AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Le projet de budget du secrétariat d'Etat aux anciens combattants pour
1999 s'inscrit dans la continuité des budgets précédents :
l'érosion continue des crédits se poursuit, les rares mesures
nouvelles ne répondent qu'imparfaitement aux demandes légitimes
des associations du monde combattant, les respects du droit à
réparation restent garantis mais les interventions ministérielles
continuent de se réorienter progressivement vers les actions de
solidarité.
Ces orientations correspondent largement aux évolutions qui touchent la
population des anciens combattants et au contexte budgétaire : une
diminution progressive du nombre des ressortissants du département
ministériel, le coût budgétaire souvent élevé
des mesures demandées, la fragilisation de la situation sociale de
nombreux anciens combattants ou de leurs ayants cause.
Mais ces mouvements de fond ne doivent pas interdire la présentation
d'un budget ambitieux.
M. Jean-Pierre Masseret, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, le
reconnaissait d'ailleurs l'an passé. En faisant part de ses quarante
engagements pour 1998, il affichait le souci louable de renforcer et de rendre
plus équitables les actions en faveur du monde combattant.
Or, force est de constater que le budget qui nous est soumis cette année
est un budget modeste, même s'il propose certaines avancées
significatives. Et encore aurait-il été un budget nettement
insuffisant si la discussion à l'Assemblée nationale n'avait
conduit le Gouvernement à enrichir substantiellement le projet initial
tel qu'il avait été adopté en conseil des ministres.
A cet égard, votre commission s'interroge sur la " tactique "
budgétaire choisie. Cette année, comme l'année
passée, le budget présenté en première lecture
à l'Assemblée nationale est un budget médiocre, ne
comportant que très peu de mesures nouvelles. Mais le ministre garde en
réserve un certain nombre d'amendements qu'il distille en fonction des
réactions largement défavorables des parlementaires
jusqu'à modifier assez sensiblement la physionomie
générale du budget. Si on imagine volontiers que cette
stratégie cherche avant tout à desserrer la tutelle
financière exercée par le ministère du budget, votre
commission regrette cependant le manque de transparence qu'implique une telle
démarche.
Pour 1999, les crédits du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants atteindront 25,478 milliards de francs, soit une diminution de
2,1 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Ce
budget est le douzième budget civil de l'Etat. Il se caractérise
par la très forte proportion de ses crédits d'intervention qui
s'élèveront à 24,25 milliards de francs. Il
s'accompagne également de plusieurs mesures nouvelles d'ampleur
inégale.
Budget des anciens combattants et des victimes de guerre pour 1999
I. UNE DIMINUTION DES CRÉDITS COMPATIBLE AVEC LA RECONDUCTION DES ACTIONS EN FAVEUR DES ANCIENS COMBATTANTS
A. UNE ÉVOLUTION DES CRÉDITS TOUJOURS ORIENTÉE À LA BAISSE
1. La diminution tendancielle des crédits se confirme en 1999 et s'accompagne d'un redéploiement progressif de l'effort budgétaire
•
Une diminution des crédits délicate à
évaluer
Les crédits affectés au secrétariat d'Etat aux anciens
combattants sont en diminution de 540 millions de francs par rapport au
budget voté en 1998, soit une baisse de 2,1 %.
Le secrétariat d'Etat aux anciens combattants relativise l'ampleur de
cette baisse en développant deux séries d'argumentations.
D'une part, la baisse prévue pour 1999 serait inférieure aux
diminutions constatées antérieurement. Il est vrai que les
baisses enregistrées en 1998 et 1997 s'élevaient respectivement
à 3,5 % et 5 %. Mais, il convient d'observer
a
contrario
que la baisse constatée en 1996 n'était que de
1,2 %.
D'autre part, la diminution des crédits serait bien inférieure
à la diminution des effectifs de pensionnés. La diminution des
parties prenantes à la dette viagère est en effet
évaluée à 4 % pour s'établir à 534.000
personnes en 1999. Dans la mesure où les dépenses directement
liées au nombre de parties prenantes de la dette viagère (
les
pensions d'invalidité, la retraite du combattant, le remboursement par
l'Etat à la sécurité sociale des prestations aux invalides
de guerre, les soins médicaux gratuits
...) représentent 86 %
du budget total, la diminution tendancielle du budget aurait dû
être plus importante. L'écart entre la baisse de 4 % des
effectifs et la baisse de 2,1 % des crédits traduit alors une
augmentation de l'effort budgétaire net en faveur de chaque ancien
combattant.
Dans ces conditions, la faible diminution des dotations budgétaires se
traduirait finalement par un effort budgétaire accru en faveur du monde
combattant.
Sans contester fondamentalement ce raisonnement, votre commission souhaite
néanmoins apporter quelques éclaircissements tendant à
préciser l'ampleur réelle de ce que le secrétariat d'Etat
aux anciens combattants considère comme un
" effort
accru "
.
En premier lieu, la
diminution réelle des crédits ne serait
pas de 2,1 %, mais de 3,5 % à structure constante
. Le
budget pour 1998 avait en effet été artificiellement
diminué de quelque 390 millions de francs du fait d'une mesure de
trésorerie transitoire portant sur les modalités de versement par
l'Etat de la majoration de la rente mutualiste (chapitre 47-22). A
périmètre égal, l'érosion des crédits n'est
plus de 540 millions de francs mais de 930 millions de francs.
En second lieu,
depuis quelques années, le taux de consommation
effectif des crédits
inscrits en loi de finances initiale diminue.
La Cour des comptes, dans son rapport sur l'exécution de la loi de
finances pour 1997
1(
*
)
, note
ainsi que, sur la période 1993-1997,
" les dépenses
réelles ont représenté 96,81 % des crédits
ouverts "
. Cette sous-consommation s'explique à la fois par les
difficultés d'estimation des dépenses liées à la
mise en oeuvre du fonds de solidarité et par une surestimation du nombre
de bénéficiaires de la dette viagère. Il en résulte
que les dépenses réelles sont inférieures à
l'effort budgétaire affiché. La diminution des crédits est
donc plus rapide que ne le laisse penser la présentation du budget.
•
L'amorce d'une réorientation de l'effort
budgétaire
La structure du budget des anciens combattants est traditionnellement
caractéristique d'un budget d'intervention. Les dépenses
d'administration générale représentent moins de 5 %
du total des crédits, alors que plus de 95 % des crédits
sont des dépenses d'interventions en faveur des anciens combattants.
Le budget pour 1999 confirme cette spécificité.
Mais la nature
des interventions tend progressivement à évoluer. Il
apparaît en effet que la part des dépenses consacrées
à la dette viagère diminue au profit des interventions en faveur
de la mémoire et de la solidarité.
Celles-ci atteignent
17,1 % des crédits en 1999 contre 15,9 % en 1998.
Cette réorientation correspond au souhait affirmé par M.
Jean-Pierre Masseret de ne pas transformer son département
ministériel en un simple "
ministère des
pensions
".
Décomposition du budget par agrégat
|
LFI 98 |
PLF 99 |
||
|
en MF |
% |
en MF |
% |
Administration générale |
1.216 |
4,7 |
1.223 |
4,8 |
Dette viagère |
20.652 |
79,4 |
19.890 |
78,1 |
Mémoire et solidarité |
4.150 |
15,9 |
4.365 |
17,1 |
Cette réorientation budgétaire tient largement aux évolutions divergentes des grandes masses de crédits.
|
Crédits votés pour 1998 |
Crédits demandés pour 1999 |
Variation en % |
Titre III : moyens des services |
1.199,78 |
1.206,94 |
0,60 |
- Personnel |
847.17 |
844,86 |
- 0,27 |
- Matériel |
87,77 |
90,30 |
2,88 |
- Subventions |
264,83 |
271,78 |
2,62 |
• dont ONAC |
221,93 |
228,89 |
3,14 |
• dont INI |
42,90 |
42,90 |
0 |
Titre IV : Interventions publiques |
26.001,99 |
25.462,04 |
- 2,08 |
dont dette viagère |
20.651,80 |
19.890,44 |
- 3,69 |
dont fonds de solidarité |
1.573,80 |
1.556,80 |
- 1,08 |
Titre V : investissements |
|
|
|
en crédits de paiement |
16,18 |
16,17 |
- 0,06 |
TOTAL GÉNÉRAL |
26.018,17 |
25.478,22 |
- 2,08 |