C. DÉVELOPPER LES ENSEIGNEMENTS ARTISTIQUES
Les
mesures de démocratisation culturelle ne peuvent prendre tout leur sens
que si elles s'accompagnent d'un effort significatif pour développer les
enseignements artistiques.
La familiarisation avec les oeuvres d'art et les lieux du patrimoine dès
l'âge scolaire est nécessaire pour susciter une modification des
comportements sociaux susceptible de permettre une véritable
égalité de tous devant la culture. Les mesures tarifaires, dont
votre rapporteur ne conteste en aucun cas l'utilité, ne seront efficaces
qu'à ce prix.
Or, en ce domaine, la France accuse un retard certain par rapport aux autres
pays européens, qu'il s'agisse de l'Italie pour l'enseignement de
l'histoire de l'art ou des pays scandinaves en matière d'initiation
à la pratique artistique à l'école. On estime à
environ 3 % seulement la part des élèves
bénéficiant d'un enseignement artistique.
Cette situation contraste malheureusement avec les objectifs ambitieux
affichés en ce domaine par la loi du 6 janvier 1988 qui tendait à
faire de l'éducation artistique une composante essentielle de la
formation générale.
Ces objectifs continuent cependant de correspondre à une attente des
jeunes, attente dont témoignait l'enquête préalable
à la réforme des lycées.
Néanmoins, force est de constater qu'aujourd'hui les efforts pour
généraliser les enseignements artistiques sont moins le fait de
l'Etat, dont l'action apparaît à la fois insuffisante et mal
coordonnée entre les différents ministères
compétents, que des collectivités locales qui ont
développé un réseau très dense d'écoles qui,
par ses caractéristiques, correspond cependant encore imparfaitement aux
objectifs de démocratisation culturelle.
1. Les crédits consacrés aux enseignements artistiques.
Plusieurs mesures inscrites au projet de budget
témoignent de
la volonté d'intensifier la politique conduite par le ministère
de la culture en ce domaine. Votre rapporteur s'en félicite même
s'il constate que beaucoup reste à faire, notamment en milieu scolaire
où les retards sont considérables.
Les crédits consacrés aux enseignements
artistiques
6(
*
)
dont la
mesure exacte est très difficile à établir compte tenu de
la présentation des documents budgétaires
s'élèveraient à structure constante en 2000 à
1 633,18 millions de francs en dépenses ordinaires et autorisations
de programme, en progression de 6,7 % par rapport à
1999
.
Crédits 1999 et 2000
(à structure
constante)
en millions de francs
Chapitre et article |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
2000/1999
|
36-60 Subventions aux établissements publics |
548,10 |
623,67 |
+ 0,7 |
43-20 Interventions d'intérêt national |
262,99 |
203,96 |
+ 2,7 |
43-30 Interventions déconcentrées |
524,15 |
639,95 |
+ 8,7 |
Total interventions Titre IV |
787,14 |
843,91 |
+ 6,7 |
Total dépenses ordinaires |
1 335,24 |
1 467,58 |
+ 9 |
56-91 Investissement (AP) |
137,6 |
146,8 |
+ 6,6 |
66-91 Subvention d'équipement |
16,4 |
31,4 |
+ 91,4 |
Total dépenses en capital |
124,83 |
165,6 |
+ 37,7 |
Total (DO + AP) |
1 460,07 |
1 633,18 |
+ 6,7 |
Ce
tableau fait apparaître les évolutions suivantes :
- une quasi-reconduction à structure constante des subventions de
fonctionnement versées aux établissements publics, traduisant un
effort de rigueur dans leur gestion ;
- une progression significative des dépenses d'intervention
(+ 6,7 %) qui permet d'aligner le régime des bourses des
étudiants des écoles d'art et d'architecture sur celui de
l'éducation nationale (+ 7,5 millions de francs), de renforcer les
crédits destinés aux enseignements artistiques en milieu scolaire
et universitaire (+ 17,3 millions de francs) mais également
d'accroître le soutien aux écoles d'art (+ 1,5 million
de francs pour les écoles nationales et + 6,5 millions de
francs pour les écoles municipales) ;
- une augmentation de 37,7 % des autorisations de programme, qui profite
essentiellement aux écoles d'architecture (+ 65 millions de
francs) et dans une moindre mesure aux écoles d'art.
Afin de tenter d'apprécier la situation des enseignements artistiques en
France, il convient de distinguer la pratique de ces enseignements à
l'école de l'offre d'enseignements artistiques
spécialisés.
2. Les enseignements et pratiques artistiques en milieu scolaire
Les
crédits destinés à financer la participation du
ministère de la culture à ces enseignements, qui sont inscrits au
titre IV (dépenses d'intervention), sont devenus, compte tenu des
modifications de la nomenclature budgétaire, impossibles à
identifier à la seule lecture du " bleu ".
Au-delà de l'obstacle lié à la présentation des
documents budgétaires, il semble d'après les réponses
fournies à votre rapporteur que
" toutes les directions ne
disposent pas de données permettant d'évaluer les interventions
scolaires ".
Si l'on s'appuie sur le tableau récapitulatif prévu par l'article
16 de la loi du 6 janvier 1988,
les crédits qui leur étaient
consacrés en 1999 se seraient élevés à 95 millions
de francs.
En 2000, des
mesures nouvelles
d'un montant de
17,3 millions de
francs devraient permettre d'accroître les moyens consacrés
à l'éducation artistique et culturelle des publics scolaires et
universitaires
conformément à la volonté
exprimée par la circulaire n° 98-1153 du 22 juillet 1998
signée par les ministres de la culture et de l'éducation
nationale.
a) Les enseignements obligatoires
Les
difficultés auxquelles se heurtent le ministère de la culture
dans la conduite d'une politique de développement des enseignements
artistiques résident pour une large part dans les limites fixées
à ses compétences. C'est le cas notamment pour les enseignements
obligatoires, qui relèvent essentiellement du ministère de
l'éducation nationale.
* L'enseignement élémentaire et le premier cycle du
secondaire
On rappellera qu'aux termes de la loi de 1988 l'enseignement d'au moins deux
disciplines artistiques, la musique et les arts plastiques, sont obligatoires
à l'école primaire et dans le premier cycle du secondaire.
Le respect de ces dispositions apparaît en tout état de cause
difficile à évaluer. C'est notamment le cas dans le primaire
où cet enseignement est souvent, faute d'enseignants
spécialisés, assuré par des instituteurs ou des
professeurs des écoles, ou bien, dans des cas encore trop nombreux,
n'est purement et simplement pas assuré, ce qui se traduit dans les
faits par de fortes disparités entre les établissements.
Au-delà des difficultés liées à l'insuffisance du
nombre d'enseignants spécialisés, l'absence de réelle
formation des professeurs des écoles à l'histoire de l'art ou
à la pratique culturelle n'est sans doute pas étrangère
à une telle situation. A cet égard, la circulaire du 22 juillet
1998 souligne à bon escient la nécessité
"
de renforcer la dimension culturelle et artistique dans la
formation des enseignants quelle que soit la discipline pour les inciter
à utiliser les ressources de leur environnement
". Cette
priorité est encore dans les faits peu développée :
au 30 juin 1999, on recensait seulement neuf conventions signées entre
des directions régionales des affaires culturelles et des IUFM.
* Les lycées
En ce qui concerne les lycées, le ministère de la culture apporte
son soutien aux enseignements artistiques optionnels, en prenant en charge la
rémunération des artistes professionnels qui collaborent avec les
enseignants.
Ces disciplines qui peuvent porter selon le choix des élèves sur
cinq domaines (arts plastiques, musique, théâtre, cinéma et
audiovisuel, histoire des arts) donnent lieu, en section L, à un
enseignement de quatre heures par semaine sanctionné par une
épreuve à fort coefficient au baccalauréat et, en section
L, S ou ES, à une option de trois heures par semaine dotée d'un
faible coefficient.
En 1999, le ministère de la culture a consacré 23 millions de
francs à ces enseignements qui restent encore peu
développés.
Au cours de l'année scolaire 1998-1999, 107 lycées offraient un
enseignement de cinéma, 115 lycées un enseignement de
théâtre et 94 lycées un enseignement d'histoire des arts,
ce qui représente un effectif d'environ 27 000 lycéens.
b) Les activités et les pratiques culturelles
Dans le
prolongement des enseignements artistiques obligatoires ou optionnels, le
ministère de la culture soutient les actions menées dans les
établissements scolaires en partenariat avec les professionnels de la
culture, dans le cadre de dispositifs conjoints aux ministères de la
culture et de l'éducation nationale.
Le tableau ci-dessous récapitule, conformément à l'article
16 de la loi du 6 janvier 1988, les crédits consacrés par le
ministère de la culture à des actions prenant place dans des
dispositifs d'éducation artistique. Il ne tient toutefois pas compte de
certains projets, qui n'entrent dans le cadre d'aucun dispositif mais peuvent
faire l'objet de contrats spécifiques, ni de ceux intégrés
dans les contrats de ville qui représentent une part importante des
actions financées par le ministère au titre de l'éducation
culturelle et artistique.
ETAT
RÉCAPITULATIF PRÉVU PAR L'ARTICLE 16 DE LA LOI DU 6 JANVIER
1998 :
ANNÉE SCOLAIRE 1998-1999
|
|
Nombre
d'élèves
|
Crédits alloués par
|
Ateliers et classes culturelles en primaire |
1 800 |
45 000 |
10 MF |
Ateliers de pratique artistique en collèges, lycées, et lycées professionnels |
2 353 |
44 000 |
21 MF |
Enseignements optionnels en lycée, en théâtre, en cinéma |
795 |
78 000 |
23 MF |
Jumelages entre les établissements et des structures culturelles |
130 |
60 000 |
15 MF |
Sites expérimentaux d'éducation artistique et CEL |
|
200 000 |
9 MF |
École, Collège, Lycée au Cinéma |
|
630 000 |
17 MF |
*
Les
classes culturelles et les ateliers de pratique artistique
En dépit de l'intérêt qu'ils suscitent auprès des
élèves, ces dispositifs sont encore insuffisamment
développés :
les effectifs concernés
sont
très faibles.
Au cours des dernières années, le nombre
de ces expérimentations comme celui des élèves qui en a
bénéficié est resté stable.
- Au cours de l'année scolaire 1998-1999, 1 800 classes culturelles et
ateliers de pratique artistique ont permis à environ 55 000
écoliers de découvrir un domaine artistique, culturel ou
patrimonial.
- Dans les collèges et les lycées, les ateliers de pratique
artistique, animés par des équipes composées à la
fois d'enseignants et de professionnels du secteur culturel, couvrent
l'ensemble des disciplines artistiques. Dans la mesure où le partenariat
n'est pas obligatoire pour l'ensemble d'entre elles le cofinancement ne
s'applique pas toujours, ce qui conduit à exclure des statistiques bon
nombre d'expérimentations.
Ainsi, lors de l'année scolaire 1998-1999, on dénombrait
2 353 ateliers de pratique artistique :
- 1995 ateliers dans les collèges ont concerné 44 000
élèves, soit environ 2 % de la population des
collèges ;
- 138 ateliers dans les lycées d'enseignement général ont
rassemblé 2 600 élèves, soit seulement 0,2 % de
la population des lycées ;
- et 220 ateliers dans les lycées professionnels ont été
suivis par 3 700 élèves, soit 0,6 % de leurs effectifs.
Le budget consacré à ces actions s'est élevé en
1999 à 31 millions de francs en 2000. L'augmentation des
crédits consacrés aux interventions en milieu scolaire devrait
notamment permettre de contribuer à la
généralisation
des ateliers d'expression artistique dans les lycées
.
* Les actions expérimentales
Lancée à la rentrée 1993, la formule des
" jumelages "
repose sur le rapprochement d'un
établissement culturel et plusieurs établissements scolaires.
C'est dans les établissements d'enseignement général, et
notamment dans les collèges, que ce dispositif est le plus
pratiqué.
Conformément aux dispositions de la circulaire du 22 juillet 1998, le
ministère de la culture participera avec les ministères de
l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports et de la ville
à la mise en place
des contrats éducatifs locaux
(CEL) qui
ont vocation à succéder aux précédents dispositifs
d'aménagement du rythme de l'enfant et du jeune. Votre rapporteur ne
peut que se féliciter de cette initiative qui procède par
ailleurs d'une volonté bienvenue de simplification des procédures
offertes aux établissements scolaires.
* Les programmes spécifiques
De façon plus ponctuelle, le ministère de la culture participe
également, en partenariat avec les collectivités locales,
à la mise en oeuvre d'opérations destinées à
sensibiliser les jeunes à diverses formes d'expression artistique.
Les actions en faveur de la connaissance de la création
cinématographique sont sans doute celles qui rencontrent le plus vif
succès. Lors de l'année scolaire 1998-1999, près de
700 000 élèves ont bénéficié des
programmes " École et cinéma ", " Collège
au cinéma " et " Lycéens au cinéma ".
Soutenus par le Centre national de la cinématographie, ces programmes
font l'objet de conventions passées avec les collectivités
territoriales.
Le programme " musique à l'école " lancé en
2000
s'inspirera des mêmes principes. Il s'appuiera sur une
collaboration entre les écoles primaires et les écoles
municipales de musique, traduisant en cela le rôle croissant joué
par les collectivités locales dans la généralisation de
l'éducation musicale.
Conscient de la difficulté qu'il pourrait y avoir à confier au
seul ministère de la culture les compétences en matière
d'enseignements artistiques, votre rapporteur ne peut que soutenir les
initiatives destinées à renforcer en ce domaine son rôle de
coordination et d'impulsion. A ce titre, il forme le voeu que puissent se
généraliser les conventions entre les directions
régionales des affaires culturelles et les rectorats afin de
remédier aux difficultés liées jusqu'ici au chevauchement
des attributions ministérielles.
3. Les enseignements spécialisés
A la
différence de ce qui prévaut en matière d'enseignement
artistique et culturel en milieu scolaire, le ministère de la culture
dispose de compétences étendues dans le domaine de l'enseignement
spécialisé grâce au réseau des établissements
publics relevant de sa tutelle.
Cependant, les collectivités locales sont de plus en plus
présentes par les concours qu'elles apportent aux écoles d'art
dont le rôle ne se réduit pas seulement à la
délivrance de formations spécialisées.
a) Les établissements publics délivrant un enseignement supérieur : un effort d'investissement substantiel
Le
réseau des établissements nationaux d'enseignement artistique
relevant du ministère de la culture a été étendu,
à l'occasion du transfert des services de l'architecture, aux
écoles d'architecture. Si celles-ci permettent de renforcer la
cohérence de la politique de soutien à la création
artistique conduite par le ministère, elles n'en constituent pas moins
une charge budgétaire importante pour le ministère.
Le tableau ci-après retrace les subventions de fonctionnement et
d'investissement des établissements nationaux d'enseignement artistique
supérieur.
D'ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE SUPÉRIEUR
(en millions de francs)
|
Chapitres |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
2000/1999
|
Arts plastiques |
|
|
|
|
36-60-37 |
École nationale supérieure des Beaux-Arts |
15,01 |
28,98 |
93 |
36-60-38 |
École nationale supérieure des arts décoratifs |
22,65 |
36,32 |
60 |
36-60-72 |
École nationale supérieure de création industrielle |
17,77 |
18 |
1,2 |
36-60-71 |
Centre
national des arts plastiques
|
22,05 |
24,15 |
9 |
Théâtre |
|
|
|
|
36-60-52 |
Conservatoire national supérieur d'art dramatique |
6,18 |
13,96 |
125 |
Musique et danse |
|
|
|
|
36-60-52 |
Conservatoire national supérieur de musique de Paris |
74,09 |
110,23 |
48 |
36-60-53 |
Conservatoire national supérieur de musique de Lyon |
57,65 |
58,64 |
1,7 |
36-60-55 |
École de danse de Nanterre |
16,7 |
17,17 |
2,8 |
Histoire de l'art |
|
|
|
|
36-60-36 |
École du Louvre |
13,49 |
11,97 |
11,24 |
36-60-34 |
École nationale du patrimoine inclus (IFROA) (2) |
40,75 |
40,66 |
NS |
Cinéma-audiovisuel |
|
|
|
|
36-60-57 |
École nationale supérieure des métiers de l'image et du son |
33,84 |
34,47 |
1,8 |
Architecture |
|
|
|
|
36-60-58 |
Écoles d'architecture |
162,15 |
163,78 |
3,18 |
TOTAL |
|
488,66 |
564,45 |
15,5 |
(1) Il
s'agit des services extérieurs du Centre national des arts plastiques
(écoles d'Aubusson, Bourges, Cergy-Pontoise, Dijon, Limoges, Nancy et
Nice) : le montant de l'enveloppe qui leur est affectée a
été fourni par le ministère de la Culture.
(2) Institut français de restauration des oeuvres d'art.
Source : ministère de la Culture.
•
La progression significative des subventions de fonctionnement
résulte en quasi-totalité de la prise en charge sur le budget
des quatre établissements publics d'enseignement (école nationale
supérieure des beaux-arts, école nationale supérieure des
arts décoratifs, conservatoire national supérieur de musique de
Paris et conservatoire national supérieur d'art dramatique) des
rémunérations de 195 agents contractuels dans le cadre de la
réduction de la précarité des personnels du
ministère de la culture.
Seuls seront renforcés les moyens des six écoles nationales d'art
en région rattachées au centre national des arts plastiques,
l'objectif étant de parvenir à les faire bénéficier
de dotations budgétaires par élève comparables à
celles des écoles nationales supérieures parisiennes,
traditionnellement mieux dotées.
•
Les subventions d'investissement
s'élèvent
à 181,5 millions de francs en 2000,
soit une augmentation de 39 %.
Cette progression bénéficie pour l'essentiel aux
écoles
d'architecture
dont les crédits d'investissement destinés
à la rénovation et à l'extension de leurs locaux passeront
en autorisations de programme de 55 millions de francs en 1999 à
120 millions de francs en 2000.
Cet effort significatif permettra les opérations nécessaires
à la mise en oeuvre de la nouvelle carte scolaire d'Ile-de-France. C'est
ainsi que seront poursuivis les travaux de réfection de l'école
de Conflans, l'aménagement de l'école de Versailles, le
réaménagement des locaux actuellement occupés par les
écoles de Paris-La Seine -et de Paris-Villemin- sur le site du quai
Malaquais ainsi que la réinstallation dans de nouveaux locaux des
écoles de Paris-La Villette et de Paris-Belleville.
Dans les régions, seront lancés la construction de la nouvelle
école de Nantes ainsi que l'agrandissement de celle de Rennes ;
seront poursuivies la modernisation de l'école de Grenoble avec le
lancement de la troisième tranche de travaux et la réalisation
des Grands Ateliers de l'Isle-d'Abeau. Sera achevée la
réhabilitation de l'école d'architecture de Toulouse.
* Dans le domaine de l'histoire de l'art, l'enseignement était jusqu'ici
dispensé par l'école nationale du patrimoine qui forme les futurs
conservateurs du patrimoine et par l'école du Louvre, auparavant
rattachée à la Réunion des musées nationaux et
désormais érigée en établissement public.
La création du
futur institut national d'histoire de l'art
devrait permettre un renouveau de cet enseignement. Ce projet est
destiné à renforcer les moyens mis à la disposition des
chercheurs grâce à la constitution d'une nouvelle
bibliothèque à partir de fonds documentaires jusque là
épars et d'une iconothèque mais également à
regrouper les formations supérieures sur un seul site.
Cette nouvelle institution sera située dans les bâtiments de la
rue Vivienne libérés à la suite du
déménagement des imprimés et des périodiques de la
BNF sur le site Tolbiac. Le coût a été estimé
à 362 millions de francs, financés pour 188,4 millions de francs
par le ministère de l'éducation nationale et pour 143,6 millions
de francs par le ministère de la culture. S'y ajoute le coût de la
mise aux normes des locaux, estimé à 125 millions de francs, qui
sera pris en charge par le ministère de la culture.
En 2000, le projet de budget prévoit 60 millions de francs en
autorisations de programme pour la réalisation de ce projet conduit par
l'établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux
culturels.
b) Le soutien accru apporté par l'Etat aux écoles d'art
Les lois
de décentralisation n'ayant pas opéré de partage de
compétences en matière d'enseignement artistique, l'ensemble des
collectivités locales se sont engagées dans une politique active
qui s'est traduite par la multiplication des écoles régionales et
municipales d'art.
On rappellera que l'Etat ne subventionne que les seules écoles
régionales et écoles municipales agréées, au nombre
de 45, qui regroupent près de 7 700 élèves. Les
écoles municipales, qui jouent un rôle déterminant dans
l'initiation des jeunes artistes et l'accueil des amateurs, relèvent
pour l'essentiel de la responsabilité des communes.
Pour l'heure, les subventions accordées par l'Etat aux écoles
agréées ne permettent pas de soutenir efficacement les
initiatives des collectivités locales en ce domaine.
Les concours apportés à ces établissements pèsent
très lourdement dans les budgets locaux.
L'Etat n'intervenant en moyenne que pour 11,5 % de leur budget et la
participation des autres collectivités n'étant encore que
faiblement développée, leur coût incombe principalement aux
municipalités. Ce mode de financement apparaît pourtant mal
adapté à la réalité du fonctionnement de ces
écoles qui accueillent pour la plupart une large proportion
d'élèves n'habitant pas dans la municipalité dont
relève l'établissement dans lequel ils sont inscrits.
Cette situation conduit à une très forte disparité de
l'offre de formation entre les régions, obligeant les écoles face
à l'afflux des demandes de procéder à une sélection
sévère fort peu compatible avec les principes de
démocratisation justifiant l'intervention des collectivités
publiques en ce domaine.
L'effort budgétaire engagé en 1999 et poursuivi en 2000 en faveur
d'un renforcement du soutien de l'Etat à ces écoles est donc le
bienvenu, même si pour permettre une amélioration significative de
leurs moyens, il devra être poursuivi sur plusieurs années.
En 2000,
les subventions de fonctionnement
versées par l'Etat
s'élèveront à 150,4 millions de francs,
en progression
de
10 %.
Cet accroissement de la participation de la participation de l'Etat devrait
s'accompagner d'une clarification des relations entre les différentes
collectivités publiques contributrices grâce à la mise en
place de contrats d'objectifs, comparables à ceux liant l'Etat aux
structures décentralisées du spectacle vivant.
La progression des dépenses de fonctionnement permettra notamment :
- de poursuivre l'alignement du taux et du barème des bourses sur ceux
en vigueur dans les établissements relevant du ministère de
l'éducation nationale ;
- et de mettre en place des centres de formation de plasticiens dans quatre
sites expérimentaux (Amiens, Bourges, Marseille, Strasbourg).
Après une forte progression en 1999, les dotations
d'équipement seront reconduites en francs courants, soit
18,7 millions de francs
.
Force est de constater qu'au cours des dernières années, dans le
domaine des enseignements artistiques, ce sont les collectivités
territoriales qui ont répondu à l'évolution de la demande
sociale.
Victime du désintérêt dans lequel l'a tenue le
ministère de la jeunesse et des sports, compétent en ce domaine
depuis 1964, la pratique amateur a fait longtemps figure de parent pauvre de la
politique de démocratisation culturelle alors qu'elle permet un
accès spontané aux oeuvres et constitue un vecteur
irremplaçable d'action socio-culturelle. Ce n'est que grâce aux
quelque 1 300 écoles financées par les collectivités
territoriales, dont seulement 360 sont contrôlées par le
ministère de la culture, que le développement de la pratique en
amateur de la musique et de la danse a été rendu possible.
Votre rapporteur se félicitera donc de l'intention de la ministre de
relancer la politique de soutien aux pratiques amateur, notamment en
renforçant la collaboration avec le ministère de la jeunesse et
des sports. Pour l'heure, les bonnes intentions affichées dans la
circulaire du 15 juin 1999 ne se sont traduites que par des
avancées modestes.