III. UN RENFORCEMENT DES AIDES INDIRECTES AUX ÉTUDIANTS
A. UNE FRAGILITÉ SOCIALE ET SANITAIRE ACCRUE DES ÉTUDIANTS
L'ensemble des interlocuteurs entendus par le rapporteur ont pointé la tendance à l'accroissement de la fragilité sociale des étudiants, qui se traduit aux plans de la santé mentale et de la précarité économique. Les différents représentants des établissements non universitaires ont indiqué que le développement en leur sein de dispositifs de soutien financier (bourses internes, gratuité des frais de scolarité, prêts d'ordinateurs, contrats intérimaires) et d'ordre sanitaire et social (distributions de bons alimentaires et vente de paniers de fruits et légumes, consultations gratuites avec un psychologue) extralégaux était aujourd'hui indispensable au bon déroulement du parcours étudiant.
Alors que la santé mentale a été déclarée Grande cause nationale pour 2025, les étudiants sont particulièrement touchés par cet enjeu. La plateforme de recherche de l'Université de Bordeaux sur la santé des étudiants à l'université a ainsi mis en lumière la forte augmentation des symptômes dépressifs (41 % des jeunes concernés, contre 26 % avant la pandémie) et des idées suicidaires (constatées chez 29 % des étudiants de la cohorte, contre 21 % avant la pandémie) à la suite de la crise sanitaire. Plusieurs actions sont portées à ce titre par le programme 231, qui finance notamment le dispositif Santé Psy étudiant, qui offre depuis 2021 la possibilité de bénéficier de consultations gratuites et sans avance de frais avec des psychologues, le recrutement de psychologues au sein des services de santé étudiante (SSE) et le fonctionnement de la coordination nationale d'accompagnement des étudiantes et des étudiants (CNAÉ), plateforme d'écoute et de signalement pour les étudiants en situation de mal-être psychologique. Certains Crous proposent également des rendez-vous avec des psychologues, en lien avec des associations.
Si, de l'avis de la présidente du centre national des oeuvres universitaires et scolaires (Cnous), la précarité étudiante reste mal mesurée, notamment dans la diversité des situations qu'elle recouvre, les interlocuteurs entendus par le rapporteur ont unanimement relevé l'augmentation des situations de précarité financière parmi les étudiants, qui résulte à la fois de la crise du logement et du contexte inflationniste pesant sur les budgets alimentaires. Les derniers travaux de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) montrent que certains profils sont plus spécifiquement touchés, notamment les étudiants internationaux et les étudiants des formations privées non éligibles aux bourses. La deuxième édition du baromètre annuel sur les conditions de vie des étudiants, publiée le 17 octobre dernier, pointe en particulier « une situation de précarité alimentaire sévèrement ancrée dans la population étudiante » : plus d'un tiers des jeunes interrogés déclarent sauter des repas par manque d'argent (36 %), soit 7 points de plus que la moyenne nationale.