D. UNE RÉDUCTION MASSIVE DE L'AIDE HUMANITAIRE, UNE PRÉSERVATION DU CENTRE DE CRISE ET DE SOUTIEN DU QUAI D'ORSAY
Les crédits humanitaires de l'opération « Gestion et sortie de crise » connaîtront une diminution drastique en 2025, passant de 725 millions d'euros à 358 millions d'euros, une baisse de plus de 50 %, due essentiellement à la suppression pure et simple de la « provision pour crise majeure » qui se montait à 270 millions d'euros en 2024. À titre d'exemple, en 2023, cette provision pour crise avait permis de répondre à des engagements à hauteur de 148,75 M€ : aide humanitaire à l'Ukraine (72 M€), tremblement de terre survenu en Turquie et en Syrie (28,5 M€), assistance aux incendies survenus au Chili (1 M€), aide humanitaire en RDC (20 M€), crise au Soudan (12,25 M€), soutien à la population haïtienne suite à la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays (1 M€), etc.
De crédits humanitaires |
De crédits humanitaires « gestion et
sortie de crise » |
Il s'agit ainsi d'un véritable coup d'arrêt à la progression des crédits humanitaires, qui avait permis au cours des dernières années à la France de retrouver son rang au sein des grands donateurs humanitaires mondiaux (10ème place). En revanche, le Fonds d'urgence humanitaire et de stabilisation (FUHS), géré par le centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l'Europe et des affaires étrangères, voit son enveloppe augmenter de 20 millions d'euros - tout en perdant l'instrument que constituait la provision pour crises majeures.
E. UNE FORTE DIMINUTION DES CRÉDITS DE BONIFICATION DE PRÊTS DE L'AFD
La baisse des crédits est également sensible au sein du programme 110 « Aide économique et financière au développement ». Les crédits permettant à l'AFD de bonifier ses prêts aux États étrangers passent ainsi de 1 700 M€ en AE et 382,3 M€ en CP à 962,3 M€ en AE et 288,5 M€ en CP, soit une baisse massive en AE d'environ 738 millions d'euros, « dans un souci de maîtrise du coût budgétaire de l'activité de prêt de l'AFD » selon des documents budgétaires.
Les prêts concessionnels de l'AFD lui permettent de soutenir des projets que le système financier local ne pourrait pas financer. Ils ne peuvent pas bénéficier aux pays émergents ou aux pays à revenu intermédiaire, qui ont davantage de capacité à mobiliser les ressources de marché. La forte diminution des bonifications aura donc pour effet mécanique d'augmenter la proportion de prêts non bonifiés dans le bilan de l'AFD. Ce type de prêts bénéficie en majorité aux grands pays émergents tels que la Turquie, l'Afrique du Sud, le Brésil ou encore la Chine.