IV. UNE STABILITÉ DES MOYENS CONSACRÉS À LA DIPLOMATIE CULTURELLE TÉMOIGNANT D'UNE AMBITION DE FAÇADE
A. EN MATIÈRE CULTURELLE, UNE DÉCLINAISON DE LA « FEUILLE DE ROUTE DE L'INFLUENCE » QUI S'AVÈRE PEU AMBITIEUSE
Présentée en décembre 2021 par Jean-Yves Le Drian, alors ministre des Affaires étrangères, la « feuille de route de l'influence » a vocation à constituer un cadre d'action pour consolider et développer l'influence de la France dans le monde. 4 domaines prioritaires ont ainsi été identifiés : i) la promotion de la langue française et le développement de l'enseignement français à l'étranger, ii) le renforcement de la politique d'attractivité universitaire et scientifique, iii) la promotion de l'influence culturelle et intellectuelle à travers le soutien à l'export des industries culturelles et créatives (ICC) et iv) le renforcement de l'attractivité économique et touristique de la France.
Si des objectifs en matière d'enseignement français à l'étranger et d'accueil d'étudiants internationaux ont été clairement définis (cf. supra ), le contenu de cette feuille de route dans son volet influence culturelle semble plus flou (« mobilisation » des 37 ambassades à mission prioritaire ICC sur la relance des filières culturelles, « poursuite » de l'extension et de la modernisation du réseau culturel et linguistiques, etc.) ou sans réelle ambition (finalisation du rapprochement entre l'Institut français et la Fondation des Alliances françaises, mise en oeuvre d'une plateforme numérique d'appui aux écoles de langue à l'étranger). Un tableau de bord permettant de mesurer l'impact des politiques d'influence devait être opérationnel en début d'année 2022. Interrogée sur la mise en oeuvre de cet instrument, la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a indiqué que celui-ci n'avait fait l'objet que d'« une première ébauche ». À défaut de tableau de bord, il serait souhaitable qu'un bilan consolidé des actions mises en oeuvre dans le cadre de la « feuille de route » soit établi chaque année .
S'agissant de l'année 2022, selon les informations transmises par le MEAE, 15,1 millions d'euros ont ainsi été consacrés à la relance de notre politique d'influence , dont 1,6 million d'euros au titre du soutien à la promotion et au développement des industries culturelles et créatives, 1 million d'euros au titre du lancement aux États-Unis de résidences d'artiste (Villa Albertine), 1 million d'euros au titre du développement de l'enseignement supérieur via les campus franco-X dans la zone indopacifique notamment, 6 millions d'euros au titre de la relance de l'attractivité étudiantes et 5 millions d'euros au titre d'une nouvelle contribution française au fonds de l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine culturel dans les zones de conflit armé (ALIPH). Au total, le volet culturel de la feuille de route n'aura donc bénéficié que d'un surcroît de crédits de 7,6 millions d'euros .
En 2023, 2 millions d'euros supplémentaires devraient être consacrés aux actions de la feuille de route de l'influence. Si celles-ci ne sont pas précisément définies à ce stade, elles devraient notamment concerner le développement de projets d'enseignement supérieur et de recherche dans la zone Indopacifique notamment et le renforcement de la projection française en matière d'expertise et de coopération muséale. Vos rapporteurs pour avis ne peuvent que constater la faiblesse des moyens alloués à la relance de l'influence culturelle française lesquels seront en outre financés par des « économies de constatation » touchant notamment le programme Villa Albertine (- 0,5 million d'euros, ce projet ayant vocation à obtenir des financements de mécénat) et la contribution au fonds de l'ALIPH (- 0,7 million d'euros).