B. AU-DELÀ DE L'OBJECTIF CAP 2030, UNE DYNAMIQUE DE CROISSANCE MAINTENUE

1. Des effectifs en croissance continue

Le nombre d'élèves accueillis est orienté à la hausse depuis plusieurs années. 399 000 élèves étaient ainsi scolarisés dans le réseau à la rentrée 2024, soit 1,7 % d'augmentation par rapport à l'année précédente et 8,2 % par rapport à la rentrée 2019. Ces élèves fréquentent 600 établissements répartis dans 138 pays, dont 68 établissements en gestion directe (EGD), 159 établissements conventionnés et 373 établissements partenaires.

Cette croissance des effectifs est principalement portée par deux facteurs :

- la hausse du nombre d'établissements partenaires, qui permet de développer les effectifs par croissance externe. En 2024, 24 nouveaux établissements scolarisant 2 600 élèves ont ainsi rejoint le réseau ;

- la progression du nombre d'élèves étrangers, qui représentent plus des deux tiers des élèves scolarisés dans le réseau, tandis que la proportion d'élèves français dans les effectifs tend à se réduire (31 % des élèves en 2023/2024, en recul de 3 points par rapport à l'année 2019/2020). La crise sanitaire a marqué un tournant à cet égard : le nombre d'élèves français n'a jamais retrouvé son niveau pré-pandémie, tandis que le nombre d'élèves étrangers n'a cessé d'augmenter. Cette évolution, légèrement temporisée au cours des deux dernières années, résulte selon l'AEFE des pratiques des entreprises, qui réduisent le nombre de leurs employés en expatriation, ainsi que de la multiplication des instabilités politiques, qui n'encourage pas les familles à engager un projet de départ à l'étranger.

2. Une ambition de développement réaffirmée

• À la suite du discours du Président de la République sur l'ambition pour la langue française et le plurilinguisme du 20 mars 2018, l'objectif avait été donné à l'AEFE de doubler le nombre d'élèves accueillis, pour atteindre 700 000 élèves à l'horizon 2030. Cet objectif a été réaffirmé lors de la présentation des consultations sur l'enseignement français à l'étranger (EFE) le 3 juillet 2023.

• Selon l'AEFE, cet objectif chiffré sera « difficile à atteindre » à la rentrée de septembre 2030. L'application du taux moyen de progression des effectifs depuis 2021/2022, soit + 2,13 %, détermine en effet une trajectoire aboutissant à 453 000 élèves en 2030.

La directrice de l'agence souligne à ce propos les effets des crises sanitaires et politiques, qui ont fortement contraint le rythme d'accroissement des effectifs ; les récentes tensions avec les autorités turques (voir infra) ont ainsi conduit à la perte de 356 élèves dans les lycées Charles de Gaulle d'Ankara et Pierre Loti d'Istanbul. La spécificité du réseau réside par ailleurs dans le maintien de sa présence « au-delà des seuls territoires qui répondent à une logique de profit ou d'accroissement du marché ».

Les établissements EFE font en outre face à une forte concurrence :

-  externe, qui provient principalement de l'International Baccalaureate (IB), dont les quelque 5 000 écoles proposent, sans continuité éducative d'un établissement à l'autre, une pédagogie adaptable aux contextes locaux ainsi que la possibilité de passer l'examen britannique de certification des études secondaires (IGCSE) ; vient ensuite le réseau britannique. Les effectifs de ces écoles anglophones, qui orientent les élèves vers le système universitaire anglo-saxon, sont passés de 1 à 6 millions sur les vingt dernières années. Dans certains pays enfin, la principale concurrence des établissements EFE provient des systèmes privés locaux ;

-  parfois interne au sein du réseau, notamment dans les villes où plusieurs établissements se côtoient (Abidjan, Le Caire, Dubaï, Tunis, etc.). Des mesures de régulation sont alors mises en place pour privilégier la complémentarité géographique et pédagogique des établissements.

• Précisée par la feuille de route de l'AEFE pour 2023-2026 et désormais portée par la sous-direction du développement et du conseil (SDC), qui remplace depuis septembre 2024 le service d'appui au développement du réseau (SADR), l'ambition du développement du réseau homologué reste cependant un objectif affirmé.

Celui-ci doit passer par la densification du réseau existant (pour 60 % de l'objectif) et par la transformation de filières extérieures ou la création de nouveaux établissements (pour 40 % de l'objectif). Les efforts de développement sont concentrés sur onze pays-cibles présentant un fort potentiel de croissance : l'Arabie Saoudite, le Brésil, la Côte d'Ivoire, l'Égypte, les Émirats arabes unis, les États-Unis, l'Inde, le Mexique, le Nigéria, la République démocratique du Congo et le Sénégal.

L'AEFE inscrit ainsi désormais son action dans le marché de l'éducation internationale, pour laquelle existe une demande indépendamment des processus d'expatriation. Le MEAE indique ainsi que « les élèves étrangers - tiers ou nationaux - sont aujourd'hui le vivier clé pour l'objectif de doublement ». Plusieurs leviers sont actionnés pour développer l'attractivité du réseau auprès de ces nouveaux publics-cibles :

- un vaste plan de formation des personnels locaux a été mis en place dans le cadre des 16 instituts régionaux de formation (IRF) ouverts en 2023, avec l'objectif d'ouvrir des masters MEEF dans toutes les zones géographiques ;

- la montée en puissance du dispositif de bourses France Excellence Major, attribuées aux meilleurs élèves non français du réseau pour leur permettre de poursuivre leurs études supérieures en France. Le nombre de ces bourses, qui était de 850 en 2023 et 880 en 2024, sera porté à 910 en 2025 ;

- le développement du plurilinguisme pour permettre aux élèves de maîtriser le français, l'anglais et la langue du pays. 160 000 élèves bénéficient ainsi d'un enseignement en arabe. Cet axe passe notamment par le développement des sections internationales, actuellement au nombre de 200, et la mise en valeur du bac français international (BFI), déployé en 2023 et dont une deuxième cohorte sera diplômée en juin 2025.

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