation figurent dans le futur contrat d'objectifs et de performance qui devrait être présenté au Parlement cet automne ;
2. la subvention versée à Campus France, suffisante à iso activité, ne lui permettra pas à l'évidence de faire face à un éventuel doublement du nombre de boursiers ;
3. plus fondamentalement, l'attractivité de la France souffre de la complexité de l'offre de l'enseignement supérieur et de la recherche français (coexistence d'universités, de grandes écoles, d'écoles d'application, etc.), des problématiques d'accueil en matière de logement, ou d'obtention de visas notamment et de la faiblesse de l'offre de formation en anglais , ces éléments constituant autant d'axes d'amélioration de la politique d'accueil d'étudiants internationaux de notre pays.
Enfin, il est apparu au cours des auditions que Campus France ne dispose d'aucun mandat pour accompagner les jeunes français de l'étranger venant étudier en France, cette problématique n'étant par ailleurs pas traitée par d'autres services. Vos rapporteurs estiment qu'au regard du choc administratif voire culturel que peuvent rencontrer ces jeunes, qui ont effectué toute leur scolarité à l'étranger, un accompagnement par l'opérateur devrait être envisagé.
* 11 66 ambassades sont aujourd'hui couvertes par ce dispositif contre 49 en 2020.
* 12 Le label « Bienvenue en France » est attribué pour une durée de 4 ans aux établissements ayant mis en place des dispositifs et services destinés à mieux accueillir les étudiants internationaux. Au mois d'octobre 2022, 139 établissements étaient ainsi labellisés.